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Processus de construction de la réalité : sensation, perception et représentation

CHAPITRE 5 : SUBJECTIVITE ET COMPLEXITE : POURQUOI SORTIR DE LA DUALITE

1. SUBJECTIVITE

1.1. Processus de construction de la réalité : sensation, perception et représentation

Trois phénomènes successifs : sensation, perception, et représentation, sont à considérer dans l’acte de construction de la réalité.

- La sensation

Toute activité du cerveau commence avec les sens. Sans eux, le cerveau ne pourrait pas fonctionner : ils constituent la nourriture de base, l’essence qui permet au moteur de fonctionner. Les sens fonctionnent comme des appareils récepteurs : il sont équipés pour recevoir des activités extérieures et transmettre des messages au cerveau (Tiry 1994). Il est important de noter que les sens sont bien des appareils qui reçoivent et non pas des appareils qui cherchent à capter.

Les sens ne sont donc pas des explorateurs qui partent à la conquête de l’environnement : ce sont les activités extérieures qui viennent aux sens et non les sens qui vont au monde extérieur. L’individu ne recherche pas consciemment les informations. Ce sont les informations qui viennent à lui : la lumière frappe sa rétine, les sons viennent à son oreille, les odeurs atteignent ses narines...

L’être humain est alors organisé comme une « antenne réceptrice » qui capte les activités de l’environnement. Les organes sensoriels de l’individu ne reçoivent qu’une information extrêmement restreinte sur l’activité extérieure. La perte d’information est évidemment considérable. Il suffit pour s’en rendre compte, de considérer les appareils récepteurs inventés par l’homme : le microscope, le télescope, les appareils de détection,... Ces appareils permettent de capturer les informations que nos seuls sens ne peuvent recevoir. Les organes de l’individu ne peuvent transmettre au cerveau l’ensemble des informations concernant le monde extérieur. De plus, l’information qu’ils vont transmettre sera transformée par le biais d’un phénomène de transduction (Changeux 1983). Les organes

1.1. Processus de construction de la réalité : sensation, perception et représentation

Trois phénomènes successifs : sensation, perception, et représentation, sont à considérer dans l’acte de construction de la réalité.

- La sensation

Toute activité du cerveau commence avec les sens. Sans eux, le cerveau ne pourrait pas fonctionner : ils constituent la nourriture de base, l’essence qui permet au moteur de fonctionner. Les sens fonctionnent comme des appareils récepteurs : il sont équipés pour recevoir des activités extérieures et transmettre des messages au cerveau (Tiry 1994). Il est important de noter que les sens sont bien des appareils qui reçoivent et non pas des appareils qui cherchent à capter.

Les sens ne sont donc pas des explorateurs qui partent à la conquête de l’environnement : ce sont les activités extérieures qui viennent aux sens et non les sens qui vont au monde extérieur. L’individu ne recherche pas consciemment les informations. Ce sont les informations qui viennent à lui : la lumière frappe sa rétine, les sons viennent à son oreille, les odeurs atteignent ses narines...

L’être humain est alors organisé comme une « antenne réceptrice » qui capte les activités de l’environnement. Les organes sensoriels de l’individu ne reçoivent qu’une information extrêmement restreinte sur l’activité extérieure. La perte d’information est évidemment considérable. Il suffit pour s’en rendre compte, de considérer les appareils récepteurs inventés par l’homme : le microscope, le télescope, les appareils de détection,... Ces appareils permettent de capturer les informations que nos seuls sens ne peuvent recevoir. Les organes de l’individu ne peuvent transmettre au cerveau l’ensemble des informations concernant le monde extérieur. De plus, l’information qu’ils vont transmettre sera transformée par le biais d’un phénomène de transduction (Changeux 1983). Les organes

Chapitre 5 : Subjectivité et Complexité : pourquoi sortir de la dualité sujet/objet Ou Respect du réel

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sensoriels transforment en effet la nature d’une information avant de la transmettre au cerveau. Considérons par exemple le phénomène de la vision.

Des ondes ou des particules frappent la rétine. Celles-ci créent une réaction chimique au niveau des cellules photosensibles qui se trouvent sur la rétine.

Cette réaction engendre un courant électrique qui, par le biais du nerf optique, est orienté vers les aires spécialisées du cerveau. Ainsi, une énergie physique, après avoir provoqué une réaction chimique, est transformée par l’organe de la vision en une énergie électrique.

- La perception

Le phénomène de perception intervient toujours après une sensation. Il consiste à donner une signification à la source responsable de la sensation, à reconnaître en quelque sorte ce qui est à son origine. Soit un objet placé devant un individu. Il diffuse des énergies physiques qui excitent la rétine. Elles seront transformées en énergies électriques puis transmises au cerveau. On observe alors le phénomène de sensation. Le cerveau traite ensuite cette information électrique : il donne une signification à la sensation, c’est-à-dire qu’il identifie l’objet : il est perçu. La perception d’un objet peut donc se définir comme un processus de traitement d’informations qui subit une succession de transformations (Streri 1994).

- La représentation

La représentation découle d’une perception. Elle a pour fonction de conserver, dans la mémoire à court ou à long terme, les informations préalablement perçues (Denis 1989).

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sensoriels transforment en effet la nature d’une information avant de la transmettre au cerveau. Considérons par exemple le phénomène de la vision.

Des ondes ou des particules frappent la rétine. Celles-ci créent une réaction chimique au niveau des cellules photosensibles qui se trouvent sur la rétine.

Cette réaction engendre un courant électrique qui, par le biais du nerf optique, est orienté vers les aires spécialisées du cerveau. Ainsi, une énergie physique, après avoir provoqué une réaction chimique, est transformée par l’organe de la vision en une énergie électrique.

- La perception

Le phénomène de perception intervient toujours après une sensation. Il consiste à donner une signification à la source responsable de la sensation, à reconnaître en quelque sorte ce qui est à son origine. Soit un objet placé devant un individu. Il diffuse des énergies physiques qui excitent la rétine. Elles seront transformées en énergies électriques puis transmises au cerveau. On observe alors le phénomène de sensation. Le cerveau traite ensuite cette information électrique : il donne une signification à la sensation, c’est-à-dire qu’il identifie l’objet : il est perçu. La perception d’un objet peut donc se définir comme un processus de traitement d’informations qui subit une succession de transformations (Streri 1994).

- La représentation

La représentation découle d’une perception. Elle a pour fonction de conserver, dans la mémoire à court ou à long terme, les informations préalablement perçues (Denis 1989).

- Limites liées à la sensation, à la perception et à la représentation

A ce stade de l’exposé, le processus d’accès à la connaissance, prendrait la forme simple suivante :

Avant même de considérer les liens complexes existant entre ces phénomènes, le fait que ceux-ci comportent des limites importantes, brièvement énoncées ci-dessous, conduit déjà à une déformation de la réalité.

Les récepteurs sensoriels reçoivent les signaux émis par un stimulus. Un stimulus est défini comme un élément extérieur à l’organisme, susceptible d’exciter un ou plusieurs des organes sensoriels. Un objet, un événement, seront ainsi considérés comme des stimuli. Nos capacités sensorielles ne nous permettent pas d’avoir accès au stimulus dans sa totalité : il demeure toujours une différence entre ce dernier et la sensation. Deux raisons expliquent cette différence :

- premièrement, les informations reçues par nos organes sensoriels, qui ont une capacité limitée, sont minimes, voire ridicules, par rapport aux informations totales diffusées par les stimuli. La portion de l’environnement captée par nos organes sensoriels est différente en fonction de l’organe considéré. C’est ainsi que notre champ visuel est limité spatialement. De même, les sons qui nous parviennent dépendent de la distance qui nous sépare du stimulus, et de l’intensité de ce dernier. Nos organes sensoriels ne peuvent recevoir des informations en provenance d’un stimulus qu’à partir d’un certain seuil. En deçà de ce seuil, point de sensation. Toute excitation physique n’est donc pas sensible ;

sensation perception représentation

objet

- Limites liées à la sensation, à la perception et à la représentation

A ce stade de l’exposé, le processus d’accès à la connaissance, prendrait la forme simple suivante :

Avant même de considérer les liens complexes existant entre ces phénomènes, le fait que ceux-ci comportent des limites importantes, brièvement énoncées ci-dessous, conduit déjà à une déformation de la réalité.

Les récepteurs sensoriels reçoivent les signaux émis par un stimulus. Un stimulus est défini comme un élément extérieur à l’organisme, susceptible d’exciter un ou plusieurs des organes sensoriels. Un objet, un événement, seront ainsi considérés comme des stimuli. Nos capacités sensorielles ne nous permettent pas d’avoir accès au stimulus dans sa totalité : il demeure toujours une différence entre ce dernier et la sensation. Deux raisons expliquent cette différence :

- premièrement, les informations reçues par nos organes sensoriels, qui ont une capacité limitée, sont minimes, voire ridicules, par rapport aux informations totales diffusées par les stimuli. La portion de l’environnement captée par nos organes sensoriels est différente en fonction de l’organe considéré. C’est ainsi que notre champ visuel est limité spatialement. De même, les sons qui nous parviennent dépendent de la distance qui nous sépare du stimulus, et de l’intensité de ce dernier. Nos organes sensoriels ne peuvent recevoir des informations en provenance d’un stimulus qu’à partir d’un certain seuil. En deçà de ce seuil, point de sensation. Toute excitation physique n’est donc pas sensible ;

sensation perception représentation

objet

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- deuxièmement, la nature des informations est transformée avant de parvenir au cerveau. Si nos sens ne captent pas l’intégralité de la réalité en raison du peu d’informations reçues par les récepteurs, on s’éloigne encore un peu plus de cette réalité quand on considère les transformations subies par les informations. Les organes sensoriels sont en effet, comme expliqué ci-dessus, des appareils transducteurs, c’est-à-dire qu’ils ont la capacité de transformer une énergie en une seconde de nature différente.

C’est ainsi que nos organes sensoriels, du fait de leur capacité limitée et de leur activité de transduction, ne nous permettent pas d’avoir accès à la réalité.

Nos sens ne nous fournissent donc pas un modèle objectif de notre environnement.

Pour illustrer cette affirmation, Tiry (1994) exploite l’exemple de la couleur. Prenons une rose. Elle nous paraît rouge. Plaçons là dans une pièce noire. La rose est-elle toujours rouge ? Autrement dit, est-ce que la rose est toujours rouge, indépendamment de la perception qu’on en a ? Répondre oui à cette question reviendrait à affirmer que les objets ont des qualités ou des propriétés, ce que croyait l’ancienne physique. Or, il semblerait que les objets ne possèdent pas des propriétés mais ont des activités. Ainsi, la rose a une certaine activité. Cette activité engendre des ondes ou particules qui atteignent la rétine.

On observe alors une réaction chimique au niveau des cellules photosensibles qui se situent sur la rétine. Puis un courant électrique, via le nerf optique, sera dirigé vers les aires spécialisées du cerveau, lequel va identifier la couleur rouge.

Ainsi, le rouge ne serait pas dans la rose, mais en nous. De même que la couleur, les autres qualités telles le chaud, le sec, la pesanteur,... ne seraient pas la propriété des objets, mais seraient des sensations créées en nous par l’activité des choses. Ainsi, selon Tiry, il serait bien plus correct de dire « je réagis par une sensation de rouge » que de dire « la rose est rouge ». Cependant, la

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- deuxièmement, la nature des informations est transformée avant de parvenir au cerveau. Si nos sens ne captent pas l’intégralité de la réalité en raison du peu d’informations reçues par les récepteurs, on s’éloigne encore un peu plus de cette réalité quand on considère les transformations subies par les informations. Les organes sensoriels sont en effet, comme expliqué ci-dessus, des appareils transducteurs, c’est-à-dire qu’ils ont la capacité de transformer une énergie en une seconde de nature différente.

C’est ainsi que nos organes sensoriels, du fait de leur capacité limitée et de leur activité de transduction, ne nous permettent pas d’avoir accès à la réalité.

Nos sens ne nous fournissent donc pas un modèle objectif de notre environnement.

Pour illustrer cette affirmation, Tiry (1994) exploite l’exemple de la couleur. Prenons une rose. Elle nous paraît rouge. Plaçons là dans une pièce noire. La rose est-elle toujours rouge ? Autrement dit, est-ce que la rose est toujours rouge, indépendamment de la perception qu’on en a ? Répondre oui à cette question reviendrait à affirmer que les objets ont des qualités ou des propriétés, ce que croyait l’ancienne physique. Or, il semblerait que les objets ne possèdent pas des propriétés mais ont des activités. Ainsi, la rose a une certaine activité. Cette activité engendre des ondes ou particules qui atteignent la rétine.

On observe alors une réaction chimique au niveau des cellules photosensibles qui se situent sur la rétine. Puis un courant électrique, via le nerf optique, sera dirigé vers les aires spécialisées du cerveau, lequel va identifier la couleur rouge.

Ainsi, le rouge ne serait pas dans la rose, mais en nous. De même que la couleur, les autres qualités telles le chaud, le sec, la pesanteur,... ne seraient pas la propriété des objets, mais seraient des sensations créées en nous par l’activité des choses. Ainsi, selon Tiry, il serait bien plus correct de dire « je réagis par une sensation de rouge » que de dire « la rose est rouge ». Cependant, la

formulation « je réagis par une sensation de rouge » est critiquable. Peut-on réellement définir une sensation telle que nous l’avons définie ? Une sensation définie par des mots est déjà interprétée, alors qu’une sensation pure serait certainement ineffable. Quoi qu’il en soit, la couleur n’est pas une propriété de l’objet. De même, peut-on dire que lorsqu’un pot de fleur tombe d’un balcon du troisième étage sur le trottoir, on observe un bruit, même si personne ne se trouve aux environs ? Cela ne se peut pas, car l’oreille remplit également les fonctions d’un appareil transducteur. Un son ne devient son qu’après transformation d’une onde de compression se propageant dans un milieu.

L’onde de compression ne se transforme donc en son que si un système auditif est atteint par cette onde.

Si nous ne pouvons faire confiance à nos sens pour nous fournir une image fidèle d’une réalité absolue, nous ne pouvons pas plus faire confiance au processus de perception, dès l’instant où l’on considère que tous les messages reçus par nos sens ne sont pas analysés. Seuls les messages qui retiennent notre attention sont interprétés par le système perceptivo-cognitif. Il y a donc, là aussi, perte d’information, et transformation de l’information durant le processus d’interprétation. Les mêmes limites s’appliquent au phénomène de représentation : entre ce qui est perçu et ce qui est mémorisé on constate perte et modification de l’information.

Un premier niveau de biais, lié aux capacités limitées constitutives de l’individu, est donc constaté entre l’objet et la représentation que s’en fait le sujet. Ces biais sont dérisoires comparativement à la prise en compte du rôle

sensation perception représentation

formulation « je réagis par une sensation de rouge » est critiquable. Peut-on réellement définir une sensation telle que nous l’avons définie ? Une sensation définie par des mots est déjà interprétée, alors qu’une sensation pure serait certainement ineffable. Quoi qu’il en soit, la couleur n’est pas une propriété de l’objet. De même, peut-on dire que lorsqu’un pot de fleur tombe d’un balcon du troisième étage sur le trottoir, on observe un bruit, même si personne ne se trouve aux environs ? Cela ne se peut pas, car l’oreille remplit également les fonctions d’un appareil transducteur. Un son ne devient son qu’après transformation d’une onde de compression se propageant dans un milieu.

L’onde de compression ne se transforme donc en son que si un système auditif est atteint par cette onde.

Si nous ne pouvons faire confiance à nos sens pour nous fournir une image fidèle d’une réalité absolue, nous ne pouvons pas plus faire confiance au processus de perception, dès l’instant où l’on considère que tous les messages reçus par nos sens ne sont pas analysés. Seuls les messages qui retiennent notre attention sont interprétés par le système perceptivo-cognitif. Il y a donc, là aussi, perte d’information, et transformation de l’information durant le processus d’interprétation. Les mêmes limites s’appliquent au phénomène de représentation : entre ce qui est perçu et ce qui est mémorisé on constate perte et modification de l’information.

Un premier niveau de biais, lié aux capacités limitées constitutives de l’individu, est donc constaté entre l’objet et la représentation que s’en fait le sujet. Ces biais sont dérisoires comparativement à la prise en compte du rôle

sensation perception représentation

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majeur que jouent les représentations, nos connaissances, dans l’acte d’interprétation de l’objet. Les liens, comme représentés sur la figure ci-dessus, ne sont pas idéalement linéaires !

1.2. Comment nos connaissances nous empêchent d’accéder à la