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Conclusion Le choix de vivre pleinement

Dans le document Être bienveillant avec soi-même (Page 188-194)

Lorsque vous affrontez un problème fondamental en vous-même, vous êtes toujours à un croisement : vers la droite se trouve le bon vieux chemin de l’évitement et du contrôle. C’est le trajet que la plupart des passagers de votre bus aimeraient vous voir emprunter : celui de la logique, de la raison, du bon sens – du langage. Votre mental vous parlera des dangers, des risques, de votre vulnérabilité, et il vous présentera l’évitement comme une bonne solution. Mais vous connaissez ce chemin pour l’avoir parcouru encore et encore. Ce n’est pas votre faute, vous vous êtes comporté en personne raisonnable. Il s’avère simplement que ce n’est ni efficace ni agréable, et que cela vous prive de toute autonomie.

Ce n’est pas votre faute, mais depuis que vous le savez, c’est votre responsabilité. La vie offre un cortège de douleurs ; on ne choisit pas certaines d’entre elles. Vous pouvez connaître – et connaîtrez certainement – des accidents, des maladies, la perte d’êtres chers… Mais même à ces moments-là, vous détenez la responsabilité (la capacité) de répondre en pleine conscience.

Ce qui arrive dans votre vie est la conséquence de vos actions. Personne d’autre que vous ne peut choisir entre acceptation et évitement, fusion et défusion, vivre pleinement dans le monde ou vivre à moitié dans votre tête. Personne d’autre que vous ne peut décider de n’être que votre programmation ou bien d’exister en tant que continuité de conscience. Plus encore, personne d’autre ne peut décider de vos valeurs.

Figure 1 : Le carrefour crucial

Vous vous trouvez donc à un croisement décisif et vous devez choisir votre chemin. Moins fréquenté, celui de gauche est celui de l’acceptation, de la pleine conscience, de la défusion et de la reconnaissance de vos vraies valeurs. Sur cette route, on trouve des risques et des faiblesses, mais elle a un sens.

Les deux routes n’ont pas la même destination, bien au contraire. Que l’on s’engage sur l’une comme sur l’autre, on croise néanmoins des problèmes et de la douleur. À droite, ce sont de vieux problèmes familiers ; à gauche, ils sont nouveaux et plus stimulants. À droite, la douleur est mortifère, suffocante ; à gauche, elle est douce-amère, intensément humaine.

Imaginez que vous vous trouviez au-dessus de cette bifurcation. D’où vous êtes, vous pouvez voir qu’elle s’intègre dans un système de choix plus grand. Ainsi, face au choix, comme face à vos problèmes, en partant à gauche, vous entrez dans un cycle d’acceptation et d’engagement ; en partant à droite, vous optez pour le contrôle et l’évitement (la figure 2 illustre ces cycles).

Dans le cycle de contrôle et d’évitement, la vie se résume à ce que vous dicte votre mental. Vous vous empêtrez dans des prédictions et des évaluations verbales. Vous essayez de suivre les ordres de votre mental, même si, par le passé, ses instructions n’ont jamais fonctionné. Le bus de votre vie est entre les mains de vos passagers imaginaires et ils bifurquent systématiquement vers le

contrôle et l’évitement. Vous pouvez vous sentir soulagé pendant quelques instants : au moins, c’est un chemin connu et, chaque fois que vous l’avez emprunté, vous vous en êtes sorti indemne. Tôt ou tard cependant, vous revenez à votre point de départ, mais affaibli. La vie est un peu plus étriquée. Le temps a passé et vous n’avez toujours pas commencé à vivre. Non seulement il vous faut affronter des problèmes, mais ce sont toujours les mêmes, familiers et mortifères.

Combien de temps durera ce cycle ? Pensez aux problèmes que vous affrontez : quand ont-ils commencé ? Et si les cinq années à venir ressemblaient dans ce domaine à celles qui viennent de s’écouler ? Et les cinq suivantes ? Dans le cycle de l’acceptation et de l’engagement, il en va autrement. Vous entendez tout autant le bavardage de votre mental, mais vous ne vous y laissez pas prendre.

Vous voyez qu’il y a une distinction entre vous, le conducteur conscient du bus, et les passagers que vous transportez. Il y a de la place dans votre véhicule pour eux. Vous les acceptez. Vous en êtes séparé, défusionné. Et, l’œil sur la route, vous avancez vers ce qui compte vraiment pour vous. Résultat : votre vie s’épanouit ; elle devient plus intense et moins rigide.

Figure 2 : Cycle de l’acceptation, cycle de l’évitement

Cette croissance, toutefois, ne va pas sans problèmes. Si, par exemple, vous vous engagez dans une relation amoureuse sincère et pleine, vous rencontrerez le problème de votre vulnérabilité là où vous vous heurtiez auparavant à des problèmes d’aliénation. Parfois, ces nouveaux dilemmes sont plus effrayants que les anciens. Face à tant de nouveauté et d’intensité, votre mental peut se mettre à hurler que vous avez fait une terrible erreur et que vous vous trompez de sens. Et vous revoilà alors revenu à votre croisement des chemins. Il faut refaire un choix. Si vous décidez systématiquement d’aller vers la gauche, vers

l’acceptation, votre vie n’en sera pas plus facile, elle n’en sera que plus vivante.

Vous progresserez (c’est ce que montre la figure 3).

Tant que votre vie participe du cycle de l’acceptation et de l’engagement, vous avancez dans une nouvelle direction (ce qui ressemble à un cercle dans la figure 2 est en réalité une spirale). Vous continuez à rencontrer des problèmes – très graves parfois –, mais vous constatez des progrès. Vous vivez une vie plus intense, moins rigide, valeureuse. Si vous choisissez l’autre chemin, vous vous trouverez également pris dans une spirale, même si celle-ci est descendante : de plus en plus étroit, il mène à une vie rigide, axée sur la lutte. Vous sombrerez dans la guerre psychologique de la souffrance humaine.

Figure 3 : Cycle de l’acceptation et de l’engagement

Vous avez souvent – peut-être trop ? – emprunté la voie de droite. Vous en connaissez d’avance les résultats ; ils sont prévisibles et, d’une certaine façon rassurants, mais mortifères. L’acceptation et l’engagement offrent une voie vers l’inconnu. Sa nouveauté la rend plus effrayante mais plus vivante.

La vie est un choix : pas celui d’accepter ou de refuser la douleur, mais celui de mener ou non une vie pleine et entière, incarnant des valeurs, remplie de sens.

Vous avez suffisamment souffert. Pensez moins pour vivre heureux (nous sommes avec vous) !

Dans le document Être bienveillant avec soi-même (Page 188-194)