• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE 3 : IDENTITE DE LA DISCIPLINE SI OU RESPECT DU MAITRE

1. F ACE A L ’ AGONIE DE LA PLANETE : DEVELOPPEMENT DURABLE OU DECROISSANCE ?

1.3. Les propositions de la décroissance

Si les partisans de la décroissance critiquent la consommation, ce n’est pas tant dans son fondement, que par le fait qu’elle devienne une finalité plus qu’un moyen. Lorsque la consommation devient l’ultime but à poursuivre, l’excès est toléré, encouragé même. Or l’excès de consommation conduit à la dégradation actuelle des écosystèmes et des équilibres sociaux. En effet, comme le souligne Albert Jacquard (1991), on ne peut continuer à consommer de manière infinie dans un monde fini.

« Le mode de vie américain n’est pas négociable ». Telle fut une déclaration célèbre du Président étasunien Georges W. Bush. Dans le même temps, les Etats-Unis prêchent officiellement pour l’accès des pays « sous-développés » au mode de vie étasunien basé sur la société de consommation. Or si l’ensemble de la population mondiale adoptait ce mode de vie, ce n’est pas une, mais sept planètes qui seraient nécessaires pour satisfaire les besoins de consommation ! Les travaux sur l’empreinte écologique montrent qu’à partir de 1980 environ, on a commencé au niveau planétaire à consommer plus d’une planète. En l’an 2000, on avait déjà atteint 1,2 planètes. Bien entendu la consommation est totalement inégale d’un pays à l’autre.

La vitesse à laquelle l’Asie adopte la vision du développement de la société de consommation telle que décrite plus haut ne peut, dans ce contexte, nous laisser indifférents. Lorsque j’étais à Shanghai, j’étais fascinée par le soutien du gouvernement à l’industrie automobile (prêts gouvernementaux à taux 0 pour l’achat d’un véhicule, destruction progressive des pistes cyclables au profit de complexes routiers interdits aux véhicules traditionnels, communication commerciale visant à donner une image négative des modes de transport plus écologiques comme le traditionnel bicycle). Dans une ville étouffée par la pollution, ces décisions ne semblaient pas relever du bon sens

1.3. Les propositions de la décroissance

Si les partisans de la décroissance critiquent la consommation, ce n’est pas tant dans son fondement, que par le fait qu’elle devienne une finalité plus qu’un moyen. Lorsque la consommation devient l’ultime but à poursuivre, l’excès est toléré, encouragé même. Or l’excès de consommation conduit à la dégradation actuelle des écosystèmes et des équilibres sociaux. En effet, comme le souligne Albert Jacquard (1991), on ne peut continuer à consommer de manière infinie dans un monde fini.

«Le mode de vie américain n’est pas négociable ». Telle fut une déclaration célèbre du Président étasunien Georges W. Bush. Dans le même temps, les Etats-Unis prêchent officiellement pour l’accès des pays « sous-développés » au mode de vie étasunien basé sur la société de consommation. Or si l’ensemble de la population mondiale adoptait ce mode de vie, ce n’est pas une, mais sept planètes qui seraient nécessaires pour satisfaire les besoins de consommation ! Les travaux sur l’empreinte écologique montrent qu’à partir de 1980 environ, on a commencé au niveau planétaire à consommer plus d’une planète. En l’an 2000, on avait déjà atteint 1,2 planètes. Bien entendu la consommation est totalement inégale d’un pays à l’autre.

La vitesse à laquelle l’Asie adopte la vision du développement de la société de consommation telle que décrite plus haut ne peut, dans ce contexte, nous laisser indifférents. Lorsque j’étais à Shanghai, j’étais fascinée par le soutien du gouvernement à l’industrie automobile (prêts gouvernementaux à taux 0 pour l’achat d’un véhicule, destruction progressive des pistes cyclables au profit de complexes routiers interdits aux véhicules traditionnels, communication commerciale visant à donner une image négative des modes de transport plus écologiques comme le traditionnel bicycle). Dans une ville étouffée par la pollution, ces décisions ne semblaient pas relever du bon sens

Chapitre 4 : Ecologie, Développement Durable et/ou décroissance Ou Respect de la planète

118

commun, mais du bon sens commercial. La Chine, prise dans le tourbillon du capitalisme, qui plus est, non régulé, atteint progressivement la fameuse 5ème étape du développement, à savoir la société de consommation. L’Inde suit.

Comment la planète pourra-t-elle absorber ces nouvelles consommations, alors qu’elle est déjà à l’agonie ? Le défi paraît, selon les partisans de la décroissance, insurmontable, à moins que les pays du Nord, excessifs dans leur consommation eu égard à la part qui leur est impartie, se dirigent vers la décroissance.

Cette idée d’une décroissance de la production et de la consommation est ancienne. Les mouvements alternatifs des années 1960 en Europe et aux Etats-Unis ont été les premiers à critiquer les dysfonctionnements de la société de consommation. Par la suite, les travaux de Nicholas Georgescu-Roegen (1970), apparus dans le contexte du Club de Rome (1972) et du premier choc pétrolier (1973-1974), ont relancé cette idée. Statisticien et économiste réputé, Georgescu-Roegen met en avant un concept de « bio-économie » qui privilégie les équilibres écologiques et sociaux. C’est ainsi que s’est forgée une nouvelle conception des rapports entre les être vivants et la biosphère. Cette vision s’oppose aux thèses présentant le monde d’un point de vue exclusivement technique, et définissant la nature comme un stock inépuisable de ressources, susceptible d’absorber tous les déchets et de s’adapter à toutes les dégradations anthropiques.

Ce paradigme moderniste a fait de l’homo oeconomicus un dangereux perturbateur des équilibres écologiques et sociaux. Or les dysfonctionnements qu’il a entraînés invitent aujourd’hui à privilégier d’autres modes de développement. Cela exige une remise en cause radicale de nos représentations, et l’invention d’un autre « vivre-ensemble », qui serait centré sur la convivialité et non plus sur la productivité.

Chapitre 4 : Ecologie, Développement Durable et/ou décroissance Ou Respect de la planète

118

commun, mais du bon sens commercial. La Chine, prise dans le tourbillon du capitalisme, qui plus est, non régulé, atteint progressivement la fameuse 5ème étape du développement, à savoir la société de consommation. L’Inde suit.

Comment la planète pourra-t-elle absorber ces nouvelles consommations, alors qu’elle est déjà à l’agonie ? Le défi paraît, selon les partisans de la décroissance, insurmontable, à moins que les pays du Nord, excessifs dans leur consommation eu égard à la part qui leur est impartie, se dirigent vers la décroissance.

Cette idée d’une décroissance de la production et de la consommation est ancienne. Les mouvements alternatifs des années 1960 en Europe et aux Etats-Unis ont été les premiers à critiquer les dysfonctionnements de la société de consommation. Par la suite, les travaux de Nicholas Georgescu-Roegen (1970), apparus dans le contexte du Club de Rome (1972) et du premier choc pétrolier (1973-1974), ont relancé cette idée. Statisticien et économiste réputé, Georgescu-Roegen met en avant un concept de « bio-économie » qui privilégie les équilibres écologiques et sociaux. C’est ainsi que s’est forgée une nouvelle conception des rapports entre les être vivants et la biosphère. Cette vision s’oppose aux thèses présentant le monde d’un point de vue exclusivement technique, et définissant la nature comme un stock inépuisable de ressources, susceptible d’absorber tous les déchets et de s’adapter à toutes les dégradations anthropiques.

Ce paradigme moderniste a fait de l’homo oeconomicus un dangereux perturbateur des équilibres écologiques et sociaux. Or les dysfonctionnements qu’il a entraînés invitent aujourd’hui à privilégier d’autres modes de développement. Cela exige une remise en cause radicale de nos représentations, et l’invention d’un autre « vivre-ensemble », qui serait centré sur la convivialité et non plus sur la productivité.

Face à « l’arrogance de l’économiste » (Latouche 2005) et à l’instrumentalisation du concept de développement durable par la pensée productiviste, la question de la décroissance et la réflexion sur ses modalités apparaissent ainsi pertinentes.

Avec Claude Llena nous avons tenté de synthétiser les propositions du mouvement de la décroissance. Nous les avons regroupées en quatre points.

1 – Une réflexion personnelle sur les besoins, ainsi que les stratégies de développement personnel pourraient inciter les individus à se questionner pour déterminer, ce qui, pour eux, est essentiel, afin de s’y centrer, et d’éliminer ce qui représenterait le superflu dans leurs modes de vie.

2 – Travailler moins pour vivre mieux ? Le refus du règne de la marchandisation pourrait aller de pair avec le refus d’une emprise excessive du travail, permettant de dédier du temps à la requalification des rapports sociaux et la valorisation de la convivialité, qui sont au principe même de la vie sociale, puisque chaque individu se définit par rapport aux relations qu’il bâtit avec l’autre. La relation conviviale peut ainsi se substituer aux relations hiérarchiques des sociétés industrielles et s’en distinguer radicalement en ce qu’elle s’inscrit dans une dynamique du don, de l’auto-organisation (cf ci-après) et de l’échange qualitatif. Si la productivité est centrée sur l’avoir, la convivialité, elle, se conjugue avec l’être et promeut ce que Mauro Banaïuti (2003) appelle les

« biens relationnels ».

3 – L’auto-organisation. Il s’agit de retrouver en soi, ou autour de soi, les savoir-faire, les savoir-être qui permettent de satisfaire ses propres besoins. Cela d’abord en distinguant l’économique comme ensemble de stratégies mises en place pour satisfaire les besoins humains de l’économie comme science s’intéressant à la marchandisation de la plupart des activités sociales. Refuser les principes de l’économie ainsi définie suppose aussi la redécouverte de

Face à « l’arrogance de l’économiste » (Latouche 2005) et à l’instrumentalisation du concept de développement durable par la pensée productiviste, la question de la décroissance et la réflexion sur ses modalités apparaissent ainsi pertinentes.

Avec Claude Llena nous avons tenté de synthétiser les propositions du mouvement de la décroissance. Nous les avons regroupées en quatre points.

1 – Une réflexion personnelle sur les besoins, ainsi que les stratégies de développement personnel pourraient inciter les individus à se questionner pour déterminer, ce qui, pour eux, est essentiel, afin de s’y centrer, et d’éliminer ce qui représenterait le superflu dans leurs modes de vie.

2 – Travailler moins pour vivre mieux ? Le refus du règne de la marchandisation pourrait aller de pair avec le refus d’une emprise excessive du travail, permettant de dédier du temps à la requalification des rapports sociaux et la valorisation de la convivialité, qui sont au principe même de la vie sociale, puisque chaque individu se définit par rapport aux relations qu’il bâtit avec l’autre. La relation conviviale peut ainsi se substituer aux relations hiérarchiques des sociétés industrielles et s’en distinguer radicalement en ce qu’elle s’inscrit dans une dynamique du don, de l’auto-organisation (cf ci-après) et de l’échange qualitatif. Si la productivité est centrée sur l’avoir, la convivialité, elle, se conjugue avec l’être et promeut ce que Mauro Banaïuti (2003) appelle les

« biens relationnels ».

3 – L’auto-organisation. Il s’agit de retrouver en soi, ou autour de soi, les savoir-faire, les savoir-être qui permettent de satisfaire ses propres besoins. Cela d’abord en distinguant l’économique comme ensemble de stratégies mises en place pour satisfaire les besoins humains de l’économie comme science s’intéressant à la marchandisation de la plupart des activités sociales. Refuser les principes de l’économie ainsi définie suppose aussi la redécouverte de

Chapitre 4 : Ecologie, Développement Durable et/ou décroissance Ou Respect de la planète

120

l’économique à l’œuvre dans nos sociétés – ce qui passe par une « auto-organisation » valorisant principes de réciprocité et économie non monétaire, éléments non reconnus par le modèle dominant.

4 – Le retour au local. Sous l’effet des mondialisations en cours, un nombre croissant de biens ne sont plus produits sur nos territoires de vie. D’une part, le retour au local permettrait d’éviter les pollutions liées au transport excessif de marchandises à travers la planète, et d’autre part il permettrait de récréer une dynamique de lien sur un territoire. En effet, de nombreux producteurs locaux essaient de retrouver une reconnaissance sociale, notamment par la réorientation de leur production. Dans le domaine alimentaire, le choix de produits de proximité et une consommation respectueuse des saisons engendrent un resserrement des liens entre les hommes et leur territoire. Il s’agit alors de se réapproprier et de redynamiser les lieux de vie par une meilleure connaissance des savoir-faire et des savoir-être locaux.

2. LES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION : UN ATOUT