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Profil du cyberharceleur

1.4 Rôles et profils

1.4.1 Profil du cyberharceleur

En ce qui concerne l’âge du cyberharceleur, une étude de Ybarra et

Mitchell (2004 : 1312) a fait apparaître que les élèves plus âgés (+ de 15 ans) interviennent plus souvent comme agresseurs sur Internet que les jeunes élèves (10-14 ans). Ces résultats sont à comparer avec ceux d’autres études (Vandebosch e.a., 2006a : 134) qui expliquent que le cyberharcèlement se manifeste plus souvent dans l'enseignement secondaire que dans l'enseignement primaire.

Une étude internationale indique que 17,6 % des élèves de l’enseignement secondaire inférieur ont été victimes du cyberharcèlement et que cette proportion retombe à 3,3 % des élèves dans l’enseignement secondaire supérieur (Slonje et Smith, 2007 : 4).

En ce qui concerne le sexe du cyberharceleur, une étude étrangère (Li,

2006 : 165 ; Slonje et Smith, 2007 : 5) montre clairement que les garçons sont généralement plus souvent les auteurs de cyberharcèlement que les filles : respectivement 22,3 % des garçons et 11,6 % des filles ont un jour été activement engagés dans le cyberharcèlement. Ce résultat est confirmé dans une enquête belge (Vandebosch e.a., 2006a : 145). Il s'avère ainsi par exemple qu'environ la moitié (46,2 %) des garçons admet avoir commis au moins une forme de harcèlement par Internet ou GSM contre un tiers des filles (31,9 %) (Walrave e.a., 2008b).

En ce qui concerne l’orientation scolaire du cyberharceleur, on

remarque que les élèves de l'enseignement général doivent moins faire

12 Une étude dans ce domaine s’impose. Comme mentionné plus loin dans cette étude, les participants peuvent jouer un rôle important dans la lutte efficace contre le cyberharcèlement.

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face au cyberharcèlement que les jeunes des autres orientations scolaires (Vandebosch e.a., 2006a : 135). Ils sont moins souvent impliqués comme auteur que les élèves des sections professionnelles et techniques. L’étude dans les deux communautés a permis de constater que le problème du cyberharcèlement se présentait dans les différentes sections d’étude mais que significativement plus d’élèves des formations techniques et professionnelles de la Communauté française déclaraient qu'ils avaient été la cible d’au moins une forme de cyberharcèlement (Walrave e.a., 2008b). Si nous nous penchons sur la composante sociale du cyberharceleur, il apparaît que la majorité des harceleurs en ligne ont une image positive d'eux-mêmes et estiment qu'ils ont une grande popularité (Vandebosch e.a., 2006 a : 144).

De plus, les cyberharceleurs montrent également d’autres formes de

comportement problématique. On note un intérêt faible pour le travail

scolaire et des symptômes de dépression. La proportion de consommateurs de boissons alcoolisées parmi les cyberharceleurs est trois fois plus élevée que dans la population des élèves qui ne se livrent pas à des pratiques de cyberharcèlement (28,4 % contre 8,7 %). Nous voyons également que parmi les cyberharceleurs, les fumeurs sont plus nombreux (17,6 % contre 6,8 %). Il est important de mentionner en outre que les cyberharceleurs partagent un lien émotionnel faible avec leurs parents (Ybarra et Mitchell, 2004 : 1312).

Dans leur utilisation d’Internet, nous constatons que les

cyberharceleurs sont généralement peu contrôlés par leurs parents (Vandebosch e.a., 2006: 144). Dans une étude américaine, 54 % des auteurs admettent ne devoir jamais, ou rarement, justifier leur utilisation des TIC (Ybarra et Mitchell, 2004 : 1312). Les cyberharceleurs font un usage très intensif d’Internet et se targuent d’une grande compétence TIC.

40 Environ 30,1 % des auteurs d’actes de cyberharcèlement admettent qu’Internet est très important dans leur vie. Seulement 17,7 % des élèves qui n’ont jamais été victimes de harcèlement accordent à Internet la même importance (Ybarra et Mitchell, 2004 : 1312). Des liens significatifs entre l’importance d’Internet pour les adolescents, la fréquence de son utilisation et la confrontation avec le cyberharcèlement sont également constatés en Belgique. Tant les auteurs que les victimes affichent une grande dépendance à Internet13 et passent en moyenne plus de temps en ligne que les adolescents qui n’ont jamais été confrontés au cyberharcèlement. On détermine également un lien entre la compétence

(rapportée14) TIC et l’acte du cyberharcèlement. Chez les adolescents qui

ont des compétences de base, trois sur dix (30 %) indiquent avoir commis au moins une forme de cyberharcèlement, alors que chez les adolescents plus performants, ce chiffre atteint 4 sur 10 (43,2 %) et chez les adolescents qui présentent une grande compétence TIC, on arrive à des chiffres de 6 sur 10 (57,2 %) (Walrave e.a., 2008b). Les jeunes qui sont très actifs dans des pratiques déviantes sur Internet téléphonent beaucoup plus avec leur GSM et envoient souvent plus de messages. Les auteurs d’actes de cyberharcèlement présentent souvent des comportements à risque sur Internet et ne se gênent pas pour y mettre des informations personnelles (Vandebosch e.a, 2006a : 138). Les cyberharceleurs ont également plus accès à Internet à partir d’un espace privé (comme leur propre bureau ou chambre) qu’à partir d’un espace commun (comme la salle de séjour, le bureau des parents et autres).

13 La dépendance à Internet a été mesurée en proposant à des adolescents sept positions sur l'importance d'Internet dans leur vie journalière (et si la liaison en ligne leur manquerait). La mesure dans laquelle les répondants marquaient (ne marquaient pas) leur accord avec les positions formait un résultat sur une échelle.

14 Les répondants devaient signaler quelles étaient leurs compétences TIC dans une liste de 15 (par ex. Je sais chercher des informations sur Internet, je sais installer un programme sur l'ordinateur, je sais faire un site Web). Trois niveaux de compétence étaient alors séparés pour être utilisés dans des analyses ultérieures.

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Il s’avère que ceux qui utilisent Internet au départ d’un espace privé sont 45 % à commettre une forme de cyberharcèlement, contre 34,9 % des adolescents qui ne peuvent utiliser l'ordinateur que dans une zone familiale (Walrave e.a., 2008b).

Dans la littérature scientifique, on peut constater qu’il existe un lien étroit entre les rôles adoptés dans le harcèlement classique et le cyberharcèlement (Li, 2006 : 160). Les caractéristiques du harcèlement

qui sont les plus importantes en vue d’expliquer le cyberharcèlement sont les suivantes (Li, 2007 : 435):

• Les harceleurs classiques comparés au non-harceleurs ont plus de risques de devenir un jour cyberharceleur.

• Selon Ybarra et Mitchell (2004 : 1313) 49 % des

cyberharceleurs ont déjà été victime d’un harcèlement hors ligne. Ce résultat s’inscrit dans l’hypothèse de la ‘Revenge of the nerd’. Selon cette hypothèse, les jeunes qui sont harcelés hors ligne, utilisent Internet pour se venger à un autre niveau, dans le monde virtuel. Internet est de ce fait utilisé comme moyen pour compenser le dommage subi suite au harcèlement classique.

• Les cyberharceleurs risquent également plus de devenir des victimes d’actes de cyberharcèlement. Une explication possible réside dans le fait que toutes les victimes ne restent pas nécéssairement sans réaction et que certaines d’entre elles adopteront un comportement de harcèlement en réaction (Vandebosch e.a., 2006a : 146). Cette situation indique l’existence de réactions en chaîne dans lesquelles les auteurs deviennent les victimes et les victimes deviennent des auteurs, ce qui peut finalement aboutir à l’émergence d’une ‘culture du cyberharcèlement’ à l'école.

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