• Aucun résultat trouvé

Les maîtres que l’on sert

Dans le document Être bienveillant avec soi-même (Page 156-159)

Vivre dans le seul but de réduire la douleur, ce n’est pas vivre. Si votre agoraphobie vous impose de ne pas sortir, alors que tout votre être n’aspire qu’à cela, laisser votre agoraphobie décider en maître ne vous mènera certainement pas où vous le souhaitez.

Changer peut paraître effrayant à bien des égards. Si vous décidez de ne plus fonder vos décisions sur les indications de votre mental, sur quoi vos actions reposeront-elles ? Si vous pouvez réellement mener votre vie dans le sens que vous choisissez, comment saurez-vous ce que vous voulez faire ? Quelle direction suivre alors que les choix semblent infinis ?

Selon nous, vous avez d’ores et déjà tous les outils en main pour prendre des décisions inspirées et inspirantes qui guideront votre vie. Vous avez non seulement la possibilité, mais aussi la capacité, de mener une existence au service de vos valeurs. Cela ne veut pas dire que les circonstances vous permettront d’atteindre tous vos objectifs, ni que vous ne connaîtrez que des succès. En revanche, vous êtes apte à choisir une direction.

Vos valeurs ne définissent pas seulement ce que vous cherchez à accomplir au jour le jour, mais ce que vous voulez faire de votre vie. D’une certaine façon, ces choix sont une question de vie ou de mort – ils font en tout cas la différence entre vivre pleinement et ne pas vivre vraiment.

Nous ne laissons derrière nous que ce que nous avons été. Pensez à vos héros, aux gens que vous admirez : ce qui compte, c’est ce qu’ils ont laissé, ce pour quoi ils se sont battus. Leurs biens matériels, leurs doutes et leurs luttes intérieures ne comptent pas ; seules les valeurs qu’ils ont incarnées ont de

l’importance.

Notre temps sur Terre est limité et nous ignorons en général quand viendra la fin.

Les questions en jeu sont multiples : peut-on vivre sachant que l’on va mourir ? Peut-on aimer sachant que l’on va souffrir ? Peut-on vouloir vivre pleinement et dans une direction précise sachant que l’on s’en détournera parfois ? Et peut-on viser le succès sachant que l’on échouera parfois ? La possibilité de souffrir est aussi intense que celle de vivre pleinement. Les deux vont de pair. Si vous voulez que votre vie incarne des valeurs, nous vous conseillons de réfléchir à ce que vous laisserez derrière vous, à ce que signifiera votre chemin quand il sera arrivé à son terme, même si la question de notre propre finitude est un de nos qu’en penseraient vos proches. Si vous pouviez librement choisir le but de votre vie, qu’y verrait-on ? Si cela ne dépendait que de vous, si personne ne risquait de se moquer de vous, si vous étiez assez audacieux pour écouter vos envies les plus profondes, que voudriez-vous atteindre ? Que voudriez-vous qu’il reste de vous pour vos proches ?

Exercice 38 : À votre enterrement

Choisissez un lieu et un moment où vous serez au calme. Assurez-vous que vous ne serez pas trop dérangé et prenez tout le temps nécessaire pour visualiser complètement le scénario suivant, avant de répondre aux questions.

Gardez à l’esprit que si vous vous y consacrez vraiment, cet exercice peut être une expérience forte et pleine d’émotion. Nous ne cherchons pas à vous faire « regarder la mort en face », mais bien à considérer votre vie. Si vous vous retrouvez embarqué dans vos émotions et « incapable de continuer », repensez aux techniques apprises dans cet ouvrage, mettez-en une ou deux en pratique, et souvenez-vous que vous faites cet exercice afin d’arriver à quelque chose de potentiellement très efficace.

À présent, fermez les yeux et respirez profondément. Une fois que vous avez calmé votre mental, imaginez que vous êtes mort, mais, que par une circonstance miraculeuse, vous êtes capable d’assister à vos propres funérailles. Représentez-vous le lieu, l’atmosphère ; prenez le temps de visualiser votre enterrement.

Ci-dessous, notez l’oraison funèbre qu’un membre de votre famille ou un ami pourrait prononcer, ce qu’il dirait sur le sens de votre existence, sur ce qui comptait pour vous, sur le chemin que vous avez choisi. Vous écrirez cette oraison de deux façons.

D’abord, imaginez ce que vous craignez d’entendre si la lutte que vous menez en ce moment continue à dominer votre vie. Faites comme si vous abandonniez ce qui compte vraiment pour vous et que vous vous trouviez pris dans vos comportements d’évitement, mené par votre mental, le contrôle de vos émotions et la volonté d’être « bien comme il faut ». Que dira votre ami ou votre parent ? Écrivez-le, mot pour mot, en y ajoutant même ce qu’il n’osera pas dire par bienséance.

Cette oraison est la description de ce que vous craignez. Si cette expérience d’écriture a été difficile, canalisez votre douleur pour l’exercice suivant.

Mais votre oraison funèbre n’a pas à ressembler à ça. Imaginez qu’à partir d’aujourd’hui, vous viviez votre vie en connexion avec vos vraies valeurs. Non, cela ne veut pas dire que vous réussirez tout, par magie, mais que la direction de votre vie sera évidente, claire et manifeste.

Rédigez maintenant l’oraison que vous souhaiteriez entendre. Soyez audacieux ! Il ne s’agit pas de prédiction, ni d’un éloge facile. Il faut que les mots reflètent ce que vous voudriez vraiment créer, ce que démontrera fondamentalement votre existence sur Terre. Imaginez le membre de votre famille ou l’ami qui se prépare à parler. Que dira-t-il ? À vous de l’écrire :

Au-delà de son aspect étrange, que vous a apporté cet exercice ? Prenez le temps de relire, voire d’ajouter, ce qui pourrait manquer.

Si vous vous y êtes consacré avec sincérité, vous trouvez certainement dans vos mots quelque chose qui se trouve déjà en vous et que vous voudriez manifester dans votre vie.

Le souvenir que vous voudriez laisser derrière vous est un très bon indicateur de vos valeurs actuelles. Nul ne sait ce qui se dira à votre enterrement ; en revanche, nous savons que vos actions présentes peuvent changer profondément la façon dont votre vie se déroulera à partir de maintenant. Vos proches ne se souviendront pas de vos pensées, de vos sentiments ou de vos sensations, mais de vos choix et de vos actions. Et si cela commençait aujourd’hui ? Et si cela commençait maintenant ?

Résumons encore. Les tombes comportent souvent des épitaphes, comme « Épouse et mère aimée ». Si la stèle ci-dessous était la vôtre, quelle inscription voudriez-vous y lire ? Comment aimeriez-vous que votre vie soit caractérisée ? Une fois encore, il ne s’agit ni d’une description ni d’une prédiction : c’est un espoir, une aspiration, un souhait, qui ne regarde que vous.

Qu’aimeriez-vous qu’ait signifié votre vie ?

À vous de jouer ! Ci-gît

Figure 12.1 : Votre épitaphe

Dans le document Être bienveillant avec soi-même (Page 156-159)