• Aucun résultat trouvé

Comment nos connaissances nous empêchent d’accéder à la connaissance

CHAPITRE 5 : SUBJECTIVITE ET COMPLEXITE : POURQUOI SORTIR DE LA DUALITE

1. SUBJECTIVITE

1.2. Comment nos connaissances nous empêchent d’accéder à la connaissance

Nos connaissances, représentations stockées en mémoire, nous limitent considérablement dans l’approche d’une réalité donnée, lorsqu’on considère les liens complexes entre représentation et perception, et représentation et sensation.

- (1) Lien entre représentation et perception

Les représentations, les connaissances que nous conservons en mémoire interviennent dans l’acte d’interprétation des sensations (Bonnet 1995). Par exemple, imaginons qu’un cube soit placé devant un individu. Ses sensations seules ne lui permettent pas d’identifier un cube, car l’objet est ainsi fait qu’il ne se présente pas à lui dans son intégralité. Devant un tel objet, le cerveau combine les informations reçues des organes sensoriels avec les informations stockées en mémoire, et les interprète. L’objet est reconnu comme étant un cube, car dans son vécu, l’individu a déjà eu affaire à des cubes.

Autre exemple : la balle de tennis qui se dirige vers nous nous ferait fuir si seule la rapidité à laquelle sa projection sur la rétine grandit était prise en

sensation perception représentation

objet

(1)

(2)

Chapitre 5 : Subjectivité et Complexité : pourquoi sortir de la dualité sujet/objet Ou Respect du réel

140

majeur que jouent les représentations, nos connaissances, dans l’acte d’interprétation de l’objet. Les liens, comme représentés sur la figure ci-dessus, ne sont pas idéalement linéaires !

1.2. Comment nos connaissances nous empêchent d’accéder à la connaissance

Nos connaissances, représentations stockées en mémoire, nous limitent considérablement dans l’approche d’une réalité donnée, lorsqu’on considère les liens complexes entre représentation et perception, et représentation et sensation.

- (1) Lien entre représentation et perception

Les représentations, les connaissances que nous conservons en mémoire interviennent dans l’acte d’interprétation des sensations (Bonnet 1995). Par exemple, imaginons qu’un cube soit placé devant un individu. Ses sensations seules ne lui permettent pas d’identifier un cube, car l’objet est ainsi fait qu’il ne se présente pas à lui dans son intégralité. Devant un tel objet, le cerveau combine les informations reçues des organes sensoriels avec les informations stockées en mémoire, et les interprète. L’objet est reconnu comme étant un cube, car dans son vécu, l’individu a déjà eu affaire à des cubes.

Autre exemple : la balle de tennis qui se dirige vers nous nous ferait fuir si seule la rapidité à laquelle sa projection sur la rétine grandit était prise en

sensation perception représentation

objet

(1)

(2)

compte (Morais 1987). L’expérience de l’individu, conservée en mémoire, sous forme de représentations, influe donc sur la perception des événements extérieurs, et donc sur la représentation de ces événements, quelle que soit leur nature.

De façon plus globale, le vécu, les attentes, les goûts, les dégoûts, les fantasmes, les projections, la religion, les préjugés, l’éducation, la culture, les croyances, les envies, les peurs, etc, influencent la perception. L’individu n’est pas vide de représentations lorsqu’il interprète les sensations reçues. Le bruit que font ces représentations vient perturber l’interprétation : elle est dirigée, cadrée par ses connaissances antérieures. Celles-ci opèrent comme un filtre : toute sensation tombe dans l’interprétation de ce filtre.

Dès lors, l’objectivité est impossible. Pour approcher l’objet sans le transformer avec ses filtres interprétatifs que constituent ses connaissances, l’individu devrait faire table rase de toute représentation. Est-ce possible ?

- (2) Lien entre représentation et sensation

Si toutes nos sensations ne sont pas analysées car ne recevant pas l’attention du système perceptivo-cognitif (impact des représentations sur la perception), pourquoi ne pas supposer également que certaines sensations soient exclues du champ de l’interprétation par ordre des représentations ? Ne pourrait-on imaginer que les cpourrait-onnaissances soient capables de « couper le canal » de certains types de sensations, du fait des croyances de l’individu, le poussant ainsi à rejeter ce type de canalisation ? Dans le monde occidental du troisième millénaire, l’intellect est roi. Cette prédominance conduit généralement à recaler au second plan des modes de sensation subtils, tel le ressenti corporel. Face à un discours tenu par un interlocuteur, un individu occidental vivant en 2007 aura-t-il comme premier réflexe de se nourrir par l’interprétation des sensations en

compte (Morais 1987). L’expérience de l’individu, conservée en mémoire, sous forme de représentations, influe donc sur la perception des événements extérieurs, et donc sur la représentation de ces événements, quelle que soit leur nature.

De façon plus globale, le vécu, les attentes, les goûts, les dégoûts, les fantasmes, les projections, la religion, les préjugés, l’éducation, la culture, les croyances, les envies, les peurs, etc, influencent la perception. L’individu n’est pas vide de représentations lorsqu’il interprète les sensations reçues. Le bruit que font ces représentations vient perturber l’interprétation : elle est dirigée, cadrée par ses connaissances antérieures. Celles-ci opèrent comme un filtre : toute sensation tombe dans l’interprétation de ce filtre.

Dès lors, l’objectivité est impossible. Pour approcher l’objet sans le transformer avec ses filtres interprétatifs que constituent ses connaissances, l’individu devrait faire table rase de toute représentation. Est-ce possible ?

- (2) Lien entre représentation et sensation

Si toutes nos sensations ne sont pas analysées car ne recevant pas l’attention du système perceptivo-cognitif (impact des représentations sur la perception), pourquoi ne pas supposer également que certaines sensations soient exclues du champ de l’interprétation par ordre des représentations ? Ne pourrait-on imaginer que les cpourrait-onnaissances soient capables de « couper le canal » de certains types de sensations, du fait des croyances de l’individu, le poussant ainsi à rejeter ce type de canalisation ? Dans le monde occidental du troisième millénaire, l’intellect est roi. Cette prédominance conduit généralement à recaler au second plan des modes de sensation subtils, tel le ressenti corporel. Face à un discours tenu par un interlocuteur, un individu occidental vivant en 2007 aura-t-il comme premier réflexe de se nourrir par l’interprétation des sensations en

Chapitre 5 : Subjectivité et Complexité : pourquoi sortir de la dualité sujet/objet Ou Respect du réel

142

provenance unique des mots ? Ou bien écoutera-t-il son corps pour interpréter les sensations corporelles qu’il reçoit : énergie diffusée par l’interlocuteur, vibration de son corps : sensation de chaud ou de froid, de picotement, etc ? Globalement, l’Occident privilégie un mode de connaissance intellectuel où le corps n’est pas considéré comme essentiel. C’est l’hypothèse formulée en conclusion de la quatrième partie : la connaissance purement intellectuelle, coupée du corps, serait une connaissance mutilée, duale. Il est une chose de ne pas interpréter les sensations reçues, il en est une autre de couper le canal : est-ce qu’à forest-ce de ne plus prendre en compte les sensations subtiles, autres que langagières, dans l’analyse d’une situation, on arrive à complètement les ignorer au point de se couper de la source ?

Le chercheur sait-il qu’il possède un corps ? Quelle est la place du corps dans la recherche ? Le chercheur occidental ne considère-t-il pas parfois que son corps est un véhicule encombrant, qu’il n’a besoin que de son intellect pour construire les théories nécessaires à la compréhension du monde ? N’est-il pas considéré comme rationnel d’écouter les mots de l’intellect, et irrationnel d’écouter les maux du corps ?

Ainsi, les croyances occidentales poussent à privilégier certains types de sensations et à en ignorer d’autres. N’assistons-nous pas là à un gâchis formidable ? Les stimuli seraient multiples, mais du fait de nos croyances, nous nous interdirions de considérer tout un ensemble de stimuli qui nous permettraient peut-être d’approcher la réalité de façon moins mutilante. Le chercheur sélectionnerait certains stimuli (ceux définis comme « rationnels » par la communauté scientifique) et refuserait d’en considérer d’autres (les

« irrationnels ») : soit il continuerait à les percevoir mais irait contre sa nature (privilégiant ainsi la culture scientifique à sa nature humaine) en décidant de les rejeter, soit il fermerait définitivement le canal le reliant à la source des stimuli.

Chapitre 5 : Subjectivité et Complexité : pourquoi sortir de la dualité sujet/objet Ou Respect du réel

142

provenance unique des mots ? Ou bien écoutera-t-il son corps pour interpréter les sensations corporelles qu’il reçoit : énergie diffusée par l’interlocuteur, vibration de son corps : sensation de chaud ou de froid, de picotement, etc ? Globalement, l’Occident privilégie un mode de connaissance intellectuel où le corps n’est pas considéré comme essentiel. C’est l’hypothèse formulée en conclusion de la quatrième partie : la connaissance purement intellectuelle, coupée du corps, serait une connaissance mutilée, duale. Il est une chose de ne pas interpréter les sensations reçues, il en est une autre de couper le canal : est-ce qu’à forest-ce de ne plus prendre en compte les sensations subtiles, autres que langagières, dans l’analyse d’une situation, on arrive à complètement les ignorer au point de se couper de la source ?

Le chercheur sait-il qu’il possède un corps ? Quelle est la place du corps dans la recherche ? Le chercheur occidental ne considère-t-il pas parfois que son corps est un véhicule encombrant, qu’il n’a besoin que de son intellect pour construire les théories nécessaires à la compréhension du monde ? N’est-il pas considéré comme rationnel d’écouter les mots de l’intellect, et irrationnel d’écouter les maux du corps ?

Ainsi, les croyances occidentales poussent à privilégier certains types de sensations et à en ignorer d’autres. N’assistons-nous pas là à un gâchis formidable ? Les stimuli seraient multiples, mais du fait de nos croyances, nous nous interdirions de considérer tout un ensemble de stimuli qui nous permettraient peut-être d’approcher la réalité de façon moins mutilante. Le chercheur sélectionnerait certains stimuli (ceux définis comme « rationnels » par la communauté scientifique) et refuserait d’en considérer d’autres (les

« irrationnels ») : soit il continuerait à les percevoir mais irait contre sa nature (privilégiant ainsi la culture scientifique à sa nature humaine) en décidant de les rejeter, soit il fermerait définitivement le canal le reliant à la source des stimuli.

- L’impossible accès à la réalité à l’aide de notre seul mental

Ainsi, nos connaissances, représentations stockées dans notre cerveau, brouillent les pistes, produisent un bruit constant. Ces filtres interprétatifs éloignent le chercheur de la réalité qu’il cherche à observer. Si la Connaissance existe, l’homme ne peut y avoir accès s’il utilise uniquement son mental pour y accéder. L’observation pure serait celle d’un esprit dépourvu de représentations.

Un tel procédé est-il accessible à l’être humain ? Ou bien est-il condamné, par nature, à rester à jamais éloigné de la réalité ?

1.3. Conséquence pour le chercheur : se connaître en tant que