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I .Brève radiographie de l’évolution du système éducatif burkinabè

II. Actualités du système éducatif burkinabè : entre quête de performances et défis

II.2. Les performances et les défis du système éducatif burkinabè

II.2.1. Les performances de l’éducation burkinabè

II.2.1.1. les performances de l’éducation de base et de l’alphabétisation

L’éducation de base au Burkina Faso60, couvre en plus de la petite enfance et de l’alphabétisation, le volet primaire et post-primaire. Pour son développement, elle a bénéficié ces dernières années d’un important appui de projets et programmes dont les plus importants

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Cité par le site www.toscaconsultants.fr

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Au terme du décret n°2012-122/PRES/PM portant composition du Gouvernement du Burkina Faso du 23 février 2012

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sont le Plan Décennal de Développement de l’Enseignement de Base (PDDEB)61 et le Projet d’Enseignement Post-Primaire dans ses phases I et II.

Nous verrons dans les lignes qui suivent ce qu’il en est de la qualité de cette partie de l’éducation burkinabè au travers de l’apport de ces projets.

II.2.1.1.1. Le Plan Décennal de Développement de l’Enseignement de Base (PDDEB) et la qualité de l’éducation burkinabè

Instrument d’accompagnement et de promotion de l’initiative ETP, le Plan décennal de développement de l’enseignement de base apparaît dès son adoption et sa mise en œuvre comme un apport considérable à la promotion l’éducation burkinabè. En effet, aux termes du Décret n° 99-254/PRES/PM/MEBA du 20 Juillet 1999 portant son adoption, au nombre des principales missions qui lui sont assignées, on note en bonne place :

• Accélérer le développement quantitatif de l’offre d’éducation de base et réduire les inégalités de toutes sortes ;

• Améliorer la qualité, la pertinence et l’efficacité de l’éducation de base et développer la cohérence et l’intégration entre les différents niveaux et formules d'éducation de base ;

• Promouvoir l’alphabétisation ainsi que de nouvelles formules d’éducation alternatives Il convient de rappeler que la situation générale du système avant la mise en œuvre concrète du PDDEB, se présentait comme suit62: des mesures en faveur du secteur privé, l’adoption du système de double flux, les classes multigrades, les mesures en faveur de la scolarisation. Ces mesures ont permis d’observer :

• un taux de scolarisation autour de 41% (passant de 16% en 1983 à 40% en 1997) ; • un taux de croissance annuelle moyen de scolarisation des filles de 9% ;

• une évolution des ratios en faveur des filles entre 1990 et 1997 ;

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Le Plan Décennal a été approuvé par le Conseil des Ministres réuni en sa séance du Mercredi 23 Juin 1999, et adopté par Décret n° 99-254/PRES/PM/MEBA du 20 Juillet 1999. Le Gouvernement, à cette occasion, a décidé de confirmer le caractère prioritaire accordé à l’Enseignement de Base depuis la promulgation de la Loi n° 013/96/ADP du09 Mai 1996 portant Loi d’Orientation de l’Education.

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Rapport d’évaluation finale de la mise en œuvre du plan décennal de développement de l’éducation de base 2001-2010, P. 38

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• un taux d’accroissement annuel moyen d’inscription des filles de 7% contre 5,6% pour les garçons ;

• un % d’enseignants qualifiés passé de 18,5% en 1991 à 65% en 1997/98.

Dans l’ensemble, on note déjà qu’un environnement institutionnel plus dynamisant était en train de se mettre en place. La mise en œuvre du PDDEB bénéficiera de cet environnement pour l’atteinte des objectifs que le projet se fixe.

II.2.1.1.1.1. De l’accès et des performances de l’enseignement de base primaire et de l’alphabétisation

Avec le PDDEB, les effectifs au primaire ont évolué en une décennie.

Ainsi qu’il apparait sur le tableau qui suit, ils ont plus que doublé passant de 938 238 inscrits en 2001 à 2 205 295 en 2010.

67 Tableau 7: Evolution des effectifs du primaire de 2001 à 2010

Effectif du primaire 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 Garçons 546 130 585 573 647 043 715 319 775 761 861 416 947 845 1 025 551 1 089 912 1 163 784 Filles 392 108 425 577 492 489 555 518 614 810 699 642 794 594 879 728 957 718 1 041 511 Total 938 238 1 011 150 1 139 532 1 270 837 1 390 571 1 561 058 1 742 439 1 905 279 2 047 630 2 205 295 Parité 0,72 0,73 0,76 0,78 0,79 0,81 0,84 0,86 0,88 0,89

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Ces données traduisent au besoin la performance en termes d’accès dans ce système. Il apparait que la performance réalisée en seulement une décennie s’estime à plus de 2 fois celle réalisée durant les 40 précédentes années. En outre un gros effort a été fait vers la parité fille/garçon.

L’amélioration des taux bruts d’admission et de scolarisation, des taux nets de scolarisation et d’achèvement comme l’indiquent les tableaux ci-dessous est la conséquence de cette politique.

Tableau 8 : TBA, TBS et TNS et taux d’achèvement des deux dernières années scolaires : 2010/2011 et 2011/2012

Taux Brut d’Admission Nombre d'enfants de 6 ans

Nouveaux inscrits Taux Brut d'Admission

2010/2011 2011/2012 2010/2011 2011/2012 2010/2011 2011/2012

88,3%

518 625 532 560 444 519 470 288 85,7%

Taux Brut de scolarisation Nombre d'enfants de 6-11 ans

Enfants scolarisés Taux Brut de scolarisation

2010/2011 2011/2012 2010/2011 2011/2012 2010/2011 2011/2012

79,6%

2 840 873 2 943 055 2 205 295 2 344 031 77,6

Taux net de scolarisation Nombre d'enfants de 6-11 ans

Enfants6-11ans scolarisés Taux Net de scolarisation

2010/2011 2011/2012 2010/2011 2011/2012 2010/2011 2011/2012

2 840 873 2 943 055 1 730 260 1 830 871 60,9 62,2%

Taux d’achèvement

Population de 11 ans Nouveaux inscrits au CM2 Taux d'Achèvement

2010/2011 2011/2012 2010/2011 2011/2012 2010/2011 2011/2012

427 541 445 134 222 777 245 410 52,1 55,1%

Il apparait de l’analyse des tableaux, un accroissement des indicateurs de fréquentation dans le système primaire. Cela indique l’intérêt grandissant des burkinabè à envoyer et maintenir leurs enfants à l’école. Ces résultats s’expliquent par la vaste offensive de communication (sensibilisation et conscientisation) auprès des populations qui a accompagné les principales actions du PDDEB.

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En outre, si cette dynamique se traduit par des résultats concrets, c’est notamment grâce à une offre éducative mieux structurée et élaborée. En effet, pour accompagner et booster ce regain d’intérêt pour l’école, de nombreuses infrastructures scolaires ont été réalisées, de l’équipement et du matériel adéquats ont été mobilisés, du personnel enseignant a été recruté et formé.

Les statistiques du tableau qui suit font constater que de 2001 à 2010, les salles de classes au primaire ont été multipliées par deux soit une progression moyenne de 2000 salles de classe par an.

70 Tableau 9 : Evolution des Infrastructures scolaires réalisées et des effectifs des enseignants de 2001 à 2010

Sources : Synthèse des données statistiques de l’Education de base 2010/2011 DEP/MENA mai 2011

Année % e nt re 2001 e t 2010 Infrastructures 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 Salles de classes 19 252 20 621 22 330 24 403 26 444 28 925 31 809 35 129 38 269 40 912 112,5 progression annuelle 1 369 1 709 2 073 2 041 2 481 2 884 3 320 3 140 2 643

Déficit places assises 102 069 140 879 174 981 214 659 250 583 334 284 366 911 402 327 429 976 465 324 355,9 progression annuelle 38 810 34 102 39 678 35 924 83 701 32 627 35 416 27 649 35 348 Enseignants en classes 18 176 19 740 21 884 24 350 26 567 28 886 31 520 34 837 37 814 40 639 123,6 Progression annuelle 1 564 2 144 2 466 2 217 2 319 2 634 3 317 2 977 2 825

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Au cours de la même période, paradoxalement, le déficit des places assises connait également une hausse. Cela laisse supposer qu’avec la sensibilisation, la demande d’accès et de formation au primaire s’est accrue au point de dépasser les prévisions de la période.

Pour faire face aux effectifs en hausse, le nombre d’enseignants a considérablement crû dans cet intervalle de temps.

En ce qui concerne l’efficacité interne du système, on note une forte dynamique des taux de promotion ces dernières années ainsi que l’indique le tableau suivant.

Tableau 10 : Les indicateurs d’efficacité interne au primaire

Année scolaire Taux de flux 2001/2002 2005/2006 2009/2010 2010/2011 2011/2012 Taux de Promotion Sous cycle CP 80,0 84,7 87,8 91,2 91,1 Sous cycle CE 73,1 80,4 84,0 88,1 88,0 CM1 72,3 75,6 74,4 80,0 80,2 Taux de redoublement Sous cycle CP 12,7 7,9 7,7 4,2 4,0 Sous cycle CE 17,0 12,8 12,1 7,2 6,8 CM1 19,0 15,1 12,1 7,5 6,6 CM2 36,1 32,1 28,6 29,7 29,5 Taux d’abandon Sous cycle CP 7,3 7,5 4,5 4,6 4,9 Sous cycle CE 9,9 6,7 3,9 4,5 5,2 CM1 8,7 9,3 13,4 12,6 13,2

Extrait du rapport de mise en œuvre du PDSEB

Le taux de réussite au CEPE est passé de 63% en2002 à 65,9% en 2010.

II.2.1.1.1.2. Du non formel

L’alphabétisation au Burkina Faso rencontre encore d’énormes difficultés. A titre d’exemple, le taux d’alphabétisation était de 28,7% en 2006, en 2010, il est passé à 30%.

Le tableau suivant donne un aperçu de l’évolution des inscriptions en alphabétisation initial (AI) et en Formation Complémentaire de Base (FCB) de 2001 à 2010.

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Tableau 11: Evolution des inscrits en AI et FCB de 2001 à 2010

Source : Statistiques de l’éducation non formelle campagne 2011 / MENA novembre 2011

Ces chiffres ne prennent pas en compte les données sur les CEBNF, ENF, Bissongo qui ne sont pas disponibles. Cependant on peut noter sur la base des statistiques du MENA que pour une population cible de plus de 8 000 000, les admissions à ces formations sont encore faibles en 2010. En outre, pour ce qui est des inscriptions en AI les tendances laissent apparaitre une évolution en dents de scie. En FCB, la même tendance est observée avec une chute remarquable en 2010 par rapport à 2009.

Ces données traduisent un manque d’efficacité et de performance profond même si on note une amélioration du reste, modeste.

En termes d’infrastructures d’équipements et de personnel, un effort est fait mais reste pour l’instant très insuffisant.

Année

Inscrits Inscrits population de Inscrits AI Inscrits FCB

en AI en FCB 15 ans &+ en %0 en %0 2001 122 497 36 024 6 226 654 19,67 5,79 2002 106 640 31 433 6 437 996 16,56 4,88 2003 154 481 49 529 6 658 304 23,20 7,44 2004 182 323 65 929 6 888 009 26,47 9,57 2005 197 412 90 913 7 127 571 27,70 12,76 2006 188 475 117 571 7 377 530 25,55 15,94 2007 196 670 118 711 7 452 701 26,39 15,93 2008 217 670 119 227 7 679 548 28,34 15,53 2009 199 829 150 526 7 920 206 25,23 19,01 2010 88 124 137 801 8 174 751 10,78 16,86

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II.2.1.1.1.3. Du préscolaire

Privilège longtemps réservé au milieu urbain et à une classe sociale aisée, le préscolaire malgré son évolution demeure fragile.

Tableau 12. Statistiques du Préscolaire

Nombre d'élèves 2000/ 2001 2001/ 2002 2002/ 2003 2003/ 2004 2004/ 2005 2005/ 2006 2006/ 2007 2007/ 2008 2008/ 2009 2009/ 2010 Effectif public 6933 6954 7025 9311 8094 8677 11662 11981 10332 Effectif privé 5124 5457 4030 7658 10507 11289 15595 15806 18802 Commu-nautaire 0 0 0 3836 5774 7226 13402 13491 11438 Ensemble 1205 7 1241 1 1105 5 20805 24375 27192 40659 41278 40572 43165

Par des filles

49,90 % 49% 48,20 % 49,40 % 49,50 % 48,70 % TBS 0,7 1,44 0,72 1,17 1,34 1,45 2,8 2,7 2,6 2,7 Public 92 93 103 115 159 185 219 262 239 Privé 78 80 99 150 154 160 207 228 276 Ensemble 170 173 202 265 313 345 426 490 515 Encadreurs 699 1135 1263 1374 1723 nd 1844

Sources : MEBA/MESSRS/MASSN : L’éducation nationale en chiffre/2009

A titre d’exemple, d’un taux de préscolarisation de 0,7% de 2000-2001, on est passé à 1,34% en 2004-2005 et à 2,7% en 2010. Il convient toutefois de mettre cette relative évolution à l’actif des diverses ONG qui interviennent dans le domaine avec notamment des programmes adaptés en milieu communautaire.

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Cependant, il faut relever que sur une population scolarisable de 1 700 000 enfants en 2010, le préscolaire n’a concerné que 70 000 enfants (essentiellement dans le privé).

Les différentes structures souffrent notamment de manque de matériels didactiques adéquats, d’infrastructures adaptées et de personnel qualifié.

A l’achèvement du PDDEB en 2010, les indicateurs de résultats du système éducatif sont jugés dans l’ensemble satisfaisants au plan de l’accès pour ce qui concerne l’éducation formelle : 77,6% de taux brut de scolarisation (G+F) ; 75% de taux brut de scolarisation (Filles); 85,7% de taux d’admission (G+F). Toutefois, le préscolaire, parent pauvre du sous-système connait encore des difficultés.

Au niveau de l’éducation non formelle, les résultats restent en deçà des prévisions malgré les progrès réalisés. On note en 2010 une réalisation de 88 124 apprenants AI et 137 801 apprenants FCB en 2010.

Il convient de noter également une nette amélioration au niveau des infrastructures, et des équipements.

Enfin, tout au long de la dernière décennie, pour faire face aux différents flux, le système éducatif burkinabè a recruté et formé davantage d’enseignants. Toutefois, au regard des indicateurs d’efficacité interne, le nombre et la performance individuelle des instituteurs, cette activité mérite d’être renforcée pour faire face à l’ampleur des besoins.