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Accroitre le lien école-famille

Non parleurs/ allophones Porter son attention/ comprendre

BILINGUES A BESOINS PARTICULIERS

3. I MPACT SUR LES LIENS ECOLE FAMILLE

3.3. Accroitre le lien école-famille

Les entretiens téléphoniques nous ont montré que les parents connaissent très peu le système scolaire français, même si pour eux c’est le seul moyen pour trouver un travail en France. Le lien avec les parents était assez léger lorsque nous sommes arrivée à l’école. Ils avaient peu de relations avec les enseignants et même si le climat scolaire n’était pas « mauvais », il n’y avait peu de liens. Très souvent, les rapports avec les enseignants concernent les résultats scolaires des enfants, qu’ils soient bons ou mauvais. Ayant peur de donner trop de négatif ou trop de positif, les enseignants brouillent le message donné aux parents qui ne comprennent plus ce qu’ils souhaitent (Chartier, Rufin, Pelhate, 2014 : 41). Ouvrir les portes de l’école, puis de nos classes a déjà permis de créer du lien avec les familles et de pouvoir discuter avec elles. Cela n’a pas été facile au début, les parents ayant l’habitude de laisser leur enfant à l’entrée de la cour et les enseignants de s’en occuper. Mais au fil du temps, les parents se sont habitués et finalement la plupart nous ont dit être satisfaits de pouvoir rencontrer les enseignants. Faire entrer les parents dans l’école et dans les classes facilite une meilleure

interprétation des attentes de l’école. Les parents se sont montrés pour la plupart coopératifs et ont montré de l’enthousiasme à venir en classe ou à l’école mener des activités d’éveil aux langues ou traduire des mots. Certains nous ont félicité de l’initiative de traduction de « bonnes fêtes ».

Les objectifs d’une relation école familles sont très importants : avoir confiance en l’école, en comprendre les enjeux, développer l’intérêt pour l’école, créer l’habitude d’y venir, mettre en place ou de renforcer des habitudes langagières à la maison. Il s’agit de faire de la relation aux parents une véritable culture scolaire. Ces projets permettent de renforcer le lien social entre les parents et l’école. Si les parents n’interviennent pas dans les classes, c’est parce qu’ils travaillent ou par peur de ne pas comprendre ce qui s’y dit ou de ne pas se faire comprendre : « Bien sûr ça me pose pas de problème. Mais mon épouse est un peu gênée car elle a peur de pas comprendre, franchement c’est une bonne idée » (E 2).

3.4. Prendre en compte l’altérité. Valoriser et légitimer les langues des

familles.

Comme nous avons pu le voir, les relations école-famille sont parfois compliquées. Pour Rémy-Thomas (2008 : 3), les enseignants doivent être vigilants face à l’altérité . Pour confirmer son propos, elle reprend les affirmations de Goffman (1975) et Zarate (1993). Pour le premier, il faut « éviter d’attribuer les caractéristiques associées aux catégorisations d’appartenance et aux stigmates assignés dans les représentations sociales » et pour le second il faut « repérer les stéréotypes et les représentations sociales, individuelles initiales liées aux langues, à leur apprentissage ainsi qu’aux locuteurs de ces langues ». Les différentes cultures et les langues sont parfois une frontière pour aller vers l’autre. Accepter que les parents entrent en classe, pour y lire une histoire dans leur langue ou apporter leur culture, légitime leurs langues et montre aux enseignants que les différences servent aussi aux apprentissages. Ainsi, des parents peuvent permettre une meilleure compréhension d’une histoire, d’autres peuvent venir parler de leur pays, de leurs traditions et coutumes. Les parents parlent d’autres langues que la nôtre ce qui peut qui rendre la communication difficile et mettre à mal l’intercompréhension. Prendre le temps d’accepter les différences, faire de l’altérité une force plutôt qu‘une erreur. Les règles émises par l’institution scolaire sur l’utilisation des langues n’est pas sans conséquences sur les liens école-familles. Une autocensure des langues familiales peut être néfaste à la qualité des relations entre les parents et les enseignants, les enfants et les enseignants (Young, Mary, 2016 :77). Au contraire, les enseignants doivent considérer les parents comme « une ressource

précieuse dans la classe » (op.cit : 90). Dans la plupart de nos familles, au moins un des parents parle et lit le français. Mais les entretiens nous ont montré que ce n’est pas forcément celui qui vient à l’école. Et une maman, lors des entretiens, à la question « Que pensez des mots traduits en plusieurs langues répond : « C’est bien la solution, je voulais vous féliciter. Le papa, il a compris… Quand je travaille, il peut comprendre ce que dit(souhaite) la maîtresse » (E7.)

Notre troisième hypothèse est également validée. L’Eveil aux langues et la légitimation des langues des élèves et de parents facilitent le lien entre l’école et les familles. Il existe un réel écart entre les attentes des parents et celles de l’école. En laissant entrer les langues et les cultures à l’école, les enseignants et les familles peuvent mieux se comprendre. Les familles se sentent valorisées et les relations s’en trouvent apaisées.

Ces investigations et observations nous ont beaucoup questionnée. Après nous être documenté grâce à de nombreuses lectures, mais aussi avoir expérimenté dans nos classes, il nous a semblé évident qu’il était important de proposer une formation à nos collègues. En effet, les enseignants voient souvent dans le bilinguisme des élèves une difficulté. La plupart affirme que seul un bain de langage va permettre aux élèves d’acquérir le français, comme langue de scolarisation et qu’il est nécessaire de ne pas utiliser la langue maternelle en classe.

CHAPITRE

5D’

UNE RECHERCHE PERSONNELLE A LA FORMATION DES