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Y a-t-il un lien entre taille et performance ?

UGB mesure le nombre d’UGB de l’espèce i dans le territoire r pour chaque pays tandis que

1.7.5 Y a-t-il un lien entre taille et performance ?

Bien qu‘une analyse plus approfondie s’avérerait nécessaire pour répondre à cette question, une approche économétrique simple à l’échelle régionale permet de dégager quelques pistes de réflexion à valeur uniquement descriptive et non causale ou normative sur le lien statistique entre taille et performance.

Le tableau 1.7.5 présente ainsi les résultats de régressions multivariées à l’échelle des régions FADN dans lesquelles chacun des sept critères de performance a été régressé sur quatre des variables de taille, la surface agricole utile en hectares, le cheptel en UGB, le capital d’exploitation en milliers d’Euros et la main d’œuvre totale en UTA. Dans ces régressions, on a tenu compte du fait que la relation entre taille et performance peut varier d’une spécialisation à l’autre en introduisant, d’une part, des variables indicatrices des cinq OTEX considérées et,

155 pays ont permis de contrôler pour le fait que la performance peut dépendre de facteurs spécifiques aux États Membres, autres que la taille des élevages. Enfin, les données traitées étant des moyennes par exploitation pour chaque région et chaque OTEX, chacune des observations a été pondérée par le nombre d’exploitations relevant du couple « région x OTEX » correspondant. A partir des 448 couples « région x OTEX », on obtient ainsi l’équivalent de 2 576 250 observations.

Les résultats figurés au tableau 1.7.5 sont les élasticités calculées à partir des coefficients effectivement estimés qui sont, eux, présentés à l’annexe 1.10. Pour les variables de taille, ces élasticités expriment de combien de pourcent changerait l’indicateur de performance si la variable de taille considérée variait de 1% toutes choses égales par ailleurs. Raisonner ainsi en élasticité et non en niveau des variables permet de comparer directement entre eux les variables de taille et les indicateurs de performance bien que ceux-ci soient mesurés dans des unités différentes. Pour chaque variable de taille, l’élasticité globale, toutes exploitations d’élevage confondues, est présentée en premier, puis sont détaillées les élasticités spécifiques à chacune des OTEX. Ainsi, par exemple, l’élasticité figurant à la première ligne et à la première colonne du tableau indique que l’indicateur d’efficacité (consommations intermédiaires sur PAT) diminuerait de 0,064% si la SAU de toutes les exploitations observées augmentait de 1%. Pour les effets fixes pays, l’élasticité évalue de combien de pourcent changerait l’indicateur de performance si toutes les observations correspondant à l’État Membre ayant servi de référence, ici la France, étaient remplacées par des observations du pays considéré, là encore toutes choses égales par ailleurs. Ainsi, par exemple, l’indicateur d’efficacité diminuerait de 0.048% si toutes les observations françaises étaient remplacées par des observations belges.

Le pouvoir explicatif des sept modèles est satisfaisant, les coefficients de détermination (R²) étant au minimum de 0.70 et atteignant même 0.95 ou plus pour les deux critères de productivité apparente des facteurs (PAT par UTA totale et PAT par hectare) et le critère de rentabilité (EBE par UTA non salariée). En outre, les élasticités sont toutes significatives au seuil de 1% ce qui indique que les relations mises en évidence entre tailles et performances, qu’elles soient négatives ou positives, sont toutes statistiquement différentes de zéro.

La première constatation est qu’aucune variable de taille ne montre de relation univoque avec la performance : si des élasticités positives sont mises en évidence pour toutes les variables de taille, toutes présentent également des élasticités négatives avec au moins un critère de performance. De ce point de vue, c’est la taille du cheptel qui se révèle la plus systématiquement corrélée positivement avec la performance : toutes choses égales par ailleurs, avoir plus d’animaux va de pair avec une amélioration de la productivité et la rentabilité, une diminution du coût du capital par rapport à l’EBE et du poids des dettes par rapport à la PAT, ainsi que de la dépendance aux aides ; seul le poids des consommations intermédiaires dans la PAT augmente avec le nombre d’animaux, signe d’une dégradation de l’efficacité. Une augmentation du niveau de la main d’œuvre, toutes choses égales par ailleurs, est associée à une amélioration de cinq critères de performance sur les sept considérés, les deux seules relations négatives soulignant en fait la décroissance marginale de la productivité et de la rentabilité apparentes du travail. Taille en hectares et niveau de capital d’exploitation montrent tous les deux une relation positive pour trois critères et une relation négative pour deux critères, mais selon des profils différents. Toutes choses égales par ailleurs, avoir une plus grande surface s’accompagne d’une meilleure efficacité, d’une plus grande productivité du travail et d’un coût du capital plus favorable, mais d’une productivité de la terre, d’une capacité à rembourser ses dettes et d’une autonomie par rapport aux aides plus faibles. La productivité marginale décroissante de la terre ainsi constatée tendrait à prouver que l’agrandissement est réalisé le plus souvent sur des « moins bonnes terres », soit qu’elles soient de moins bonne qualité, soit qu’elles soient trop éloignées et/ou conduisent à une augmentation du morcellement parcellaire. Quant au niveau du capital d’exploitation, il présente des associations similaires mais dans des proportions en général plus fortes que celles de la taille en hectares, en positif sur la productivité du travail et la rentabilité et en négatif sur l’endettement, et des associations opposées sur les autres critères de performance (efficacité, productivité de la terre, coût du capital et dépendance aux aides).

Réciproquement, aucun critère de performance n’est corrélé de façon systématiquement positive ou négative avec les variables de taille. Parmi les critères de performance corrélés positivement avec trois critères de taille sur quatre, on constate que : productivité du travail et rentabilité présentent des profils similaires, d’autant meilleures que la superficie, le cheptel et le capital disponibles sont importants mais d’autant moins bonnes que le niveau de main d’œuvre est élevé ; productivité de la terre et dépendance aux aides vont de pair avec un cheptel, un capital et une main d’œuvre plus importants mais une superficie plus faible ; le coût du capital

156 relativement à l’EBE est lié positivement à la superficie, au cheptel et à la main d’œuvre, mais négativement au capital. Pour sa part, l’endettement présente des relations positives avec deux des quatre variables de taille, cheptel et main d’œuvre, mais négatives avec les deux autres, superficie et capital. Enfin, l’efficacité des consommations intermédiaires n’augmente qu’avec la surface, diminuant avec les trois autres variables de taille (cheptel, capital, travail).

Les effets liés aux pays sont moins systématiques et plus contrastés. Relativement à la France, pays de référence dans les régressions, on notera simplement les situations : d’une part, nettement plus favorable du Danemark en matière de productivité des facteurs et de rentabilité ; d’autre part, nettement plus défavorable de la Pologne sur à peu près tous les critères ; enfin, nettement plus favorable de l’Italie sur les critères relevant de l’endettement et de la dépendance aux aides.

Au-delà de ces constats, il est nécessaire de rappeler que les analyses précédentes n’ont qu’une portée descriptive et qu’il convient de se garder d’en tirer des enseignements de nature causale en matière, notamment, d’économies d’échelle dans les processus de production. Seule une analyse économétrique plus approfondie permettrait d’étudier de façon rigoureuse et robuste les facteurs déterminants des relations mises en évidence ici et leur sens causal ou non. Ainsi, par exemple, un changement de taille s’accompagne souvent d’un changement de technologie ou de qualité des produits dont il conviendrait de tenir compte. De même, la position dans le cycle de vie et les possibles effets de cohorte seraient à contrôler, tant, par exemple, l’endettement plus faible des exploitations plus petites en surface peut être dû au fait que celles-ci sont détenues par des exploitants plus âgés et ayant eu plus de temps pour amortir leurs investissements. Il semble en tous cas que le lien entre taille et performance, pour significatif qu’il soit, ne soit ni général ni univoque. Dégager un ou quelques « modèles » de structure est donc une affaire de compromis.

157 SAU (hectares) -0,064 (0,000)*** 0,115 (0,000)*** -0,889 (0,000)*** 0,248 (0,000)*** -0,256 (0,001)*** 0,513 (0,003)*** 0,479 (0,001)*** Bovins lait -0,071 (0,000)*** 0,061 (0,001)*** -0,942 (0,001)*** 0,179 (0,001)*** -0,092 (0,001)*** 1,224 (0,006)*** 0,443 (0,001)*** Bovins viande -0,052 (0,000)*** 0,033 (0,001)*** -0,968 (0,001)*** 0,117 (0,001)*** -0,177 (0,001)*** 0,473 (0,007)*** 0,425 (0,001)*** Ovins et caprins -0,065 (0,000)*** 0,065 (0,000)*** -0,936 (0,000)*** 0,159 (0,001)*** -0,231 (0,001)*** -0,307 (0,005)*** 0,481 (0,001)*** Granivores -0,022 (0,000)*** 0,112 (0,000)*** -0,888 (0,000)*** 0,183 (0,001)*** -0,166 (0,001)*** 0,062 (0,005)*** 0,686 (0,001)*** Mixtes -0,070 (0,000)*** 0,194 (0,000)*** -0,813 (0,000)*** 0,376 (0,001)*** -0,400 (0,001)*** 0,506 (0,005)*** 0,486 (0,001)*** Cheptel (UGB) 0,152 (0,000)*** 0,576 (0,000)*** 0,585 (0,000)*** 0,358 (0,001)*** -0,253 (0,001)*** -0,624 (0,004)*** -0,359 (0,001)*** Bovins lait 0,228 (0,000)*** 0,688 (0,001)*** 0,691 (0,001)*** 0,407 (0,001)*** -0,408 (0,001)*** -1,762 (0,007)*** -0,366 (0,001)*** Bovins viande 0,185 (0,001)*** 0,575 (0,001)*** 0,577 (0,001)*** 0,355 (0,001)*** -0,330 (0,002)*** -0,382 (0,008)*** -0,142 (0,001)*** Ovins et caprins 0,168 (0,001)*** 0,577 (0,001)*** 0,578 (0,001)*** 0,442 (0,001)*** -0,397 (0,002)*** -0,127 (0,009)*** -0,271 (0,001)*** Granivores 0,099 (0,001)*** 0,485 (0,001)*** 0,486 (0,001)*** 0,386 (0,001)*** -0,199 (0,002)*** -0,229 (0,008)*** -0,860 (0,001)*** Mixtes 0,100 (0,000)*** 0,527 (0,001)*** 0,544 (0,001)*** 0,295 (0,001)*** -0,089 (0,001)*** -0,309 (0,006)*** -0,388 (0,001)*** Cap. d'ex. (1 000 €) 0,035 (0,000)*** 0,235 (0,000)*** 0,228 (0,000)*** 0,264 (0,001)*** 0,743 (0,001)*** 2,030 (0,005)*** -0,079 (0,001)*** Bovins lait -0,013 (0,000)*** 0,228 (0,001)*** 0,227 (0,001)*** 0,297 (0,001)*** 0,715 (0,001)*** 2,256 (0,007)*** -0,106 (0,001)*** Bovins viande -0,006 (0,000)*** 0,321 (0,001)*** 0,319 (0,001)*** 0,399 (0,001)*** 0,754 (0,001)*** 1,779 (0,007)*** -0,199 (0,001)*** Ovins et caprins 0,082 (0,000)*** 0,303 (0,001)*** 0,301 (0,001)*** 0,271 (0,001)*** 1,062 (0,001)*** 3,371 (0,006)*** -0,091 (0,001)*** Granivores 0,044 (0,001)*** 0,275 (0,001)*** 0,273 (0,001)*** 0,210 (0,001)*** 0,479 (0,002)*** 0,798 (0,010)*** -0,068 (0,002)*** Mixtes 0,056 (0,000)*** 0,176 (0,001)*** 0,162 (0,001)*** 0,204 (0,001)*** 0,672 (0,001)*** 1,658 (0,006)*** -0,020 (0,001)***

Main d’œuvre (UTA) -0,161 (0,000)*** -0,787 (0,001)*** 0,222 (0,001)*** -0,360 (0,001)*** -0,522 (0,001)*** -1,924 (0,007)*** -0,292 (0,001)***

Bovins lait -0,101 (0,001)*** -0,827 (0,001)*** 0,172 (0,001)*** -0,395 (0,001)*** -0,375 (0,002)*** -0,551 (0,011)*** -0,335 (0,002)***

Bovins viande -0,179 (0,001)*** -0,809 (0,001)*** 0,193 (0,001)*** -0,540 (0,002)*** -0,584 (0,003)*** -0,934 (0,015)*** -0,441 (0,002)***

Ovins et caprins -0,383 (0,001)*** -0,832 (0,001)*** 0,170 (0,001)*** -0,440 (0,002)*** -1,470 (0,003)*** -5,668 (0,014)*** -0,169 (0,002)***

Granivores -0,075 (0,001)*** -0,694 (0,001)*** 0,306 (0,001)*** -0,141 (0,002)*** -0,126 (0,003)*** -1,967 (0,015)*** -0,211 (0,002)***

Mixtes -0,115 (0,001)*** -0,752 (0,001)*** 0,269 (0,001)*** -0,279 (0,001)*** -0,277 (0,002)*** -1,598 (0,009)*** -0,275 (0,001)***

Effets fixes pays (réf. : France)

Belgique -0,048 (0,001)*** 0,025 (0,001)*** 0,030 (0,001)*** 0,097 (0,002)*** -0,405 (0,002)*** 0,123 (0,012)*** 0,097 (0,002)*** Danemark -0,013 (0,001)*** 0,309 (0,001)*** 0,311 (0,001)*** 0,660 (0,002)*** -0,067 (0,003)*** 0,503 (0,016)*** -0,163 (0,003)*** Allemagne 0,083 (0,000)*** 0,189 (0,001)*** 0,190 (0,001)*** 0,235 (0,001)*** -0,165 (0,001)*** 0,085 (0,006)*** -0,077 (0,001)*** Irlande -0,042 (0,001)*** -0,212 (0,001)*** -0,211 (0,001)*** 0,008 (0,001)*** -0,549 (0,001)*** -0,150 (0,008)*** 0,220 (0,001)*** Italie -0,214 (0,000)*** 0,113 (0,001)*** 0,115 (0,001)*** 0,510 (0,001)*** -0,977 (0,001)*** -4,973 (0,007)*** -0,237 (0,001)*** Pays-Bas -0,078 (0,001)*** 0,253 (0,001)*** 0,257 (0,001)*** 0,419 (0,001)*** -0,390 (0,002)*** 0,406 (0,011)*** -0,091 (0,002)*** Pologne 0,157 (0,001)*** -0,344 (0,001)*** -0,342 (0,001)*** -0,324 (0,001)*** -0,370 (0,002)*** 1,025 (0,008)*** 0,156 (0,001)*** Espagne 0,037 (0,000)*** -0,169 (0,001)*** -0,170 (0,001)*** -0,021 (0,001)*** -1,091 (0,001)*** -0,497 (0,007)*** -0,248 (0,001)*** Royaume-Uni 0,054 (0,001)*** -0,063 (0,001)*** -0,063 (0,001)*** -0,069 (0,001)*** 0,129 (0,002)*** -0,043 (0,008)*** -0,186 (0,001)*** Régions x OTEX 448 448 448 448 448 448 448 Observations 2 576 250 2 576 250 2 576 250 2 576 250 2 576 250 2 576 250 2 576 250 R² ajusté 0,70 0,98 0,95 0,96 0,76 0,74 0,81

Note : seuls les effets fixes correspondant aux États Membres du « top-10 » sont présentés ; *** : significatif au seuil de 1% Source : DG Agri - FADN, 2012 – traitement INRA SMART-LERECO, Rennes

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