• Aucun résultat trouvé

L’éducatif burkinabè de 1990 à nos jours : Les effets de la Conférence internationale de Jomtien et du forum de Dakar

I .Brève radiographie de l’évolution du système éducatif burkinabè

I.3. L’éducatif burkinabè de 1990 à nos jours : Les effets de la Conférence internationale de Jomtien et du forum de Dakar

Le Burkina Faso appartient à la communauté internationale, la problématique de son système éducatif ne peut pas être abordée aujourd’hui en dehors de ce contexte. A cet effet, FRETIGNE (2008) estime qu’« On ne peut plus analyser les politiques éducatives sur la base du seul échelon national. De fait, sous l’action du local comme du transnational, la politique éducative de tel ou tel pays prend désormais des colorations multiples. Les développements sur les niveaux intermédiaires de régulation ont pour intérêt de montrer les arbitrages qui s’effectuent entre des acteurs prétendant également à infléchir la politique éducative »50

La récession économique des années 1980 a conduit les institutions internationales, dominées par un penchant libéral à instituer de nouveaux principes de mondialisation économique. Ces mesures rigoureuses se traduiront dans les pays en voie de développement comme le Burkina Faso par la maîtrise des dépenses publiques et la réduction du rôle de l’Etat à travers les privatisations massives, la libéralisation du commerce, la dérèglementation des marchés (D’AGOSTINO, 2002). Contrairement aux ambitions de redressement de l’économie internationale, ces mesures se traduiront par des régressions sociales importantes (recul de l’espérance de vie, de l’alphabétisation, exacerbation de la pauvreté, des licenciements, du chômage, de l’exclusion et des inégalités sociales). En vue de parer à cette situation déconcertante, les années 1990 verront se multiplier de grands sommets internationaux (BAUX, 2007). Parmi les plus importants, il convient de retenir la Conférence sur l’éducation (Jomtien, 1990), sur l’environnement (Rio de Janeiro, 1992), sur la population (Caire, 1994), sur les femmes (Pékin, 1995), sur le développement social (Copenhague, 1995).

La Conférence de Jomtien, prenant conscience que l’éducation peut « contribuer à améliorer la sécurité, la santé, la prospérité et l'équilibre écologique dans le monde, en même temps qu'elle favorise le progrès social, économique et culturel, la tolérance et la coopération internationale » (Conférence de Jomtien, 1990), adoptera une déclaration mondiale sur l’Education Pour Tous (EPT) à l’horizon 2000.

Au forum de Dakar en 2000, le bilan de cette politique de l’Education pour tous entamée à Jomtien est estimé encourageant. Aussi, le forum réaffirmera le principe énoncé dans la Déclaration mondiale sur l'éducation pour tous de Jomtien avec cette fois, une échéance qui

50

54

va jusqu’à 2015. Pour atteindre cet objectif, le forum de Dakar proclame le caractère obligatoire et la gratuité de l’enseignement primaire.

Dès lors, cette attention de plus en plus portée sur une économie mondiale de la connaissance se traduira par des ajustements internes à chaque pays en vue d’atteindre des objectifs quantifiables.

A cette fin et à l’instar des autres pays, le Burkina Faso élaborera à partir de 1991 sa politique générale du secteur de l’éducation qui accordera une place importante à l’éducation de base à travers la « loi d’orientation de l’éducation » adoptée en 199651 qui sera reprise et renforcée dans son contenu par la loi de 200752. Ces deux importantes réformes, soutenues par les institutions internationales et les ONG aboutiront à la mise en place progressive de plans et programmes de l’éducation de base et de l’enseignement post-primaire.

En termes de perspectives de développement de son système éducatif à l’horizon de 2010, le Burkina Faso centre alors ses actions sur les principes ci-après :

• élargir la couverture d’éducation de base en vue de l’éducation universelle tout en améliorant sa qualité ;

• assurer le développement du système éducatif y compris le niveau post-primaire afin de satisfaire la demande en main d’œuvre qualifiée et que les sortants du système éducatif répondent en qualité et en quantité aux besoins de l’économie.

Une lettre de politique éducative de mars 2001 encadre les grandes options du système éducatif burkinabè. Dans la conception et la réalisation des programmes d’actions des différents ordres d’enseignement, une attention est portée sur les fondamentaux qui permettront d’atteindre les objectifs énoncés. Ainsi, il s’agira en particulier :

• d’accorder une priorité sans ambiguïté à l’enseignement de base, priorité assortie des moyens financiers, matériels, humains correspondants afin d’assurer, de manière conjointe et solidaire à la fois l’expansion et l’amélioration de la qualité de cet ordre d’enseignement ;

51

La loi n° 013/96/ADP du 9 mai 1996, dite Loi d’Orientation de l’Education

52

55

• d’introduire les changements nécessaires au niveau de l’organisation des cycles d’enseignement, du système d’évaluation et d’examen, du contenu des programmes et des pratiques pédagogiques, pour que chaque cycle se suffise à lui-même et puisse déboucher sur les possibilités de formation complémentaire et/ou d’emploi ;

• de mettre en place un enseignement technique et professionnel diversifié, accessible aux différents niveaux de sortie de l’enseignement général et, en particulier des formations post-primaires adaptées aux potentialités et besoins du marché de l’emploi et aux capacités d’acquisition des jeunes sortant du primaire ;

• d’opter à tous les niveaux du système pour une éducation fonctionnelle, pragmatique, visant avant tout à former des individus intégrés à leur milieu, ayant le souci de l’efficacité et du travail bien fait, quels que soient leur niveau de sortie du système et le secteur d’activité vers lequel ils se dirigeront ;

• d’encourager les initiatives privées, individuelles et communautaires, en vue de la création et de la gestion d’établissement d’enseignement et pour la conduite d’actions d’alphabétisation et de formation de base, ce qui implique la mise en place de dispositifs conséquents (et décentralisés) d’appui, d’encadrement et d’évaluation ; • de favoriser une approche multisectorielle, systémique, dynamique de l’éducation,

intégrant les actions des différents acteurs (internes et externes au système), veillant à l’adéquation formation/emploi et encourageant toutes études, expérimentations et initiatives pouvant œuvrer en ce sens.

A ce jour, deux principaux programmes d’actions ont été exécutés. Il s’agit :

Ø Plan décennal de développement de l’éducation de base (PDDEB). Adopté par décret n°99-245/PRES/PM/MEBA du 20 juillet 1999, le PDDEB est une politique sectorielle de développement du système éducatif de base. Exécuté de 2001 à 2011, il a privilégié l’approche programme avec une gestion axée sur les résultats.

Ø Plan de Développement de l'Education Post-Primaire phase I (PEPPI). Commencée en 1997, la première phase a pris fin en 2004. Elle sera suivie par une seconde phase (PEPPII) de 2006 à 2012.

En perspective, un Programme de développement stratégique de l'éducation de base (PDSEB) prévu pour couvrir la période de 2012 à 2023 a été validé le 29 mai 2012 et adopté par le Conseil des Ministres en sa séance du 1eraoût 2012.

56

Comme nous le constatons, la Conférence mondiale de Jomtien (1990) et le forum de Dakar (2000) ont donné un coup d’accélération aux politiques éducatives des pays concernés. Pour faire face à la problématique du développement de son système éducatif, le Burkina Faso organisera des Etats généraux à cet effet en 1994. D’importantes réformes seront alors entreprises sur la base des lois d’orientation de l’éducation de 1996 et de 2007. Dès lors, le Burkina Faso, dans sa quête d’une éducation pour tous les enfants, développe et expérimente de nouvelles formes d’organisation et de gestion de son système éducatif. A cet effet, de nombreuses innovations éducatives sont introduites et l’évolution significative des effectifs tant au primaire, au secondaire qu’au supérieur témoigne des efforts considérables déployés par le gouvernement et la société civile burkinabè.