• Aucun résultat trouvé

Principaux paradigmes épistémologiques : choix d’une posture interprétativiste et positiviste

L'expérience montre que quand il y a une clientèle pour des produits, la culture augmente immédiatement. Il faut donc faire le marketing de

14 CADRE EPISTEMOLOGIQUE ET METHODOLOGIQUE DE RECHERCHE RECHERCHE

14.1 Principaux paradigmes épistémologiques : choix d’une posture interprétativiste et positiviste

Figure 28 : paradigmes épistémologiques

D’après : Élaboration propre

Il s’agit de prendre une position épistémologique à propos d’une approche de recherche. Selon Lévy (1994: 92) cité par Tribble et Saintonge (1999), toute comparaison entre les paradigmes est oiseuse. Les différents paradigmes épistémologiques se distinguent para un certain nombre de questions proposées par Piaget et reprises par Le Moigne (1995) :

 Quelle est la nature de la connaissance produite ?

 Comment la connaissance scientifique est-elle produite ?

 Quelles sont les critères de validité de la connaissance scientifique produite ?

Ces trois problématiques sont relatives aux dimensions gnoséologique, méthodologique et éthique de la recherche. Les apports de chacun des paradigmes sont présentés dans le tableau suivant :

Tableau 36 : Les positions épistémologiques

180 Quel est le statut

de la

connaissance ?

Hypothèse ontologique Il existe une essence

propre à l’objet de connaissance

Hypothèse phénoménologique L’essence de l’objet ne peut être atteinte (constructivisme modéré ou interprétativiste)

ou n’existe pas (constructivisme radical)

La nature de la « réalité »

Indépendance du sujet et de l’objet

Hypothèse déterministe Le monde est fait de

nécessités

Dépendance du sujet et de l’objet Hypothèse intentionnaliste Le monde est fait de possibilités

Comment la connaissance est-elle engendrée ? Le chemin de la connaissance scientifique La découverte Recherche formulée en termes de « pour quelles causes… » Statut privilégié de l’explication L’interprétation Recherche formulée en termes de « pour quelles motivations des acteurs… » Statut privilégié de la compréhension La construction recherche formulée en termes de « pour quelles finalités..." Statut privilégié de la construction Quelle est la valeur de la connaissance ? Les critères de validité Vérifiabilité Confirmabilité Réfutabilité Idéographie Empathie (révélatrice de l’expérience vécue par les

acteurs)

Adéquation enseignabilité

D’après : Thiétart et coll. (1999, pp. 14-15)

14.1.1 Le courant positiviste:

Le paradigme positiviste tire ses origines des sciences de la nature. L’être humain y est considéré comme un organisme vivant répondant à des lois de la nature, au même titre que les plantes ou les insectes. Ce paradigme est celui qui jouit de la faveur du plus grand nombre de chercheurs en sciences de l’administration, bien que plus récemment sa suprématie ait été sérieusement contestée (Tribble & Saintonge, 1999).

Popper spécifie que l’épistémologie s’attache à la logique de la découverte scientifique, ce qui est distinct de la théorie de la méthode scientifique qui elle résulte d’un choix. La science empirique doit être déterminée par ses méthodes et non par ses structures. Il critique l’approche positiviste qui ne s’intéresse qu’à

181 l’expérience et au « sens », mais déprécie la philosophie. Pour les positivistes, il n’existe que deux types d’énonciations possibles : les tautologies (logiques) et les énoncés empiriques. Pour eux, la méthodologie est une science empirique : « la théorie inductive », et elle structure l’approche scientifique. Popper rejette cette conception naturaliste qui manque de sens critique (Popper, 2007).

Selon ce paradigme, la nature des organisations est objective : il n’existe qu’une seule réalité concrète, indépendante de toute opinion. La réalité existe en tant que telle et demeure extérieure au chercheur. Ce que nous percevons existe objectivement en dehors de notre statut d’observateur et est totalement indépendant de la prétention de quiconque à la connaissance, de la croyance ou de la disposition à l’assentiment, de l’affirmation, ou l’action de qui que ce soit. La connaissance au sens objectif est une connaissance sans sujet connaissant, sans intermédiaire entre l’objet et la connaissance et elle correspond exactement à la réalité.78

Le courant positiviste est le plus dominant en sciences de gestion, notamment dans le modèle nord-américain. Il se caractérise par des démarches quantitatives, déductives, des méthodes structurées et par un objet de recherche volontairement restreint pour plus de contrôle et de rigueur. Le positivisme cherche à confronter la théorie aux faits avec un accent immodéré sur la technique au détriment du fond : Il existe des lois qu’il suffit de découvrir. Il a été critiqué en Europe comme étant réductionniste et simpliste (Thiétart, 1999).

14.1.2 Le courant interprétativiste

La concurrence entre les paradigmes positiviste et constructiviste a donné lieu à l’apparition progressive d’un nouveau courant : l’interprétativisme. Il est apparu comme un constructivisme modéré et est devenu un véritable paradigme de positionnement intermédiaire. La perspective interprétativiste met l'accent sur l'acteur social et tente de comprendre son point de vue. L’individu est au centre de la scène, il construit, modifie et interprète la recherche. Les théories

182 interprétativistes cherchent à comprendre, contrairement à la description. La base de cette compréhension est que ce que nous utilisons pour comprendre la culture des autres est une extrapolation de la psyché dans la psyché de ceux que nous cherchons à comprendre. Dans l'étude de tout groupe humain le chercheur est impliqué et il doit essayer de rester impartial (de Gialdino, 2009).

Les théories interprétativistes de l'anthropologie proposent que les actions humaines ne soient pas régies par des mouvements mécaniques ou par des forces extérieures à l'individu, comme le postule le positivisme mais par les significations que les individus donnent à leurs actions. Ces significations ne peuvent pas être observées par le chercheur qui doit d’abord les appréhender au moyen de nouvelles techniques et méthodes. L'enquêteur doit d’une part, mettre de côté à la fois les points de vues ethnocentriques79des individus observés et les siens et d’autre part, accepter que l'ordre symbolique existant puisse varier et avoir une logique différente d’un lieu à l’autre. (Guber, 2005).

En ce qui concerne le travail de terrain, les théories interprétativistes constituées en personne morale. Ils se basent sur des techniques de participation. Ils servent à recréer, à travers l'expérience et de différentes modes de vie. Clifford Geertz (1973), par exemple, tente de briser l'observation lointaine et curieuse de l'anthropologue qui analyse la scène de l'extérieur et propose une immersion dans l'environnement. L’auteur propose de « capturer le point de vue de l'indigène » cet a dire, d'interpreter le point de vue des autres.

En outre, les changements dans les méthodes de travail génèrent la reconnaissance de la subjectivité du chercheur, qui prend en compte le point de vue du sujet. Selon cette théorie, le chercheur aspire à être l’un des sujets observés, en relançant la culture de l'intérieur, en vivant les mêmes expériences que ses informateurs80.Cette présence directe, selon l’interprétativisme, est la seule garantie d’une véritable communication entre l'anthropologue et l’informateur. En assumant le rôle de l'autre, le chercheur peut comprendre la vie

79 Tendance à vue que la communautaire et de la culture à laquelle on appartient est supérieur aux autres.

183 et les définitions de l'autre personne. La nature symbolique des traits culturels est discutée : leur signification dans l'environnement où ils se produisent constitue l'identité; c’est ce qu'on appelle les structures symboliques.

Pour les interprétativistes, la réalité n’est pas indépendante de l’observateur et des sujets qui constituent cette réalité. C’est le principe de l’hypothèse phénoménologique qui considère qu’un phénomène apparait lorsqu’il prend sens pour le sujet. La remise en cause du postulat d’objectivité entraîne la reconnaissance d’une interdépendance entre objet et sujet. La réalité est objectivée, elle est inter subjectivement construite. De ce fait, la connaissance ne peut prétendre être universelle. Elle est nécessairement liée á un contexte. L’approche interprétative se situe dans une logique de découverte. (Berger, 1966)

Les principales contributions de l’interprétativisme sont l'incorporation des aspects subjectifs du chercheur comme de véritables outils légitimes de la connaissance;l’expérience sur le terrain et l'organisation des connaissances; l'importance des techniques liées à la participation et à la récupération de la connaissance anthropologique et sociale du point de vue des informateurs. La vocation essentielle de la perspective interprétative n'est pas de donner des réponses à nos questions les plus profondes, mais de nous donner accès aux réponses données par d'autres (Guber, 2005).

14.1.3 Le courant constructiviste

La démarche de recherche de cette méthodologie est caractérisée comme holistique, inductive et idéographique. Holistique par l'étude de la réalité dans une approche globale sans la fragmenter en variables. Inductive parce que les catégories, les modèles et les interprétations sont construits à partir des informations obtenues et pas des hypothèses ou des théories antérieures. Idéographique car il vise à comprendre et à interpréter le singulier des phénomènes sociaux (Latorre, del Rincón Igea, & Arnal, 1996).

184

 L'objectif de la recherche est exploratoire et descriptive

 La conception est en train d'émerger, elle est élaborée à partir des informations recueillies

 L'échantillonnage est intentionnel, n'est pas destiné à généraliser les résultats

 La collecte des données se fonde sur des scénarios naturels, non contrôlés

 Il met l'accent sur le rôle du chercheur comme le principal instrument de la recherche

 Les méthodes de collecte sont d'ordre qualitatif, de nature interactive81

 L'analyse des données est inductive: tendances et nouvelles catégories sont construites sur la base des informations obtenues

 Le rapport d'enquête fait suite à la présentation de l'étude de cas

Entre sujet et objet de connaissance, il existe une relation dynamique et non statique. Le sujet est actif face au réel et interprète la relation à l'environnement. Pour développer les connaissances, il ne suffit pas d’être actif face á l'environnement. Le processus de construction est un processus de restructuration et de reconstruction, dans lequel toutes les nouvelles connaissances sont générées à partir des précédentes. Le nouveau est toujours construit à partir des acquis qui sont transcendés. Le sujet est celui qui construit ses propres connaissances sans une propre activité mentale constructive individuelle due à des défis internes posés par le développement de l'évolution. La connaissance ne se produit pas, elle est construite. Il est donc évident que bon nombre des principes adoptés par le constructivisme aujourd'hui étaient déjà présents dans la théorie de Piaget. Cependant, la conception constructiviste de Piaget implique des limitations importantes qui doivent être notées. (Granell & Salvador, 1994).

185 14.2 Paradigmes épistémologiques de cette recherche

Le paradigme épistémologique dans lequel cette recherche est prise en charge est le paradigme positiviste parce qu’on s’interroge sur la fiabilité qui dépend d’une réalité technique et organisationnelle indépendamment des hommes qui l’observent. C’est une connaissance objective de la fiabilité organisationnelle (Thiétart, 1999, p. 18). La nature des organisations est objective : il n’existe qu’une seule réalité concrète, indépendante de toute opinion.

La présente recherche fait partie de l'analyse de la théorie pour déterminer les compétences professionnelles actuelles du producteur de passiflores du Huila, puis établir le lien entre ces derniers et la productivité du plan de secteur et vérifier que ces compétences renforcent la productivité du secteur. Son hypothèse est déterministe et la question de recherche correspond aux caractéristiques du positivisme.

14.2.1 Mode de raisonnement : l’abduction

Figure 29 : Mode de raisonnement

D’après : Élaboration propre

On a choisi l’abduction parmi les trois modes de raisonnement existant (l’induction, la déduction et l’abduction). Cette démarche se place à mi- chemin

186 entre l’induction et la déduction. Elle prévoit des allers - retours entre la théorie et la pratique, ce qui permet au chercheur de se remettre en question afin de redéfinir les objectifs de la recherche et d’affiner l’analyse. Elle permet de combiner à la fois les avantages de l’induction et ceux de la déduction pour mettre à la fois la théorie et le terrain au service de l’accumulation des connaissances (Tribble & Saintonge, 1999).

L'abduction est une méthode qui permet la création de nouvelles idées, mais elle ne garantit pas que les conclusions soient vraies, elle est le moyen le plus susceptible d'obtenir la connaissance créative et vitale propre à la science. (Vásquez Ramírez, 2009). En effet, l'abduction comme Peirce la caractérise, dépasse de loin les limites de la simple conjecture. L’abduction est encore responsable pour le développement intellectuel et le progrès scientifique parce que c’est un processus créatif qui génére de nouvelles idées, tandis que la déduction est une connaissance dérivée d’une connaissance antérieure déjà validée et que l'induction se limité à vérifier les connaissances existantes"(Gorlée, 1992).

L'abduction utilise un constat et une explication du pourquoi de ce constat, à partir de laquelle on peut tirer un certain nombre de conséquences. (Vásquez Ramírez, 2009, p. 4). Dans l’abduction on suppose que le cas analysé correspond à une règle déterminée et l’hypothèse est adoptée, ce qui constitue un argument faible qui pointe vers une conclusion. Cependant, comme le soutient Bar (2001) c’ est un cadre approprié pour rendre compte des faits qui n'ont pas été suffisamment expliqués. De même, il est soutenu que l'abduction peut découvrir des exceptions aux lois scientifiques établies, même si, en soi, les lois et les conditions initiales n'ont pas d'importance (Eco, 2000).

L’auteur Laliberté (2013, p. 88) dans sa thèse de doctorat en éducation cite Peirce (Peirce, Tiercelin, & Thibaud, 2002) qui expose qu’une hypothèse explicative est construite par abduction pour rendre compte de données posant problème (J'observe que la rue est mouillée et je cherche une explication : il pleut, la balayeuse est passée, etc.)…

187 - les conséquences possibles de cette hypothèse sont explorées par déduction (s'il pleut, non seulement la rue est mouillée mais aussi les trottoirs et les vitres chez moi; si la balayeuse est passée, seule la rue est mouillée mais alors nous sommes l'après-midi, etc.).

- l'induction permet une mise à jour (confirmation ou infirmation) des règles et théories mobilisées (lorsqu'il pleut, la rue est mouillée, la balayeuse ne passe jamais le matin, etc.).

- si ces règles sont infirmées, alors il faut reformuler, par abduction, de nouvelles hypothèses explicatives, et le cycle recommence.

Cette recherche utilise la méthode de raisonnement de l’abduction car il y a et vient de la théorie à la pratique et de la pratique à la théorie. La théorie de la Gestion des compétences professionnelles dans le cas de Passiflores dans le secteur du Huila est basée sur ce mode de raisonnement. D’après les connaissances acquises dans le secteur Passiflores, on cherche la relation entre les compétences professionnelles et la productivité de Passiflores selon l’agenda interne de la productivité interne du secteur des Passiflores. Cette méthode combine les avantages de la déduction et de l'induction, la théorie et le terrain au le service de la connaissance.

Les compétences professionnelles de Passiflores dans le secteur du Huila n’ayant jamais été expliquées jusqu'ici, le raisonnement abductif devient une méthode appropriée, car elle nous aide à découvrir les faits particuliers et à avancer dans les connaissances des avantages de son application dans la productivité du secteur.

14.2.2 Processus de recherche : l’exploration hybride

L’exploration hybride consiste á procéder par aller-retour entre des observations et des connaissances théoriques tout au long de la recherche. L’exploration hybride est une route qui permet d’enrichir ou d’approfondir les connaissances antérieures (Koenig, 1993).

188 « Le chercheur a initialement mobilisé des concepts et intégré la

littérature concernant son objet de recherche. Il va s’appuyer sur cette

connaissance pour donner du sens à ses observations empiriques en procédant par allers- retours fréquents entre le matériau empirique recueilli et la théorie » (Thiétart, 1999, p. 69).

La démarche pour l’exploration hybride est abductive. Dans cette recherche, les cultures des passiflores ont été visitées et on a parlé avec plusieurs producteurs. Puis on est revenu à la théorie et à l'étude du terrain dans le but d'enrichir les connaissances précédente.