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Le protocole d’enquêtes

1.2. La ville de Bethoncourt

3. L ES GESTES PROFESSIONNELS ET POSTURES D ’ ADAPTATION LINGUISTIQUE

4.3. Le protocole d’enquêtes

Lors de cette enquête menée dans notre école située en réseau d’éducation prioritaire, nous avons choisi des parents d’élèves de l’école bi-plurilingues afin de recueillir leurs représentations de l’école et leur répertoire linguistique des élèves ciblés, notamment en période

73 Bilinguisme en maternelle. BILEM, site collaboratif de ressources pour l’accueil des élèves allophones en maternelle. En ligne : http://bilem.ac-besancon.fr/ (consulté le 20 avril 2020).

de confinement. Nous avons effectué des entretiens téléphoniques qui ont duré de 15 à 25 minutes. Nous avons contacté neuf parents sur quatre-vingt-huit élèves. Sept ont accepté de répondre à nos questions. Nous souhaitions interroger différents types de parents pour mieux comprendre les spécificités de notre public : des parents nouvellement arrivés sur le territoire français, des parents qui prétendent que l’école est vraiment importante mais qui pourtant ne scolarisent que très peu leur enfant et des familles implantées en France depuis de nombreuses années, mais dont les enfants ne parlent pas le français en entrant à l’école. Nous avons donc questionné les parents ayant ces différents profils.

Nous avons effectué des prises de notes plutôt que des enregistrements, la compréhension par téléphone étant plus compliquée et n’ayant pas ou peu de possibilités de bien expliquer notre travail.

4.3.1. Elaboration du guide d’entretien

Afin de recueillir des données claires nous permettant d’avancer dans notre réflexion, nous souhaitions mettre en œuvre des entretiens semi-directifs. Ces entretiens se déroulent lors de rendez-vous pris avec les familles, basés sur un guide. L’objectif de ces entretiens est de recueillir le plus d’informations sur des thématiques précises et sur les représentations

Le confinement et la pandémie nous en ont empêché et il nous a fallu trouver une autre solution pour recueillir les données souhaitées.

Nous avons donc élaboré un guide orienté permettant par téléphone de répondre à des thématiques distinctes. L’appel aux familles ne pouvait pas être trop long car les familles devaient utiliser le téléphone ou être disponibles pour leurs enfants et pour les visioconférences avec les autres enseignants.

Avant de passer les appels téléphoniques, nous avons élaboré un guide nous indiquant : • Leur situation familiale, leur répertoire linguistique.

• Leur rapport à l’école, pour comprendre leur ressenti par rapport à la scolarisation de leur enfant.

• Les biographies langagières des parents et des élèves. • Les difficultés scolaires de leur enfant.

• Les relations école-famille pour savoir ce que les parents attendent de l’école mais aussi s’ils seraient d’accord pour s’impliquer d’avantage dans la vie de l’école.

Figure 35 Guide d'entretien téléphonique

Nous avons tout d’abord demandé aux familles le moment le plus propice pour ces appels, puis nous avons expliqué notre démarche. Les appels téléphoniques ont duré entre trente et quarante minutes et petit à petit les parents interrogés se sont sentis à l’aise et ont vraiment parlé de leur vie personnelle. Il faut aussi signaler qu’en tant que directrice, nous avons parfois une relation singulière avec les parents, qui s’est consolidée avec le confinement et les échanges que nous avons eus avec certaines familles. Nous avons retranscrit les entretiens (Annexe 11: 242).

4.3.2. Les actions en faveur des relations école/ Famille

Les recherches de Changkakoti et Akkari (2008) montrent que la reconnaissance réci-proque entre familles migrantes et l’école est nécessaire pour mieux se comprendre. Ils affir-ment que, les écoles doivent utiliser « quatre stratégies pour étayer des relations de collabora-tion avec les familles et les communautés : construire sur les valeurs culturelles des familles ; privilégier le contact personnel avec les familles ; accroître la communication avec elles et créer un environnement convivial et accueillant pour des familles. L’institutionnalisation des rapports

entre parents et enseignants semble donc cruciale pour vaincre les résistances initiales des en-seignants » (op. cit : 50). Nous avons donc essayé de construire une réelle relation et un parte-nariat avec les parents au cours de cette recherche.

Les entretiens avec les parents

En tant que directrice, notre fonction nous amène à rencontrer fréquemment les parents. Lors des inscriptions nous prenons le temps de leur expliquer le fonctionnement de l’école, de demander des informations sur la famille. Cet entretien a pour objectif de faire connaître le rôle et le fonctionnement de l’école. Le second objectif est de créer un premier lien avec les parents pour développer une véritable co-éducation et prendre des informations qui peuvent avoir un impact sur les apprentissages et la scolarité des élèves. Mackiewicz (2007) affirme que les parents d’élèves en REP + considèrent qu’ils n’ont pas les savoirs mais que les enseignants les ont. De plus, s’ils ont une mauvaise expérience de l’école de par leur parcours personnel ou celui de leurs enfants plus âgés, la communication peut être encore plus difficile. De ce fait, les relations entre parents et enseignements sont source de nombreux questionnement. Aujourd’hui l’école est ouverte sur la société et la place des parents est de plus en en plus souhaitée mais aussi décriée. Feyfant (2015) souligne que les relations entre l’école et les parents, la plupart du temps, les représentants de l’école se contentent de donner des informations circonstanciées allant de l’école vers les parents. Pour eux, cela se résume à tenir les parents au courant de la vie de l’école et de répondre aux attentes. Cela donne peu d’espace aux parents sur les enseignements. Lors des entretiens concernant le travail des élèves, les représentations ne sont pas les mêmes. Les parents ne voient que le travail négatif de leur enfant ce qui les renvoient à un constat d’échec. Les enseignants, quant à eux, souhaitent de l’aide et de l’accompagnement de la part des parents. Il est nécessaire de lutter contre les aprioris négatifs des parents envers l’école en leur permettant de mieux connaitre l’institution scolaire. Mackiewicz (2010) reprend Carraud (2006) qui considère que les familles ne sont pas toujours à la recherche de convivialité mais souhaitent que les activités proposées valorisent la famille, l’école du quartier, et donc, le quartier en lui-même.

Pour une meilleure compréhension, nous utilisons l’application google traduction lors des entretiens si la personne ne peut pas venir avec un traducteur. Nous donnons aussi des documents administratifs traduits dans les autres langues pour l’accueil de leur enfant ( annexe 9 : 239). Ces documents présentent l’école maternelle et sont disponibles en plusieurs langues sur le site BILEM.

De même, chaque enseignant de l’école prend le temps durant la première période de l’année scolaire de rencontrer chaque famille, avec ou sans les enfants. Ces entretiens ont été repris sur le modèle de Simonin avec pour premier objectif d’avoir une meilleure connaissance du bilinguisme des enfants et de leur famille. Thamin et Rigolot ( 2014 ) précisent que « la connaissance des contextes doit être construite d'abord avec les familles en tant qu'interlocutrices légitimes de l'école afin de reconnaitre les ressources linguistiques et culturelles, les différentes formes de parentalité et ainsi que les modèles variés de relations aux savoirs et à l'institution éducative » .

Les mots aux parents traduits dans les langues de la classe

Les communications entre parents et enseignants n’est pas toujours simple et quand les différences sont linguistiques et culturelles, cela ajoute des difficultés de compréhension. Cela constitue un « défi » pour les enseignants (Castellotti et Moore, 2010 : 18) : « L’enjeu est alors de construire un projet éducatif explicite, où l’accès aux ressources sociales et scolaires gagne à s’opérer dans plusieurs langues pour un bénéfice réciproque dans l’appropriation des connaissances. La valorisation de la diversité linguistique et culturelle contribue ainsi à renforcer la cohésion et l’intégration sociales » (op.cit : 25) . Dans notre école, nous essayons dans la mesure du possible de traduire tous les mots qui seront distribués aux parents afin qu’ils les comprennent Pour cela nous pouvons nous appuyer sur la médiatrice en langue turque, sur l’assistante pédagogique qui parle et écrit l’arabe ainsi que sur des parents volontaires.

L’objectif est une meilleure compréhension des demandes qui viennent de l’école et une meilleure inclusion dans l’école des parents. Des outils, faciles à utiliser et à mettre en œuvre, doivent être mis à la disposition des parents, mais aussi des enseignants. Ils facilitent la mise en perspective, d’un côté des pratiques enseignantes, et de l’autre, les cultures et valeurs des familles, dans le but de comprendre les besoins de chacun et d’encourager l’engagement parental et la collaboration école famille (Castellotti et Moore, 2010 : 18).

Accueil des parents dans la classe pour observer et pour jouer

Chaque année, durant une quinzaine de jours, les parents sont accueillis dans la classe par 2 pour observer le fonctionnement de l’école. Ils peuvent venir accompagner d’un traduc-teur et ils restent jusqu’à la récréation ou plus longtemps s’ils le souhaitent.

Une fois par mois, nous avons essayé de demander à des parents de venir une heure dans la classe pour jouer avec les enfants. L’objectif de cet accueil est de créer du lien avec les parents en leur ouvrant les portes de la classe et en leur présentant le travail qui est réalisé en maternelle pour une meilleure compréhension de l’école par les parents. Cet accueil a été mis en œuvre dans le cadre du projet tutoré du master 2.

Tous ces dispositifs visent à améliorer l’accueil des élèves bi-plurilingues et de leur famille. Nous allons à présent et décrire l’analyse de ces données.

4.4. Le mode d’analyse des données recueillies