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Promotion de l’allaitement, vue par les femmes allaitantes

Dans le document THESE UNIVERSITE PIERRE ET MARIE CURIE (Page 89-98)

III. RESULTATS

III.4. Promotion de l’allaitement, vue par les femmes allaitantes

Il nous est paru intéressant de demander aux mères participant à notre étude ce qu’elles aimeraient changer dans notre société afin de mieux promouvoir l’allaitement, et ainsi d’en faciliter la poursuite le plus longtemps possible.

a) Un meilleur accompagnement des mères qui allaitent

Beaucoup de femmes ont manifesté le besoin d’un accompagnement tout au long de l’allaitement, de son initiation à la décision de son arrêt.

Avant l’initiation de l’allaitement :

Selon certaines participantes, cet accompagnement devrait débuter dès la grossesse et avec davantage d’information et de préparation :

« Je trouve qu’il n’y a pas assez de prévention qui est faite, du tout. […] Même pendant la préparation à l’accouchement, je trouve que… On n’en a pas du tout parlé, ou alors très peu avant l’accouchement. » (Mère 15).

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« C’est vrai que lors des cours d’accouchement, ça aurait été bien qu’il y ait un petit module sur ça. » (Mère 16).

« Ce serait pas mal… Pour… Pour pousser… Enfin, que celles qui ont envie, ou qui se posent la question, enfin… On leur explique pourquoi c’est bien et pourquoi c’est pas bien, et qu’on laisse chacun faire. » (Mère 21).

Accompagnement tout au long de l’allaitement :

La plupart des femmes expriment le besoin d’être mieux accompagnées dès le début de l’allaitement, et ce, par différents moyens.

Etablir un consensus de la part des professionnels de santé concernant les

réponses aux questions sur l’allaitement :

« Je m’adressais à un certain nombre de professionnels de santé, que ce soit des sages-femmes, des médecins… J’avais presque une réponse par question différente, selon la personne à qui je m’adressais. J’avais autant de réponses que je posais de questions identiques. » (Mère 17).

« C’était pas toujours adapté. Je trouve que la… y’a… y’a pas vraiment de… comment dire… les conseils ne sont pas les mêmes d’une personne à l’autre, c’est très aléatoire. C’est dur de s’y retrouver, vraiment, ouai. » (Mère 22).

« Ce que j’aurais aimé, c’est effectivement, qu’il y ait un peu… Qu’il y ait un peu des… moins d’avis partagés par le… le personnel médical, quoi. (Silence). Enfin, qu’au sein d’un même établissement surtout, que ce soit à la PMI ou à la maternité, qu’il y ait un consensus, quoi. Ouai, ça, ça m’aurait aidée… » (Mère 23).

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Bénéficier d’une meilleure communication :

« Je pense qu’on devrait plus leur en parler. […] Surtout pendant l’allaitement. » (Mère 18).

« Non, je pense en fait qu’il y a pas assez de com’ (ndrl, communication) autour de l’allaitement, en tout cas d’un point de vue formalités, pratique, avec la reprise du tracail, tout ça… Enfin, je pense qu’il faut vraiment aller à la pêche aux infos à ce niveau-là, et je trouve que c’est compliqué. » (Mère 26).

Privilégier un suivi psychologique, basé sur l’écoute :

« Je pense que j’aurais eu besoin d’un soutien plus… comment dire… Ben plus psychologique, j’allais dire, par rapport à ça. […] Donc, je dirais, le truc à améliorer, en terme de prise en charge, c’est vraiment quelqu’un qui […] prend vraiment le temps d’écouter, de conseiller. Mais le temps, le temps, surtout ! […] Je pense que ce serait bien de faire un suivi, vraiment, réel. » (Mère 14).

« Euh, ouai. Surtout au début… D’un point de vue psychologique. »(Mère 16).

Mettre en place une visite à domicile systématique au retour à la maison :

« Enfin non, avec la sage-femme qui était en HAD, c’était parfait. C’était vraiment bien. Enfin, je trouve que, pour un premier enfant, ça devrait être systématique. » (Mère 21).

Déculpabiliser les mères allaitantes :

« J’ai l’impression qu’on a tendance à culpabiliser les mamans qui veulent allaiter, surtout à la reprise du travail. Les gens ne comprennent pas pourquoi on veut continuer. » (Mère 16).

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« Juste faire en sorte que ce soit pas un jugement de valeur que d’être « pour » ou « contre » l’allaitement, mais avoir une position de principe. […] Si y’a une maman qui a envie d’allaiter, il faut lui donner les moyens d’allaiter, et pas de… de jugement de la société, parce que l’enfant est ci ou ça. » (Mère 21).

Accompagner l’allaitement, y compris au moment du sevrage :

« Ben peut-être au niveau du sevrage, justement, parce qu’on parle beaucoup du début, et de la mise au sein… […] Donc voilà, même l’adaptation, tout ça… C’est des questions pour lesquelles il manque des réponses, des aides, des conseils. » (Mère 19).

De rares mères n’ont pas été dans la demande d’un meilleur accompagnement, et se sont senties suffisamment entourées :

« Enfin voilà, je trouve quand même qu’autour de la naissance, il y a… Enfin, c’est impressionnant l’accompagnement qu’on a si on a des questions. Y’a full de choix de personnes à solliciter. […] Y’a vraiment un… un réseau très facilement disponible si on a des questions, quoi. » (Mère 13).

b) Aides pratiques pour promouvoir l’allaitement.

Au-delà de la volonté de recevoir un meilleur accompagnement de la part des différents intervenants qui entourent la mère pendant la période d’allaitement, plusieurs femmes interrogées nous ont fait part de la nécessité, selon elles, d’encourager l’allaitement par des aides pratiques dans notre société.

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Quelques mères souhaiteraient un congé maternité plus long pour l’allaitement:

« Je crois qu’il y a un congé allaitement, qui est prévu dans certaines conventions collectives. On devrait aider les mamans. […] Et je lisais, dans les pays du Nord, l’allaitement est beaucoup plus important. » (Mère 17).

« Ben déjà, je pense qu’il faudrait laisser un temps plus long après l’accouchement, pour celles qui allaitent. […] Mais c’est vrai que dans les pays nordiques, par exemple, elles sont… enfin c’est très long. […] Nous, je ne pense pas qu’on nous aide, qu’on nous pousse à allaiter, quoi. » (Mère 20).

Plusieurs mères évoquent la reprise du travail comme une période difficile :

Par manque d’information :

« Non, je pense en fait qu’il y’a pas assez de com’ (ndrl, de communication) autour de l’allaitement […] avec la reprise du travail, tout ça… Enfin je trouve qu’il faut vraiment aller à la pêche aux infos à ce niveau-là. » (Mère 26).

Par manque de crèches ou de structures pour les nourrissons :

« Moi je sais que si on m’avait proposé une crèche à côté de mon travail, j’aurais repris le travail beaucoup plus vite. Parce que là, en sachant que je pouvais y aller une fois le matin et une fois l’après-midi, pour aller l’allaiter, la journée à la crèche, elle se passe complètement différemment, je pense. » (Mère 22).

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Des mères auraient souhaité bénéficier d’espaces dédiés à l’allaitement :

« Mais peut-être qu’il devrait y avoir des espaces un peu plus cocooning, dédiés à l’allaitement… Que ce soit dans les lieux publics, les restaurants… Mais souvent, voilà, même dans le quartier, y’a pas de lieux… » (Mère 25).

c) Réseau allaitement : quelle perception ?

Nous avons choisi de terminer nos entretiens par une question ouverte à propos des réseaux allaitement. Ce terme évoque des systèmes variés chez nos participantes. Pour certaines, il fait écho à des organisations déjà existantes. Pour d’autres, il permet d’imaginer des schémas imaginés, rêvés par les mères.

Réseau allaitement : extension d’un système existant

Pour beaucoup de mères, la Leche League est le réseau allaitement par définition :

« Euh… La Leche League, voilà ce que ça m’évoque ! » (Mère 9).

« Ben moi, justement, c’est la Leche League qui me vient en premier. » (Mère 11).

Plusieurs mères décrivent des réunions entre mères qui allaitent :

« A la PMI, quand je les ai appelés, ils m’ont dit qu’il y a un petit réseau de femmes qui se retrouvent pour parler de leur expérience. » (Mère 3).

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« Des… des femmes qui communiquent entre elles par rapport à l’allaitement, je pense, qui se donnent des conseils, et qui… qui parlent de tout… Comme un petit café allaitement ! »

(Mère 18).

« Rencontrer d’autres mamans pour… ben, pour parler effectivement de l’allaitement. »

(Mère 14).

Certaines femmes parlent des forums entre mamans, sur Internet :

« Communiquer entre mamans qui allaitent, par exemple. Tout ce qui est forum pour les mamans, pour toutes les questions qu’on peut avoir. » (Mère 20).

Pour de rares mères, il s’agit de Banques de lait maternel :

« Pour moi, ce serait des personnes qui font… qui font des dons de lait maternel. » (Mère 23).

« Y’a pas une histoire de banque du lait, aussi ?! » (Mère 25).

Réseau allaitement : concept source d’imagination

Plusieurs mères voient dans ce réseau un ensemble de professionnels de santé qui répondraient aux questions sur l’allaitement :

« Ce serait des référents que tu pourrais contacter par rapport à ton allaitement, de divers corps de métiers. » (Mère 1).

« Ben euh, j’imagine que c’est une hotline, avec plein de professionnels, que tu peux appeler si tu as des questions sur l’allaitement.» (Mère 8).

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Certaines participantes imaginent un ensemble de professionnels référents sur l’allaitement réunis dans le but de trouver un consensus de réponses aux questions posées :

« Ben, ce serait des gens connectés les uns aux autres, pour pouvoir faire le lien avec tout ce qui se passe. Je sais pas, la maternité, la PMI, ou des sages-femmes… Et le médecin traitant. […] Mais au moins, des gens qui peuvent correspondre entre eux, pour avoir une réponse formelle, et pas 36000 réponses ou informations différentes. » (Mère 22).

« Réseau allaitement, alors ce serait peut-être une communauté de… de professionnels de santé, ou d’autres organismes, qui ont trait… ou qui sont réunis pour un même projet de favoriser l’allaitement maternel, et apporter des réponses aux mamans. » (Mères 17).

D’autres femmes soumettent l’idée de réunions entre mères en présence d’un professionnel de santé :

« Réunion entre mamans qui allaitent, avec un professionnel qui est là, du coup, pour répondre à nos questions, que ce soit avant, pendant… enfin pendant la grossesse tout du moins, ou après, quand on a accouché. » (Mère 5).

De rares participantes évoquent des réunions entre femmes enceintes pour parler de la question de l’allaitement :

« Réseau allaitement, ben… Je dirais que ça pourrait être un groupe de personnes qui se réunissent pour parler de l’allaitement.[…] Des femmes enceintes ou qui ont des… Enfin des mamans, quoi, qui ont déjà un enfant, enfin qui sont en phase d’avoir un enfant en fait. »

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Certaines évoquent un réseau sous forme d’un aiguillage téléphonique vers les intervenants compétents en matière d’allaitement :

« C’est envoyer les gens vers les bons professionnels. Donc, c’est de l’aiguillage, quoi ! »

(Mère 8).

« Enfin, le mieux, c’est quand même d’avoir quelqu’un qu’on peut appeler, à qui on peut poser les questions. Ce serait pas mal, ouai…. Et sans… Sans qu’il ait ou qu’elle ait à répondre à toutes les questions, mais qu’elle puisse renvoyer vers les bonnes personnes. » (Mère 21).

Quelques mères voient le réseau allaitement comme une source Internet :

« Un blog, ou quelque chose sur l’allaitement, où on pourrait trouver ses réponses. » (Mère 17).

« Enfin voilà, réseau, c’est plus Internet, plus les forums, tout ça. Avec les questions qu’on peut se poser entre nous, oui, spécial mamans qui allaitent ! » (Mère 19).

« J’allais dire Internet ! » (Mère15).

Enfin, le réseau allaitement n’évoque rien pour de rares participantes :

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Dans le document THESE UNIVERSITE PIERRE ET MARIE CURIE (Page 89-98)