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IV.1 Introduction : notre phase expérimentale.

Le présent chapitre concerne la description de la phase expérimentale prévue par notre projet de recherche.

Notre phase expérimentale s’est adressée aux étudiants de l’université de Gênes inscrits au Master 2 en Traduction (de et vers la langue française). Plus précisément, tous les étudiants participant étaient inscrits au cours dénommé « Langue et traduction française » qui inclut des modules d’enseignement divers : un module de traduction du français à l’italien comprenant également des cours de traduction active, de l’italien au français ; des modules de traduction spécialisée (juridique, économique, technico-scientifique) ; un module de révision textuelle portant aussi bien sur des traductions en langue italienne que sur des traductions en langue française ; et enfin, un module d’interprétation de et vers la langue française.

Notre « module d’enseignement expérimental » de la traduction de l’italien au français s’insère, donc, dans le cadre de ces cours proposés par le programme d’enseignement de « Langue et traduction française », niveau Master 2.

Le trait caractérisant notre module expérimental correspond à l’intégration d’un prototype de traducteur automatique basé sur des règles dans le contexte de l’apprentissage de la traduction niveau Master 2. Cette intégration a été réalisée par le moyen d’une interface web créée ad hoc afin

de permettre aux étudiants d’interagir avec le traducteur automatique de manière intuitive. Guidés

par l’enseignant au cours des séances, les étudiants ont essayé d’interagir avec le prototype pour s’approprier ses stratégies de traduction automatique dans le but d’améliorer ses prestations traductionnelles. Le centre de notre intérêt scientifique est représenté notamment par cette interaction entre l’apprenti traducteur humain et l’apprenti traducteur automatique, ce qui se réalise

dans un contexte d’apprentissage mutuel de la traduction entre l’humain et la machine.

L’hypothèse émise est qu’une telle interaction entre l’apprenti traducteur humain et un prototype de traducteur automatique puisse favoriser la réflexion méta-traductionnelle chez les apprentis humains, ce qui tout d’abord encourage la prise de conscience des nombreux facteurs impliqués dans l’activité traduisante, et qui d’ailleurs contribue à l’apprentissage de traduction de la part des étudiants au niveau de la systématisation de leurs connaissances traductionnelles.

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Afin de concevoir un module expérimental présentant un intérêt pédagogique pour les étudiants, nous avons planifié nos activités expérimentales dès l’année académique précédente à la mise en place de notre module.

Phase expérimentale

2013 2014

Analyse Préalable Adaptation (outil et texte) Module expérimental Figure 21. Notre phase expérimentale

En effet, comme on peut l’observer dans l’arborescence ci-dessus proposée, notre phase expérimentale a compris deux moments principaux :

1. au cours du deuxième semestre de l’année académique 2012-2013, nous avons effectué une

première phase de préparation constituée par l’analyse préalable des compétences en

langue et des compétences en traduction chez les étudiants inscrits au Master 1 en traduction

française, ainsi que par l’ adaptation du prototype de traducteur automatique ;

2. au cours du deuxième semestre de l’année académique 2013-2014, nous avons procédé au

déroulement de l’expérimentation à travers la mise en place d’un module d’enseignement

de la traduction de l’italien vers le français s’adressant aux étudiants inscrits au Master 2 en traduction française.

En phase de préparation, l’adaptation du prototype de traducteur automatique a été effectuée à

partir du logiciel existant Apertium, dont le fonctionnement a été décrit dans notre chapitre III (cf.

III.2 Notre prototype de traducteur automatique). L’analyse préalable des compétences et l’adaptation de l’outil se sont en fait déroulées en parallèle puisqu’elles ont constitué la phase préparatoire au module d’enseignement expérimental prévu pour l’année académique suivante. En effet, bien qu’il s’agisse de deux activités distinctes, ces deux

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activités préparatoires ont été orientées vers un objectif commun, notamment l’identification des besoins pédagogiques des étudiants en traduction.

Si d’un côté c’est grâce à l’analyse préalable des compétences des étudiants que nous avons pu identifier leurs difficultés communes en langue française et en traduction, de l’autre côté, c’est l’adaptation du traducteur automatique qui nous a permis de réfléchir sur son exploitation en contexte d’apprentissage de la traduction afin de mettre à point des activités pédagogiques ciblées, visant des exercices ayant un intérêt pédagogique pour les étudiants.

IV.2 L’analyse préalable

L’analyse préalable des compétences en langue et en traduction s’est adressée aux étudiants inscrits pour l’année académique 2012-2013 au Master1 en traduction de et vers la langue française. Les participants effectifs à cette phase d’analyse préalable ont été 10, dont tous de langue maternelle italienne, à l’exception d’un participant de langue maternelle russe.

Dans le cadre de la présente description, nous appellerons les participants en adoptant la méthode suivante : on va attribuer un numéro de 1 à 10 à chaque étudiant en ajoutant la précision « _AM » si

cet étudiant a participé aussi bien à l’Analyse préalable en 2013 qu’au Module expérimental en

2014, tandis que lorsque l’étudiant en question a participé seulement à l’analyse sans prendre part

au module, l’on utilisera la spécification « _A ».

Par exemple, pour faire référence à l’étudiant numéro 3 qui a participé aux deux activités (analyse et module), l’on adoptera cette appellation : « ét_3_AM » ; pour faire référence, par contre, à l’étudiant numéro 5 qui a participé seulement à l’analyse, l’on optera pour « ét_5_A ».

En fait, des dix participants à l’analyse préalable, quatre étudiants ont participé également au module expérimental, tandis que six étudiants ont pris part seulement à l’analyse préalable. D’ailleurs cinq autres étudiants ont participé au module sans prendre part à l’analyse préalable. Ceci explique pourquoi nous n’avons pas pu tracer le parcours pédagogique individuel des dix étudiants,

à partir de l’analyse préalable jusqu’à la fin du module expérimental.

En revanche, la totalité des neuf étudiants qui ont participé au module expérimental a bien pris part à toutes les séances prévues dans le cadre du module, ce qui nous a permis d’observer en détail le progrès individuel de chaque étudiant, du début à la fin du module expérimental.

En ce qui concerne l’analyse préalable, tout d’abord, nous allons décrire le niveau des compétences (en langue française et en traduction) en prenant en compte le groupe des dix participants en vue d’une analyse globale de leurs difficultés ainsi que de leurs tendances communes, ce qui par

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ailleurs, nous permet d’avoir une vision générale des pièges linguistiques et traductionnels qui présentent un intérêt pédagogique pour les étudiants de niveau Master 1. Ensuite, nous nous arrêterons sur la description des quatre profils « _AM » que nous retrouverons également dans le cadre du module expérimental.

IV.2.1 Analyse des compétences en langue française : le questionnaire

Dans ce paragraphe, nous partirons de la description des quatre parties (A,B,C,D) constituant notre questionnaire en illustrant les difficultés que le groupe (comprenant les étudiants «_A » ainsi que

les « _AM ») a rencontrées dans chaque partie.

Ensuite, nous continuerons avec une analyse plus fine des erreurs commises par les quatre étudiants « _AM ».

IV.2.2 Description des parties du questionnaire

L’analyse préalable a prévu deux étapes :

a. l’étape Questionnaire : une première analyse des compétences en langue française (langue

B pour les participants) ;

b. l’étape Traductions : une deuxième analyse de leurs compétences traductionnelles de

l’italien au français.

Globalement, l’analyse préalable présentait deux objectifs : la mise en relation des compétences en langue française avec les compétences traductionnelles chez les étudiants Master 1 et l’identification de leurs besoins pédagogiques en traduction de l’italien au français.

IV.2.2.1 Partie A du questionnaire

Afin d’analyser le niveau de compétences en langue française chez les étudiants Master 1, nous avons préparé un questionnaire à choix multiple ainsi qu’à réponse ouverte qui a été rédigé en

tenant compte des dispositions du Cadre européen commun de référence pour les langues194.

Conformément au Cadre (2001 : 86), le questionnaire vise l’analyse des compétences communicatives langagières fondamentales, notamment :

1. la compétence linguistique : la connaissance de la langue aux niveaux lexical, grammatical,

sémantique, orthographique, phonologique et d’usage, c’est-à-dire en termes de connaissance de collocations et expressions ;

194Cadre européen commun de référence pour les langueshttp://www.coe.int/t/dg4/linguistic/source/framework_fr.pdf

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2. la compétence pragmatique : le fait de comprendre et de produire les structures et les

articulations sémantiques de discours et de messages ;

3. la compétence sociolinguistique : l’utilisation de la langue adaptée au contexte et à

l’interlocuteur ; il s’agit de la capacité d’interprétation et de mise en relation de systèmes culturels différents et de variations socialement distinctives à l’intérieur d’un système culturel étranger.

Le questionnaire a été donc divisé en quatre sections principales visant l’analyse de ces quatre compétences langagières fondamentales :

a. en vue de l’analyse de la compétence linguistique, la première section (PARTIE A)

comprend 7 questions concernant le parcours d’étude de la langue française chez l’étudiant ;

b. en vue de l’analyse des compétences linguistique et pragmatique, la deuxième section

(PARTIE B) comprend 7 questions concernant l’usage de la langue française chez

l’étudiant, en dehors du contexte universitaire ;

c. en vue de l’analyse des compétences linguistiques, pragmatiques et sociolinguistique, la

troisième section (PARTIE C) comprend 17 exercices portant sur le choix et l’usage lexical,

morphosyntaxique et discursif en langue française;

d. en vue de l’analyse de la compétence sociolinguistique (et socioculturelle), la dernière partie

(PARTIE D) comprend 20 questions sur la culture et la société française.

Plus précisément, les 7 questions de la Partie A concernent les éléments suivants :

- le nombre d’années d’étude de la langue française ;

- le volume horaire des cours consacrés à l’étude du français au lycée ;

- le volume horaire des cours universitaires consacrés à l’étude du français ;

- les deux domaines abordés le plus souvent dans le cadre des études secondaires (parmi la

« grammaire », la « civilisation », la « production écrite », la « production orale » et la « littérature ») ;

- les deux domaines abordés le plus souvent dans le cadre des études supérieures (parmi la

« grammaire », la « civilisation », la « production écrite », la « production orale » et la « littérature ») ;

- le déroulement éventuel du parcours d’étude du français dans un pays francophone ;

- des expériences professionnelles éventuelles dans un milieu francophone.

La majorité des étudiants (7 sur 10) étudient le français depuis neuf ans et n’ont jamais étudié ni travaillé dans un pays francophone ; un étudiant seulement étudie le français depuis 2 ans et une