Discussion de la méthode

a) Choix de la méthode

Nous avons fait le choix d’utiliser une méthode qualitative, par entretiens individuels semi-structurés.

Comme nous l’avions expliqué précédemment, la recherche qualitative consiste à recueillir des données verbales. Cette méthode est adaptée à notre sujet, dont l’objectif est l’analyse de la perception du médecin généraliste et du vécu de la période d’allaitement par les vingt-six femmes que nous avons rencontrées.

Utiliser des entretiens individuels semi-structurés nous est apparu être le moyen le plus efficace pour recueillir ces données, et ce pour plusieurs raisons :

- Permettre à chaque mère allaitante de s’exprimer librement sur les thèmes abordés, sans ressentir un quelconque jugement d’autres femmes, comme cela aurait pu être le cas si nous avions travaillé par entretiens collectifs (ou focus group).

- Respecter le discours spontané de chaque participante, tout en suivant une trame de fond définie par la grille d’entretien préalablement établie, grâce à la technique d’entretiens semi-structurés. Ce procédé permet d’obtenir des réponses authentiques sur des thèmes parfois peu abordés, tels que le ressenti du vécu de l’allaitement. Seule cette technique permet de recueillir de telles informations, presque comme une confidence.

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- Adapter librement l’ordre des thèmes abordés, ou celui des sous-thèmes, en fonction du déroulé de l’entretien et l’adapter à chaque femme.

b) Forces de l’étude (45)

Notre étude est, semble-t-il, conforme aux standards des études qualitatives.

En effet, notre échantillon s’est voulu être varié, au sein d’une population de vingt-six femmes d’Ile-de-France. Les mères ayant participé à notre étude ont entre 27 et 39 ans, elles ont un niveau d’études s’échelonnant du BEP au BAC +12, et leurs professions sont très variées, étendues dans de nombreux secteurs d’activité.

Afin d’aborder l’ensemble des thèmes utiles à notre étude, nous avons utilisé une grille d’entretien semi-structuré pré-établie, ce qui nous a permis de suivre une trame de fond, mais aussi de pouvoir adapter ce guide pendant le déroulement de l’entretien afin de tenir compte du discours des participantes.

Et enfin, avant d’interrompre le recrutement des mères allaitantes, nous nous sommes assurée que la validité interne de l’étude était vérifiée. Plusieurs critères de scientificité sont retrouvés :

- La saturation des données, qui permet de généraliser les résultats obtenus par les vingt-six entretiens de mères allaitantes à une autre population (validité externe de notre étude). Les participantes ont été sélectionnées afin de permettre la diversification et la saturation des données.

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- La triangulation des données, c’est-à-dire l’analyse des données par une personne extérieure à l’étude, permettant de vérifier que les données analysées représentent la réalité (validité interne de l’étude).

c) Limites de l’étude

Notre étude doit cependant faire face à plusieurs biais, en lien avec le recrutement des participantes, la réalisation des entretiens, ou encore l’interprétation des résultats.

 Biais de recrutement :

Les femmes ayant accepté de participer à notre étude pour parler de leur allaitement, mais aussi de la place de leur médecin généraliste dans cette période d’allaitement ont été, pour certaines, recrutées à partir du cercle de connaissances proche de l’enquêteur lui-même (amies, connaissances d’amies, patientes connues en stage chez le praticien de niveau 1). Ainsi, à cause de ce mode de recrutement, les réponses données par certaines mères ont pu être biaisées par la connaissance de l’enquêteur, et donc par la volonté de lui faire plaisir à travers leurs réponses.

Les mères qui ont répondu favorablement à notre enquête sont des femmes qui allaitaient ou qui avaient allaité dans les deux ans précédant l’entretien. Ainsi, leur position par rapport à l’allaitement était nécessairement en faveur de ce dernier, ce qui peut constituer une limite à notre étude.

Enfin, certaines participantes ont été recrutées à partir d’une annonce déposée dans le cabinet de leur médecin généraliste, qui était maitre de stage de l’enquêteur (stage chez le praticien de niveau 1). On peut ainsi supposer que, pour ces femmes, donner leur position

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sur la place du médecin généraliste dans la poursuite de l’allaitement pouvait être gênant, même en l’absence de ce dernier, puisque l’enquêteur travaillait au quotidien avec lui. Ces femmes ont ainsi pu enjoliver la description de la relation qu’elles entretenaient avec leur médecin généraliste.

 Limites liées à la réalisation des entretiens :

 Statut de l’enquêteur :

Tous les entretiens ont été réalisés par le même enquêteur, qui s’est présenté sous le statut d’interne en médecine générale, de sexe féminin.

Nous pouvons penser que notre statut de médecin généraliste en formation a pu influencer certaines mères allaitantes au moment d’évoquer leur perception du médecin généraliste au sein des intervenants sollicités pendant la période d’allaitement. Cette influence a également pu avoir un rôle lorsque les participantes donnaient leur avis sur les connaissances du médecin généraliste concernant l’allaitement.

Parallèlement, la parole de certaines femmes interrogées a pu être déliée du fait qu’elles s’adressaient à une autre femme, qui pouvait alors sûrement plus facilement la comprendre.

 Enregistrement des entretiens :

L’ensemble des entretiens a été enregistré à l’aide d’un dictaphone électronique. Le recueil du consentement verbal a été obtenu avant le début de l’enregistrement auprès de chaque participante, le but de l’enregistrement a été expliqué (s’en servir pour retranscrire l’entretien le plus fidèlement possible) et une confidentialité irréprochable a été également

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assurée. Cependant, nous supposons que la présence du dictaphone a pu gêner certaines femmes. Cette gêne a pu forcer les participantes à une certaine retenue dans leurs confidences, et donc nous faire perdre le recueil de certaines données.

 Biais d’interprétation :

L’analyse des entretiens a été réalisée par l’enquêteur lui-même, qui du fait de son vécu et de ses convictions propres au sujet de l’allaitement, n’a sûrement pas pu se libérer de toute interprétation de certaines données. Ainsi, malgré le plus grand souci d’objectivité, il est possible que nous ayons confronté notre analyse des entretiens à un biais d’interprétation.

 Biais d’intervention :

La réalisation des entretiens, leur retranscription écrite, ainsi que leur analyse ont été établies par la même personne : l’enquêteur. Il aurait été préférable de faire appel à trois personnes différentes pour effectuer ces trois missions, afin d’augmenter la validité interne de notre étude. Cependant, par souci de temps et de moyens, ce travail n’a pu être réalisé.

Nous avons néanmoins demandé une relecture et analyse des résultats par une personne extérieure à l’étude (étudiante de Paris VI, en année de thèse de médecine générale), ce qui permet de limiter ce biais.

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