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La production de viande porcine dans les Etats membres de l’UE

comparaison européenne et un focus sur la France

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1.5.1 Les productions animales dans les Etats membres de l’UE et leur localisation

1.5.1.4 La production de viande porcine dans les Etats membres de l’UE

La production porcine de l’UE représente 22,1 millions de tec en 2014, soit la deuxième place mondiale loin derrière la Chine (56,7 millions de tec), mais nettement devant les Etats-Unis (10,3 millions de tec), le Brésil (3,3 millions de tec), la Russie (2,5 millions de tec) et le Canada (1,8 million de tec). D’après les statistiques de 2014 portant non pas sur la production (tableau 1.5.2) mais sur les abattages (248 millions de porcs ont été abattus dans l’UE), l’Allemagne occupe la première position européenne (23,6%) devant l’Espagne (17,3%), la France (9,5%), la Pologne (8,2%), le Danemark (7,5%) et les Pays-Bas (5,8%).

La production porcine européenne est fortement concentrée dans quelques « bassins » tels que le nord-ouest de l’Allemagne (32% des porcs allemands sont en Basse-Saxe et 25% en Rhénanie du Nord-Westphalie), le nord- est de l’Espagne (27% des porcs nationaux sont en Catalogne et 24% en Aragon), la Bretagne (56% des porcs français), le sud-est des Pays-Bas (47% des porcs sont dans le Brabant du Nord et 15% dans le Limbourg) et la Lombardie (47% des porcs italiens).

Si la production porcine a légèrement augmenté dans l’UE au cours de la dernière décennie (+1,5% entre 2004 et 2014), le cheptel de truies a, quant à lui, baissé en raison de l’amélioration des performances zootechniques individuelles. Cette évolution de la production européenne masque des mouvements assez contrastés selon les Etats membres, avec globalement un renforcement de la concentration de l’offre au bénéfice des leaders historiques. Ainsi, les deux premiers pays ont nettement amélioré leur position (+27% de production porcine en Allemagne et +17% en Espagne depuis 2004). La production de viande porcine (2,2 millions de tec en 2014) a, en revanche, légèrement baissé en France (-4%) sous l’influence d’une légère baisse de la consommation intérieure et d’importations accentuées en provenance de l’Espagne et de l’Allemagne. Le recul productif est encore plus net dans la plupart des pays de l’Europe Centrale et Orientale.

104 Figure 1.5.3. La densité d’UGB porcs au KM2 en 2010

Source : Eurostat - Traitement RMT Economie des filières animales – INRA Productions Animales, vol 28 (1)

La croissance très soutenue de la production porcine germanique sur la dernière décennie s’est appuyée sur des importations de porcelets, massives et en forte augmentation (environ 10 millions de têtes en 2014, six fois plus qu’en 2000), en provenance des Pays-Bas et du Danemark principalement. Le déficit en porcelets s’est creusé avec les investissements massifs dans l’engraissement et l’abattage des porcs dans le nord-ouest du pays. Les abattages ont plus augmenté que la production sous l’effet d’importations de porcs charcutiers. L’Allemagne abat environ 22% de porcs en plus qu’elle n’en produit, un phénomène en expansion, alors que le Danemark et les Pays-Bas n’ont abattu que 65% et 56% respectivement des porcs qu’ils ont fait naître (la France et l’Espagne abattent à peu près autant de porcs qu’elles en produisent). L’Allemagne est la principale destination des porcelets danois et néerlandais, avec 70% et 60% des flux respectivement.

Ainsi, au cours des dix dernières années, l’Allemagne, les Pays-Bas et le Danemark ont constitué un bassin de production unique avec une spécialisation régionale des activités et des flux transfrontaliers importants d’animaux vivants. Dans un marché libéral, cette « coopération » reflète d’abord les différences de rentabilité des activités entre pays. L’industrie de l’abattage-découpe allemande tire un profit décisif de l’emploi d’une main-d’œuvre très bon marché issue d’Europe de l’est et de l’exploitation d’économies d’échelle. La taille moyenne des outils industriels d’abattage, évaluée à partir du nombre de porcs abattus dans les trois plus gros sites de chaque pays, est beaucoup plus grande en Allemagne, au Danemark voire aux Pays-Bas qu’en France. Ceci a permis aux abatteurs allemands de mieux payer les porcs aux éleveurs et de conquérir des marchés à l’export. En outre, l’Allemagne bénéficie d’une consommation intérieure soutenue en viande porcine, d’une position géographique privilégiée au cœur de l’Europe, de disponibilités foncières, d’une règlementation environnementale moins contraignante et d’une société jusqu’à peu moins regardante sur les extensions d’élevage. A l’opposé, l’export en vif du Danemark et des Pays-Bas traduit moins un choix stratégique qu’un durcissement des contraintes environnementales, qui pénalise lourdement l’engraissement.

105 La production européenne de volailles s’élève à 13,6 millions de tec en 2014, soit 12% de la production mondiale. Elle est nettement inférieure à celle des Etats-Unis (20,3 millions de tec) et de la Chine (17,5 millions de tonnes), mais voisine de celle du Brésil (13 millions de tec). A l’échelle mondiale, la croissance attendue de la production de viande de volailles est rapide (environ +2,5% par an d’ici 2024 d’après la FAO et l’OCDE) ; cette viande deviendra d’ailleurs prochainement la première viande produite dans le monde, devant la viande porcine.

La production européenne de volailles, qui est en croissance du fait de la hausse de la consommation et d’une légère augmentation du solde commercial (du moins en volume), est géographiquement concentrée (figure 1.5.4). La France occupe, en 2014, la première position avec 1,82 million de tec, juste devant l’Allemagne (1,76 million de tec), la Pologne (1,75 million de tec, ce pays deviendra leader dès 2015), le Royaume-Uni (1,67 million de tec), l’Espagne (1,43 million de tec), l’Italie (1,24 million de tec) et les Pays-Bas (1,02 million de tec).

Figure 1.5.4. La densité d’UGB volailles au KM2 en 2010

Source : Eurostat - Traitement RMT Economie des filières animales – INRA Productions Animales, vol 28 (1)

La production avicole française est fortement concentrée dans les régions du Grand-Ouest, tout particulièrement en Bretagne (près du tiers de la production) où la filière du poulet dite du « grand export » est plus développée que dans d’autres régions françaises où les volailles sous signes de qualité sont proportionnellement plus fréquentes. Depuis 2000, et contrairement à plusieurs autres pays européens, la production française a baissé de l’ordre de 20%. La densité moyenne de volailles au km2 a donc baissé dans la plupart des régions françaises,

mais surtout en Bretagne. Ce recul, qui s’inscrit dans un contexte de croissance de la consommation intérieure, s’explique essentiellement par une perte de compétitivité de la France par rapport aux principaux concurrents.

106 En Allemagne, la production a pratiquement doublé depuis 2000. Elle se concentre surtout dans l’ouest et notamment en Basse-Saxe (près de la moitié de la production nationale). Aux Pays-Bas, le Brabant du Nord est la région historique de production mais la croissance s’opère désormais un peu plus au nord, à proximité de la Basse-Saxe. En Belgique, les Flandres réalisent près de 80% de la production nationale. Dans ces trois pays, les opérateurs des filières ont massivement investi dans les élevages et les outils industriels, massifié et standardisé la production pour favoriser les économies d’échelle. Les flux de volailles vivantes sont rares sauf entre ces trois pays (et le nord de la France) du fait d’opérateurs industriels présents dans les trois pays. Des poulets élevés en Belgique et en Allemagne sont abattus aux Pays-Bas, en surcapacité d’abattage, alors que des dindes produites aux Pays-Bas sont abattues en Allemagne. La grande majorité des poulets élevés dans le nord de la France sont abattus en Belgique et toutes les dindes de la région sont abattues en Allemagne.

Au Royaume-Uni, la production avicole, dense surtout au sud-est de l’Angleterre, est restée globalement assez stable au cours de la dernière décennie. C’est également le cas en Espagne où la production est surtout présente dans le nord-est du pays.

En Pologne, la production a triplé depuis 2000 pour atteindre un niveau supérieur à celui de la France en 2015. La forte croissance de la production de viande de volailles a été mise au profit d’un développement conséquent des exportations, y compris vers les pays tiers. Les investissements français (LDC, Drosed et Drop) et allemands (Wiesenhof, Drobimex) dans ce pays ont également contribué au développement de la production polonaise et à la croissance de ses exportations. La filière avicole polonaise se caractérise par un très faible niveau d’importations au prorata de la consommation domestique. En raison de sa compétitivité « prix » et de sa proximité géographique des nouveaux Etats membres de l’UE, ce pays connait la plus forte progression européenne en termes de balance commerciale.