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Du quartier intergénérationnel à la cohabitation intergénérationnelle

De nombreux projets d’habitats pour personnes âgées mettent donc au coeur de leur réfl exion l’intergénérationnalité de l’environnement de la personne âgée, et en font de cette intergénérationnalité un des principes directeurs et fondateurs du projet. Il s’agit dans ces projets de s’appuyer sur cette intergénérationnalité, pour permettre le bien-vieillir de la personne mais aussi contribuer plus largement au vivre-ensemble. Malgré leur diversité, que ce soit en terme d’échelle, de relation ou de portée, ces projets partagent tous un questionnement commun qui est celui de la place de la personne âgée dans la société : la volonté de ces réalisations - à des degrés plus ou moins affi rmés mais de manière toujours présente - est dès lors de repositionner la personne âgée au sein de la société, ce qui passe par la réintégration du logement de la personne âgée au sein d’espaces ouverts et actifs ainsi que l’ou- verture de celui-ci à son environnement.

> Bénéfi ce pour la personne âgée (bien-vieillir) et pour la société (vivre-ensemble) > Nouvelle place de la personne âgée, physiquement (localisation du logement) et symboliquement.

> Réfl exion articulée avec le territoire de vie de la personne âgée

> Importance de la réfl exion sur l’architecture des lieux potentiels de rencontres et d’échanges, pour que ces réalisations ne se résument pas simplement à du côtoie- ment (même si ce côtoiement est déjà appréciable).

L’intergénérationnalité

en France,

entre perception

et vécu.

4

4.1. La Marpa ‘Le Logis du Bois’ de Tiff auges

4.2. Paroles de personnes âgées vivant en Marpa

Après avoir considéré diff érentes formes d’habitat pour personnes âgées à l’étranger, et après s’être intéressé à la situation française, l’objet prin- cipal de cette troisième partie est d’appréhender le ressenti et les percep- tions des personnes âgées elles-mêmes. Comment aurait-il été en eff et possible de parler de l’habitat des personnes âgées sans jamais leur don- ner la parole ?

Cette quatrième partie s’appuie donc sur deux visites réalisées à la Mar- pa de Tiff auges, en Vendée, le 2 février et le 13 mai, et qui m’ont permis à la fois de visiter cette Marpa et plusieurs logements, mais aussi de re- cueillir les propos de résidents, soit au gré des visites de logements (donc individuellement), soit lors d’un échange collectif qui a réuni une dizaine de résidents, ainsi qu’une partie du personnel de la Marpa.

Plusieurs limites peuvent de manière évidente être soulignées concer- nant les informations apportées par ces échanges : le nombre restreint de personnes âgées interrogées, le fait que toutes vivent dans la même forme d’habitat, le fait qu’elles soient originaires du même territoire et qu’elles aient une origine sociale assez proche, ou encore le caractère vo- lontaire de l’échange (qui a donc donné la parole plutôt à des personnes alertes et surtout valides1), rendent en eff et les propos rapportés ici pure-

ment subjectifs. Pour autant, loin d’être problématique, c’est justement ce qui fait tout l’intérêt d’une telle partie : il ne s’agit pas d’affi rmer une réalité commune, mais bien au contraire de permettre des expressions personnelles.

Ces discussions ont ainsi permis de faire émerger des réfl exions spéci- fi ques à la Marpa de Tiff auges, que ce soit du point de vue de l’architec- ture ou des activités, entre autres intergénérationnelles, qui y sont me- nées. Ces réfl exions, bien que spécifi ques, s’avèrent néanmoins riches d’enseignement pour les Marpa en général, voire pour l’habitat des per- sonnes âgées, et certains «désaccords» avec la position de la Fédération Nationale des Marpa quant à des questions architecturales peuvent être notés. Plus généralement aussi, ces entretiens ont permis de recueillir des propos touchant à la perception de l’habitat des personnes âgées, preuve une nouvelle fois que c’est là l’un des enjeux central de cette ques- tion de l’habitat des personnes âgées.

1 - Cette dernière «limite» est toutefois à nuancer, les échanges avec Laurence Billaud ayant permis de manière indirecte de soulever des problèmes qui sont justement propres aux personnes en situation de plus grande perte d’autonomie.

Cette quatrième partie s’appuyant en grande partie sur les entretiens réalisés avec des per- sonnes âgées de la Marpa «Le Logis du Bois», de Tiff auges1, il est préférable de commencer par

la présenter de manière factuelle, un peu plus en détail de ce qu’il a pu être fait dans la partie 3.2.

Genèse

Cette Marpa est la première créée en Vendée, en 1991. Son ouverture résulte d’une volonté poli- tique, couplée à une demande des personnes âgées de la commune de pouvoir vieillir dans de bonnes conditions sur place. Ce sont notamment ces personnes âgées qui, séduites par les Mar- pa qu’elles étaient allées visiter dans d’autres départements, ont conduit au choix d’une telle structure, plutôt qu’à une maison de retraite. Le terrain de la Marpa a d’ailleurs été donné par une ancienne habitante de la commune, Amé- lie. Au moment du lancement du projet, elle était alors résidente dans une maison de retraite hors de la commune, et a souhaité soutenir à sa manière un projet dont elle aurait aimé pouvoir profi ter lorsqu’il lui a fallu quitter sa propre mai- son. L’association des résidents de la Marpa de Tiff auges porte d’ailleurs son prénom.

Fonctionnement

La Marpa de Tiff auges emploie 8 agents polyva- lents2 et une responsable, Laurence Billaud. Une

1 - Tiff auges : 1600 habitants, en Vendée.

2 - Anciennes auxiliaires de vie pour certaines, n’ayant pas forcément d’expériences de la personne âgée à l’origine, mais

4.1. La Marpa ‘Le Logis du Bois’ de Tiffauges

grande partie du personnel est en poste depuis une dizaine d’années, voire depuis le début pour l’une d’entre elles, ce qui participe à (et souligne) l’esprit « familial » recherché par les Marpa. De même, outre la gestion au quotidien de la Marpa, la responsable de la Marpa assume des tâches que les personnes âgées ne veulent pas forcé- ment déléguer à leurs enfants, et coordonne les visites médicales des résidents.

Une association des résidents participe à l’ani- mation de la vie quotidienne, et complète le Conseil de Vie Sociale (plus récemment créé, conformément aux statuts des Marpa), dans le- quel résidents et familles sont représentés (res- pectivement 3 et 2 représentants élus).