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En cohérence avec notre approche compréhensive et constructiviste du phénomène du savoir-être humaniste issu d’une pratique singulière d’un leadership démocratique par des gestionnaires, nous avons choisi de faire appel à un échantillonnage non-probabiliste, constitués de volontaires (voluntary sample) voulant communiquer leur expérience de ges- tionnaire. Comme Béaud (2003) le précise, dans le but d’obtenir une meilleure représenta- tivité, on peut procéder à une sélection, en fonction de quotas, parmi ces volontaires. C’est à partir d’un marketing de masse, suivi d’une sélection des dossiers reçus de candidats inté- ressés, que nous avons constitué un échantillon non-probabiliste pour notre recherche.

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Notre objectif était de constituer un groupe composé d’un minimum de 7 participants et d’un maximum de 12.

Notre première démarche pour obtenir un premier échantillon de candidats poten- tiels s’est effectuée en faisant appel à un réseau élargi de contacts personnels, au printemps 2009. Une lettre d’invitation a été envoyée à plus d’une centaine de gestionnaires ayant déjà été inscrits à un programme de formation de deuxième cycle en gestion de l’UQAC ou de l’Université de Sherbrooke. Un article a aussi été publié dans le journal Liaison de l’Université de Sherbrooke, distribué auprès de tous ses diplômés et employés, et dispo- nible dans différents postes de distribution sur les campus de Longueuil et de Sherbrooke. Une invitation a également été lancée à tout le personnel de l’UQAC via la liste d’envoi intranet de cette institution. La missive a aussi été envoyée à différents formateurs et res- ponsables de programmes de formation en gestion, des secteurs privés et publiques, afin qu’ils la transmettent à des candidats qu’ils jugent intéressants et potentiellement motivés par la recherche. Puisque nous avions choisi comme contexte de nature et d’aventure une expédition en kayak de mer, une lettre de sollicitation a aussi été expédiée à différents clubs de kayak de mer du Québec en leur demandant de l’acheminer à leurs membres respectifs.

Essentiellement, le contenu de ces invitations précisait que nous recherchions des sujets prêts à jouer un rôle actif dans une recherche doctorale portant sur le savoir-être dans l’exercice du leadership. Nous y précisions d’emblée que la méthodologie est innovatrice et que les candidats participeront à une expédition de 7 jours en kayak de mer sur le Saguenay

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en août 2009. Nous y indiquions que chaque participant aurait l’occasion d’explorer son expérience pratique afin de bâtir collectivement un modèle de leadership basé sur le savoir- être. Nous spécifiions aussi qu’en plus de faire avancer les connaissances sur le sujet, cha- cun pourrait en tirer des apprentissages personnels riches et significatifs à propos de sa fa- çon d’exercer du leadership. Pour ne pas trop restreindre l’échantillon de candidats poten- tiels, nous précisions qu’aucune expérience en kayak n'était obligatoire, mais qu’une bonne condition physique était toutefois requise. Nous complétions en disant que les participants auraient l’occasion de vivre un voyage de découverte et de dépassement, loin des foules et dans un environnement naturel d’une grande beauté. Un résumé en trois pages du projet de recherche (voir Appendice 1) était joint à l’invitation. Ce texte donnait davantage de détails et précisait que nous désirions recruter des gestionnaires provenant de divers horizons, ayant une expérience professionnelle minimale d’une dizaine d’années et reconnus dans leur entourage pour leur leadership démocratique. Les personnes intéressées pouvaient con- tacter directement le chercheur par courriel ou par téléphone.

Cette sollicitation de masse aura permis de recruter 23 candidats intéressés, à qui une lettre personnalisée a été envoyée, les invitant à fournir un curriculum vitae présentant leur expérience comme gestionnaire, ainsi qu’une courte lettre décrivant leurs motivations, leur condition physique, leur expérience en plein air et en kayak de mer et les formations en leadership qu’ils ont déjà suivies. De ce nombre, 20 demandes de participation nous seront acheminées. Cinq de ces candidatures ne seront pas retenues sur la base d’une expérience professionnelle insuffisante ou non pertinente. Les 15 autres dossiers correspondaient à des

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candidats répondant potentiellement aux besoins de notre recherche. Ces gestionnaires of- fraient des profils professionnels diversifiés et provenaient d’un peu partout au Québec. Afin de connaître davantage ces personnes et surtout dans le but de mieux les informer sur la démarche et de répondre à leurs questions, quatre rencontres d’information ont été réali- sées par petits groupes à Montréal, Sherbrooke, Québec et Chicoutimi, du 10 au 29 juin 2009.

Au début mai, nous avons envoyé les premières communications portant sur ces quatre séances d’information aux candidats intéressés. Cependant, dans le but de créer une communauté d’apprentissage et de laisser aux gestionnaires engagés dans la recherche le temps de réaliser une démarche réflexive significative, il a été décidé avec le directeur de la recherche de répartir l’ensemble des activités de la recherche sur une période de 12 mois, et de reporter l’expédition de kayak de l’été 2009 à l’été 2010. Cette décision était devenue évidente en regardant avec plus de réalisme les échéanciers que nous nous étions donnés. Nous avions déjà reporté la date limite pour recevoir les dossiers des candidats jugés inté- ressants et il était maintenant irréaliste de compléter nos séances d’information bien avant la fin juin. Les dates de ces rencontres avaient été fixées à partir des disponibilités de cha- cun afin que tous puissent y participer. Nous avons donc pris le soin d’informer aussitôt les 15 gestionnaires présélectionnés en leur expédiant un calendrier détaillé et révisé (voir Ap- pendice 2) en même temps que l’invitation à participer à l’une des quatre séances d’information. Malgré le report d’un an du projet d’expédition en kayak, ce sont tous les candidats qui se sont présentés à l’une ou l’autre des rencontres d’information.

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L’ordre du jour de la rencontre d’information commençait par une prise de contact basée sur une présentation succincte du cheminement professionnel de chaque participant ainsi que de celui du chercheur. La présentation de la recherche apparaissait comme second point, en prenant le soin de bien situer les particularités d’une recherche coopérative de type praxéologique où les participants sont des cochercheurs qui participent activement avec le chercheur principal à une démarche réflexive sur le savoir-être humaniste enraciné dans leur pratique d’un leadership démocratique. Nous avons également expliqué comment avait été fait le recrutement et présenté le contenu des prochaines étapes. Un aperçu des coûts pour la participation à la rencontre d’échange sur les récits de pratique (février 2010) et à l’expédition (août 2010) a ensuite été présenté.

Cette rencontre d’information avait aussi comme objectif d’informer les participants que le chercheur avait obtenu du comité éthique de recherche de l’Université du Québec à Chicoutimi une certification éthique concernant le protocole de sa recherche auprès de su- jets humains (voir Appendice 31). Les participants ont été informés qu’ils auraient à signer une déclaration de consentement dont le contenu décrivait le projet, présentait les avantages et les risques à participer à la recherche, précisait les conditions de confidentialité des don- nées et de la diffusion des résultats et détaillait les modalités relatives à leur participation. Nous avons également précisé que le chercheur pouvait décider, à sa propre discrétion et en tout temps, d’exclure un participant de la recherche, et nous avons donné quelques exemples de motifs d’exclusion. Nous avons rappelé qu’il était aussi loisible à quiconque

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de se retirer de la démarche de son propre chef et sans préjudice à ses droits. Nous leur avons également remis un document (voir Appendice 3) résumant ces points importants extraits de la déclaration de consentement. Cette séance d’information se complétait par une période de questions et d’échange de commentaires. Nous leur signalions qu’ils avaient jusqu’au 15 août 2009 pour confirmer leur désir de participer à la recherche. Pour ce faire, ils devaient compléter un questionnaire sur leurs motivations, intérêts et appréhensions à participer à cette recherche. Finalement, ils devaient lire, signer et nous retourner la décla- ration de consentement.

Des 15 gestionnaires présents aux rencontres d’information, 11 personnes ont offi- cialisé leur désir de participer à la recherche en nous faisant parvenir les documents deman- dés avant la fin août 2009. Toutefois, ce n’est que huit7 d’entre eux qui complèteront la tâche de rédiger leur récit de pratique professionnelle à l’automne 2009 et qui formeront notre groupe de cochercheurs. Ces huit candidats présentaient une certaine diversité de par leur milieu de pratique professionnelle : trois sont cadres au sein d’entreprises privées des secteurs de la métallurgie, de la foresterie ou des télécommunications ; deux sont gestion- naires d’établissements scolaires universitaires ou secondaires ; deux ont un poste de direc- tion dans le milieu de la santé ou communautaire ; un occupe un poste de gestion en res- sources humaines dans le secteur de la vente au détail. Leur expérience professionnelle va- rie de 13 à 32 années. Trois d’entre eux détiennent un baccalauréat en ingénierie ou en

7 Pour des raisons professionnelles, l’un de ces huit participants sera contraint d’abandonner la recherche un mois avant l’expédition. Il aura toutefois complété son récit de pratique et participé à la rencontre de partage sur les récits.

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sciences de la terre, les cinq autres possèdent une maîtrise dans le domaine de la gestion ou de l’éducation. Ces huit gestionnaires nous sont rapidement apparus comme des sujets très motivés et fort intéressés par le sujet de notre recherche.

Pour favoriser l’exploration réflexive sur le savoir-être humaniste, nous étions cons- cients de l’importance de créer avec ces candidats une communauté d’apprentissage qui a pour finalité d’augmenter le savoir collectif par l’implication de chaque participant au déve- loppement de son savoir individuel (Scardamalia & Bereiter, 1994). Au terme du recrute- ment, notre communauté d’apprentissage était constituée et demeurait encore virtuelle puisque ce n’est pas l’ensemble des candidats qui avait eu l’occasion de se rencontrer en personne lors des séances d’information et qu’au départ, aucun d’entre eux ne se connais- sait. Ainsi, pour l’ensemble de notre démarche de recherche, nous avons choisi de porter une attention particulière aux aspects socio-affectifs des relations entre les participants et de mettre en place des conditions pour favoriser la création et le maintien d’un bon climat de groupe, et ce, tout au long de notre stratégie de collecte d’information.