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Le processus traductionnel : sélection, inhibition et décision

Chapitre II : Le processus de traduction humaine

II.3 Le processus traductionnel : sélection, inhibition et décision

L’analyse neurolinguistique offerte par Paradis nous a permis d’observer de plus près la nature

multiforme de la compétence traductionnelle.

Dans ce paragraphe, nous allons, par ailleurs, nous focaliser sur l’un des aspects de cette compétence qui a été évoqué par Paradis : la traduction comme processus d’action.

Afin de mener une première réflexion plus globale sur le processus de décision comme processus

d’action, nous nous référons à l’ouvrage d’Alain Berthoz, La décision138.

Ingénieur, psychologue et neurophysiologiste, directeur du Laboratoire de physiologie de la perception et de l’action (CNRS – Collège de France), Alain Berthoz nous offre dans son ouvrage une analyse scientifique de la prise de décision humaine. L’auteur passe en revue tous les éléments qui, tout en étant essentiels au processus humain de prise de décision, ne suffisent pourtant pas à l’explication scientifique du phénomène : raisonnement logique, conditions physiologiques, émotion, cognition etc.

Dès le début de son ouvrage, Berthoz souligne sa position scientifique, portant ensuite de nombreux exemples de situations diverses qui demandent une prise de décision, en allant de

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situation pathologiques, au cas de personnes âgées et de leur difficulté de mouvement, en passant par la perception visuelle des formes et la physiologie de la peur et de l’hésitation, jusqu’au

traitement des conflits.

De suite, nous citons la position exprimée par l’auteur dans son introduction :

« […] décider c’est lier le présent au passé et au futur, c’est ordonner. […] La décision n’est donc pas seulement raison, elle est aussi action. Ce n’est jamais un processus purement intellectuel, un jeu logique que l’on peut mettre en équation. Une décision implique une réflexion, bien sûr, mais elle porte déjà en elle, tout en intégrant les éléments du passé, l’acte sur lequel elle débouche ». Berthoz (2003 : 13).

Berthoz met donc tout de suite l’accent sur la décision comme processus d’action, notamment

étant dirigé par l’acte-cible du processus.

Il est intéressant de noter l’approche envisagée par l’auteur dans son analyse qui ne prend pas seulement en compte la prise de décision faisant l’objet principal de son étude, mais également tout processus qui manque de prise de décision :

« La physiologie de la mémoire doit être aussi celle de l’oubli, la physiologie de la décision doit être aussi une physiologie de l’absence de décision, de l’indécision ou de l’inhibition de l’action. Les exemples sont nombreux : malade parkinsonien qui ne peut pas déclencher son pas, faute de dopamine ; pilote d’avion qui, devant un camion apparu sur la piste d’atterrissage, reste soudain figé, « stupéfait » ; conducteur de voiture à un embranchement en Y qui percute l’arbre au milieu, faute d’avoir pu décider entre la gauche et la droite, comme l’âne de Buridan ; stratège ou politique hésitant à arbitrer entre deux solutions. […] Le sujet ainsi bloqué se fige, à moins qu’il ne persévère dans la réponse qu’il a déjà adoptée auparavant. Cette difficulté à inhiber la solution a également été observée par les psychologues de l’enfant : au cours du développement, l’enfant ne peut parfois accéder à une solution nouvelle car il est enfermé dans celle qui correspond au stade précédent de son évolution ». Berthoz (2003 :13).

La décision est, en fait, présentée par Berthoz comme un processus évolutif visant un résultat qui provoque une modification de la situation préexistante. En l’absence de décision, l’on obtient du figement ou bien une nouvelle situation inattendue naissant de l’inhibition de l’action. Après un excursus des théories normatives de la décision des années 50 centrées sur l’examen de l’utilité, de la sûreté et du risque d’un point de vue statistique et psychologique, l’auteur s’arrête sur

deux modèles plus récents : « la théorie du prospect » de Tversky et D. Kahneman (1981)139 et « la

boite à outils cognitive » de Payne et al. (1993)140.

La théorie du prospect « propose une fonction pour les valeurs et une fonction pour les probabilités subjectives. La décision se base sur une combinaison complexe de ces deux fonctions »

139 Kahneman D., Tversky A. « On the psychology of prediction », Psychological Review, 80, 4 (1973): 237-251. Voir aussi Kahneman D. et Tversky A., (sld), Choices, Values and Frames, Cambridge, Cambridge University Press, 2000.

140 Payne J.W., Bettman J.R., Johnson E.J. (1993), The Adaptive Decision Maker, Cambridge, Cambridge University Press.

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(2003 :26-27). Ce modèle mathématique représente la décision comme étant un processus statistique :

Figure 2. Berthoz : Probabilité subjective.

« En abscisse, nous avons la probabilité (la probabilité objective, celle que le sujet reçoit explicitement par l’expérimentateur). En ordonnée, nous avons le poids que CETTE probabilité exerce sur les décisions. La diagonale serait la calibration parfaite. Quand la courbe est au-dessus, nous avons une surestimation ; quand elle est en dessous, une sous-estimation. La courbe montre que nous surestimons les petites probabilités et que nous sous-estimons les grandes probabilités ». Berthoz (2003 :26).

En opposition avec ce modèle mathématique se situe le deuxième modèle cité par Berthoz, qui

nait cette fois-ci des réflexions cognitives, inspirées de Herbert Simon141 :

« Il proposa l’idée que comprendre les processus de décision exigeait de savoir comment des facteurs cognitifs, perceptifs ou d’apprentissage entraînent l’opérateur humain à dévier des prédictions que ferait un modèle théorique parfait d’homme économique. Par « économique », il entendait une personne qui aurait un grand savoir sur son environnement, un système de préférences bien organisé, une capacité de calculateur pour évaluer les différentes solutions et leurs conséquences et optimiser la relation entre ses choix et ses préférences. D’après lui, les capacités cognitives interagissent avec la complexité de l’environnement complexe pour produire une « rationalité limitée » (bounded rationality), c’est-à-dire que nos comportements décisionnels reflètent les limites de nos systèmes de traitement de l’information » Berthoz (2003 : 28).

C’est du domaine des réflexions cognitives sur le processus décisionnel que l’idée de la boîte à outils cognitive a pris forme :

« Le cerveau posséderait une « boite à outils » (toolbox) de stratégies cognitives mettant en relation le monde extérieur et des modèles internes. […]

141 Simon H.A., “Theories of decision making in economics and behavioural science”, American Economic Review, 49 (1959): 253-280.

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Figure 3. Berthoz : décision.

Si le courant des modèles théoriques a mis en évidence la partie rationnelle du processus décisionnel, le courant cognitif accorde une priorité à l’influence de l’environnement sur le processus de traitement de l’information humain.

Toujours dans le domaine des études cognitives, se situe la théorie de l’« algèbre cognitive » dont les défenseurs « supposent que des processus algébriques, exprimables sous forme d’équations, fourniraient une bonne représentation des processus cognitifs fondamentaux. En particulier, l’intégration d’informations de multiples sources, qui apparaît comme un élément fondamental dans les tâches de décision et de jugement, pourrait être représentée par des moyennes pondérées ou des différences. L’élégance mathématique de cette approche contraste avec l’atomisation des descriptions précédentes. L’inconvénient en est la distance accrue d’autant avec une théorie biologique possible de la décision » (2003 : 30-31).

À la fin de son premier chapitre, Berthoz illustre la difficulté présente au sein des études sur le processus de décision, correspondant à l’incohérence existant parmi les contributions issues des différentes approches :

« Tout se passe comme si les champs de recherche étaient disjoints et leurs objets différents. Chaque école a son public, ses congrès, ses domaines d’application. Certains groupes utilisent des principes d’inférence bayésienne alors que d’autres s’emploient à montrer que l’homme viole systématiquement ces principes, que c’est un très mauvais parieur, qu’il commet de nombreuses erreurs de raisonnement. […] Il faut également noter que plusieurs modèles

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utilisent des architectures sérielles d’opérations logiques pour représenter le traitement de l’information alors que l’expérimentation de psychologie cognitive a montré que le cerveau de l’homme fait appel pour une bonne part à des processus parallèles. […] Toutes ses approches n’ont pas vraiment tenu compte, jusqu’à présent, du fait que les décisions sont prises par un cerveau vivant. […] nous allons ici essayer de contribuer […] en examinant les bases fondamentales de la décision pour esquisser une « neurobiologie de la décision ». Berthoz (2003 : 42-43).

Grâce à l’étude de Berthoz, nous allons, tout d’abord, analyser les éléments interagissant dans le processus humain de décision (émotion, cognition, mémoire, regard, sélection, inhibition) afin de les mettre en relation, ensuite, au processus de prise de décision propre à la traduction.

En ce qui concerne le rôle de l’émotion dans le processus de décision, Berthoz illustre le phénomène émotionnel en le mettant en rapport premièrement avec l’action et deuxièmement avec

la cognition.

Par rapport à la mise en relation entre l’émotion et l’action, Berthoz fait référence en particulier à

Théodule Ribot142 qu’il définit comme pionnier de la psychologie expérimentale :

« Il fait observer que dans « émotion », c’est le terme « motion », « mouvement » qui est essentiel. L’émotion est un mouvement. Son étymologie est e-movere. « L’émotion est, dans l’ordre affectif, l’équivalent de la perception dans l’ordre intellectuel, un état complexe, synthétique qui se compose essentiellement de mouvements produits ou arrêtés, de modifications organiques (dans la circulation, la respiration, etc.), d’un état de conscience agréable ou pénible ou mixte, propre à chaque émotion. Elle est un phénomène à apparition brusque et à durée limitée. Elle se rapporte toujours à la conservation de l’individu puis de l’espèce, directement pour les émotions primitives, indirectement pour les émotions dérivées » ». Berthoz (2003-62).

En faisant référence à Ribot, Berthoz souligne le lien intime, voire primitif, existant entre l’émotion et le mouvement, ensuite il continue en décrivant la contribution de la phénoménologie aux théories des émotions, qui iront de plus en plus à la rencontre de la cognition :

« La phénoménologie de Husserl a profondément marqué la théorie des émotions en Europe. L’idée que chaque individu construit, constitue une perception individuelle du monde et que les émotions qu’il va ressentir dépendront de cette prédisposition, est une des contributions majeures de la phénoménologie. En 1899, Stumpf soutenait déjà que les croyances causent des évaluations qui à leur tour introduisent des états mentaux intentionnels, lesquels suscitent des émotions ». Berthoz (2003 : 65)

C’est justement à partir du rôle de la perception du monde que Berthoz continue dans son analyse de l’émotion se rapprochant de la décision à travers une réflexion sur les théories cognitives et les théories de l’appréciation :

« Pendant la délibération qui précède une décision, nous évaluons, nous apprécions les éléments qui sont en jeu. Cette activité d’appréciation (appraisal) cognitive précéderait le jugement et serait pour certains, Magda Arnold par

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exemple, essentielle dans l’apparition d’une émotion. Nous estimerons immédiatement tout ce que nous rencontrons par rapport à nos intentions et à nos buts. L’appréciation serait un processus bien identifié qui complèterait la perception et produirait en nous le désir de faire quelque chose. » Berthoz (2003 : 68).

Un fois le rôle de l’appréciation comme achèvement de la perception déterminé, l’auteur examine l’apport émotionnel au cours de cette phase d’évaluation qui précède immédiatement la

prise de décision. Il assigne à l’émotion le rôle de guide de l’action, d’orientation de la décision :

« Une étape décisive fut, à mon avis, franchie lorsqu’on accepta l’idée que l’émotion est préparation à agir et pas seulement réaction. Cela ouvrait la voie à l’idée, que je suggère, qu’elle est anticipation du futur, transformation du monde, comme le proposait Sartre, et pas seulement évaluation du passé ». Berthoz (2003 : 72)

Il est intéressant de noter que l’auteur s’arrête également sur la définition de « point de vue » en affirmant que la décision n’est pas uniquement le produit d’une évaluation rationnelle ni d’un processus uniquement émotionnel, mais qu’elle est dirigée également par le point de vue, une notion qui concerne notre conception du monde :

« Réfléchissons un instant sur cette expression « point de vue ». Husserl parlait des « visées » qui construisent le monde perçu. Elle est paradoxale car elle contient à la fois les mots « point » et « vue ». La vue est action de viser. L’expression veut donc dire que l’on adopte une position et que l’on suit une direction tout à la fois. Le langage commun a aussi reconnu que nos décisions dépendent de la « perspective » dans laquelle nous analysons les faits. Le jugement est spatialisé – comme beaucoup d’opérations mentales ». Berthoz (2003 :81)

Afin d’analyser le rapport entre mémoire et décision, Berthoz base ses réflexions sur l’étude de la pathologie de la décision du point de vue cérébral : il s’agit, d’après l’auteur, de comprendre dans quelles régions du cerveau la mémoire et la décision interagissent ou bien se dissocient :

« Lorsque nous devons prendre une décision, nous mettons temporairement en mémoire de travail les informations qui nous sont nécessaires pour délibérer. […] Mémoire de travail, émotion, raisonnement sont donc des composantes importantes de la décision. La question est de savoir si elles concernent des régions différentes du cerveau. Il existe une dissociation entre la mémoire de travail et la prise de décision. On peut la mettre en évidence en comparant la performance des patients dans deux tâches impliquant l’une la mémoire de travail et l’autre la prise de décision dans un jeu. Ces tâches ont été proposées à des sujets présentant des lésions respectivement dans le cortex préfrontal ventromédian et dorsolatéral supérieur. Les sujets porteurs d’une lésion Ventromédiane antérieure ont un déficit dans le jeu mais pas dans la mémoire de travail alors qu’une lésion postérieure Ventromédiane provoque un déficit dans les deux tâches. Les sujets porteurs d’une lésion du cortex dorsolatéral droit ont un déficit dans la tâche de mémoire de travail mais pas dans le jeu. Les sujets qui ont une lésion dans le cortex dorsolatéral gauche n’ont aucun déficit dans les deux tâches. Ce résultat est le premier qui montre une double dissociation entre la mémoire de travail et la prise de décision. En outre, il indique une asymétrie fonctionnelle importante » Berthoz (2003 : 104).

Les données issues des études concernant les pathologies de la décision relèvent d’une importance fondamentale puisque, comme souligné par l’auteur dans son ouvrage (2003 : 109-110),

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à partir de l’observation des résultats obtenus dans le cadre de « travaux expérimentaux soigneux », l’on peut déduire des considérations intéressantes qui permettent d’avoir une vision plus précise du fonctionnement de la prise de décision dans le cerveau humain. De suite, un autre exemple de contribution apportée par l’étude scientifique de la maladie de Parkinson :

« Les processus décisionnels impliquent des circuits, des boucles qui relient plusieurs structures entre elles et en particulier les systèmes thalamo-corticaux comprenant le thalamus, les ganglions de la base et le cortex frontal. Les déficits cognitifs liés à la décision chez des patients parkinsoniens ou présentant des lésions du cortex frontal, suggèrent un rôle de la dopamine. En effet, la maladie de Parkinson, qui se manifeste par une rigidité posturale, un ralentissement moteur, des tremblements, des troubles cognitifs et affectifs, est due à un déficit de la dopamine au niveau des ganglions de la base. Ces patients manifestent une difficulté à déclencher des actes moteurs, par exemple la marche. Ce déficit est très étrange car il peut être surmonté en montrant au sujet un escalier, par exemple, ou en lui faisant faire le premier pas. Il s’agit donc bien d’une difficulté à faire un pas de façon endogène, en l’absence de stimuli sensoriels ». Berthoz (2003 : 108-109).

Grâce aux contributions scientifiques portant sur les différents sujets interconnectés dans le processus de prise de décision, notamment la perception, l’appréciation, l’action, l’émotion, le mouvement, la mémoire de travail et, surtout, à travers l’identification des circuits neuronaux activés en correspondance de chacune de ces composantes, l’on bénéficie aujourd’hui non seulement de connaissances qui clarifient en quoi consiste la décision du point de vue neurologique, mais aussi de la possibilité d’intégrer ces études neurologiques et cognitives dans le cadre de recherches interdisciplinaires qui portent sur des sujets complexes impliquant des opérations mentales multiples, conscientes et subconscientes, comme c’est le cas des études traductologiques.

L’analyse de Berthoz sur le phénomène de sélection et d’inhibition nous a permis, d’ailleurs, de mieux comprendre l’intervention du système nerveux dans le processus de décision.

Tout d’abord, s’il est vrai que décider c’est sélectionner, il est vrai aussi qu’à la base de la sélection se trouve l’intention, ce qui notamment oriente l’attention du sujet envers sa cible :

« nous devons nous rendre à l’évidence que l’action est elle-même inscrite dans le fonctionnement des capteurs sensoriels, du moins des premiers relais, car ceux-ci vont sélectionner, filtrer, organiser l’information visuelle, par exemple, en fonction du répertoire d’actions possibles. Je pense que l’avenir montrera que la modulation des premiers relais visuels par ce qu’on nomme « l’attention » s’avérera être en réalité une modulation déterminée non seulement par l’attention, c’est-à-dire la partie du champ visuel qui attire notre intérêt, mais par l’intention d’action qui accompagne cet intérêt. Une véritable organisation du traitement visuel en fonction de l’intention d’action reste à découvrir » Berthoz (2003 : 133).

En effet, le rôle du contexte de l’action dans le processus de décision présente une importance

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« Les théoriciens ont pris le problème à l’envers. Ils sont partis de l’idée que la décision est un processus général, abstrait, qui obéit à des règles formelles, désincarnées, et ils ont ensuite essayé de trouver toutes les exceptions à ces règles générales et formelles, pour constater en fin de compte que la décision dépendait de la tâche, du contexte, du cadre, du corps, etc. […] Une théorie de la décision devra donc partir de ce fait : le monde est construit […] par l’animal en fonction de ses buts et de la façon dont il peut y survivre au mieux. Une proposition théorique se dégage dès maintenant de ce début d’analyse : il faut remplacer, ou compléter, le concept d’utilité par celui d’affordance, de « faisabilité ». Le sujet décide de faire non pas ce qu’il juge utile, mais qui lui est possible d’atteindre par un acte pour survivre au mieux, ce qu’il peut « acter » ». Berthoz (2003 : 133-134).

Berthoz continue en illustrant que décider c’est aussi inhiber, autrement dit choisir de bloquer certains comportements non désirés. À cet égard, l’un des récents thèmes d’investigation neurologique consiste en la compréhension du fonctionnement du réseau neuronal permettant à l’animal de décider, par exemple, de marcher au pas, au trot ou au galop. Berthoz explique dans son ouvrage qu’il s’agit d’un mécanisme de reconfiguration d’un même réseau concerné, ce qui permet de réduire le nombre de circuits neuronaux nécessaires :

« […] des neurones spécialisés de la moelle libèrent des neuromédiateurs qui modifient les propriétés de la transmission au niveau des jonctions synaptiques du même réseau. Cette action neuromodulatrice se traduit à son tour par une véritable reconfiguration fonctionnelle du réseau. […] La décision n’implique pas des neurocomputations compliquées […] la décision de marcher ou de galoper implique au contraire la reconfiguration du même circuit. La décision est bien une propriété fondamentale du système nerveux ». Berthoz (2003 : 136-137).

Le concept de « reconfiguration », le plus souvent adopté en informatique par rapport aux systèmes d’exploitation de l’ordinateur, est donc mis en place avant tout dans le cerveau humain en raison de l’économie dans l’effort cognitif demandé.

Loin de prétendre à la synthèse de la richesse des contributions scientifiques illustrées par Berthoz dans son ouvrage où il traite de manière analytique et détaillée du processus de décision humain dans une mise en relation multiple avec les nombreux domaines concernés par ce processus, plus modestement nous allons nous interroger sur la nature du processus traductionnel comme processus de prise de décision complexe, en appuyant notre réflexion sur les notions fournies par cet auteur à l’égard des dynamiques décisionnelles humaines.