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Source : L’habitat des personnes âgées, du logement adapté aux Éhpad, USLD et unités Alzheimer. Philippe Dehan (image de gauche) et http://www.wuestenrot-stiftung.de/bauen-fuer-kinder-gestaltungspreis-2004/ (image de droite)

Entrée avec le café et la rampe menant à la crèche.

La ville de Stuttgart, par le biais d’une fondation, mène notamment une politique volontariste à ce sujet, deux projets majeurs de « Maison des Générations » ayant été développés au début des années 2000. Ces deux projets, qui diff èrent par leur programme, partagent le principe d’une mixité des publics dans le but de stimuler les liens entre générations et empêcher toute ségré- gation.

La Maison des Générations Ouest, la plus aboutie des deux8, livrée en 2001 par Kohlhoff +

Kohlhoff Aarchitekten9, rassemble au sein d’un

même ensemble un équipement pour l’enfance (crèche de 100 lits pour les moins de 4 ans et centre de loisirs jusqu’à 12 ans), un centre de service à domicile pour personnes âgées, une association parents-enfants et une résidence protégée de 20 logements pour personnes âgées. Le bâtiment se compose de deux corps de bâti- ments parallèles : le plus bas, côté jardin, pos- 8 - La seconde Maisons des Générations, la « Maison des générations de Heslach », qui regroupe des logements pour une soixantaine de personnes âgées, un accueil de jours pour une douzaine de personnes atteintes de la maladie d’Alzhei- mer, ainsi qu’une maison commune, des commerces et des services libéraux, est moins intéressante au sens où les pro- grammes restent plus indépendants et sont moins mêlés. 9 - L’habitat des personnes âgées, du logement adapté aux

Éhpad, USLD et unités Alzheimer. Philippe Dehan. (page

226 et suivantes) et Homes for Senior Citizens. Arian Mos- taedi (page 103 et suivantes)

sède trois niveaux (les espaces partagés au rez- de-chaussée, en lien avec le jardin, et la crèche aux étages) tandis que le plus haut, aligné sur la rue, off re trois étages de service surmontés des trois étages de la résidence protégée.

Les architectes se sont attachés à ce que les élé- ments du programme ne soient pas séparés. Ainsi, le rez-de-chaussée du bâtiment sur le jardin regroupe un café géré par une associa- tion parents-enfants, une cafétéria, une salle de sports, une salle pour la crèche, ainsi que des bu- reaux et un magasin d’articles d’occasion ouvert sur la rue.

L’établissement pour enfants occupe lui plu- sieurs espaces :

- Une salle au rez-de-chaussée, qui sert de halte-garderie

- Les deux étages du bâtiment sur le jardin, avec une entrée contrôlée au premier étage, et dont l’accès se fait via une rampe s’ouvrant sur l’entrée du rez-de-chaussée

- Des salles au premier étage (dans le bâtiment sur rue) occupées par le centre de loisirs.

Certaines salles d’activités sont par ailleurs par- tagées par les diff érents usagers de cette maison des générations (associatifs, enfants, habitants), par exemple au deuxième étage ou dans les lo- caux aménagés au fond du jardin.

Les résidents âgées peuvent utiliser certaines de ces salles d’activités, mais aussi une salle de réception commune, un local buanderie et une pièce dédiée aux soins de beauté (salon de beau- té, coiff ure, etc.). L’association parents-enfants, plus spécifi quement destinée aux mères, occupe une partie du rez-de-chaussée mais dispose éga- lement de locaux dans les étages. Les espaces ex- térieurs participent aussi de ce mélange généra- tionnel : le jardin, dans lequel est aménagée une terrasse semi-abritée pour la cafétéria, et une aire de jeux, est ouvert à tous, le toit du bâtiment le plus haut est partiellement accessible pour des activités intergénérationnelles, etc. La résidence protégée, enfi n, était prévue pour 20 personnes âgées, chaque studio, doté d’une salle de bain et d’une entrée étant couplé à une cuisine - salle à manger partagée à deux.

Très ambitieux en terme d’usages, certaines cri- tiques et limites liées au projet n’ont pas manqué d’émerger depuis sa livraison. Les logements, partagés, ne répondent pas au désir des per- sonnes âgées, réticentes à y emménager. Un des logements a donc été attribué à l’association des parent-enfants, d’autres ont été loués comme des trois pièces, si bien que seule une quinzaine de personnes âgées y résident (au lieu des vingt initialement prévues).

De plus, et c’est certainement là la principale critique que l’on puisse faire, le nombre de loge- ments reste très faible au regard de l’importance de la crèche : dès lors, seule une poignée de per- sonnes âgées profi te de cette organisation et de ces dispositifs intergénérationnels.

Pour autant, l’ambition de regrouper, et surtout de mêler, dans un même immeuble de tels pu- blics, reste extrêmement profi table à toutes les générations.

Il est par ailleurs possible de remarquer qu’alors même que la France et l’Allemagne (s’)inves- tissent toutes deux beaucoup sur la thématique des inégalités liés à l’âge, les réponses diff èrent : l’immeuble intergénérationnel, développé en Al-

lemagne, l’est beaucoup moins en France, où le logement intergénérationnel est plus associé aux cohabitations seniors-étudiants.

« Le logement intergénérationnel se traduit par des réalités diff érentes : en France, la colocation d’étudiants-se- niors apparaît comme une formule privilégiée, tandis qu’en Allemagne, il s’agit plutôt de la résidence intergéné- rationnelle. De fait, en matière de lo- gements intergénérationnels, les deux pays semblent pratiquer la solution

deux en un.

En France, si la solidarité intergénéra- tionnelle s’oriente principalement sur un axe seniors-étudiants (ou jeunes travailleurs), c’est qu’il s’agit, au-delà de la question de l’isolement des per- sonnes âgées, de résoudre le problème majeur du logement des jeunes. En Al- lemagne, la solidarité intergénération- nelle s’oriente davantage sur un axe seniors-familles. En rassemblant des foyers appartenant à plusieurs géné- rations sous un même toit, et en favo- risant l’échange de services entre eux, l’objectif est bien d’aider les femmes à travailler sans renoncer à avoir des enfants. […] La thématique de la géné- ration sacrifi ée en France (en l’occur- rence, celle des jeunes) répond ainsi à celle du déclin démographique alle- mand (lié à un taux de fécondité trop bas). »10

Ainsi, ces exemples permettent de souligner une nouvelle fois qu’une même ambition apparente - réduire les écarts entre les générations grâce à l’habitat - ne prend pas la même forme selon les réalités, les motivations, propres à chaque pays. Par ailleurs, une telle analyse est aussi l’occasion de souligner que l’intergénérationnalité n’est pas à envisager uniquement en terme de «bénéfi ce» pour les personnes âgées : bien au contraire, elle est positive pour toute la société !

10 - Habiter et vieillir, Vers de nouvelles demeures. Monique Membrado, Alice Rouyer (dir.). 2005.

Quartiers intergénérationnels

Outre les immeubles intergénérationnels, les programmes intergénérationnels peuvent aussi se développer à l’échelle du quartier.

Le Quartier intergénérationnel de Sofi e-

garden à Vejle, au Danemark (photo ci-contre),

se compose ainsi de huit immeubles de R+3 à R+7, destinés aussi bien à des familles qu’à des personnes âgées, et complétés par une maison de retraite. Celle-ci, qui sert aussi d’accueil de jour aux résidents des immeubles et dont la cafétéria est ouverte à tous, est située au rez-de-chaussée de l’un des immeubles. Ainsi, il s’agit d’intégrer la maison de retraite dans le quartier, dès sa conception, en évitant de l’envisager comme un bâtiment à part.11

Rapprochement entre structures pour personnes âgées et structures d’héberge- ment spécifi ques

Afi n de favoriser l’intergénérationnalité, mais aussi afi n de permettre à une réelle relation d’échange mutuel de s’établir entre générations, d’autres programmes consistent à rapprocher l’établissement pour personnes âgées de struc- tures d’hébergement et d’accueil pour des publics qui sont déjà eux-aussi plus ou moins exclus de la société (handicapés, immigrés, femmes seules avec enfants, etc.).

De tels exemples peuvent ainsi être identifi és en Belgique12, avec par exemple l’Auberge du Vivier

à Habay La Neuve, qui couple maison de repos pour personnes âgées et centre accueil pour jeunes, le Balloir à Liège, qui associe un centre 11 - Un tel fonctionnement peut sembler sous certains as- pects renvoyer à l’idée d’une prise en charge globale, qui est justement une approche développée ultérieurement (dans le 2.2). Cependant, il n’en reste pas moins diff érent, puisqu’ici, la maison de retraite en tant que telle n’est pas questionnée, et ne fait pas l’objet d’évolutions dans son architecture ou son fonctionnement.

12 - Où vivre ensemble ?, Etude de l’habitat à caractère in-

tergénérationnel pour personnes âgées. Caroline Guff ens.

Quartier intergénérationnel