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Le précédent exemple, même si spécifi quement choisi parce que particulièrement abouti, n’en reste pas moins la preuve d’une approche de l’habitat des personnes âgées totalement diff é- rente au Danemark, qui se retrouve à des degrés plus ou moins marqués dans d’autres réalisa- tions danoises. 16

Toutefois, si la continuité dans la prise en charge du vieillissement est une caractéristique essen- tielle au Danemark, elle n’en est pas moins pré- sente dans d’autres pays, essentiellement scan- dinaves.

Certains établissements norvégiens associent ainsi au sein d’un même espace des personnes âgées valides et autonomes et des personnes qui relèvent de structures médicales.

16 - Par exemple, le complexe gériatrique de Roselund à Gladsaxe, regroupe lui aussi plusieurs programmes : une unité Alzheimer de 56 lits, un ensemble de cinq unités ac- cueillant chacune 14 personnes en situation de dépendance, deux unités de 7 places pour personnes handicapées plus jeunes, un centre d’activités de jour, un centre de formation permanente du personnel et des familles, une cafétéria ou- verte à l’extérieur, ainsi qu’un centre de soins et services à domicile pour 140 personnes.

Le centre de logements et d’activités

Tårnåsen, à Oppegård, en Norvège, est ainsi

composé de 2 logements de court-séjour et de 26 logements de 56 m² chacun, tous adaptés au vieillissement, dont 8 sont en plus équipés pour des handicaps plus lourds. Ces logements dis- posent tous d’un espace extérieur, en terrasse ou en balcon, et sont accessibles indépendamment par une coursive extérieure. Un second bâtiment, formellement distinct, mais relié par les cour- sives au premier, abrite les salles du personnel et les espaces communs : un café, une cuisine, des salles d’activités aux usages variés (bibliothèque, atelier, réunion, repas, etc.). La disposition des deux bâtiments, ainsi que la distribution exté- rieure des appartements, permettent de préser- ver le caractère privé des logements, tout en pro- fi tant d’un espace collectif aisément accessible. L’accès au logement peut d’ailleurs se faire soit en passant par l’entrée du bâtiment commun, puis par les coursives, soit en empruntant l’ac- cès qui mène directement du parking aux cour- sives. Cette double entrée, que l’on retrouve dans d’autres projets d’habitat pour personnes âgées conciliant vie privée et vie en communauté, est un élément essentiel pour pouvoir réellement préserver l’autonomie du logement.

A nouveau, le mélange de personnes âgées né- cessitant un accompagnement médical et de personnes plus autonomes permet de garantir à ces-dernières la possibilité de rester au sein du même établissement si leur vieillissement rend nécessaire un accompagnement médical plus conséquent.

Balcons sur le jardin

Coursive

Centre Tårnåsen

Plan RDC : à gauche, le bâtiment commun et à droite, les logements

Source : Living for the Elderly, A design manual. Eckhard Feddersen, Inse Lüdtke (photographies) et et https://www.oppegard.kommune.no/bolig-og-eiendom/ kommunale-boliger/omsorgsbolig (plan)

Bien vieillir grâce à une prise en charge progressive et continue par la société

Face aux problèmes que soulève le vieillissement, certains pays, notamment le Da- nemark ou les pays scandinaves, ont fait le choix d’une prise en charge continue et progressive du vieillissement, reposant fortement sur la société.

Au niveau de l’habitat, cette continuité et cette progressivité se traduisent par la vo- lonté d’atténuer la rupture que peut marquer l’entrée dans un établissement pour personnes âgées et de supprimer la frontière existant entre ces établissements et les logements individuels. Cela correspond à la création de structures globales, propo- sant des services accessibles aux non-résidents et une off re variée de logements plus ou moins intégrés dans l’établissement ainsi que par une redéfi nition de la place du médical et par de nouvelles pratiques.

Ces structures partagent également la volonté de laisser la personne âgée actrice, que ce soit de sa vie quotidienne ou de son vieillissement (au travers par exemple du choix de changer de logement). De même, elles s’attachent à préserver son indé- pendance et son autonomie en off rant des logements réellement privatifs, tout en les positionnant au sein d’une communauté, communauté elle aussi bénéfi que au bon vieillissement.

De plus, la variété des logements induite par une telle approche, ainsi que la richesse des possibilités off ertes aux personnes âgées, permettent la rencontre de personnes âgées d’âges et de situations d’une extrême diversité. Cette intergénérationnali- té «entre personnes âgées» est alors également l’un des éléments qui contribue au bien-vieillir pour les habitants de telles structures.

> Préservation de l’environnement de vie de la personne âgée > Structure et prise en charge globale et progressive

> Nouvelles pratiques et nouvelle place du médical

> Personne âgée impliquée et actrice de sa vie quotidienne et de son vieillissement > Indépendance et autonomie de la personne et de son logement

ils restent généralement très proches dans leurs principes, ce qui peut s’expliquer par des raisons historiques.

En eff et, cette forme d’habitat trouve son origine dans une typologie commune : les béguinages. Au Moyen-Âge, les béguinages étaient un en- semble de maisons organisées le plus souvent autour d’une église et d’une cour ou d’un jar- din. Ces béguinages, qui constituaient des enti- tés relativement autonomes dans la ville, abri- taient des communautés de femmes pieuses, célibataires ou veuves, qui vivaient sous une forme monastique sans prononcer de vœux, et étaient appelées des Béguines. Très répandus, principalement en Flandre et aux Pays-Bas, ces béguinages ont perduré pour certains jusqu’au XXème siècle, sous des formes plus ou moins éloignées des premières communautés de Bé- guines. A la fi n du XXème siècle, ces béguinages furent réinterprétés et le concept d’habitat re- groupé abritant une communauté solidaire fut repris (au-delà de toute considération religieuse ou spirituelle). Cette origine historique explique donc la forte présence d’habitats regroupés pour personnes âgées en Belgique ou aux Pays-Bas, ainsi d’ailleurs que dans le Nord de la France. Par ailleurs, ces habitats regroupés ont servi, et servent encore, de modèles pour d’autres ré- gions (par exemple dans le Sud de la France), voire pour d’autres pays, à l’image des Etats- Unis (où certains architectes se réfèrent explici- tement à des réalisations danoises17) : c’est donc

ce qui contribue à leur essor et explique aussi leurs fortes similarités.

17 - Par exemple Charles Durrett (dans son livre Senior Co-

housing, a community approach to independent living.)

Lorsqu’une personne entre dans un établisse- ment pour personnes âgées, plusieurs moti- vations sont généralement mises en avant : ce changement peut ainsi s’expliquer par des rai- sons médicales (nécessité d’une prise en charge médicale, incompatible, ou compliquée, à domi- cile, que ce soit pour des problèmes physiques ou psychiques), par une inadaptation du logement, par le désir de la famille de savoir leur parent en sécurité, ou encore, par la volonté de la personne de briser sa solitude ou son isolement.

Toutefois, pour cette dernière motivation (lut- ter contre l’isolement ou la solitude), entrer en maison de retraite n’est pas nécessairement une réponse adéquate, que ce soit pour la personne ou la société. En eff et, si la personne âgée souff re de solitude ou d’isolement, cela ne veut pas pour autant dire qu’elle n’est pas capable de rester vivre à domicile, ni qu’elle pourra s’épanouir dans une structure médicalisée.

C’est face à ce constat d’absence de réponse per- tinente entre maintien à domicile et maison de retraite que s’est développée une forme d’habitat intermédiaire, qui vise à permettre à des per- sonnes âgées (seules ou en couple) de vivre « chez elles » tout en étant au sein d’une « communauté » de personnes âgées. Ces habitats dits « grou- pés » consistent ainsi à regrouper des maisons individuelles adaptées aux personnes âgées, tout en les associant à des espaces partagés.

Ces habitats groupés se retrouvent dans de nombreux pays : Danemark, Belgique, Etats- Unis, France, etc. Même si certaines diff érences peuvent être notées, par exemple au niveau du nombre de logements ou de la forme prise par les espaces partagés (intérieurs et extérieurs),

2.3. Bien-vieillir au sein d’une communauté

de personnes âgées

Fondements