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La catégorisation des compétences EMT

Chapitre I : Les modèles de l’opération traduisante

I.5 Les modèles de compétence traductionnelle

I.5.4 La catégorisation des compétences EMT

Avant d’analyser les compétences établies par le groupe EMT, il faut note que ce référentiel européen :

« […] précise ce qu’il faut atteindre, acquérir, maîtriser en fin de formation ou pour les besoins d’une activité déterminée, quels que soient les moments d’apprentissage, leur lieu, leur organisation. Il correspond à une formation de 2ème cycle de 60 à 120 crédits (ECTS) présupposant la maîtrise des langues de travail (de niveau C1 au moins : «utilisateur expérimenté autonome», selon le Cadre européen commun de référence pour les langues). Il se veut une base permettant d’établir le contenu des séquences/modules/cours/séances de formation et pour choisir les moyens pédagogiques les plus appropriés. Il s’intéresse aux fins (les compétences) mais ne préjuge en rien des moyens (ressources, cursus, pédagogie). […] Par compétence, nous entendons l’ensemble des aptitudes, connaissances, comportements et savoir-être nécessaires pour réaliser une tâche donnée, dans des conditions déterminées. Cet ensemble est reconnu, légitimé par une autorité habilitée (institution, expert). Les compétences proposées dans chacun des six «domaines de compétence» sont interdépendantes. Ainsi, par exemple, l’aptitude à prendre des décisions raisonnées est transversale : elle s’applique aussi bien lorsqu’on fournit un service de traduction que lorsqu’on fait de la recherche documentaire. Toutes concourent à la qualification des experts en communication multilingue et multimédia » EMT (2009 : 3).

À partir d’une telle prémisse, l’on peut déjà imaginer que la subdivision de la compétence traductionnelle comme ensemble d’habilités et de connaissances constituant les finalités formatives

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d’un master en traduction, présentera inévitablement une coupure différente par rapport à la conception de traduction comme acquisition de l’expertise professionnelle établie par le groupe PACTE. D’ailleurs, le groupe EMT accorde une attention particulière à la réalité mondialisée d’une profession qui en Europe assume des formes de plus en plus variées qui suivent les transformations du marché. C’est pourquoi le référentiel EMT fait référence plus généralement aussi aux professions de la communication multilingue et multimédia, proposant un cadre de compétences qui se veut également applicable à ces professions.

Comme on le verra dans l’analyse qui suit, les types de compétences EMT sont parfois reliés à une ou plusieurs dimensions.

Le modèle inclut six compétences :

1. la compétence en matière de prestation de service de traduction ;

Dimension interpersonnelle Dimension de production

« - Etre conscient du rôle social du traducteur

- Savoir suivre les besoins des marchés et les profils d’emploi (savoir rester à l’écoute de l’évolution de la demande)

- Savoir organiser ses démarches auprès des clients/donneurs d’ouvrage potentiels (marketing)

- Savoir négocier avec les donneurs d’ouvrage (pour définir délais, tarifs/facturation, conditions de travail, accès à l’information, contrat, droits, responsabilités, spécifications de traduction, cahier des charges, etc.)

- Savoir expliciter/faire expliciter besoins, objectifs et finalités du donneur d’ouvrage, des destinataires de la traduction et autres parties prenantes

- Savoir planifier, gérer son temps, son stress, son travail, son budget, sa formation continue (mettre à niveau ses diverses compétences)

- Savoir préciser et calculer ses services offerts, ses plus values - Savoir respecter consignes, délais, engagements, qualités relationnelles, organisation en équipe

- Connaître les normes et standards qui s’appliquent à la prestation de service de traduction

- Savoir respecter la déontologie professionnelle

- Savoir travailler sous pression et avec d’autres experts, avec un chef de projet (capacités de contact, de coopération, de collaboration), y compris en situation multilingue

« - Savoir créer et offrir un type de traduction appropriée à la demande du client, c’est-à-dire à la visée/skopos et à la situation de traduction

- Savoir définir étapes et stratégies de traduction d’un document

- Savoir définir et évaluer ses problèmes de traduction et trouver des solutions appropriées

- Savoir justifier ses choix et décisions [nos soulignements] de traduction

- Maîtriser le métalangage approprié (pour parler de son travail, de ses stratégies, de ses décisions)

- Savoir relire et réviser une traduction (maîtriser techniques et stratégies de relecture et de révision)

- Savoir mettre en place et contrôler des normes de qualité »

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- Savoir travailler en équipe, y compris virtuelle

- Savoir s’auto-évaluer (remettre en cause ses habitudes ; être ouvert aux innovations ; avoir le souci de la qualité ; être prêt à s’adapter aux situations/conditions nouvelles) et prendre ses responsabilités »

EMT (2009 : 4-5)

Tableau 1. Compétence en matière de prestation de service.

La dimension interpersonnelle inclut, notamment, toute compétence strictement liée à la

connaissance du savoir-faire professionnel du traducteur, comprenant le plan de la pratique, de la déontologie ainsi que de l’autonomie de gestion caractérisant la profession.

D’ailleurs, cette première compétence du modèle s’inscrit également dans une dimension de

production par rapport à des composants qui se rattachent à la gestion et à la réalisation du projet de traduction demandé par le client, ce qui concerne en fait non seulement la phase opérationnelle de traduction, mais également la prise en compte, au préalable, des exigences du client ainsi que l’adoption des normes de référence nécessaire.

2. la compétence linguistique ;

3. la compétence interculturelle ;

En ce qui concerne la deuxième et la troisième compétence du modèle EMT, il faut noter que la compétence linguistique est distincte de la compétence interculturelle : si la compétence linguistique est centrée sur l’utilisation correcte et sur la connaissance des langues de travail, la compétence interculturelle porte sur ce qui est approprié et fonctionnel à la situation de communication donnée, dont il faut toujours considérer les dynamiques d’interaction de la communauté impliquée.

Compétence linguistique Compétence interculturelle

Dimension sociolinguistique « - Savoir comprendre les structures

grammaticales, lexicales et idiomatiques ainsi que les conventions

graphiques et typographiques de sa langue A et de ses autres langues de travail (B, C)

- Savoir utiliser ces mêmes structures et

« - Savoir reconnaître fonctions et sens des variationslangagières (sociales, géographiques, historiques, stylistiques)

- Savoir identifier les règles d’interaction propres à une communauté spécifique, y compris les éléments non verbaux (savoir utile pour être apte à négocier)

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conventions en A et B

- Développer sa sensibilité au changement langagier, à l’évolution des langues (utile pour exercer sa créativité) »

EMT (2009 : 5)

- Savoir produire un registre approprié à une situation donnée, pour un document (écrit) ou discours (oral) particulier »

EMT (2009: 5)

Compétence interculturelle Dimension textuelle

« - Savoir comprendre et analyser la macrostructure d’un document, sa cohérence d’ensemble (y compris quand il est composé d’éléments visuels et sonores)

- Savoir appréhender les présupposés, l’implicite, les allusions, les stéréotypes, l’intertextualité d’un document

- Savoir décrire et évaluer ses problèmes de compréhension et définir des stratégies de résolution[notre soulignement] de ces problèmes

- Savoir extraire et résumer les informations essentielles d’un document (capacité de synthèse)

- Savoir reconnaître, identifier éléments, valeurs, référents propres aux cultures mises en présence

- Savoir rapprocher, comparer des éléments culturels, des modes de composition

- Savoir composer un document selon les conventions de genre et les normes rhétoriques

- Savoir rédiger, reformuler, restructurer, condenser, postéditer vite et bien (en langues A et B) »

EMT (2009 : 6) Tableau 2. Compétence linguistique et compétence interculturelle.

À première vue, on s’aperçoit tout de suite de la double dimension attribuée par le groupe EMT à la

compétence interculturelle qui donc possède une dimension sociolinguistique concernant toute

variable touchant à la fonction de l’acte langagier, et ensuite, une dimension textuelle incluant toute

opération à effectuer sur le texte, objet de la traduction, en passant du résumé, à la reformulation jusqu’à la post-édition.

Le modèle EMT semble en quelque sorte attribuer une place centrale aux compétences interculturelles, définies comme des compétences stratégiques qui régissent toute opération

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traductionnelle de choix et de prise de décision portant sur ces éléments, implicites et explicites, qui contiennent de l’information culturelle. Différemment du groupe PACTE, qui accorde une première place aux compétences bilingues du traducteur, le groupe EMT ne mentionne pas le bilinguisme parmi les finalités formatives d’un master en traduction, mais souligne l’importance de l’acquisition de compétences interculturelles unies aux compétences linguistiques dans les langues de travail. Comme on le verra dans le deuxième chapitre, c’est justement sur ce point que l’on distingue, d’après nous, le « tout professionnel multilingue » du « professionnel de la traduction » qui, différemment du premier, ne peut pas se limiter à la connaissance des deux langues, mais qui doit acquérir une véritable compétence bilingue et biculturelle car ce n’est que grâce à cette compétence spécifique qu’il pourra savoir comment l’on exprime un concept donné en langue de départ, de manière équivalente et naturelle, en langue d’arrivée.

4. la compétence en matière d’extraction de l’information ;

5. la compétence thématique ;

La compétence en matière d’extraction de l’information correspond en fait à la capacité de recherche documentaire déjà citée, ce qui se distingue d’après EMT de la compétence thématique concernant principalement l’élasticité dans l’apprentissage et dans l’appropriation de la part du traducteur de différents domaines spécifiques, selon la nature des projets de traduction qu’il rencontre au cours de son travail.

Compétence en matière d’extraction de l’information

Compétence Thématique

« - Savoir identifier ses besoins en information et documentation

- Développer des stratégies de recherche documentaire et terminologique [notre soulignement] (y compris auprès d’experts) - Savoir extraire, traiter des informations pertinentes pour une tâche donnée (informations documentaires, terminologiques, phraséologiques)

- Développer des critères d’évaluation vis-à-vis des documents accessibles sur le Web ou tout autre support, c’est-à-dire savoir évaluer la fiabilité des sources documentaires (esprit

«- Savoir rechercher l’information appropriée pour mieux appréhender les aspects thématiques d’un document (cf. compétences en extraction/exploitation de l'information) - Apprendre à développer ses connaissances dans des domaines de spécialité et matières d’application (maîtrise des systèmes de concepts, modes de raisonnement, mode de présentation, langage contrôlé, terminologie, etc.) (apprendre à apprendre) [notre soulignement]

- Développer son esprit de curiosité, son esprit analytique et de synthèse »

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critique)

- Savoir utiliser efficacement des outils et moteurs de recherche (exemples : logiciels de terminographie, corpus électroniques, dictionnaires électroniques)

- Maîtriser l’archivage de ses propres documents »

EMT (2009 : 6)

Tableau 3. Compétence en extraction de l’information et compétence thématique.

Il est intéressant de noter que, contrairement au groupe PACTE qui attribue un rôle central aux compétences stratégiques, en les identifiant en tant que bloc indépendant de sous-compétences constitutives de la compétence traductionnelle, dans le cadre du modèle EMT cette typologie de compétence est subdivisée sur la base de leur nature. L’on retrouve en effet des compétences stratégiques liées à la gestion du projet de traduction de la part du traducteur professionnel (cf. « dimension de production » de la « compétence en matière de prestation de service de traduction »), ensuite des compétences stratégiques portant essentiellement sur la nature interculturelle de l’opération traduisante (cf. « dimension textuelle » de la « compétence interculturelle ») et enfin des compétences stratégiques liées à la phase de recherche documentaire (cf. « compétence en matière d’extraction de l’information »).

6. la compétence technologique.

Comme nous l’avons précisé au début du paragraphe I.4 Les modèles de compétence

traductionnelle, nous allons enfin nous arrêter sur la définition de « compétence technologique (maîtrise d’outils) » présentée par le groupe EMT afin de la comparer à son équivalente « sous-compétence instrumentale » proposée par le modèle PACTE.

EMT

Compétence technologique (maitrise d’outils)

PACTE

Sous-compétence instrumentale « -Savoir utiliser avec efficacité et rapidité et intégrer divers

logiciels d’aide à la correction, à la traduction, à la terminographie, à la mise en page, à la recherche documentaire[nos soulignements] (par exemple : traitement

« Predominantly procedural knowledge related to the use of documentation resources and information and communication technologies applied to translation [nos soulignements]

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de texte, correcteur orthographique et grammatical, Internet, mémoire de traduction, base de données terminologiques, logiciel de reconnaissance vocale)

- Savoir créer, gérer une base de données et des fichiers - Savoir s’adapter et se familiariser avec de nouveaux outils, notamment pour la traduction des multimédias et de l’audiovisuel

- Savoir préparer et produire une traduction selon diversformats et pour divers supports techniques

- Connaître les possibilités et limites de la TA »

EMT (2009 : 7)

(dictionaries of all kinds, encyclopaedias, grammars, style books, parallel texts, electronic corpora, search engines, etc.) »130.

PACTE (2011 : 5)

Tableau 4. Compétence technologique et sous-compétence instrumentale.

Tout d’abord, il faut noter qu’au-delà des différents termes adoptés dans les deux modèles, les définitions de compétences « technologique-instrumentale » présentent une série de points en commun :

x la référence à l’application de la compétence « technologique-instrumentale » à la phase de

recherche documentaire ;

x la référence à l’utilisation d’Internet et donc aux moteurs de recherche ;

x la référence à l’intégration des technologies de l’information et de la communication dans la

pratique traduisante, avec une précision entre parenthèses fournissant des exemples de technologies à utiliser.

Si les deux premières références sont carrément identifiables dans les deux définitions proposées, par contre, en ce qui concerne la troisième référence l’on peut constater une première différence importante dans l’approche adoptée par chacun des deux modèles. D’un côté, le modèle PACTE fait référence de manière plus générale aux technologies de l’information et de la communication appliquées à la traduction, tandis que de l’autre côté, le modèle EMT identifie de manière plus précise les fonctions de ces technologies : « logiciels d’aide à la correction, à la traduction, à la terminographie, à la mise en page ». D’ailleurs, si l’on observe les exemples d’outils indiqués dans les deux définitions, la différence entre les deux approches devient plus marquée :

130 N.d.T. « Connaissances essentiellement procédurales concernant l’utilisation de sources de documentation ainsi que des Technologies de l’Information et de la Communication appliquées à la traduction (toute sorte dedictionnaires, encyclopédies, grammaires, livre de stylistique, textes parallèles, corpus électroniques, moteurs de recherche, etc.) »

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EMT PACTE

(par exemple : traitement de texte, correcteur orthographique et grammatical, Internet, mémoire de traduction, base de données terminologiques, logiciel de reconnaissance vocale)

(dictionaries of all kinds,

encyclopaedias, grammars, style books, parallel texts, electronic corpora, search engines, etc.)

Tableau 5. Exemples EMT et PACTE.

L’intérêt de notre analyse comparée concerne, premièrement, la mise en évidence de la grande richesse d’outils de différente nature qui sont à la disposition du traducteur de notre temps. À partir du tableau ci-dessus, l’on peut par exemple identifier les trois phases de l’opération traduisante impliquant l’utilisation des technologies indiquées par les deux modèles :

1. La phase de recherche documentaire : l’utilisation de bases de données terminologiques,

d’encyclopédies et de grammaires ;

2. La phase de transfert : la consultation de dictionnaires, de corpus de textes parallèles, et

l’usage de moteurs de recherche en ligne ;

3. La phase de rédaction du texte en langue d’arrivée : les logiciels de traitement de texte,

l’usage du correcteur orthographique et grammatical.

D’ailleurs, le modèle EMT inclut dans sa réflexion sur la compétence technologique également de savoirs plus spécifiques concernant la traduction spécialisée : on fait référence à la prise en compte des particularités liées aux fichiers de formats différents à traduire ou bien aux fichiers conçus pour des supports techniques divers, ainsi qu’à la traduction audiovisuelle et à la traduction automatique. Sans doute, ses exigences spécifiques n’ont pas été indiquées par la définition de

PACTE en raison de l’empreinte holistique caractérisant ce modèle.

En effet, l’empreinte holistique du modèle PACTE se distingue de celle de nature pédagogique du modèle EMT dès les premiers mots : si le groupe PACTE définit la compétence instrumentale

comme étant essentiellement des connaissances procédurales liées aux différentes utilisations des

technologies, le modèle EMT présente une liste de savoirs : « savoir utiliser », « savoir créer »,

« savoir s’adapter », « savoir préparer », en opposition avec le « connaître » les possibilités et les

limites de la traduction automatique.

Grâce à cette diversité dans l’approche adoptée par chacun des deux modèles, l’on peut observer non seulement comme on l’a vu précédemment, la richesse des outils adoptés en traduction, mais

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également la complexité d’une sous-compétence traductionnelle relevant aussi bien de

connaissances « déclaratives » que de connaissances « procédurales »131.

Le thème de l’acquisition de connaissances en situation d’apprentissage de la traduction reçoit une attention particulière par Daniel Gile dans son ouvrage célèbre « La traduction. La comprendre,

l’apprendre »132, où Gile propose une méthodologie pour l’enseignement de la traduction dans le

milieu universitaire et il consacre son cinquième chapitre à l’acquisition de connaissances ad hoc en

phase d’analyse du texte de départ.

Gile insiste sur l’importance de l’acquisition de connaissances ad hoc comme étant un

« complément des connaissances préexistantes et des connaissances acquises au cours de la lecture et de l’analyse du texte de départ » (2005 : 136), permettant « une bonne compréhension de l’original et une optimisation de la reformulation en langue d’arrivée » (2005 : 136). L’auteur propose une catégorisation des sources d’informations dont il indique les paramètres fondamentaux qui sont en mesure de guider le traducteur dans ses choix. D’abord il distingue entre sources humaines et sources textuelles, ces premières correspondant à « une personne consultée par le traducteur pour obtenir une information susceptible d’améliorer sa compréhension de l’original ou sa reformulation en langue d’arrivée » (2005 : 144) ; les sources textuelles « sont des textes (y compris des dessins ou des schémas), traditionnels (sur papier) ou « électroniques » (magnétiques, sous forme de CD-ROM par exemple, ou virtuelles, sous forme de sites Internet) » (2005 : 144) ; enfin, il identifie également un troisième type de sources « audiovisuelles » prenant « la forme de films, de fichiers audiovisuels etc. » (2005 : 144). D’ailleurs, parmi les sources textuelles, « on distinguera […] les sources “terminologiques” et les sources “non terminologiques” » où les premières correspondent aux « glossaires, dictionnaires, unilingues, bilingues ou multilingues, sous forme de livres, de fiches sur papier (en perte de vitesse par rapport aux fichiers informatiques) ou de base de données terminologiques » tandis que les deuxièmes « sont tous les autres textes dont on peut tirer des informations utiles pour une traduction : articles scientifiques, traités, livres de vulgarisation, descriptifs techniques, publicités, récits, articles de périodiques, modes d’emploi, contrats, textes législatifs et réglementaires, etc. » (2005 : 144). Après avoir classé les principales sources de documentation pour le traducteur, Gile identifie six paramètres-guide dans le processus de choix du traducteur :

131 Ce qui sera traité de manière plus approfondie dans notre Chapitre II.

132 Gile Daniel, La traduction La comprendre, l’apprendre, Linguistique nouvelle, Presses Universitaires de France, Paris, 2005.

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1. « l’existence de la source » : ce paramètre concerne le degré de probabilité d’existence ou de

non-existence d’un certain type de source, ce qui devient particulièrement important en terme de qualité des recherches et de sélection des sources les plus appropriées ;

2. « l’accès externe » : concerne l’appréciation du coût, en termes de temps et de prix

économique, nécessaire pour l’obtention de la source de référence pour la traduction en cours ;

3. « l’accès interne » : concerne le rapport temps/effort demandé par l’accès à l’information

contenue à l’intérieur de la source ;

4. « le taux de couverture » : qui peut être « potentiel », c’est-à-dire « le pourcentage des

informations recherchées qui sont présentes dans la source » (2005 : 146), ou bien « effectif », « qui correspond au pourcentage des informations effectivement trouvées dans la source » (2005 : 147) ;

5. « la finesse ou résolution » : concerne la finesse d’une information « ce qui permet de

l’identifier comme l’information recherchée » (2005 : 147) ;

6. « la fiabilité » : ce paramètre revêt une importance capitale pour l’apprenti-traducteur

puisque « sur le plan pratique, pour un domaine donné, dans une paire de langues donnée et à un moment donné, les traducteurs expérimentés et les spécialistes du domaine sont les meilleurs conseillers en matière de qualité et de fiabilité des différentes sources disponibles. Cependant, quand on ne peut bénéficier de telles recommandations, un petit nombre de critères permettent au débutant de s’orienter dans une sécurité relative ». Ces critères sont selon l’auteur : « La compétence linguistique des auteurs ou sources humaines […] Les connaissances extralinguistiques des auteurs ou sources humaines […] L’authenticité de la source […] L’âge de la source […] La similitude entre la nature du texte source et la nature du texte à traduire » (2005 :147 à 151).

Gile traite également des ressources Web, un domaine particulièrement concerné par le problème de la fiabilité, et qui par sa nature pose un certain nombre de difficultés, notamment à l’apprenti traducteur.

Tout d’abord, il faut constater que « jamais jusqu’ici les traducteurs n’ont disposé d’une telle