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Prendre sa « responsabilité »

Dans le document Être bienveillant avec soi-même (Page 47-50)

Pour toutes les raisons évoquées plus haut, il n’y a rien d’étonnant à ce que vous mettiez souvent en œuvre des stratégies d’évitement. Vous faites exactement ce que l’on apprend aux gens raisonnables et logiques : vous prenez soin de vous.

Les dés sont pipés, mais vous ne le saviez pas, et ce n’est pas de votre faute. On ne peut pas gagner contre la douleur. Il est temps de vous pardonner cette erreur, de vous laisser un peu tranquille.

Pouvez-vous envisager l’hypothèse que vos stratégies d’évitement ne

fonctionneront jamais et cesser de vous reprocher leur échec ? N’en avez-vous pas assez de vous donner tant de mal pour vivre avec votre douleur ? Il est temps de changer, de « prendre vos responsabilités », ou plutôt votre responsabilité. Car si le pluriel semble indiquer une faute (et en quoi admettre une erreur aide-t-il à changer ?), le singulier désigne pour nous la capacité à répondre, à réagir. Ce

« répondant » peut se révéler une vraie qualité dans ce cas.

Exercice 8 : Le jeu du blâme

Dans le tableau ci-dessous, notez quelques exemples d’occasions au cours desquelles vous vous êtes reproché certaines expériences négatives, ou bien vous les avez reprochées à d’autres.

Puis, sur une échelle de 1 à 10, évaluez à quel point ces expériences vous ont poussé à vivre votre vie de façon plus vraie, plus satisfaisante et plus libre (1 signifiant que cela ne vous a pas aidé, 10 que vos blâmes vous ont totalement incité à changer).

Exemples de blâmes Taux de motivation à vivre mieux (1/10)

Alors ? Combien de fois les reproches que vous vous êtes adressés (ou que vous avez adressés à d’autres) vous ont-ils permis de vivre mieux ? Très peu, nous sommes prêts à le parier : contrairement à ce que l’on croit, les blâmes ne nous poussent pas à avancer.

Il s’agit donc de « prendre votre responsabilité ». En effet, en général, la douleur n’est la faute de personne : elle accompagne automatiquement le système verbal qu’acquièrent les êtres humains. Même dans des situations extrêmes, lorsque quelqu’un vous inflige volontairement un acte répréhensible, vous conservez la capacité à déterminer vous-même la façon dont vous répondez à la douleur causée.

Tout se passe comme si votre souffrance était un appareil de transmission radio.

Vous connaissez l’existence d’un bouton, celui qui est nommé « douleur ». Vous avez consacré énormément d’efforts à essayer d’en baisser le volume, en vain.

Or, sur l’arrière de la radio, il existe un autre bouton qui contrôle l’intensité de votre lutte contre la douleur et les efforts que vous consacrez à la contrôler.

Prendre sa responsabilité signifie comprendre que vous pouvez choisir de répondre à la douleur de bien des façons – qui seront examinées dans la suite de cet ouvrage.

Jusqu’à présent, vous avez presque toujours tenté de contrôler d’une façon ou

d’une autre vos pensées ou vos sentiments. Il est temps de considérer la possibilité qu’il existe une autre alternative à votre lutte. L’un de nos objectifs est de vous montrer ce qui se passe quand vous cessez de vous battre.

Exercice 9 : Jugez votre propre expérience : qu’est-ce qui marche ?

Tout au long des deux semaines qui viennent, nous voudrions que vous remplissiez le tableau ci-dessous. Vous pouvez en faire une photocopie pour chaque jour, ou bien le reproduire 14 fois à la suite. À la fin de chaque journée, évaluez les trois points suivants :

Quel niveau de douleur psychologique avez-vous rencontré aujourd’hui ? (Si votre douleur provient d’un problème particulier, comme l’anxiété ou la dépression, utilisez ce terme plus précis plutôt que le mot « douleur ».) Pour chaque jour, utilisez une échelle allant de 1 (sans douleur) à 100 (douleur extrême).

Après avoir évalué votre douleur quotidienne, évaluez les efforts déployés pour tenir la douleur à distance. Utilisez la même échelle, de 1 (aucun effort) à 100 (effort et lutte maximum).

La dernière étape est d’évaluer le niveau de votre réussite ce jour-là. Il s’agit de savoir quelle serait la qualité de votre vie si tous les jours étaient comme celui qui vient de s’écouler. Utilisez la même échelle de 1 (réussite nulle) à 100 (réussite optimale).

Jour Douleur Lutte Réussite

Notes sur les événements douloureux du jour

En réalisant l’exercice ci-dessus, vous vous rendrez peut-être compte que vous consacrez beaucoup d’énergie à lutter contre la douleur, mais que cela n’augmente pas la qualité de votre vie – il s’agit d’un autre indice qui vous montre que vos tentatives pour contrôler la douleur ne fonctionnent pas aussi bien qu’elles le devraient. Pourtant, des années de conditionnement vous poussent à croire que c’est la seule option qui s’offre à vous.

Pour changer, toutefois, il faut d’abord accepter l’idée que l’alternative au contrôle est aussi subtile que frustrante. Lâcher les rênes ne demande pas un gros effort mais peut s’avérer complexe et déstabilisant, voire frustrant : c’est quelque chose que la « machine à mots » qu’est votre mental n’a pas l’habitude de faire.

Voilà pourquoi il vous faudra prendre le temps d’effectuer tous les exercices de cet ouvrage de façon exhaustive. L’alternative que nous vous proposons pour

remplacer les efforts inutiles visant à contrôler vos pensées et vos émotions exige de votre part engagement, honnêteté, scepticisme et compassion envers vous-même. Ce n’est pas un cheminement facile et votre meilleure alliée pour l’emprunter est votre propre douleur. Vous ne pouvez comprendre que cela en vaut la peine que si vous avez expérimenté par vous-même l’inutilité de vos efforts à contrôler vos expériences négatives.

Dans le document Être bienveillant avec soi-même (Page 47-50)