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service de la « professionnalisation » des enseignants

1.4. L’activité mentale : un processus à saisir dans sa complexité

1.4.1. Une première appréhension de l’objet avec la psychologie cognitive

Souhaitant comprendre les processus mentaux présents dans l’activité de penser, nos pas nous ont assez logiquement orientée vers les sciences cognitives et, plus particulièrement, vers la psychologie cognitive. Discipline née de la rencontre de plusieurs disciplines (philosophie, biologie, physique, linguistique, communication, anthropologie, ingénierie, informatique), nous avons retenu qu’elle vise à comprendre et à décrire les processus cognitifs de base impliqués dans diverses conduites.

La cognition « recouvre l’ensemble des activités mentales par lesquelles nous

acquérons, élaborons et utilisons des connaissances sur notre environnement et sur nous-même. (…) Les représentations constituent des structures de connaissances sur lesquelles opèrent les processus qui nous permettent de donner du sens aux situations en vue d’agir et de réagir de la manière la mieux adaptée possible. La psychologie cognitive est ainsi la branche de la psychologie qui étudie les processus par lesquels les représentations mentales sont construites, révisées et utilisées dans le cadre de diverses activités humaines intelligentes. »

(Da Silva Neves, 2011, pp. 14-15)

Rui Da Silva Neves rappelle que les études menées en psychologie cognitive distinguent trois niveaux d’études des processus cognitifs : « le niveau sensoriel, le niveau perceptif et le

49 niveau sémantique. » (Da Silva Neves, 2011, p. 15). Notre projet d’étude portant sur les processus de l’activité de penser, il nous a dès lors semblé que notre attention devait se concentrer sur les travaux portant sur les traitements de niveau sémantique.

« Les traitements effectués à ce niveau portent sur les significations des objets considérés dans des contextes. Ces significations sont récupérées en mémoire permanente et contribuent à la formation de nos représentations transitoires. C’est sur les significations actives dans les représentations transitoires qu’opèrent les activités mentales du troisième niveau. » (Da Silva Neves, 2011, p.

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Deux approches semblent se distinguer quant à l’étude des processus cognitifs : l’approche symbolique et l’approche connexionniste.

« Dans la conception symbolique du traitement de l’information (…) on postule que les symboles ont une existence physique dans le cerveau humain, ce qui justifie par ailleurs que les activités cognitives soient décrites comme des manipulations directes de symboles. » (Da Silva Neves, 2011, p. 17)

Mais qu’est-ce qu’un système symbolique ?

« D’après Harnad (1990), un système symbolique est formé par (1) un ensemble de marqueurs physiques (des évènements dans un ordinateur, des marques sur du papier…) qui (2) sont manipulés sur la base de règles explicites (…) (3) comme des marqueurs physiques ou des chaînes de marqueurs (…). La manipulation de symboles basée sur des règles est purement basée (4) sur la forme des marqueurs physiques (pas leur signification), c’est-à-dire qu’elle est purement syntaxique, et (5) consiste en une combinaison de marqueurs symboliques. (6) Il existe des marqueurs symboliques qui sont des primitives ainsi que (7) des compositions de symboles consistant en des chaînes de symboles. Le système dans sa totalité et l’ensemble de ses parties (les marqueurs symboliques, les combinaisons de marqueurs, les manipulations symboliques réelles et possibles, et les règles) sont tous (8) sémantiquement interprétables : une signification peut être attribuée à toute expression syntaxique (…). » (Da Silva Neves, 2011, pp. 17-18)

Pour modéliser les activités mentales, on convoque la notion de système de production qui articule (1) but à atteindre, (2) conditions nécessaires et (3) moteur d’inférence :

« Etant donné un certain but à atteindre (trouver la solution à un problème, prendre une décision…), et certaines conditions étant réalisées (dans la base de faits), le moteur d’inférence détermine l’ensemble des connaissances disponibles dans la base de connaissances qui sont en relation avec les faits observés. » (Da

Silva Neves, 2011, p. 20)

« L’architecture d’un système de production comprend trois principales composantes : la base de connaissances qui constitue la mémoire à long terme du système ; la base de données (souvent appelée « mémoire de travail » ou « base des faits ») et un interpréteur (ou moteur d’inférences). (Da Silva Neves, 2011, p.

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L’approche connexionniste, quant à elle, se situe au carrefour de la neurobiologie, de la psychologie, de l’informatique et de la physique (Nadal, 1993, p. 2) et poursuit comme objectif de comprendre les fonctions supérieures du cerveau. Elle établit un parallèle entre le fonctionnement nerveux et donc neuronal, le fonctionnement mental et le fonctionnement d’un ordinateur.

Les modèles de traitement parallèles postulent que « si nous sommes capables de

traiter de manière aussi efficace l’information, c’est parce que nous pouvons manipuler en même temps un très grand nombre d’opérations cognitives au travers d’un réseau réparti dans d’innombrables zones du cerveau. » (Sternberg,

2007, p. 305)

L’étude des activités mentales dites « supérieures », en raison de leur caractère conscient et de la mise en œuvre « d’une pensée de niveau sémantique » (Da Silva Neves, 2011), relève de l’étude des processus de traitement des représentations. C’est donc assez logiquement que, dans un premier temps, nous avons orienté nos investigations vers ce courant. Nous pouvons citer, parmi celles qui sont le plus étudiées : le jugement, le raisonnement, la compréhension, la prise de décision ou encore la résolution de problème.

51 Quelle forme prend l’activité de penser pour le conseiller pédagogique alors qu’il mène un entretien individuel d’accompagnement avec un ou une directrice? Nous ne souhaitons pas présumer, en amont de la recherche, que telle activité mentale ou telle autre caractérise l’activité du CP en situation d’entretien d’accompagnement individuel. Nous n’avons pas d’idées préconçues. Nous ne souhaitons pas formuler en amont de la recherche un découpage des activités mentales potentiellement présentes dans ce type de situations particulières. Nous formulons l’hypothèse que cela nous empêcherait probablement de les comprendre dans leur complexité mais surtout que cela ne nous aiderait pas à en saisir le mouvement.

Nos pas nous ont aussi guidée vers la psychologie du raisonnement qui pouvait constituer une piste prometteuse dans la mesure où elle s’intéressait à la « nature de la machinerie qui permet les activités mentales supérieures » (Da Silva Neves, 2011, p. 83)

1.4.2. Etude du raisonnement et étude des changements opérés sur