• Aucun résultat trouvé

I .Brève radiographie de l’évolution du système éducatif burkinabè

II. Actualités du système éducatif burkinabè : entre quête de performances et défis

II.2. Les performances et les défis du système éducatif burkinabè

II.2.1. Les performances de l’éducation burkinabè

II.2.1.2. Le Projet d’Enseignement Post-Primaire et la performance du sous-secteur

Du fait du rattachement de l’enseignement post-primaire au ministère des enseignements secondaire et supérieur tout récemment encore, les données de ce niveau d’enseignement en termes de statistiques sont à ce jour associées à celles du secondaire.

En effet, dans les lycées, les infrastructures et le personnel sont commun au post-primaire (qui va de la 6ème en 3ème) et à l’enseignement secondaire (qui couvre la seconde, la première et la terminale) d’où l’appellation « post-primaire et secondaire général » et « post-primaire et secondaire technique » dans certains annuaires statistiques.

A ce niveau, les bases de données fiables et significatives datent d’à partir de l’année scolaire 1997/1998.

75

Ainsi, en termes d’accès, les effectifs de l'ensemble du post primaire et du secondaire général, technique et professionnel tous cycles confondus de l’année scolaire 1997/1998 est de 166 900. Ce chiffre passe à 467 658 en 2008/2009, 537389 en 2009/2010, 604168 en 2010/2011 et 676337 en 2011/2012.

Le taux brut de scolarisation de l'ensemble du post primaire et secondaire quant à lui est de 10,5% en 97/98 et de 22,2 en 2009/2010 pour un taux net de scolarisation encore faible de 16,6% en 2009/2010.

Pour ce qui est du taux d’achèvement, il est passé au post-primaire (premier cycle) de 7,2% en 97/98 à 17,1 en 09/10. Au second cycle, secondaire général, technique et professionnel, en 97/98 il était de 2,7% ; en 09/10 il est passé à 7,0%.

Le nombre d’établissements est passé de 358 dont 178 privés en 97/98 à 1 160 en 98/99 avec 700 au compte du privé.

Le Projet d’Enseignement Post-Primaire PEPP a contribué à l’amélioration du post-primaire. Il s’est exécuté en deux phases : le PEPPI et le PEPPII.

II.2.1.2.1. Du Projet d’Enseignement Post-Primaire phase I

La première phase du PEPP a couvert la période 1997-2004 (soit une durée d’exécution de 7 ans). La mise en œuvre du projet a coûté la somme de 18,3 milliards de francs cfa repartis entre quatre acteurs à savoir la Banque Mondiale (13 milliards), le gouvernement du Burkina Faso (3,5 milliards), les communautés (0,45 Milliards) et le secteur privé (1,35 milliards). Les objectifs essentiels de cette phase est :

• augmenter le taux d’inscription au premier cycle de l’enseignement secondaire en élargissant la couverture et en améliorant l’équité entre les groupes de revenus et entre les sexes dans l’accès à l’éducation;

• rehausser la qualité de l’enseignement.

Les ambitions du projet étaient grandioses mais ses moyens étaient limités. A l’atelier d’évaluation finale les 15 et 16 avril 2004 à Tenkodogo, les résultats suivants sont atteints :

• construction de 63 CEG à travers les départements du pays.

• distribution de plus d’un million d’ouvrages scolaires dans les établissements secondaires publics.

76

• appui à l’enseignement privé à travers la mise à disposition de matériel didactique scolaire ;

• Renforcement des compétences de plus de 3000 enseignants ; • constitution et approvisionnement de fonds des manuels scolaires.

Ces réalisations ont contribué à améliorer l’offre éducative au post-primaire. Toutefois, la politique gouvernementale « un département, un CEG » était loin d’être atteinte. En effet à cette date, sur 350 départements, seuls 241 étaient dotés d’un CEG soit un manque considérable de 109 CEG. A ce sujet, le Professeur Laya SAWADOGO prendra cet engagement : « Le gouvernement poursuivra la mise en œuvre de la politique un département, un CEG pour rendre accessible cet ordre d’enseignement en veillant toujours à l’équilibre du genre, à l’amélioration de la qualité de l’enseignement qui nécessite des efforts continus. »63

II.2.1.2.2. Du Projet d’Enseignement Post-Primaire phase II

Dans la continuité de la première phase du projet, le PEPP II se fixait pour objectifs entre autres: Garantir une égalité des opportunités de scolarisation entre les plus grandes villes et le reste du pays en développant les CEG (Collèges d’Enseignement Général) communaux, appuyer le développement des établissements secondaires privés, améliorer la qualité et l’efficacité du niveau post-primaire, améliorer et réorganiser la formation initiale et continue des enseignants.

A l’issue du PEPP II, les réalisations suivantes sont effectives64:

• Sur 122 CEG programmés, 114 CEG ont été entièrement exécutés et réceptionnés, soit un taux d’exécution de 93,44%, 8 CEG étaient en cours d’exécution dont le CEG de Kombori et 7 CEG en location-vente (03 à Ouagadougou, 02 à Bobo, 01 à Banfora et 01 à Tenkodogo).

• Sur 145 salles de classes programmées, 139 salles de classes ont été entièrement exécutées et réceptionnées, soit un taux de réalisation de 95,86% et 06 salles de classes complémentaires sont en cours d’exécution (à Gayéri et Tansarga),

• Sur 05 lycées de 06 classes programmés, tous ont été entièrement exécutés et réceptionnés (Sapouy, Séba, Toma, Tougan et Ziniaré), soit un taux d’exécution de 100%,

63

Ministre des Enseignements Secondaire, Supérieur et de la Recherche Scientifique de l’époque à la clôture de l’atelier sur l’évaluation finale du PEPP I le 16 avril 2004 à Tenkodogo

64

77

• Sur 50 forages programmés, 42 ont été réalisés, soit un taux de réalisation de 84%. Une subvention au fonctionnement des établissements permet d’une part que les frais de scolarité payés par les familles au premier cycle du secondaire dans dix-huit (18) provinces les moins couvertes qui s’élevaient à trente mille francs CFA (30.000 FCFA) par élève et par an passe à dix mille francs CFA (10.000 FCFA). En outre, la subvention permet aux parents de pouvoir inscrire leurs enfants au privé au cas où le public n’aura pas suffisamment de places pour accueillir tous les enfants, étant donné que l’Etat prendra en charge une partie de leurs frais scolaires.

Une subvention aux établissements publics permet aux élèves du post-primaire de bénéficier de manuels scolaires (qui se composent de livres de français, d’anglais, de philosophie, d’histoire-géographie, de mathématiques, de sciences physiques et de sciences de la vie et de la terre). Les élèves de la sixième et de la cinquième reçoivent chacun six(6) livres, ceux de la quatrième et de la troisième huit livres chacun. Chaque élève de la seconde à la terminale devrait disposer aussi d’un livre par discipline et par série.

Dans le cadre de l’exécution de ce projet, le gouvernement burkinabè a acquis 105 mallettes pédagogiques pour enseignants et encadreurs, 320 mallettes de SVT et PC pour collèges, 56 mallettes pédagogiques pour enseignants et encadreurs de 28 établissements et pools d’inspection dans le but de contribuer à réduire le taux de redoublement et d’abandon au post-primaire. En outre, la Banque Mondiale a contribué pour l’achat de cent vingt-sept (127) machines de reprographie et de secrétariat et d’autres matériels, en vue de renforcer la capacité opérationnelle des directions régionales des enseignements secondaire et supérieur. Des guides pédagogiques ont été également mis à la disposition des enseignants. Selon le Professeur Joseph PARE65, l’acquisition de ce matériel « s’inscrit dans l’objectif de l’amélioration des indicateurs de qualité de l’enseignement secondaire en même temps que leur utilisation contribuera à susciter et à stimuler le raisonnement, l’esprit scientifique et de créativité chez les jeunes apprenants, car a-t-il précisé le manque d’outils de manipulation dans les établissements d’enseignement secondaire a un impact négatif sur l’acquisition de ce type de compétence nécessaire à tout travail scientifique porteur ».

En outre, 2610 élèves professeurs de l’IDS (Institut des Sciences) et de l’ENS/UK (Ecole Normale Supérieure de l’Université de Koudougou) ont reçu la visite d’encadreurs dans le cadre de leur suivi pédagogique, 944 élèves professeurs de l’IDS des formations sur des

65

78

thèmes pédagogiques divers et en communication, 751 enseignants (Maths, PC et SVT) ont été recyclés au cours des universités d’été organisés par l’IDS et l’ENS/UK et 620 enseignants mis à la disposition du MESS (Ministère des Enseignements Secondaire et Supérieur) sans formation initiale ont reçu une formation pédagogique de base, ce qui donne un total de 4925 enseignants formés sur un effectif de 5321 professeurs publics ESG, soit un taux de couverture de 92,55% .

Au titre de la formation continue, 9937 enseignants des disciplines fondamentales dans les 13 régions ont été recyclés et formés à des thèmes émergents et à des thèmes pédagogiques divers sur un effectif de 4500 enseignants prévus, soit un taux de couverture de 220,82%. En fin, 6934 enseignants des 13 régions ont reçu au moins une visite de classe sur un effectif de 4500 enseignants prévus, soit un taux de couverture de 154% et 754 encadreurs pédagogiques ont reçu une formation sur les thèmes émergents sur un effectif de 272 encadreurs, soit un taux de couverture de 277,20%.

Le PEPP à travers ses deux phases a contribué à l’amélioration de l’accès et de la qualité de l’enseignement post-primaire au Burkina Faso à travers entre autres la construction d’infrastructures scolaires, la dotation des élèves en manuels scolaires, la réduction des frais de scolarité et la formation des enseignants. En dépit de ces efforts soutenus pour offrir une plus grande accessibilité au système éducatif, notamment au niveau du post-primaire, celui-ci se caractérise encore par l’incapacité à absorber la totalité des certifiés de l’enseignement primaire.

Tableau 13 : Nombre d'établissements, salles de classe, effectif des élèves de l'enseignement secondaire général, Technique et professionnel en 2011/2012

Statuts Nombre Effectifs élèves TBS post primaire TBS secondaire

Etabli. classes

Public 659 5 393 398 593

Privé 919 4 495 277 744

Total 1 578 9 888 676 337 34,9 11,3

Source : annuaire secondaire 2011/2012 du MESS

Le rapprochement de ces données laisse apparaitre quelques préoccupations. En effet, les taux d’admission, de scolarisation demeurent faibles. En 2012, l’ensemble du sous-système compte 9532 enseignants dont 8 076 pour 5 393 classes pour le public et 1 456 pour 4 495 classes au privé.

79

On constate que malgré son dynamisme en nombre d’établissements et de classes ouverts, le privé accuse un manque de personnel enseignant.

Ce manque de personnel constaté aussi bien dans l’enseignement privé que public est toutefois comblé par des enseignants vacataires issus majoritairement des établissements publics.

En outre, la faiblesse du taux d’achèvement traduit une insuffisance d’efficacité interne liée à un nombre de redoublants et d’exclus important.

Le TBS du post-primaire en 2010 encore faible 26,4% soit un effectif de 375406 élèves est passé à 34,9% en 2012. Cependant, on note malgré tout, un dépassement des effectifs des classes notamment au public du fait de l’insuffisance des infrastructures.

Un effort est fait ces dernières années (à travers le Projet d’enseignement post-primaire II) en termes d’infrastructures et en ce qui concerne le personnel enseignant pour assurer une meilleure offre éducative au secondaire. Cependant de fortes demandes dues aux taux de succès élevés au CEPE continuent à perturber les tendances. Tout comme le baccalauréat, le taux de succès au BEPC connaît une évolution en dents de scie entre 2005 et 2010 avec le niveau plus bas en 2009 (27,8%). Le taux de succès le plus élevé est observé en 2008 (37,5%). Avec l’accroissement des effectifs au primaire, ceux du post-primaire subiront une répercussion et le nombre de candidats va continuer à croître d’année en année. A moyen terme, cette répercussion atteindra le second cycle du secondaire. Aussi, faudra-t-il d’énormes moyens pour maintenir le niveau actuel de réussite des élèves et le faire progresser. En effet, le second cycle demeure jusqu’à présent l’orphelin du système éducatif burkinabè, c’est le seul sous système à ne pas bénéficier de projet ou programme (à l’image du PDDEB, du PDSEB et du PEPP pour l’enseignement de base et l’enseignement post-primaire) important pour son développement. En conséquence, avec les flux annoncés du fait de la vitalité actuelle de l’enseignement primaire et post-primaire, il est évident qu’en l’état, le second cycle ne pourra pas contenir la demande.

80