• Aucun résultat trouvé

Accessibilité : Des dispositifs pénalisants

Chapitre V : Présentation du cas d’étude

10.3. L’enquête sociologique : Deux cités, une problématique à plusieurs variables

10.3.2. Présentation des cités :

10.3.2.2. Accessibilité : Des dispositifs pénalisants

La desserte externe des deux cités se fait par :

 La RN 5 : elle joue un triple rôle de desserte régional, urbain et local, les piétons la traversent par nécessité en tous points et ces caractéristiques géométriques et morphologiques sont totalement inadaptées aux rôles multiples qui lui sont dévolus.  La RN 5 E : voie rapide desservant Dar El Beida et l’aéroport international d’Alger  La RN 24 : elle dessert à partir de Mohammadia le palais des expositions des pins

maritimes, la commune de Bordj El Kiffan et tout le littoral Est, cette voie est fréquentée quotidiennement et de façon très importante.

 La RN 24 E : elle dessert principalement les cités riveraines tout en assurant la liaison avec la commune de Bordj El Kiffan, ses dimensions restent assez modestes au regard du trafic important qu’elle prend en charge.

Certaines contraintes peuvent être relevées par rapport aux échelles de la voirie et aux infrastructures citées plus haut : en effet, celles-ci constituent des séparations formelles qui donnent le sentiment d’un morcellement de la ZHUN et des cités qui la composent. Elles sont considérées comme des coupures dans la mesure où elles entravent la continuité du bâti, les activités et les pôles d’attraction ainsi que les pratiques de déplacement.

C’est à l’échelle des cités que ces dysfonctionnements sont le plus mal vécus, les axes routiers sont perçus comme des cassures, des barrières difficiles à franchir, des ‘’plaies‘’ qui entravent la ZHUN, des frontières qui isolent les cités les une des autres…….

Cela étant, la spécificité la plus pénalisante et la plus générale reste le manque de perméabilité interne et externe.

La cité Soummam est accessible à partir de la RN 5 et de la voie inter quartier menant vers Beaulieu, elle est donc plus ou moins facilement accessible par le nord et l’ouest en revanche le réseau interne la reliant aux autres cités de la ZHUN (notamment la cité 5 Juillet) est très enchevêtré et sa lecture est malaisée car il est discontinu et en cul de sac. La cité Rabia Tahar quant à elle souffre d’un enclavement évident et l’accès en est très difficile au regard des multiples détours à effectuer pour entrer ou sortir. L’on y accède à partir du boulevard dit des ‘’Saoudiens‘’ seulement relié à la RN5 au Nord. Le problème constaté plus haut par rapport au réseau interne et à la liaison avec les autres quartiers de la ZHUN se pose avec la même acuité pour cette cité.

Carte n°11: Relation des cités à leur contexte urbain. Traitement : Auteur. 5.3.2.3. Réseau viaire : Des chemins de grue pérennisés

La caractéristique principale du réseau viaire existant est son déséquilibre quantitatif et qualitatif :les réseaux primaire et secondaire sont surexploités du fait de la situation de la ZHUN, cette importante circulation de transit vers l’Est d’Alger et du pays a néanmoins sensiblement diminué après la mise en service de l’autoroute de l’Est , toutefois le problème reste entier pour certains tronçons de la RN n°5( intersection de cette même route nationale avec le boulevard de l’université et les arrêts de bus sous l’autopont) ainsi que la RN 24 qui continue à drainer les flux en provenance du littoral Est de la capitale .

Le réseau interne se compose quant à lui essentiellement d’une voierie tertiaire intérieure aux cités nettement insuffisante et qui comprend essentiellement :

 Des voies tertiaires assurent la circulation des véhicules à l’intérieur des cités  Des chemins piétons le plus souvent tracés spontanément

Carte 12 : Réseau viaire de Bab Ezzouar. Traitement : Auteur

Quant aux voies en impasses très nombreuses au niveau des deux cités, elles constituent un système fermé dont on peut résumer les principaux dysfonctionnements comme suit :

 Un système non évolutif : ce type de desserte ne peut convenir qu’à de l’habitat et sa desserte en transports collectifs est impossible. Il ne permet donc pas de faire évoluer le programme.

 Un système enclavé : ce type de réseau n’est pas perméable, ne peut se raccorder au réseau général qu’en un seul point qui devient dangereux, d’autant qu’il rallonge les distances et incite aux déplacements motorisés.

 Un système non convivial : il crée l’isolement des logements en bout d’impasse, aggrave l’insécurité des personnes, il peut contribuer à dissuader les pratiques sociales.

Conçu de façon indépendante et raccordé au réseau urbain par des branchements peu nombreux, ou directement sur des axes lourds, le schéma reste très centré sur lui-même et participe à l’enclavement des deux cités.

Aux problèmes évoqués ci-dessus, il faut ajouter que le réseau interne se trouve dans un état de délabrement avancé puisque la stagnation des eaux pluviales crée des nids de poule plus ou moins profonds, ceux-ci sont du probablement à la destruction des liaisons entre les constituants du revêtement mal réalisé au départ.

Photos 5 et 6 :Une voirie interne délabrée ponctuée de nombreux nids de poules. Source :Auteur (2009). 5.3.2.4. Circulation et stationnement : Conflits entre piéton et automobile

L’uniformité des profils de voies et de leur équipement, la longueur des linéaires rectilignes autorisent des vitesses élevées et n’indiquent pas de hiérarchie entre les différents types d’usage de la voie.

De plus, la disparition du concept de rue, la rupture avec le parcellaire et le choix de construire en hauteur ont laissé au pied des tours et des barres de vastes espaces dans lesquels des voies surdimensionnées consomment l’espace et désorientent le piéton.

Ainsi, à Rabia Tahar comme à la Soummam, les espaces aménagés pour le cheminement piétonnier sont délaissés par les habitants qui tracent des chemins plus courts et plus directs (sauf en cas de mauvais temps).

Photo7 :Chemin tracé spontanément par les habitants. Source : Auteur (2009)

Photo 8 :Les automobilistes n’hésitent pas à envahir trottoirs et allées bordant les immeubles .Source :

Auteur (2009)

Le constat concernant la circulation automobile est à peu prés le même, dans la mesure où les véhicules traversent les espaces réservés aux piétons et espaces verts, au lieu de faire les détours imposés par le réseau viaire et les aires de stationnement sauvage en cul de sac.

Quant aux aménagements pour les deux roues (les motocyclettes sont très appréciées des jeunes et les bicyclettes sont des objets de dilection des enfants), ils sont purement et simplement inexistants, que ce soit du point de vue circulation (couloirs pour les deux roues) ou du point de vue stationnement (les habitants font monter leurs deux roues dans leurs appartements via les escaliers ou les ascenseurs -s’ils sont fonctionnels- par souci de sécurité).

Le manque d’entretien, l’absence dans certains cas d’aménagement de voirie secondaire et l’absence de parkings conçus en tant que tels ouvrent la quasi-totalité de l’espace public au stationnement.

Enfin notons qu’à l’intérieur des cités, la signalisation verticale du code de la route est rare quant à la signalisation horizontale, elle est inexistante.

Photos 9 et 10 :Le stationnement envahit tous les espaces .Source : Auteur (2009) 10.3.3. Caractéristiques du tissu : Une configuration génératrice de ruptures

Les deux cités de par l’implantation de leurs bâtiments de façon linéaire, laissent apparaitre une absence de repères urbains, les rapports plein/vide, l’alignement, la hiérarchisation des espaces, ou encore l’unité sont quasi inexistants. En ce sens, l’implantation de différentes unités du bâti, leur relation à l’espace public ainsi qu’aux équipements obère toute cohésion ou forme d’harmonie urbaine. Les grandes distances qui séparent les bâtiments font que le tissu est lâche et le parcellaire inexistant, conséquences du tracé du chemin de grue ayant présidé à l’érection de la plupart des ZHUN.

Photos 11 et 12 : Répétitivité des blocs de bâtiments, vides urbains et absence de repères, inexistence des trottoirs. Source : Auteur (2009)

Photos 13 et 14 : Des espaces résiduels vides, disproportionnés et déqualifiés où s’amoncèlent détritus, sacs plastics……..etc. Les usagers désorientés, se voient obligés de les traverser mais ne s’y arrêtent jamais.

Source : Auteur(2009)

Il est utile de rappeler que les conditions dans lesquelles ont été érigées les cités Soummam et Rabia Tahar-cette analyse peut être étendue à toutes les cités que comprend Bab Ezzouar-et qui

se caractérisent par l’urgence et le manque de moyens financiers ont donné la priorité aux logements (à caser les populations pour être plus précis) et a de fait reléguer au second plan les autres aspects qui donnent de la qualité à un habitat.

En conséquence, la composition d’ensemble est sans schéma apparent, ne permettant aucune lecture précise et défiant toute logique urbaine, chaque cité ayant été conçue en tant qu’entité isolée et indépendante, elles sont finalement juxtaposés les unes aux autres, sans liens apparents, ce qui au final engendre un certain isolement et une absence de vie urbaine.