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Chapitre IV : Le renouvellement urbain dans les grands ensembles : Un renouveau des politiques de la ville

4.5. En Algérie : Amorce d’un renouvellement urbain

4.5.2.3. Les problèmes rencontrés :

La méthodologie mise au point sur la base d’un travail théorique ne pouvant réfléchir totalement la réalité pratique, l’intervention s’est heurtée à des problèmes d’organisation du travail, de moyens de mise en œuvre et de nature même des travaux à entreprendre.

La démarche participative des habitants et la concertation ont fait défaut car de trop nombreux intervenants se sont trouvés impliqués dans le programme établi. La définition de la mission de chacun n’ayant pas été préalablement établie, des malentendus se sont glissés donnant lieu « à

des solutions par à coups, dont l’impact ne peut être que superficiel, ou au pire un échec. »165

La désignation d’entreprises de réalisation publiques, c'est-à-dire nécessitant de lourdes démarches administratives et l’implication de nombreuses institutions étatiques (OPGI, DUCH, EPEAL, ministères, sociétés nationales…..etc.) et civiles (comités de quartiers entre autres) a en fait « constitué un frein dans la prise en charge réelle et rapide des travaux »166

L’opération de réhabilitation-restructuration prévue, a finalement consisté en une intervention paysagère ne proposant pas de solutions aux réels problèmes sociaux, environnementaux, urbains et économiques caractéristiques des grands ensembles d’habitation.

S’il convient de reconnaitre aux deux expériences menées dans le cadre du GPU d’Alger un souci commun d’amélioration du cadre de vie urbaine des habitants dans le respect des modes de vie et de la spécificité de chaque cité, force est de constater leur insuffisance et leur inefficacité générale. C’est en effet essentiellement un problème de gestion des projets de réhabilitation des grands ensembles qui a été souligné et qu’il faut désormais dépasser par une véritable approche managériale à la fois souple et rationnelle adaptée à l’échelle nationale.

Les méthodes dites de ‘’gestion du cycle de projet‘’ et de ‘’planification des projets par objectifs ‘’167, présentent à ce titre un intérêt indéniable pouvant objectivement être adapté au contexte de l’Algérie. Les grands ensembles y représentent environ la moitié du parc logement, d’où l’avantage socio-économique de les réhabiliter. Le projet doit donc être géré dans le cadre d’une planification itérative découlant des véritables fonctions de management. De fait, chaque phase 165 Ibid. 166 Ibid. 167

du projet fait l’objet d’un suivi et d’une évaluation rappelant ses objectifs, le plan adopté et les résultats obtenus. Ainsi, au lieu de subir les contraintes d’une planification prévisionnelle rigide, la mise en œuvre du projet est continuellement ajustée et conceptualisée grâce à un relevé systématique des observations notées au fur et à mesure de l’avancement du projet.

En 1997, l’expérience du BEREP a par ailleurs fait douter de l’efficacité d’une équipe nombreuse sur le terrain et confirmé la nécessité d’encourager la participation des habitants, conditionnelle du succès de telles opérations à travers notamment la réhabilitation des comités de quartiers. Dans ce cas, néanmoins, il est de la plus haute importance de définir les rôles et taches de chaque intervenant sur la base d’un consensus général et des compétences avérées de chacun dans le cadre d’une coopération de type participatif. Celle-ci exige la définition préalable de la mission de chaque acteur, les objectifs qu’il doit atteindre ainsi que sa responsabilité par rapport au cycle du projet.

Ainsi, l’expérience du GPU est très révélatrice de la prise de conscience sur la nécessité du renouvellement de l’approche d’intervention urbaine en Algérie, qui doit désormais intégrer les nouveaux défis et les nouvelles réalités de positionnement, du rôle de la qualité urbaine dans le développement, et la recherche d’une gestion stratégique basée sur le partenariat et l’ouverture.

Conclusion :

La ville se transforme en permanence, se renouvelle sans cesse , et les modalités de penser la ville également : « si la ville vers laquelle nous allons n’est ni l’ancienne , ni la moderne mais –

à travers une consolidation de la première et une modification de la seconde –quelque chose comme une troisième ville jouant des deux à la fois (…),si nous sommes fascinés par l’une et prisonniers de l’autre –incapable de revenir à la ville d’autrefois et assurés que la disparition

des villes ne se produira pas-alors cette autorisation que nous nous donnons aujourd’hui de jouer avec leur forme et avec leur mémoire pourrait être un trait capital168. »

Les enjeux actuels et les mutations à venir incitent donc moins à l’attentisme qu’à l’intensification des actions de toute nature qui peuvent contribuer à une anticipation la plus pertinente possible de ces évolutions et à une meilleure maîtrise des risques qu’elles génèrent, dans le cadre d’une approche d’ensemble incluant les facteurs structurants de l’organisation urbaine. Les politiques d’urbanisme, d’habitat, de transport, trouvent ici leur place, à l’échelle de l’agglomération tout entière. Certes elles ne guériront pas à elles seules tous les maux, mais elles ne sont pas neutres et peuvent favoriser la construction d’un meilleur équilibre social.

Car, en périphérie, la ville continue à s’étendre à l’encontre des principes du développement durable. Mais de nombreux autres secteurs urbains restent bloqués. Ils poursuivront leur déclin, voire leur dépérissement, en l’absence de l’expression et de la mise en œuvre d’une volonté politique suffisante pour enclencher un processus d’adaptation et, dans la mesure du possible, de revalorisation. Le renouvellement urbain, pour devenir (ou redevenir) à terme un mécanisme récurrent d’adaptation suppose une démarche volontaire permettant d’initier une transformation de grande ampleur de ces territoires. Des réhabilitations classiques ne sont pas suffisantes pour inverser les tendances, il convient d’engager des projets d’ensemble portant sur tous les registres afin de réinsérer ces quartiers dans le fonctionnement d’ensemble de la ville.

Organiser et piloter le renouvellement urbain, le rendre crédible et le réactiver là où il n’est pas spontané, le concevoir selon l’objectif de produire un environnement mieux adapté aux besoins et attentes des habitants, tels sont les enjeux essentiels des politiques urbaines pour les décennies qui viennent. La réussite de la « reconstruction de la ville sur elle -même » nécessite de combiner une action de régulation permanente et des impulsions fortes de nature à rendre possible l’adaptation progressive de l’ensemble des secteurs urbains. D’ores et déjà, certaines équipes d’urbanistes ont mis leurs compétences au service de cette ambition : l’essentiel de leur rôle ne réside plus dans le dessin d’un projet urbain au sens classique du terme, mais dans la capacité de proposer une stratégie d’évolution urbaine et de définir les conditions de sa mise en œuvre selon des étapes successives. Il ne s’agit ni d’actions de rénovation urbaine brutale, ni de plans d’urgence ou d’opérations ponctuelles désordonnées. Au contraire, la démarche de projet doit permettre à l’ensemble des acteurs publics et privés de partager à la fois une perspective d’évolution à long terme du territoire concerné (qui pourra impliquer des transformations

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importantes) et la volonté concrète de mise en œuvre de programmes opérationnels successifs. Cet ‘’ urbanisme du renouvellement urbain ‘’ ne se caractérise pas par des choix architecturaux restrictifs ou par un modèle unique d’organisation de l’espace, mais d’abord par une méthode permettant de traduire un projet à finalité avant tout sociale.

Le renouvellement urbain, s’affiche donc comme une voie prometteuse, non seulement parée des atouts démocratiques d’une véritable participation des habitants au changement de leur cadre de vie, mais il permet surtout de conjurer ce qui reste de la mauvaise conscience des pratiques urbaines antérieures.