• Aucun résultat trouvé

Politique et types de migration

3.2. Institutions et primes agricoles

3.2.1. Primes agricoles

163

l’industrie nationale539. Un autre moyen d’initiatives publiques pour stimuler le travail de la terre, est la création de la Banque Agricole, celle-ci est créée le 24 septembre de 1887 pour aider à développer l’industrie agropastorale. Dans les années à venir, la loi n° 3994 du 29 novembre de 1940 va amplifier les actions de cette institution bancaire540. Cette loi comprend dix chapitres divisés en articles concernant les aspects suivants : les emprunts pour se doter d’outils agricoles, pour l’élevage et l’industrie ; pour l’achat et la vente des produits ; la création de coopératives agricoles ; l’accessibilité à l’emprunt par des familles rurales exclusivement pour travailler la terre ; ainsi que la création d’assurances agropastorales. De plus, la banque offrira dorénavant des services pour des opérations commerciales au plan local, ainsi qu’à l’étranger. De surcroît, la banque a aussi le devoir de contrôler la qualité des produits pour l’exportation, tels que le coton et le tabac. En plus des opérations bancaires, cette banque offre donc de nombreux autres services. La Banque Agricole promouvra d’ailleurs l’introduction des techniques pour favoriser la modernisation de l’agriculture. Cette banque a ainsi été créée dans le but de servir d’appui financier et technique aux agriculteurs. Malgré ces dispositions, en fait très peu de colons ont rempli les conditions nécessaires pour obtenir des prêts de cette institution541.

Afin de participer à des primes agricoles et industrielles, le gouvernement offre une large gamme de diversification des produits, donnant aux agriculteurs la possibilité de choisir et de développer leur production.

3.2.1. Primes agricoles

Le gouvernement soutient les agriculteurs qui désireront concourir pour l’une des primes agricoles votées le 20 décembre 1890542. Ceux qui souhaitent participer au concours doivent présenter une demande à la municipalité de leur département, en mentionnant la

539 Dépêche du Consulat de France, au ministre des Affaires étrangères, Alexandre Ribot, Direction des Affaires commerciales et consulaires, Assomption le 26 mai 1891, Correspondance commerciale Assomption,1891, AMAE.

540 République du Paraguay, Registre officiel, Loi n° 3994, 29 novembre 1940, pp. 1232 -1236.

Un rappel sur la Loi n° 168 de la charte de la Banque agricole du Paraguay qui dit : sont dérogées les lois du 24 de septembre 1887 ; du 30 de Julio 1892 ; du 6 octobre 1894 ; 6 octobre 1896, concernant la section des hypothèques pour les opérations des emprunts ; du 10 octobre de 1898 ; du 26 août 1899 ; du 14 juillet 1905, et du 7 mai 1908 ; République du Paraguay, Registre officiel du 20 novembre 1915, pp. 837-842.

541 Dépêche du Consulat de France, au ministre des Affaires étrangères, Eugène Spuller, Direction des Affaires commerciales et consulaires, Assomption le 2 avril 1889, Correspondance commerciale Assomption, 1889, AMAE.

542 Le gouvernement paraguayen établit le prix pour une durée de dix ans. République du Paraguay, Registre officiel, Loi du 20 décembre 1890, pp. 97-99. Le Brésil par la loi de 1890 utilise cette même méthode d’encouragement à travers des primes pour le travail de la terre. De même au Brésil, le décret n° 528 du 28 juin 1890 accorde des primes aux compagnies de navigation pour le transport d’immigrants et le décret du 7 novembre 1890 rend accessible l’acquisition de petites propriétés. Et le décret n° 6455 du 19 avril de 1907 va plus loin avec les gratifications aux colons par le paiement de voyages vers leur pays d’origine après trois ans de bon et fructueux travail.

164

prime sollicitée et l’époque à laquelle les plantations seront ensemencées. Les candidatures pour des primes industrielles doivent quant à elles être directement présentées au ministère des Finances selon les mêmes procédures543.

La dépêche de M. Ribot544, du Consulat de France à Asunción, présente un aperçu sur les primes accordées par le gouvernement paraguayen, ainsi que sur les différentes cultures concernées.

Loi du 18 décembre de 1890545

Article 1er -Une somme annuelle de deux cent mille pesos est affectée pendant dix ans à partir de la promulgation de la loi, au développement de l’agriculture et de l’industrie nationale.

Art. 2 - À cet effet, les primes suivantes seront distribuées tous les ans aux agriculteurs et aux industriels dans les conditions suivantes :

1° - vingt prix à ceux qui cultiveront une certaine quantité de tabac, à la condition qu’il soit séché à l’ombre, qu’il ait fermenté et qu’il soit soumis à tous les procédés indispensables pour le rendre acceptable sur les marchés étrangers. Ces prix seront subdivisés de la manière suivante :

2° - deux prix de cinq mille pesos chacun pour les cultures produisant annuellement quatre mille arrobes de tabac.

3° - deux prix de mille huit cent soixante-cinq pesos chacun pour les cultures produisant annuellement mille cinq cents arrobes de tabac.

4° - quatre prix de mille deux cent cinquante pesos chacun pour les cultures produisant annuellement mille arrobes de tabac.

Suivent les primes pour la culture du tabac, le café, le coton, la canne à sucre, les plantations de banane, d’arachide, de riz, de maïs, d’orangers, de citronniers et de vignes.

Des primes pour les fabrications industrielles : huile, confitures de fruits exotiques, farine de manioc, cigares, et indigo.

Des primes sur le développement de l’industrie : à celui qui établira une distillerie d’alcools pour l’exportation546.

Pour l’établissement de centres agricoles :

Article 1er - encourage la fondation de centres agricoles sur les terrains particuliers, propices à l’agriculture, situés le long de la ligne du chemin de fer d’Assomption à Villa Rica, ou d’autres lignes qui restent à créer.

Art. 2 - Chaque centre se composera de trente familles au moins et chaque famille devra compter quatre personnes, dont deux, qui soient aptes aux travaux de l’agriculture.

Art. 3- Tout entrepreneur ou particulier qui voudra créer un centre agricole sur des terrains dont il est question dans l’article 1er fera une demande au pouvoir exécutif dans laquelle il fera connaitre la quantité de terrain qu’il possède et s’engagera à exécuter les prescriptions de la loi.

Art. 4- L’intéressé devra accompagner sa demande du titre de propriété du terrain et d’un plan déterminant la superficie des parcelles de terrain à vendre.

Art. 5- L’intéressé qui voudra bénéficier des avantages de la présente loi devra prendre les engagements suivants :

543 Voir ci-dessous quelques réflexions sur les primes à l’agriculture concernant la loi du 1890 au Paraguay.

544 Dépêche du Consulat de France, au ministre des Affaires étrangères, Alexandre Ribot, Direction des Affaires commerciales et consulaires, Assomption le 26 mai 1891, AMAE.

545 Loi du 18 décembre 1890, « Fomento de la Agricultura e Industria nacional », République du Paraguay, publié dans le Registre officiel, décembre 20 décembre 1890, pp. 97-99.

546 Publié dans la Revue du Paraguay, Assomption le 20 décembre 1890, signé par Juan G. González, et José S. Decoud ; Règlement de la Loi de primes agricoles, Assomption, 12 février 1891, Juan G. González, José S. Decoud.

165

1°- établir dans la colonie, dans un délai de deux ans à dater du jour la concession, une fabrique pour préparer les matières premières produites par les agriculteurs de la colonie.

2° - cultiver pendant trois ans la moitié du terrain concédé aux agriculteurs et dont l’extension sera déterminée plus loin.

3° - donner à l’agriculteur une maison d’habitation, des instruments de labour, animaux de trait et de reproduction, et les semences pour 1 an au moins, et établir d’un commun accord la forme du remboursement de ces avances.

4° - vendre ou donner à chaque famille un lot de vingt-cinq « cuadras »547 carrées au moins, avec la faculté de pouvoir en acquérir un autre d’égale dimension.

Art. 6- Les entrepreneurs qui se trouveront dans les conditions déterminées par l’article 4° et accepteront les obligations créées par cette loi, auront droit aux avantages suivants :

1° - une subvention de deux cents pesos qui sera payée par la Banque Nationale pour chaque famille d’immigrants ou paraguayenne, établie dans la colonie comme propriétaire depuis un an.

2° - Passages gratuits pour les immigrants

3° - Exemption de tout type d’impôt pendant une durée de cinq ans.

4° - toutes les faveurs accordées aux immigrants par l’article 32 de la loi de colonisation. Art. 7°- l’entrepreneur aura l’obligation de cultiver l’un des six produits principaux, à savoir : café, tabac, coton, riz, canne à sucre, et deux des suivants accessoirement, maïs, arachide (maní), orge, ananas, indigo, manioc, etc.

Art. 8° - pour avoir droit aux bénéfices de la présente loi, le capital employé à la création de chaque centre agricole, l’installation de la fabrique incluse, ne pourra pas être inférieur à 25 000 pesos.

Art. 9° - le pouvoir exécutif fera tous ses efforts afin que chaque centre agricole soit composé pour un quart de familles paraguayennes.

Art. 10° - la section de colonisation de la Banque Nationale est autorisée à surveiller l’avancement des centres agricoles qui se créeront, et à intervenir directement dans les contrats qui se feront avec les colons, conformément à cette loi.

Art. 11- Le pouvoir exécutif réglementera la présente loi548.

En effet, dans le but d’optimiser la présence et l’investissement des Français au Paraguay et de leur faire connaître le fonctionnement de l’agriculture, les difficultés et les atouts selon les produits, le Consulat français rédige quelques réflexions sur les primes à l’agriculture : ainsi il détaille les incidences de différentes primes.

- « Les primes n° 1 à 5 : les primes pour la culture du tabac seront difficiles à obtenir, le séchage à l’ombre constitue la condition essentielle de l’amélioration, et une certaine qualité est exigée pour des hangars bien construits et bien organisés. Il faut pouvoir les fermer et les ouvrir à volonté, préserver la récolte des vents trop secs, etc. Ces constructions exigeraient de grands capitaux et le résultat serait aléatoire, car il reste à savoir si la culture ainsi améliorée donnerait un produit supérieur dont le prix serait suffisamment rémunérateur et s’il est possible de trouver un débouché avantageux en Europe. Quant aux procédés consistant à améliorer la qualité du tabac actuel par des fermentations plus ou moins savantes, ils échoueront jusqu’au moment où le produit sera lui-même meilleur. Dans cette situation

547 « cuadra » op.cit., p. 512.

548 Promulguée dans la salle de sessions du Congrès législatif, le 18 décembre 1890. Le président de la chambre des députés, Zacarías Samaniego ; le président du Sénat, Marcos Morínigo.

166

douteuse au point de vue du résultat, il est peu probable que les capitalistes prennent le risque de faire une expérience qui pourrait être onéreuse et aléatoire. Il serait donc de grande nécessité que le gouvernement établisse à ses frais une plantation modèle d’une superficie de 5 ou 6 hectares qui démontre ce que l’on pourrait réaliser dans cette voie ».

- « Prime n° 6 : la prime sur le café est très difficile à obtenir. Les plus grandes fazendas du Brésil comptent 2 000 000 de pieds. Il ne faut pas oublier que pendant 4 ans le café ne donne aucune récolte. Il faut donc pendant ce temps nourrir et payer le personnel. Le café est sensible aux gelées. Il faut donc faire ces plantations dans le nord du Paraguay. On possède peu de renseignements sur la qualité de ce produit ».

- « Prime n° 7 : la culture du coton donnerait sans doute des résultats (sous-entendus bons) à la fois en quantité et en qualité. La quantité imposée que représentent les hectares demandés constitue un travail important. Mais il sera difficile de lutter sur les marchés avec les cotons importés de pays concurrents ».

- « Prime n° 8 : la canne à sucre pousse bien au Paraguay, elle atteint une hauteur d’environ de 5 mètres. La plantation de 80 « cuadras »549 n’est pas possible pour un colon, à moins de disposer de grands capitaux. Il faudra aussi qu’il puisse utiliser ses produits au moyen d’une distillerie ou d’une fabrique de sucre ».

- « Prime n° 9 : la culture de la banane est très facile et la plantation de 25 000 plantes est un travail parfaitement réalisable. Mais où sera le débouché commercial pour pareilles quantités de ces fruits qui n’ont d’autres marchés que Buenos Aires et Montevideo » ?.

- « Prime n° 10 : le « mani » ou l’arachide serait la culture qui mériterait le plus d’attirer les efforts des cultivateurs. La plante donne des récoltes annuelles, sa culture est peu coûteuse et son débouché est assuré grâce à la valeur des produits que l’on en retire ».

- « Prime n° 11 : cette prime est encore accessible à la condition que l’on adopte la variété dite « Riz de campagne » qui ne donne pas une récolte aussi abondante que le riz de marais, mais qui ne nécessite pas autant de travail. La plantation de 10 « cuadras »550 peut se faire sans trop de frais et le résultat en serait certainement rémunérateur ».

- « Prime n° 21 : concernant la fabrique d’huile comestible : la fabrique établie par un français M. Mendiondou pourrait réaliser cette production sans grandes difficultés en modifiant partiellement son outillage ».

- « Prime n° 26 : la fabrication de confitures pour l’exportation est réalisable, mais il serait bon de s’assurer en amont si les produits faits avec les fruits indigènes « guayaves, guaporú, guavirá », etc. seraient appréciés à l’étranger ».

549 « cuadras », op. cit., p. 512.

167

- « Prime n° 27 : le résultat de l’industrie du cigare dépend de l’amélioration de la culture et du produit que l’on pourrait offrir avec succès grâce au nouveau tabac ».

- « Prime n° 28 concernant la farine de Manioc : La « fariña » (farine) est un produit peu utilisé. Il n’y aurait pas d’intérêt, en dehors de la prime, à le fabriquer en grande quantité.

- Prime n° 29 : l’añil ou l’indigo se porterait très bien au Paraguay, mais aucune culture n’a été essayée jusqu’à ce jour »551.

La culture traditionnelle d’avant-guerre, comme le coton, et le tabac a été encouragée, pendant la période de Francia552, pour de petits propriétaires, et les familles rurales travaillent le tissage pour la consommation locale. Sous le gouvernement de Carlos A. López ces cultures vont s’accroître pour l’exportation comme nous l’avons mentionné dans le chapitre précédent. Au cours de la première période d’après-guerre entre 1870 et 1890 il y eut la réorganisation économique du pays. L’adjudication de terres à des sociétés étrangères sera très importante au courant de cette période et des investissements étrangers augmenteront dans le marché de la viande et de bois pour la production du tanin.

Les primes ont pour principal objectif d’encourager les cultures pour une production destinée à l’exportation comme les fibres de coton. Cela est destiné aux petits producteurs et aux entreprises d’exportation. La culture du tabac est également favorisée par des primes afin de le promouvoir auprès de capitalistes, ce qui implique aussi la production de cigares. D’autres produits phares comme le café, la canne à sucre et le « riz de campagne » sont des secteurs de productions soutenus par des primes, pouvant être bénéfiques pour la production à grande échelle.

De même, la fabrication de l’huile, pratiquée par un ressortissant français, est soutenue par des primes comme un exemple à suivre pour d’autres producteurs. L’indigo est un produit issu de la fabrication du tanin, du bois « quebracho » dont la fabrication n’a pas encore été exploitée. Dans la dernière rubrique des primes il s’agit de promouvoir des produits de consommation et d’accès facile sur le marché, comme la banane et l’arachide. Un autre produit dans la catégorie des primes, l’extrait de la farine de manioc : le manioc est un produit de forte consommation dans le pays, d’ailleurs la farine de manioc est largement consommée dans la population brésilienne et il peut être un produit d’exportation. Enfin, une prime est prévue pour la fabrication de confitures de fruits tropicaux, ces fruits sont très appréciés dans le pays : la goyave, le guapurú et le guavirá, ils sont consommés nature. De même il y a

551 Dépêche du Consulat de France, au ministre des Affaires étrangères, M. Ribot, Direction des Affaires commerciales et consulaires, Assomption le 26 mai 1891, Correspondance commerciale Assomption, année 1891, AMAE.

552 Voir à ce sujet : KLEINPENNING, Jan M.G., Paraguay, (1515-1870), « A thematic geography of its development », Germany, Iberoamericana - Vervuert, vol 1, 2003. (Version en espagnol, Asunción, 2011).

168

beaucoup d’autres fruits sauvages consommés dans le pays et qui pourraient apparaître sous la rubrique industrialisation et commercialisation.

Malgré ce dispositif de primes, d’encouragements et de renforcement pour une agriculture d’envergure, le but du gouvernement paraguayen ne semble pas avoir été atteint à court terme.

3.2.2. Des résultats mitigés à la fin du XIXe siècle et début du XXe siècle

Largement évoquée dans les parties précédentes, la loi générale d’immigration et colonisation de 1881 a donc conditionné les débuts de la colonisation durant toute la fin du XIXe siècle. Selon la loi paraguayenne sur l’immigration pour la colonisation, il existe deux types de colonies dans lesquelles les immigrants peuvent s’installer : les colonies nationales et privées. Après l’immigration spécifique à la population française, nous avons appris que des colonies agricoles d’immigrants suisses se sont installées à Villa Hayes (Chaco) (1885) et seront prospères et perdureront dans le temps. En 1890 la colonie sera peuplée par Français, Allemands, Autrichiens, Belges et Espagnols ; la colonie produit de la canne à sucre, maïs, haricots noirs, tabac, et une variété de fruits tropicaux. Le rendement de commercialisation de leurs produits vers la capitale sera positif.

Une autre colonie a été créée à l’initiative de la Banque du Paraguay et du Rio de la Plata en 1889 dans la région orientale ; ces terres seront ensuite achetées par le Danois Emilio Johansen, la colonie sera peuplée par des immigrants suédois. Les colons sont engagés dans l’agriculture, notamment dans le développement du coton. Le fondateur Johansen sera à la tête des producteurs de coton de la colonie.

La loi d’immigration de 1881 attirait les colons pour des raisons économiques essentiellement. À cet égard, le gouvernement paraguayen a joué un rôle important dans la décision d’installations des colonies ; comme la colonie « Nueva Australia », dont l’Australien d’origine britannique William Lane fonda en 1891 la New Australia Cooperative Settlement Association (NACSA) en Australie553. De la propagande dans les journaux australiens, parfois des critiques et d’autres fois des opinions positives sur le Paraguay ont influé sur la décision d’émigrer et de l’installation des colonies. Dans ce contexte, W. Lane accompagné de 250 immigrants, hommes et femmes, quitte l’Australie le 16 juillet 1893 à la recherche d’une utopie dans la vie rurale, pour établir une colonie socialiste utopique au

553 FOREING-OFFICE, Report on the New-Australia, colony in Paraguay, n° 358, publié in « Une colonie socialiste au Paraguay, La Nouvelle Australie », La Réforme Sociale, Bulletin de la Société d’économie sociale et des Unions de la paix sociale, troisième série, tome X (tome XXX de la collection) Paris, secrétariat de la Société d’économie sociale, 1895, pp. 232-238. ; DROULERS, Charles, Socialisme et

colonisation. Une colonie socialista au Paraguay : « La Nouvelle Australie », Paris, Imprimerie de L.

169

Paraguay554. Cette même année (1893), la colonie « Nueva Australia » est fondée par la compagnie coopérative colonisatrice de W. Lane dans la région orientale du pays555. La colonie est créée dans l’idée de développer une société communiste avec l’installation de 1 200 familles, environ 4000 personnes dans les six années suivantes sur une terre d’environ 125 000 hectares octroyés par le gouvernement556. Les premiers différends entre ses membres commencent en décembre 1893 à cause de restrictions imposées par W. Lane afin de garder l’esprit de la colonie consistant à mener une vie plus au moins ascétique. En conséquence au cours de cette année-là 81 colons décident d’abandonner la colonie pour retourner en Australie. Cet exemple de mésententes dans la colonie est dû au fait que les colons participaient à des rencontres festives avec les autochtones ; cela déplaisait au fondateur Lane qui avait prévu des règles pour la communauté,557 celles d’une colonie fermée à la population. Les colons sur place se sont rendu compte que leur vie ne se réduisait pas à la seule colonie, mais qu’il fallait aussi interagir avec la population locale. De ce fait, l’expérience du métissage culturel entre les colons et la population paraguayenne locale a déclenché le conflit