• Aucun résultat trouvé

Les Marpa s’attachent à maintenir l’autonomie et à garantir l’indépendance de ses résidents, ce qui se retrouve bien évidemment à la Marpa de Tiff auges.

Ainsi, si le personnel de la Marpa fait nécessai- rement un minimum de ménage (le sol et la salle d’eau), les personnes âgées qui le souhaitent ou le peuvent, peuvent continuer à faire le net- toyage plus courant (« la poussière » notam- ment). De même, certains résidents aident le personnel à la préparation des repas (mettre la table par exemple) et continuent à nettoyer une partie de leur linge (« tant que je peux » dit l’une d’entre elles) : cela participe ainsi de manière bé- néfi que au maintien d’une «emprise sur leur vie quotidienne», au même titre que le fait de faire leur lit (lors de l’échange collectif, cette idée de «faire son lit» a tenu particulièrement à cœur aux résident(e)s). Les repas ne sont pas non plus obligatoires, même si Laurence Billaud incite à participer au repas du midi, pour maintenir justement une vie de groupe et des relations so- ciales (le soir, 4 résidents dînent chez eux, et le matin, seuls 8 petit-déjeuners sont servis). L’indépendance se traduit aussi par la liberté d’aller et venir laissée aux résidents : en février, une résidente allait ainsi encore chercher son pain au village, une autre s’y rendait deux fois par jour, etc. D’ailleurs, trois résidents ont en- core leur propre voiture, dont Mr. JG, qui vit de- puis 16 ans à la Marpa.

L’indépendance du résident se retrouve égale- ment dans l’architecture et l’organisation même du logement :

- Le résident peut y amener ses propres meubles. Ainsi, l’un des résidents, Mr. AG, est venu avec son bureau, ce qui était pour lui essentiel. Un autre résident, Mr. JG, a dit, dès que je suis entré dans son logement : « vous voyez, je suis

bien, et j’ai conservé mon lit », preuve là encore

de cet attachement à ce meuble qu’est le lit. Ce même résident a d’ailleurs par la suite exprimé une nouvelle fois son contentement d’avoir pu amener ses meubles.

De manière analogue, les quatre logements que j’ai pu visiter sont eff ectivement aménagés avec des diff érences : emprise plus ou moins grande du lit, présence d’un coin salon au niveau de la fenêtre (auquel cas, la table de repas est rap- prochée de la cuisine, comme chez Mr. AG), ou bien présence de la table devant la fenêtre (Mme. CG), etc.

Et puis comment ne pas souligner les peintures et autres cadres photos qui occupent l’espace : lorsque Mr. AG m’a fait visiter son logement, il m’a ainsi spontanément montré les photos de sa femme, décédée, mais aussi de certains de ses petits-enfants. Ces cadres photos sont d’ailleurs présents dans les quatre logements que j’ai pu visiter, qu’ils soient posés sur des meubles, ou accrochés aux murs.

Il convient surtout de souligner que si les ha- bitants peuvent pleinement s’approprier leurs espaces, c’est aussi parce que le logement lui- même, malgré sa surface réduite, le permet : le fait que le placard, la salle de bains et la cuisine, n’empiètent pas sur la pièce de vie laisse ainsi une liberté d’aménagements aux résidents. - Un autre élément qui participe à l’indépen- dance du logement est la double-entrée, avec une porte donnant sur le couloir et une baie vi- trée sur l’extérieur.

Cette double entrée est ainsi unanimement ap- préciée par les résidents, qui passent directe- ment par leur porte vitrée lorsqu’ils partent se promener. De même, leur terrasse ou leur jardin s’ouvrant directement sur un chemin menant au

parking, cette entrée est aussi utilisée par cer- tains de leurs proches lorsqu’ils viennent leur rendre visite.

Toutefois, il est à noter que cette entrée « pri- vée », qui est en fait une baie vitrée, ne peut pas se fermer de l’extérieur : si cela ne gêne pas les résidents qui se sont exprimés, on peut penser qu’une réelle fermeture pourrait s’avérer appré- ciable, et contribuerait encore un peu plus au sentiment de disposer d’un logement indépen- dant.

De même, comme le souligne Laurence Billaud, les personnes âgées sont «chez elles» et le per- sonnel frappe donc avant d’entrer. Dans la même logique, j’ai pu constater que l’une des employées venait demander à l’une des résidentes qui par- tait participer à une séance de gym si elle pouvait faire le ménage de son logement en son absence. Cette indépendance se retrouve enfi n dans la possibilité qu’ont les personnes âgées de rece- voir librement chez eux : leur famille (ainsi, cette résidente, Mme AG, qui reçoit sa famille chaque vendredi soir entre 16h et 19h), leur kiné (comme pour une visite à domicile), etc.

Architecture

A la question de savoir ce qu’ils pensaient de la Marpa, en terme d’architecture, de nombreux éléments ont été livrés pêle-mêle : «la construc-

tion est très bien faite», «il y a une belle distribu- tion», «chacun est chez soi», «tu vois les fl eurs quand tu rentres», «c’est bien insonorisé», «la salle à manger est indépendante», «c’est bien on peut sortir dehors», etc.

En elle-même, cette liste des réponses sponta- nées apportent des indications intéressantes, notamment quant à l’importance accordée à l’espace collectif, au même titre que le logement lui-même.