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Un premier repérage statistique : volumes et intersections; traits et contours

Chapitre 2. ANALYSE STATISTIQUE ESSAIS DE DÉFINITION ET

2. Un premier repérage statistique : volumes et intersections; traits et contours

Il s’agit ici d’indiquer les premiers volumes de la population ainsi repérée, et de les rapporter

d’une part aux « intellectuels », d’autre part aux « travailleurs précaires », et d’en proposer

une première description à grands traits.

2.1. Premières quantifications

On repère respectivement 1,3 %, 1,6 % et 1,5 % de précaires qui sont « intellectuels » au sens du « travail » (i.e. identifiés par leur profession de cadre), du « diplôme » (par une formation de niveau I ou II de l'Éducation nationale) et de l’« origine sociale » (leur père était cadre), soit au total 3,1 % en un ou plusieurs de ces sens. Cela correspond à quelque 780 000 individus, dont 61 % en emploi (11 % d’indépendants et 32,5 % de salariés du privé et 17,5 % de salariés du public) et 39 % de chômeurs. La part des chômeurs et des salariés du privé est plus élevée au sein de ceux qui sont repérés par l’origine sociale (42 % et 35 %), que du diplôme (34 %, 31 %) ou du travail (35 %, 25 %). La part des indépendants (21 %) est plus élevée pour ceux qui le sont par le travail, que par le diplôme (10 %) et l’origine (8 %). Enfin, la part des salariés du public est plus importante pour ceux qui le sont par le diplôme (25 %) que par le travail (18 %) et par l’origine sociale (14 %). Ces premiers traits sont à comparer avec la part des « intellectuels » et des « travailleurs précaires » dans l’ensemble de la population. On dénombre 13,6 % d’« intellectuels » au sens du travail, 12,7 % au sens du diplôme et 9 % au sens de l’origine sociale, et au total 22,1 % de la population active ayant déjà travaillé. Parallèlement, on dénombre 8,1 % de chômeurs et 9,1 % de précaires (dont 0,5 % d’indépendants, 2,1 % de salariés du public et 6,6 % du privé), soit en tout 17,2 % de « travailleurs précaires ».

En ce sens, les « travailleurs intellectuels précaires » tels que nous les repérons, c’est-à-dire de fa- çon floue (l’objet de l’opération l’étant lui-même), correspondent à un « intellectuel » sur sept et à un peu moins d’un « travailleur précaire » sur cinq. Ce mode de repérage conduit ainsi à un dé-

nombrement qui est tout à la fois minoritaire et non marginal, à même (peut-être) de donner

corps à une catégorie regroupant un nombre élevé de situations ayant des attributs sociaux proches :

les cadres et professions intellectuelles supérieures n’ont pas tous des conditions d’emploi éloignées des formes reconnues de précarité, pas davantage que les haut diplômés ou les en- fants de cadre ; et les travailleurs précaires ne sont pas tous éloignés, du point de vue de leurs attributs sociaux, des intellectuels.

2.2. Une description à grands traits

Le retour via les données sur les critères de définition (tableau 1) permettent de retrouver les princi- paux traits attendus des « travailleurs intellectuels précaires » : ils comprennent une part élevée de professionnels de l’information, de l’art et des spectacles, et aussi de professionnels de l’enseignement ; les spécialités de formation correspondant aux humanités (lettres, langues ; art ; information et communication) y sont fortement représentées et on observe une fréquence élevée de titulaires d’une thèse ; du côté des origines sociales, les cadres d’entreprise (administratifs et com- merciaux, comme techniques) sont les plus nombreux. Les formes de précarité observées témoi- gnent d’une majorité d’individus en emploi, dont encore une majorité de salariés, devant une part d’indépendants légèrement supérieure à celle que l’on trouve dans la population active.

Tableau 1.

Précaires que l’on peut qualifier d’« intellectuels » d’après leur

Ensemble des « travailleurs intellec- tuels précaires »

… travail … diplôme … origine sociale

Traits de ces intellectuels Professions de l’information de l’art et des spectacles (35 %), dont 3531 (5,5 %), 3534 (3,2 %) et 3533 (3 %) ; aussi, 3411 (5,5 %), 3126 (3,1 %)

Master 1ère ou 2e année

(52,7 %), thèse (27,3 %), diplôme de grande école

(15,2 %) ; diplômés spécialisés en administra- tion commerce (14,1 %), lettres langues (14,1 %), technique (11,5 %), sciences sociales (11,3 %)

Enfant de cadre admi- nistratif d’entreprise

(29,5 %), d’ingénieur (24,0 %), de cadres d’administration (18,2 %)

Professions de l’information de l’art et des spectacles (15 %), professions in-

termédiaires administratives et commer- ciales d’entreprise (10,3 %), employés administratives d’entreprise (10 %) ;

formation infra-BAC (32 %), Master

1ère ou 2e année, thèse (14,7 %) ; Enfant de cadre administratif d’entreprise

(14 %), d’ingénieur (11,5 %) Formes de pré- carité profes- sionnelles Chômage (35,5 %), CDD, stage, intérim en entreprise (24,4 %), travail indépendant (21,8 %), CDD, stage dans la Fonction publique

(18,4 %) Chômage (33,6 %), CDD, stage, intérim en entreprise (31,1 %), CDD, stage dans la Fonction publique (24,8%), travail indépen- dant (10,3 %) Chômage (42,9 %), CDD, stage, intérim en entreprise (35,0 %),

CDD, stage dans la Fonc- tion publique (13,6 %),

travail indépendant (8,4 %),

Chômage (39,3 %), CDD, stage, inté- rim en entreprise (31,9 %), CDD, stage

dans la Fonction publique (17,3 %), travail indépendant (11,4 %),

Effectifs et part

au sein des actifs 335 000 (1,3 %) 420 000 (1,6 %) 375 000 (1,5 %) 780 000 (3,1 %)

Note : Pour la définition des travailleurs intellectuels précaires, cf. supra. Pour une description plus précise du contenu des sous-

populations et de la population globale, cf. infra, tableaux 2, 3 et 4.

Lecture : la principale catégorie socio-professionnelle des « travailleurs intellectuels précaires » définis par le travail est la catégorie

des professions de l’information de l’art et des spectacles.

Champ : actifs en emploi ou au chômage ayant déjà travaillé. Sources : enquêtes Emploi 2000, 2001 et 2002 (Insee).

2.3. Croisement des définitions

Les croisements et donc redondances entre les différentes sous-populations identifiées (graphique 1) correspondent à 36 % de l’ensemble des 780 000 « intellos précaires » identifiés : 27 % d’entre eux ne le sont que par l’origine sociale, 22 % que par le diplôme et 15 % que par le travail, soit au total 64 % par l’une ou l’autre des définitions retenues, mais une seulement. Sur les 36 % restants, 27 % le sont par deux des définitions (15 % par le diplôme et le travail ; 8 % par le diplôme et l’origine et 4 % par le travail et l’origine) et 9 % par les trois simultanément. On remarque plus particulière- ment que peu de fils de cadres précaires sont aussi diplômés et/ou cadres.

À Paris et en Île-de-France, on trouve davantage de « travailleurs intellectuels précaires » qui cumu- lent deux ou trois manières de l’être : 13 % (vs 9 %) sont à la fois cadres, diplômés et enfants de cadre ; 17 % (vs 15 %) sont cadres et diplômés (sans être enfants de cadres) ; 7 % (vs 4,5 % sur l’ensemble de la France) sont cadres et enfants de cadres (sans être diplômés ; 10 % (vs 8 %) sont diplômés et enfants de cadres (sans l’être eux-mêmes). En miroir, on observe moins d’intellectuels qui le sont seulement par le biais de l’activité professionnelle (14,5 % contre 15 %), du diplôme (17,5 % vs 22 %) ou de l’origine sociale (21 % vs 27 %).

Graphique 1. Intersection des différentes définitions des « travailleurs intellectuels précaires »

Champ : actifs en emploi ou au chômage ayant déjà travaillé. Sources : enquêtes Emploi 2000, 2001 et 2002 (Insee).