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2.2  La deuxième étape : écriture du récit de pratique 44 

2.2.2  Le guide de rédaction du récit de pratique 46 

Afin de bien encadrer les gestionnaires dans l’activité de rédaction de leur récit de pratique, nous leur avions transmis un guide8 détaillé (voir document complet en Appen- dice 4). Dans ce document, nous rappelions brièvement le but de cette démarche autobio- graphique qui est d’effectuer une première collecte de données et de partager leurs ré- flexions pour dégager un sens à son récit individuel, et un sens collectif issu des récits de pratique professionnelle de chacun. En effet, nous signalions la distinction entre le récit, qui est la phase de collecte de données qualitatives ou de réflexions sur leur pratique et l’histoire de vie, qui est une seconde phase correspondant à l’analyse et l’interprétation du récit pour en dégager un sens. Le guide de rédaction soulignait que la réalisation de cette seconde phase se ferait par un partage en groupe du récit de pratique de chacun pour parve- nir à une construction d’un sens individuel, qui est l’histoire de vie singulière de chaque gestionnaire, et d’un sens collectif, qui est une mise en commun de représentations sur le savoir-être humaniste enraciné dans la pratique d’un leadership démocratique.

Il était précisé dans le guide que cette démarche réflexive exige une implication per- sonnelle importante et comporte des règles éthiques vis-à-vis soi-même et des autres parti-

8 Ce guide a été préparé en collaboration avec notre directeur de thèse, M. Pierre Deschênes Ph.D. Il est lar- gement inspiré du Guide pour la réalisation d’une démarche autobiographique produit par Louise Bour- dages, Ph.D. et qui a été utilisé lors du cours PTR6110 Observation et analyse en praxéologie dans le cadre de notre scolarité de doctorat à l’UQAC à l’hiver 2006.

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cipants. Laîné (1998) souligne qu’une première règle porte sur le respect de soi où le parti- cipant demeure entièrement libre d’exprimer seulement ce qu’il désire, en respectant ses limites et en faisant authentiquement des choix sur ce qu’il veut communiquer ou ne pas communiquer. Il mentionne que la deuxième règle consiste dans le respect de l’autre lors des moments de partage des récits où chacun est appelé à lire et à analyser, sans porter de jugement ou faire d’interprétations, le récit de pratique de deux autres participants. Finale- ment, il signale que la troisième règle du respect de la confidentialité garantit que tout ce qui est échangé par écrit ou verbalement demeurera strictement confidentiel.

Bien que ce soit présenté en détail dans le guide de rédaction (voir Appendice 4), nous décrivons ci-dessous les activités préparatoires à l’écriture du récit et les instructions pour l’écriture d’une première version du récit.

2.2.2.1 Les activités préparatoires à l’écriture du récit

Les activités préparatoires avaient pour but d’aider chacun des gestionnaires à avoir une vue d’ensemble des principales étapes de sa vie personnelle et professionnelle en four- nissant un aperçu des principaux évènements qui ont marqué chacune de ces étapes. Pour Desmarais et Pilon (1996) : « la famille, la formation (scolaire et parascolaire) et les mi- lieux de travail avec les diverses pratiques exercées » (p. 52) sont des dimensions qui émergent de ces étapes.

Comme première activité préparatoire, les gestionnaires étaient invités à se remémo- rer les évènements marquants de leur vie. Pour y parvenir, il leur a été proposé de complé-

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ter un tableau des éléments importants du cours de leur vie (voir l’exemple en Appendice 5). La deuxième activité préparatoire invitait les gestionnaires à fouiller dans leurs albums de souvenirs et à sélectionner différentes photos significatives pour chacune des étapes de leur vie. Il a été suggéré de bien regarder ces photos pour identifier les souvenirs marquants qui balisent différentes étapes de leur vie et de les regrouper dans un album souvenir tem- poraire. Pour enrichir cette activité, il a été proposé d’élargir la collecte de photos souvenirs en incluant des objets tangibles, susceptibles de souligner ces évènements marquants. Puis, nous avons demandé aux gestionnaires d’écrire des courtes phrases décrivant les images ou les émotions associées à chacun de ces objets ou photos. À partir de tous ces outils, il s’agissait ensuite d’identifier des thèmes qui avaient pu les inspirer tout au long de leur vie et qui étaient encore significatifs aujourd’hui dans leur pratique professionnelle. Une fois cette activité complétée, il était conseillé de laisser macérer quelques jours ces morceaux de casse-tête ainsi recueillis.

La troisième activité préparatoire favorisant la rédaction du récit consistait à faire un dessin, un collage ou un agencement des morceaux de son casse-tête composés d’étapes de sa vie, de photos, d’objets et de courtes phrases chargées d’émotions afin de laisser émerger de cet ensemble ainsi créé ce qui fait du sens pour soi. Cette démarche constitue « un essai de rabouter, de mettre bout à bout des matériaux hétérogènes, de créer une forme avec ce qui est difforme ou multiforme, du sens avec ce qui n’en a pas » (Pineau & Jobert, 1989, p. 16). Nous avons ensuite suggéré d’identifier un titre évocateur qui pourrait représenter le fil conducteur ou le sens du récit de pratique.

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Comme il est reconnu que le plus difficile dans la rédaction de son récit de pratique est de savoir par quel moment et comment débuter, ces trois activités préparatoires allaient aider à dépasser une écriture narrative et rationnelle d’événements de sa vie personnelle et professionnelle, en impliquant aussi l’émotion et la sensibilité qui sont de l’ordre du savoir- être humaniste. Dans les consignes qui leur ont été remises, il était également précisé que le matériel de ces activités allait demeurer confidentiel et qu’ils n’auraient pas à le partager avec d’autres membres du groupe. Toutefois, nous étions conscients qu’en partageant leur récit de pratique, ils y auraient une émergence du matériel issu des activités préparatoires.

2.2.2.2 L’écriture d’une première version du récit de pratique

Inspirés par les activités préparatoires, les gestionnaires étaient ensuite invités à se lancer dans l’écriture d’une première version de leur récit de pratique professionnelle d’un leadership démocratique. Pour alimenter l’écriture de leur récit, le guide propose différentes questions, sans obliger les gestionnaires à s’y contraindre :

1. Pourquoi en êtes-vous venu à exercer un leadership démocratique dans votre pra- tique professionnelle?

2. Comment vous êtes-vous retrouvé dans des situations où vous avez exercé du lea- dership démocratique ?

3. Qu’est-ce qui vous incite à continuer d’exercer un leadership démocratique ? 4. Qu’est ce qui ferait que vous cesseriez d’exercer un leadership démocratique ? 5. Dans ces situations d’exercice d’un leadership démocratique, de quelles pratiques

êtes-vous le plus fier et quelles questions fondamentales de sens donnez-vous à ces pratiques?

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6. Dans ces situations d’exercice d’un leadership démocratique, de quelles pratiques avez-vous des regrets et quelles questions fondamentales de sens donnez-vous à ces pratiques?

Il est important de signaler qu’une mise en garde complétait ces consignes de rédac- tion d’une première version du récit. Il y est précisé qu’il est tout à fait normal de ressentir diverses émotions liées à certains évènements plus difficiles de sa vie en écrivant son récit. Il est dit qu’il ne faut pas s’en inquiéter et que le fait de les écrire permet souvent de libérer des émotions parfois insoupçonnées.

Dans les instructions de rédaction du récit de pratique, il était précisé que cette phase de rédaction devait être complétée pour le 30 novembre 2009, soit environ 2 mois de travail. Les gestionnaires devaient alors acheminer au chercheur leur première version du récit d’une dizaine de pages. Ce dernier en ferait la lecture et retournerait ses commentaires à son auteur, sous la forme de suggestions, dans le but d’élaborer ou d’explorer davantage certains aspects du récit. Par la suite, chacun devait lui retourner une version finale de son récit de pratique professionnelle, et ce, au plus tard le 15 décembre 2009. On rappelait aux gestionnaires que cette deuxième version serait transmise à deux autres personnes pour ré- colter leurs réflexions et partager celles-ci lors de la rencontre d’équipe prévue pour la fin février 2010.

Le premier récit de pratique rédigé par un gestionnaire nous a été acheminé le 26 novembre 2009, soit un peu avant la date limite du 30 novembre. Au 1er décembre, quatre

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autres récits étaient reçus. Trois retardataires avaient pris entente avec nous et nous ont fait parvenir leur première version entre les 12 et 16 décembre. Dans tous les cas, entre un ou deux jours après la réception de leur version 1, nous retournions nos commentaires aux gestionnaires en les invitant à nous acheminer une version révisée pour le 15 décembre. Nos commentaires consistaient essentiellement en des demandes de clarification, de préci- sion ou d’élaboration. Pour quelques cas, il aura fallu une troisième retouche pour en arri- ver à une version finale. Le dernier récit de pratique à être complété dans sa version finale nous est parvenu le 28 décembre. La même journée, nous faisions parvenir à chacun des huit gestionnaires les instructions pour la troisième étape de la démarche autobiographique, soit la lecture et l’analyse du récit de collègues et de son propre récit.

2.3 La troisième étape : lecture et analyse par les gestionnaires des récits de