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4. Liaisons des L2 ! : étude longitudinale et comparaison avec les L1

4.1. La production induite par la tâche de dénomination d’images

4.1.1. La production des liaisons catégoriques

4.1.1.1. Résultats pour les séquences «!déterminant + nom!»

Le tableau 15 ci-dessous présente les résultats des apprenants coréens de FLE à la tâche de dénomination d’images et plus particulièrement les liaisons qu’ils ont réalisées dans le contexte

catégorique «!déterminant + nom!», c’est-à-dire après les M1 “un” et “trois”. Pour chacun des trois

temps longitudinaux sont indiqués!: le nombre total de liaisons catégoriques réalisées justes sur les

204 productions attendues moins les SR et les AE, ainsi que la moyenne globale des taux de réalisation de chaque sujet selon la formule (LCRJ / (12 - (SR+AE)) x 100), et son écart type. Les résultats sujet par sujet figurent en annexe 13.

Tableau 15!- Résultats des apprenants L2 en production de séquences comportant une liaison catégorique Nous remarquons que la moyenne des réalisations de LCRJ augmente régulièrement à chaque temps longitudinal, ce qui représente une hausse de 22,6% sur la période d’un an couverte par l’étude. Statistiquement, l’Anova révèle que la performance en LCRJ augmente significativement au

cours des temps longitudinaux (F(2,29)!= 9.445, p=0.001*). Nous avons également appliqué le test a

posteriori PLSD de Fisher pour observer plus précisément l’évolution entre les temps longitudinaux comparés deux à deux. Il montre que les augmentations sont significatives entre tous les temps

longitudinaux!: entre T1 et T2 p=0.046* et entre T2 et T3 p=0.021*. Ainsi, les apprenants de FLE

s’approprient la liaison catégorique au fur et à mesure de leur apprentissage du français.

Malgré cette croissance, nous observons une très forte variabilité inter-individuelle tout au long de l’étude (écart type de 30,9% à 36%). En effet, alors que 3 sujets atteignent le taux de 100% caractéristique de la compétence native adulte (C07, C10, C15), 3 autres n’en réalisent que 1/12,

soit 8,5% au T3 (C02, C11, C16) .62

TÂCHEDEDÉNOMINATIOND’IMAGES

Liaisons Catégoriques “réalisées justes” pour chaque sujet = LCRJ / (12 - (SR+AE)) x 100

17 Apprenants L2 T1 T2 T3

Nombre total 64/164 96/196 119/196

Moyenne globale 38,0!% 48,8!% 60,6!%

Ecart type 30,9!% 30,6!% 36,0!%

Pour compulser les résultats sujet par sujet, cf.!annexe 13 62

Parallèlement, le tableau 16 ci-dessous présente les LCRJ des 165 enfants francophones natifs. Pour

chacune des quatre tranches d’âge sont indiqués!: le nombre total de liaisons catégoriques réalisées

justes sur le total des productions attendues (respectivement 480, 528, 480 et 492) moins les SR et les AE, ainsi que la moyenne globale des taux de réalisation de chaque sujet selon la formule (LCRJ / (12 - (SR+AE)) x 100), et son écart type.

Tableau 16!- Résultats des enfants L1 en production de séquences comportant une liaison catégorique

Nous remarquons que la moyenne des réalisations de LCRJ augmente régulièrement lors des trois premières tranche d’âge mais que la croissance est très faible à la dernière tranche d’âge, sans que

les enfants aient pourtant atteint la compétence native adulte (TA4!: 76,5% vs quasiment 100% chez

les locuteurs L1 adultes). La hausse des LCRJ représente toutefois 25,5% sur l’ensemble des tranches d’âge couvertes par l’étude. Statistiquement, si l’Anova révèle que la performance en LCRJ

augmente significativement entre 2;4 et 6;3 ans (F(3,161)!= 8.77, p<0.001*), le test a posteriori PLSD

de Fisher montre que les augmentations ne sont significatives qu’entre les trois premières tranches

d’âge!: entre TA1 et TA2 p!= 0.042* et entre TA2 et TA3 p=0.024* mais pas entre les TA3 et TA4

p=0.776. Ces résultats font apparaître qu’après une période d’appropriation de la liaison catégorique,

celle-ci marque une pause entre 5;4 et 6;3 ans.

Nous observons par ailleurs une forte variabilité inter-individuelle au sein de chaque tranche d’âge (écart type de 22% à 26,8%). En effet, dès la première tranche d’âge, certains enfants réalisent 100% des liaisons catégoriques (TA1!: 3 sujets - TA2!: 7 - TA3!: 9 - TA4!: 15) tandis que d’autres en réalisent moins de 25% (TA1!: 10 sujets - TA2!: 2 - TA3!: 1 - TA4!: 3).

4.1.1.2. Résultats par M1!: “un” et “trois”

Le tableau 17 page suivante détaille les productions de LCRJ des apprenants coréens de FLE à la tâche de dénomination d’images selon les M1 “un” et “trois”. Pour chacun des trois temps longitudinaux sont indiqués!: le nombre total de liaisons catégoriques réalisées justes sur les 102

TÂCHEDEDÉNOMINATIOND’IMAGES

Liaisons Catégoriques “réalisées justes” pour chaque sujet = LCRJ / (12 - (SR+AE)) x 100

Nombre d’enfants L1 40 44 40 41

Age 2;4 - 3;3 3;4 - 4;3 4;4 - 5;3 5;4 - 6;3

Total 173/335 297/467 339/447 361/470

Moyenne 51,0!% 63,0!% 75,0!% 76,5!%

productions attendues par M1 moins les SR et les AE, ainsi que la moyenne globale des taux de réalisation de chaque sujet selon la formule (LCRJ / (6 - (SR+AE)) x 100), et son écart type.

Tableau 17!- Résultats des apprenants L2 en production de séquences impliquant les mots 1 “un” & “trois” Concernant la moyenne des LCRJ, elle augmente régulièrement à chaque temps longitudinal, après le M1 “un”, comme après le M1 “trois”. Sur la période d’un an couverte par l’étude, cette hausse respective de 19% et de 26,2% est confirmée par l’Anova qui révèle que la performance en LCRJ

augmente significativement au cours des temps longitudinaux pour le M1 “un” (F(2,27)!= 4.691,

p=0.022*) comme pour le M1 “trois” (F(2,26)!= 5.072, p=0.018*). Cependant le test a posteriori

PLSD de Fisher montre que l’augmentation n’est significative qu’entre les deux derniers temps

longitudinaux pour le M1 “un”!: entre T2 et T3 p=0.018* (vs entre T1 et T2 p=0.450) et non

significative pour le M1 “trois” (entre T1 et T2 p=0.083!; entre T2 et T3 p=0.117). Ces résultats

s’expliquent probablement en partie par une variabilité inter-individuelle un peu plus marquée après le M1 “un”. En effet, alors que 9 sujets atteignent le taux de 100% caractéristique de la compétence native adulte, 3 autres ne réalisent toujours aucune LCRJ après le M1 “un” au T3. En revanche, pour le M1 “trois”, seulement 4 sujets les réalisent toutes et 2 n’en réalisent aucune, ce qui indique qu’un

plus grand nombre de sujets sont proches de la moyenne globale. En d’autres termes, la progression

après le M1 “trois” n’est que globale sur l’ensemble de l’étude alors que le M1 “un” montre une progression sur une période plus courte. Les apprenants de FLE semblent alors s’approprier la liaison catégorique plus ou moins rapidement selon le M1 impliqué.

Parallèlement, le tableau 18 page suivante présente résultats des 165 enfants francophones natifs.

Pour chacune des quatre tranches d’âge sont indiqués!: le nombre total de liaisons catégoriques

réalisées justes sur le total des productions attendues par M1 (respectivement 240, 264, 240 et 236) moins les SR et les AE, ainsi que la moyenne globale des taux de réalisation de chaque sujet selon la formule (LCRJ / (6 - (SR+AE)) x 100), et son écart type.

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Liaisons Catégoriques “réalisées justes” pour chaque sujet = LCRJ / (6 - (SR+AE)) x 100

Apprenants

L2 T1 T2 T3

M1 Nombre (Ecart type)Moyenne Nombre (Ecart type)Moyenne Nombre (Ecart type)Moyenne

UN 41/82 48!% (43%) 53/98 53,7!% (36%) 66/98 67!% (42%)

Tableau 18!- Résultats des enfants L1 en production de séquences impliquant les mots 1 “un” & “trois”

Nous remarquons que la moyenne des LCRJ suit la même tendance après le M1 “un” qu’après le M1 “trois”. En effet, les LCRJ augmentent régulièrement lors des trois premières tranche d’âge mais la croissance est moins importante à la dernière, sans que les enfants aient atteint la compétence

native adulte (TA4!: 86,3% pour “un” et 66,7% pour “trois”). La hausse des LCRJ représente

toutefois 18,3% après le MI “un” et 36,3% après le M1 “trois” sur l’ensemble des tranches d’âge couvertes par l’étude. Statistiquement, l’Anova révèle que la performance en LCRJ augmente

significativement entre 2;4 et 6;3 ans pour le M1 “un” (F(3,161)!= 4.478, p=0.005*) comme pour le

M1 “trois” (F(3,161)!= 9.527, p<0.001*). Cependant le test a posteriori PLSD de Fisher montre que

l’augmentation n’est significative qu’entre les deux premières tranches d’âge pour le M1 “trois”!: TA1-TA2 p=0.005* (TA2-TA3 p=0.103, TA2-TA3 p=0.658) et non significative pour le M1 “un” (TA1-TA2 p=0.244, TA2-TA3 p=0.065 et TA2-TA3 p=0.909).

Ainsi, les enfants francophones natifs semblent mieux maîtriser la liaison catégorique après le M1 “un”

qu’après le M1 “trois”. Contrairement aux apprenants de FLE, c’est la progression après le M1 “un” qui n’est que globale alors que le M1 “trois” montre une progression plus concentrée au début de l’appropriation.

Dans la figure 16 page suivante, nous avons représenté l’évolution des taux de réalisation de la liaison catégorique après le M1 “un” par une courbe noire et ceux après le M1 “trois” par une courbe grise. Le graphique de gauche permet de visualiser les résultats des apprenants coréens de FLE par temps longitudinal et celui de droite affiche les résultats des enfants francophones natifs par tranche d’âge. Les progressions statistiquement significatives sont indiquées par une étoile.

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Liaisons Catégoriques “réalisées justes” pour chaque sujet = LCRJ / (6 - (SR+AE)) x 100

Enfants

L1 2;4 - 3;3 3;4 - 4;3 4;4 - 5;3 5;4 - 6;3

M1 Nombre Moyenne (Ecart type) Nombre Moyenne (Ecart type) Nombre (Ecart type)Moyenne Nombre (Ecart type)Moyenne UN 127/180 68(32%)!% 174/230 74,8(24%)!% 198/224 85,7(26%)!% 202/234 86,3(23%)!% TROIS 46/155 30,4(31%)!% 123/237 51,3(36%)!% 141/223 63,4(31%)!% 159/236 66,7(37%)!%

Figure 16!- Comparaison de l’évolution de la réalisation de la liaison catégorique en L2 et en L1

Nous remarquons que les moyennes de LCRJ correspondant aux M1 “un” et “trois” semblent plus éloignées chez les enfants francophones natifs que chez les apprenants de FLE. Cependant, le test T de Student pour échantillons appariés révèle que la différence entre le taux de LCRJ après le M1 “un” et le M1 “trois” n’est significative que pour les plus jeunes enfants, les résultats sont présentés

dans le tableau 19 ci-dessous!:

Tableau 19!- Résultats des tests T de Student sur la différence de production de LCRJ après les mots 1 “un” et “trois” Ces résultats indiquent que les apprenants L2, comme les enfants à partir de la TA2 ne réalisent pas plus de liaisons après le M1 “un” qu’après le M1 “trois”. Ainsi, bien que la production de liaisons catégoriques après le M1 “un” semble toujours avoir une avance sur le M1 “trois” chez les apprenants de FLE comme chez les enfants francophones natifs, cette différence n’apparaît pas comme significative à chaque période testée, excepté pour les enfants les plus jeunes.

Nous allons maintenant étendre nos observations à la production des liaisons variables afin de vérifier si les mêmes types de différences et similitudes peuvent y être décelées.

Appropriation de la liaison catégorique par M1
 Apprenants coréens de FLE niveau A1-A2

T1 T2 T3 28,0!% 43,9!% 54,2!% 48,0!% 53,7!% 67,0!%

Appropriation de la liaison catégorique par M1
 Enfants francophones natifs de 2 à 6 ans

20 % 40 % 60 % 80 % 100!% 2;4-3;3 3;4-4;3 4;4-5;3 5;4-6;3 30,4!% 51,3!% 63,4!% 66,7!% 68,0!% 74,8!% 85,7!% 86,3!%

Liaison Catégorique Réalisée après “un” Liaison Catégorique Réalisée après “trois” 17 apprenants adultes


3 Temps espacés de 6 mois 165 enfants répartis en 4 tranches d’âge % de

réponses exprimées

* Progression statistiquement significative

*

* *

Ecart statistiquement significatif

*

COMPARAISONDERÉALISATIONDELALIAISONCATÉGORIQUEAPRÈSLES M1 “UN” ET “TROIS”

Apprenants L2 t de Student Enfants L1 t de Student

T1 t(16) = 2.045, p=0.058 2;4 - 3;3 t(39) = 3.444, p=0.001*

T2 t(16) = 1.011, p=0.327 3;4 - 4;3 t(43) = 1.266, p=0.212

T3 t(16) = 1.577, p=0.134 4;4 - 5;3 t(39) = 0,172, p=0.864