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Belgique francophone - contexte social de la recherche

3.1. Qualifier les activités mentales – questions théoriques

3.1.6. Une activité inscrite dans un environnement praxéologique : une approche écologique

L’approche du travail mental développé en ergonomie par Jean-Claude Sperandio se propose de recenser les processus psychiques, définis selon leur nature :

1. la prise d’information sur le monde extérieur, c’est-à-dire la perception.

2. l’analyse de l’information, c’est-à-dire les raisonnements sous toutes leurs formes, portant sur l’information externe (provenant de la perception ou sur l’information interne (provenant de la mémoire).

3. la mémoire à plus ou moins long terme. 4. la représentation mentale.

Pour Jean-Claude Sperandio, ces quatre processus sont étroitement interdépendants :

« Ces processus peuvent pour des raisons didactiques être présentés séparément, mais il est clair qu’ils ne fonctionnent pas séparément. Chacun d’eux est

conjointement nécessaire au traitement de l’information et tous sont étroitement interdépendants. » (Sperandio, 1983, p. 3)

S’intéresser aux activités cognitives ne peut faire l’économie d’un intérêt pour l’environnement et les interactions du sujet avec cet environnement. Deux rapports apparaissent à cet environnement. Dans le premier, l’environnement constitue le matériau à partir duquel le sujet opère et agit. Dans le second, l’environnement constitue un produit des agirs du sujet. Dans une approche temporelle linaire, nous aurions des matériaux (input) sur lesquels s’opèrent des agirs qui produisent de nouveaux matériaux (output) et ainsi de suite. Essayer de comprendre ce qui se passe dans la « boite noire », c’est prendre aussi en considération les éléments en amont et en aval du traitement. Il s’agit de prendre en compte ce sur quoi s’opère le traitement et ce qu’il produit. Quand Jean-Claude Sperandio évoque la prise d’information, il évoque le matériau à partir duquel va pouvoir se réaliser le traitement. Quand il traite des représentations, il évoque soit le matériau sur lequel s’opère le traitement soit les produits du traitement.

Jean-François Richard (Richard, 1990, pp. 12-13), propose une modélisation de l’activité mentale sous l’intitulé d’architecture cognitive. Il présente cette modélisation avec beaucoup de prudence en relevant son caractère fonctionnel. Si l’activité mentale peut être modélisée sous une forme systémique, les entrées du système cognitif sont les situations et les sorties du système (pour l’activité mentale) sont les actions, les décisions d’action et pour les productions langagières, les contenus sémantiques à transmettre.

« Le fonctionnement cognitif doit être considéré comme le fonctionnement d’un système. A un premier niveau, la description du système cognitif peut se présenter comme la description des fonctions mises en jeu dans le système et leur agencement. Elle est analogue à celle que l’on pourrait faire d’un système artificiel de traitement de l’information. A un niveau plus fin, le système cognitif est décrit par les activités qui réalisent ces fonctions chez l’homme. Ce niveau définit les particularités du système humain de traitement de l’information. »

(Richard, 1998, p. 7)

Jean-François Richard envisage le fonctionnement cognitif sous une forme de globalité. Il précise combien les découpages ne correspondent pas nécessairement aux réalités du

105 fonctionnement physiologique et biologique de l’homme. Par contre, l’humain possède des particularités de traitement.

C’est ainsi que Jean-François Richard identifie quatre types de caractéristiques qui permettent de définir les activités mentales : (1) la nature des informations support et produit à l’activité mentale, (2) la nature des traitements qu’elles opèrent, (3) la nature des processus de traitement qui les constituent et enfin (4) le caractère conscient ou non. Précisons ce que cet auteur définit comme environnement aux traitements des informations en précisant ce qu’il entend par la « nature des informations support et produit à l’activité mentale ».

1. Pour ce chercheur, les activités mentales peuvent être définies par la nature des informations à partir desquelles elles travaillent. Les informations dont partent les activités mentales sont le résultat des traitements sensoriels comme :

1.1. l’identification des objets et leurs propriétés 1.2. l’identification des mouvements

1.3. l’identification des changements et de leur succession qui sont la base de la perception des évènements

1.4. l’identification des éléments lexicaux et des marqueurs syntaxiques.

2. Pour Jean-François Richard, les activités mentales peuvent être définies par la nature des informations ou décisions qu’elles produisent. Les résultats des activités mentales sont de deux ordres :

2.1. les unes ont une issue comportementale directe : ce sont les décisions d’action qu’il convient de distinguer de la programmation des gestes et des mouvements.

2.2. les autres n’ont pas d’issue externe : elles restent internes au système cognitif qu’elles viennent enrichir sous forme d’informations mémorisées ou de représentations de la situation.

Nous souhaitons comprendre le fonctionnement mental de conseillers pédagogiques en situation d’accompagnement, c’est-à-dire en situation d’activité professionnelle non simulée et présentant les caractéristiques habituelles dans lesquelles ils évoluent à l’exception de notre présence de chercheure. Nous nous intéressons donc aux processus. Mais pour comprendre les processus nous choisissons de comprendre les environnements sur lesquels le sujet opère des

traitements. Jean-François Richard propose deux natures d’environnements mentaux : un environnement pendant le traitement sur les informations et un environnement après le traitement.

A retenir

Notre projet consiste à opérationnaliser la notion d’activité mentale. Pour ce faire, nous ne pouvons ignorer que l’activité mentale existe dans un environnement qui agit sur elle et sur lequel elle agit à son tour. Dès lors une approche écologique de l’activité mentale s’offre à nous, nous conduisant à repérer les éléments de l’environnement sur lesquels s’opère l’activité, de même que les produits de cette activité.

3.1.7. Une activité approchée comme un processus : pensée et