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Place du médecin généraliste dans la poursuite de l’allaitement

Dans le document THESE UNIVERSITE PIERRE ET MARIE CURIE (Page 80-89)

III. RESULTATS

III.3. Place du médecin généraliste dans la poursuite de l’allaitement

Le médecin généraliste fait partie des professionnels de santé auxquels les femmes peuvent se référer au moment de l’allaitement. Il nous est paru intéressant de savoir quels étaient les intervenants sollicités par les mères interrogées, mais aussi de connaitre la place que le médecin généraliste prenait parmi ces intervenants.

a) Les différentes sources d’information sur l’allaitement.

Les participantes de notre étude ont fait appel à des sources d’information variées pour répondre à leurs interrogations sur l’allaitement. Elles décrivent, pour certaines d’entre elles, avoir reçu des informations de la part de professionnels de la santé, tels que des sages-femmes, des conseillères en lactation, des puéricultrices à la PMI, des médecins (médecin généraliste, pédiatre…). Les mères se sont tournées également vers d’autres sources d’information, telles que des livres, des sites internet, des forums, ou encore vers leur entourage.

Il nous est paru intéressant de classer ces résultats en fonction de la multiplicité des intervenants sollicités, résultats que nous pourrons analyser ultérieurement.

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De rares mères n’ont sollicité aucun intervenant ou source d’informations, du fait

de leurs professions.

Profession de sage-femme :

« Ben déjà, dès ma scolarité, expérience professionnelle, formations… Voilà. » (Mère 1).

Profession de médecin gynécologue :

« C’est vrai que moi, je suis gynéco, je me suis pas trop posée de questions. » (Mère 7).

Certaines mères ont sollicité un seul intervenant pour répondre à leurs interrogations sur l’allaitement.

Le médecin généraliste :

« Euh… le médecin. » (Mère 24).

« A mon médecin traitant, qui suit aussi ma fille. » (Mère 25).

La sage-femme :

« Ben j’avais une sage-femme après l’accouchement, pour la rééducation. Du coup, c’était à la sage-femme. » (Mère 8).

« Euh… à une sage-femme. […] Une que je voyais avant d’accoucher, et à l’hôpital aussi. »

(Mère 18).

L’entourage :

« Alors moi, je me réfère plus à ma cousine, du coup, qui a allaité, et à ma famille en général, qui ont allaité. » (Mère 20).

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Un cas particulier : quand un membre de la famille est médecin :

« Du coup, ma sœur, qui est médecin généraliste. […] Ma sœur suit les femmes enceintes. […] Mais du coup, elle fait tout ce suivi-là, elle a l’habitude, elle suit les jeune filles aussi. » (Mère 15).

La plupart des femmes se sont adressées à plusieurs intervenants et se sont renseignées par l’intermédiaire de sources d’informations souvent variées.

Plusieurs professionnels de santé :

« Euh… Donc voilà, j’ai été aux réunions de la maternité. […] Et puis aussi, des rendez-vous de consultation avec la consultante en lactation. […] Donc, après l’accouchement, j’ai eu euh… une sage-femme qui est venue à domicile, qui passait à domicile. » (Mère 2).

« En fait, c’était plus à la maternité, où j’avais vraiment posé toutes mes questions. […] Donc du coup, j’ai vraiment posé mes questions quand j’avais besoin, et après, du coup, comme je suis allée à la PMI, quand j’avais des questions, ben c’était à la PMI. » (Mère 10).

Un seul professionnel de santé et d’autres sources d’informations :

« Alors moi, beaucoup la sage-femme que je voyais à domicile. […] Je me suis aussi documentée pas mal, enfin j’avais acheté un livre, et puis je regardais aussi un peu sur

Internet. » (Mère 5).

« Mes sœurs ! […] Enfin, j’ai eu quand même la… enfin, la sage-femme qui est venue à la fin. Euh, enfin… quand je suis revenue de la maternité, j’ai eu une sage-femme qui est venue pendant trois jours. » (Mère 6).

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« Ben, mon médecin traitant, notamment. […] Et les bouquins, que je lis à la bibliothèque. »

(Mère 17).

« Ben, au personnel de la maternité, parce que j’y suis restée cinq jours. Et très rapidement, à mon entourage qui avait allaité. » (Mère 23).

« Je m’adressais… euh… à la sage-femme. […] Et, euh… ouai, je suis sur un forum de mamans, qui ont déjà plusieurs enfants, et qui pouvaient répondre aux questions. » (Mère 26).

Plusieurs professionnels de santé et d’autres sources d’informations :

« Alors moi, j’ai été suivie par mon médecin généraliste au début, qui est aussi pour tout ce qui est gynéco, tout ça. […] Et parallèlement, comme j’avais une spondylarthrite et tout ça, j’ai été suivie aux Bluets, à la maternité, où là j’ai eu des ateliers sur l’allaitement. […] Et beaucoup de discussions avec des proches, des copines à moi jeunes mamans, ma propre Maman à moi… » (Mère 4).

« Alors en fait, donc… Je suis allée sur les réseaux sociaux, mais c’est pareil, j’ai pas toujours trouvé mes réponses, parce que… y’a des puristes, quoi ! Donc voilà, c’est… Donc après, encore une fois, la Leche League. J’ai eu contact de la PMI aussi de… du Val de Marne, en fait. […] Et puis, effectivement, avec le médecin, quand j’avais des questions. […] Mais en fait, j’ai mis du temps à trouver un médecin. Au départ, je suis allée voir les pédiatres, ça me convenait pas. » (Mère 11).

« Y’a eu la sage-femme qui m’aidait, enfin qui a fait la préparation. Et puis, les amies, enfin… cousines, amies, des gens de mon entourage qui avaient allaité. […] Je sais que je suis allée voir la PMI une fois, y’avait une spécialiste, enfin une conseillère en allaitement à la PMI. […]

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Et sinon, j’avais fait aussi des recherches sur Internet, euh… le truc-là… la LLL. […] C’est vrai qu’on trouve des tas de trucs sur Internet, des forums… » (Mère 13).

« Euh, alors, à la maternité, à la sage-femme. […] On l’avait abordé quand même à la maternité, lors des cours de préparation à l’accouchement. […] Des livres. […] Et j’ai même pris conseil auprès de ma pharmacienne, tellement j’étais désespérée, et que j’en pouvais plus ! » (Mère 14).

Uniquement des sources d’informations non professionnelles :

« Principalement sur Internet, et à la Leche League aussi. […] Et j’avais demandé conseil à

une amie aussi, qui avait allaité. » (Mère 16).

b) Perception du médecin généraliste par les femmes allaitantes.

Le médecin généraliste est vu de différentes façons par les mères qui allaitent. Certaines le perçoivent comme l’intervenant de premier recours, et d’autres mettent en avant des facteurs limitant ce statut de professionnel principal au cours de l’allaitement.

Le médecin généraliste est perçu par quelques mères allaitantescomme

l’intervenant principal concernant l’allaitement:

Quelques femmes ont confiance en les compétences et connaissances sur l’allaitement de leur médecin généraliste:

« Du coup, je l’ai choisie comme pédiatre pour Jules. […] Je saurais pas vous dire si elle m’a… si elle a insisté pour que je continue. Je sais pas, elle, sa position véritablement, mais en tout

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cas, elle m’a dit « Tant que vous pouvez le faire, faites-le. ». Voilà, elle allait dans mon sens. »

(Mère 11).

« Bon, parce que ça m’est arrivé quand même de poser des questions à mon généraliste, et euh… J’ai même l’impression parfois qu’ils sont plus calés, parce qu’il me répond vraiment, en tout cas… Il m’a vraiment répondu du tac-o-tac. En tout cas, il est au courant, donc euh… On peut avoir confiance. Oui, je pense qu’ils ont les connaissances. » (Mère 19).

Certaines mères ont un lien de confiance privilégié avec leur médecin généraliste:

« Ben mon médecin traitant, notamment. Mon médecin traitant qui… que… donc, qui me suit depuis mes 1 an, en qui j’ai une confiance absolue. […] On parle de beaucoup de… des différentes questions.» (Mère 17).

« Et justement, c’est toujours mon médecin généraliste. […] Elle était d’une neutralité absolue, elle m’a jamais influencée dans un sens ou dans l’autre. […] Et en même temps, elle m’a dit évidemment que le lait maternel est ce qu’il y a de mieux, mais elle a toujours été très juste. Elle est comme ça pour tout, d’ailleurs ! […] Donc ouai, une vraie confiance ! » (Mère 4).

La plupart des femmes ont mis en avant des facteurs ayant limité un suivi avec leur médecin généraliste concernant l’allaitement :

De rares mères estiment que les compétences de leur médecin généraliste sont insuffisantes, au sens large :

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« Pas très compétente. […] C’est vrai que je vais pas la voir souvent, j’ai aucun lien privilégié avec mon médecin traitant. » (Mère 3).

Quelques mères émettent un doute concernant les connaissances de leur médecin généraliste en matière d’allaitement :

« Je pense pas que je serai allée voir un médecin traitant… Pfff, déjà une gynéco pas trop spécialisée dans l’allaitement, je sais les trucs bateau qu’elle va dire, mais alors quelqu’un… pas plus spécialisé que ça, ben non, je serai pas allée le voir ! […] Après, clairement, mais c’est comme pour n’importe qui, tout dépend s’il s’y est intéressé ou pas. » (Mère 8).

« Oui, parce que c’est un médecin, mais euh…. Après, en entrant dans le vif du sujet, je pense pas qu’ils aient les… Enfin, je pense qu’une maman, elle en sait vachement plus qu’un médecin généraliste. […] Enfin, je pense pas que ce soit l’interlocuteur auquel il faille s’adresser… » (Mère 26).

D’autres participantes pensent que les médecins généralistes ne s’intéressent pas vraiment à l’allaitement :

« Je suis pas persuadée que ce soient de bons conseillers… Enfin moi, je reste plutôt dans le truc de, si on s’y intéresse et si on est plutôt pour, je pense qu’on a moyen de récupérer des informations à droite à gauche. Mais je pense que si le médecin s’en fiche un petit peu, je pense qu’il peut être plus mauvais conseiller qu’autre chose, quoi ! » (Mère 6).

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Plusieurs mères allaitantes considèrent que d’autres professionnels de santé sont plus spécialisés que le médecin généraliste en matière d’allaitement :

« Mmh… Euh… Ben, j’aurais peut-être plutôt demandé à une sage-femme ! […] J’aurais demandé à la consultante en lactation, mais c’est pas pour autant qu’un médecin ne pourra pas… Enfin, il pourra sûrement tout à fait me répondre. Ou sinon, à mon pédiatre. » (Mère 1).

« Après euh… C’est pas la personne la plus spécialisée, y’a les sages-femmes, et tout ça. »

(Mère 2).

« Je vous avouerai que je me suis pas posée la question. Je me suis pas posée la question, parce que je me suis dit que c’était ou la sage-femme, ou la gynécologue, qui intervenaient à ce niveau-là. » (Mère 16).

D’autres femmes estiment qu’une consultation de médecine générale n’est

pas le lieu approprié pour parler de l’allaitement :

« Non, je ne pense pas qu’ils aient les connaissances, mais je ne pense pas non plus qu’une femme qui vient d’accoucher s’adresserait à son médecin généraliste. » (Mère 12).

« Et puis, quand t’as une question, c’est pour tout de suite. Tu vas pas prendre rendez-vous chez ton médecin pour ça… » (Mère 13).

« Ben, je pensais que non. En fait, je pensais que… Déjà, payer une consultation juste pour ça, je pensais que ça se faisait pas, et que oui, c’était pas la personne la plus adéquate par rapport à mes questions. […] C’est déjà tellement compliqué avec les personnes qui ne font que ça, qui travaillent en maternité […], donc je pense que le médecin traitant, c’est pas la personne à laquelle on pense parler… » (Mère 22).

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Plusieurs mères ne consultent pas leur médecin généraliste pour l’allaitement, et ce en raison des représentations psychiques qu’elles ont d’eux :

Représentations psychiques liées au genre du médecin :

« Mon médecin traitant, c’est un mec, et je pense que je lui aurais pas posé les questions… […] C’est peut-être un a priori, mais je me serais dit qu’il aurait probablement pas eu les réponses. Une femme peut-être… Par le vécu… » (Mère 7).

« Alors, je pense qu’elle aurait pu, parce qu’elle est assez… une femme, qui a aussi des enfants… […]Plus par son expérience personnelle. » (Mère 10).

« Ben là, en l’occurrence, c’était une femme, et je pense qu’elle ne me donnait pas tant un avis de médecin, qu’un avis de femme, de maman. […] Là, maintenant, on a un médecin généraliste homme, et je suis pas sûre que le sujet de l’allaitement soit… enfin, qu’il soit à l’aise, quoi… » (Mère 21).

Représentations psychiques liées à la conception de l’allaitement par

le médecin :

« Euh… euh… Oui, probablement, si la personne est sensibilisée à l’allaitement, je pense, et est plutôt pro… pro allaitement, oui. » (Mère 23).

« Ben après, la difficulté avec l’allaitement, c’est que… c’est vraiment… Y’a vraiment les « pour » et les « anti » allaitement, même chez les… Enfin, de manière générale dans la société, y’a les « pour allaitement » et les «contre allaitement », et du coup, chez les médecins, ben ça se retrouve aussi, et j’ai un peu l’impression que y’en a qui vont y être favorables, d’autres moins… » (Mère 21).

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« Et euh… je sais pas du tout si elle est pro allaitement ou… […] Je pense que ça dépend quand même d’être pro ou… pas… allaitement. » (Mère 6).

De rares mères ont évoqué un malaise à parler d’allaitement avec un médecin généraliste homme :

« En fait, mon généraliste est un homme, c’est un peu plus difficile… Au niveau de l’allaitement, hein. Je suis pas… Enfin, y’a pas de problème, hein. Mais de parler de ça, ça me met un peu mal à l’aise. Je préfèrerais être en présence d’une femme… » (Mère 19).

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