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omme tous les élèves, ceux apprenant une langue sont tous uniques, et ont leurs propres expériences, capacités, connaissances et préférences en matière d’apprentissage. Toutefois, l’expérience qu’ils partagent quant à l’apprentissage d’une deuxième ou d’une troisième langue constitue un point de départ important et utile pour la différenciation pédagogique. En plus des éléments communs des profils d’apprenants, il est important d’inclure le niveau actuel de maitrise de la langue qu’ils apprennent.Faire une différence |Répondre aux différents besoins en matière d’apprentissage à l’aide de la différenciation pédagogique
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Niveau 1 À ce niveau de maitrise de la langue, il est possible que l’élève :
• manque d’assurance et soit désorienté
• sourie avec hésitation
• tire avantage de l’appui de camarades
• examine attentivement son milieu environnant
• soit silencieux durant les cours pendant la journée d’école
• réponde par un ou deux mots
• utilise des images ou des gestes pour faciliter la communication
• se réfère à sa langue maternelle
• lise ou écrive un nombre limité de mots utilitaires clés (p. ex., sortie, ouvrir, numéro d’autobus, etc.)
• ait besoin d’aide pour écrire
• copie sans comprendre
Niveau 2 À ce niveau de maitrise de la langue, il est possible que l’élève :
• commence à comprendre les normes sociales, telles que le contact visuel et l’espace personnel
• comprenne les activités de base en classe avec supports visuels
• se sente plus à l’aise dans des situations familières en classe
• réponde à des questions par « oui » ou « non »
• étiquète et utilise des images pour communiquer
• utilise davantage des mots utilitaires clés
• commence à compiler des mots et rédiger des phrases pour la vie courante (p. ex., nourriture, vêtements)
• connaisse certains mots et certaines phrases propres aux sujets
• puisse nommer des lettres et connaisse la plupart des sons correspondants
• imite et copie des modèles de syntagmes ou de phrases
• ait un plus grand vocabulaire de mots mémorisés de façon globale
• commence à écrire de courtes phrases de façon autonome
• utilise quelques conventions d’écriture, telles que les lettres majuscules et les points
Niveau 3 À ce niveau de maitrise de la langue, il est possible que l’élève :
• se sente suffisamment sûr de lui pour engager des conversations avec ses pairs
• commence à être ami avec d’autres élèves
• communique suffisamment bien dans la classe
• réponde à des questions de fond en utilisant des phrases simples
• utilise le vocabulaire de la vie courante avec facilité
• ait un plus grand vocabulaire propre aux sujets
• tente d’utiliser des synonymes et des antonymes*
• écrive des phrases simples avec peu d’erreurs
• essaie de formuler des phrases plus longues et de composer des paragraphes de base*
• commence à écrire à des fins scolaires*
• améliore son utilisation des conventions d’écriture
• soit plus à l’aise pour élargir son cercle d’amis au-delà des pairs qui parlent la même langue
• comprenne la plupart des conversations sociales sans appui
* Caractéristiques des élèves en âge d’aller à l’école secondaire de premier cycle ou de deuxième cycle.
Partie 2 Chapitre 9 : Le contexte particulier de l’anglais langue seconde et de la francisation
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Des seuils-repères pour l’anglais langue seconde (ALS)
Alberta Education a établi des seuils-repères pour les cours d’anglais langue seconde. Les normes offrent ce qui suit :
• Le fondement pour développer une compréhension commune des niveaux de maitrise de l’anglais et des besoins en matière de programme d’enseignement de l’ALS à travers la province.
• Des descriptions des compétences en anglais que les élèves démontrent généralement à chacun des cinq niveaux de compétence : maternelle, niveaux 1 à 3, niveaux 4 à 6, niveaux 7 à 9 et niveaux 10 à 12.
Niveau 4 À ce niveau de maitrise de la langue, il est possible que l’élève :
• ajuste le niveau de langue en fonction du contexte de communication
• soit plus à l’aise pour élargir son cercle d’amis au-delà des pairs qui parlent la même langue
• comprenne la plupart des conversations sociales sans appui
• comprenne la plupart des termes du langage scolaire avec un peu d’appui
• contribue à la production d’information se rapportant à divers sujets
• réponde à des questions hypothétiques
• utilise un vocabulaire propre au sujet dans son contexte
• utilise un vocabulaire spécialisé associé à la matière*
• écrive divers textes de façon autonome*
• expérimente avec les divers styles de phrases pour développer une voix et un style personnels*
• utilise les conventions de façon plus précise
Niveau 5 À ce niveau de maitrise de la langue, il est possible que l’élève :
• soit sûr de lui et ait les compétences requises au moment de communiquer avec les enseignants et ses pairs
• utilise la langue pour défendre ses intérêts
• utilise la langue avec assurance et facilité à des fins scolaires et pour résoudre des problèmes
• passe avec aisance de sa langue maternelle à l’autre langue, et l’inverse
• parle avec aisance, ce qui pourrait avoir être influencé par sa langue maternelle
• puisse transférer un vocabulaire propre à un sujet à divers contextes*
• comprenne l’humour et le langage figuré*
• écrive divers textes bien préparés et unifiés*
• varie la structure des phrases et utilise des phrases complexes pour en venir à des fins variées*
• trouve sa voix et son style en écriture*
• utilise les conventions de manière uniforme et avec peu d’erreurs
• sélectionne des mots précis pour en venir à ses fins
* Caractéristiques des élèves en âge d’aller à l’école secondaire de premier cycle ou de deuxième cycle.
Faire une différence |Répondre aux différents besoins en matière d’apprentissage à l’aide de la différenciation pédagogique
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Les normes aident les enseignants comme suit :
• à appuyer la détermination initiale des niveaux de compétence linguistique;
• à orienter le développement de programmes appropriés destinés aux élèves apprenant l’anglais (ALS);
• à superviser et à suivre le progrès relativement à l’apprentissage de la langue, et à en faire rapport;
• à planifier l’enseignement de la langue dans le cadre de situations quotidiennes en classe;
• à communiquer avec les élèves et les parents au sujet de l’acquisition linguistique et à fixer des objectifs d’apprentissage linguistique appropriés.
Pour obtenir de plus amples renseignements, de même que des stratégies sur la façon d’enseigner aux élèves apprenant l’anglais, consultez les documents suivants :
• English as a Second Language : Guide to Implementation, Kindergarten to Grade 9, 2007, http://education.alberta.ca/media/507659/English languagekto9gi.pdf; (Ce document propose entre autres des exemples d’organisateurs graphiques à utiliser avec les élèves apprenant l’anglais.)
• Chapitre 6, Language and Culture Nine-year Program Guides to
Implementation for Grades 4, 5 and 6; p. ex., Spanish Language and Culture Nine-year Program Guide to Implementation, Grades 4–6, 2008,
http://education.alberta.ca/teachers/program/interlang/spanish/spanlc4to6.aspx.
Le contexte de la francisation dans les écoles francophones
Afin de pouvoir participer pleinement à la vie scolaire, l’élève francophone en milieu minoritaire peut avoir besoin d’un soutien particulier en ce qui concerne le développement de son identité culturelle et de l’apprentissage de la langue d’enseignement.
Lorsque l’on parle de francisation, il est bien important de saisir que la langue est plus qu’un simple moyen de communication. Elle fait partie intégrante de l’identité et de la culture de ceux qui la parlent.1
1. Le programme de la prématernelle francophone en Alberta, Fédération des parents francophones de l’Alberta, page 23
Partie 2 Chapitre 9 : Le contexte particulier de l’anglais langue seconde et de la francisation
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La langue contextualisée et la langue décontextualisée
La langue contextualisée La langue décontextualisée Communication informelle entre locuteurs
(élèves – élèves ou élèves – adultes) Langue d’apprentissage scolaire. Langue d’enseignement.
• Le sens du message est négocié en deman-dant de la rétroaction ou des précisions.
• Le contexte fournit de nombreux indices situationnels et interpersonnels pour favoriser la compréhension.
• Offre surtout des indices linguistiques.
• La compréhension du sens dépend presque uniquement de la connaissance de la langue.
Se développe généralement en deux à trois ans. Se développe plutôt en cinq à sept ans.
Au début de leur apprentissage de la langue française, les élèves profiteront d’un programme de francisation misant sur la langue contextualisée. À cet effet, le Conseil des ministres de l’Éducation du Canada2 offre une trousse de formation en francisation qui suggère des outils d’accompagnement pour les intervenants en francisation. La trousse propose un continuum du développement de connaissances, d’attitudes et d’habiletés pour la compréhension et l’expression orales. Le continuum s’échelonne sur six phases allant de l’éveil à l’extension en passant par la phase de développement.
L’élève qui commence son apprentissage de la langue contextualisée profitera d’un emploi simplifié de la langue. Par contre, à long terme, l’utilisation d’un langage simplifié peut être un obstacle au cheminement de l’élève qui doit s’approprier le langage décontextualisé de l’enseignement. Les élèves profiteront davantage de l’enseignement explicite des stratégies de compréhension de lecture et de l’oral. La section Stratégies et approches pédagogique favorisant le développement de la langue du présent chapitre propose plusieurs stratégies qui peuvent être utiles afin d’accompagner l’élève dans son cheminement vers un langage plus décontextualisé.
La construction identitaire
L’élève possède une identité qui lui est propre et qui se définit selon ses gouts, ses habitudes, ses manières d’être et ses intérêts. En contexte minoritaire, il est souhaitable de favoriser le plein potentiel de développement de l’élève pour qu’il puisse à son tour devenir un acteur dans l’essor de sa communauté.3 La construction identitaire ne peut pas être dissociée de la langue. L’actualisation de la langue et de la culture est un processus interactif de développement des dimensions intrapersonnelle, interpersonnelle et sociale. Afin de promouvoir cette actualisation, les enseignants et les directions d’école doivent s’assurer que la culture francophone du milieu est valorisée. Lorsqu’on met une variété d’activités et de produits artistiques et culturels à la disposition des élèves, on aide à construire leur identité en tant que francophones en milieu minoritaire. En
2. http://204.225.6.243/else/francisation/cd-rom/
3. La pédagogie en milieu minoritaire francophone : une recension des écrits, Marianne Cormier, étude réalisée pour l’Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques, octobre 2005.
Faire une différence |Répondre aux différents besoins en matière d’apprentissage à l’aide de la différenciation pédagogique
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Alberta, une liste d’activités artistique et culturelles pour les écoles se trouve dans le site Web suivant : http://www.accentalberta.ca.
Vous trouverez aussi une variété d’idées dans les sites Web suivants :
• http://www.passeurculturel.ca
• http://www.acelf.ca/bap
• http://www.pedagogieculturelle.ca
• http://www.geniearts.ca/fre
• http://www.apla.ca