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Pratiques de déplacements, attentes et motivations de l’adhésion au

Chapitre 7 Le Plan de déplacement d’Entreprise (PDE) comme solution

3.2. Pratiques de déplacements, attentes et motivations de l’adhésion au

PDE

Nous présentons dans cette partie, les pratiques de déplacement, les raisons ou motivations pour lesquelles les salariés adhèrent ou n’adhèrent pas au PDE ainsi que leurs attentes par rapport au PDE dans une optique d’amélioration de celui-ci.

3.2.1. PDE et pratiques de déplacement des salariés

Nous relevons que 55.6% des salariés sont des utilisateurs exclusifs de la voiture (seul ou accompagné), 18.1% sont des utilisateurs exclusifs des transports en commun ; 17.5% utilisent, selon les jours, différents modes de transport (multimodalité) ; 4.6% utilisent successivement plusieurs modes de transport au cours du même trajet (intermodalité) et enfin, 4.2% sont des utilisateurs exclusifs des modes doux (vélo ou marche à pied).

La part des salariés qui adhèrent au PDE est de 34% soit un tiers (n = 765), contre 66% qui n’en sont pas adhérents. Parmi les personnes qui adhèrent au PDE, 22.5% considèrent qu’il est tout à fait adapté à leurs besoins, 57.2% qu’il est plutôt adapté, 17.3% qu’il est plutôt pas adapté et 3% qu’il n’est pas du tout adapté. 25.8% des salariés qui adhèrent au PDE se disent tout à fait satisfaits de ce PDE, 58.2% se disent plutôt satisfaits, 13.1%

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plutôt insatisfaits et 2.8% pas du tout satisfaits. Le fait d’adhérer au PDE ne dépend pas du genre (V de Cramer (n = 2041) = .03 ; ns).

Par contre, l’adhésion au PDE est significativement liée au type d’horaires de travail (V de Cramer (n = 2046) = .11 ; p < .001). En effet, la part des personnes qui adhèrent au PDE est de 36.8% (n = 479) parmi les personnes qui travaillent en horaires variables avec plage fixe, alors qu’elle est de 27% (n = 177) chez les personnes qui travaillent en horaires variables sans plage fixe ; la totalité des personnes en équipes postées n’adhèrent pas au PDE (n = 7). Ces résultats sont conformes à notre hypothèse selon laquelle une totale flexibilité des horaires permet de continuer à prendre la voiture tout en s’affranchissant des embouteillages. A contrario, une flexibilité partielle des horaires force davantage à prendre les transports en commun pour éviter les embouteillages tout en laissant une marge de manœuvre nécessaire en termes d’horaires lorsqu’on utilise un mode de transport moins fiable et flexible tel que les transports en commun.

En croisant le fait d’adhérer ou non au PDE et le mode de transport utilisé pour se rendre au travail (exclusivement la voiture, exclusivement les transports en commun, multimodalité ou intermodalité), on constate qu’il existe bien un lien entre le fait d’adhérer au PDE et le mode de transport choisi (V de Cramer (n = 2265) = .66 ; p < .0001). 88.5% des personnes qui ont recours à l’intermodalité (navette/voiture ou TC/voiture) sont adhérentes au PDE ; elles sont 82.9% chez les personnes qui ont exclusivement recours aux transports en commun, 52.1% chez les multimodaux ; 17.7% chez les utilisateurs exclusifs des modes doux et 9.4% chez les utilisateurs exclusifs de la voiture. On note que d’une manière générale les adhérents au PDE sont surtout et avant tout des utilisateurs des modes alternatifs à la voiture. On notera cependant que 9.4% des personnes qui adhèrent au PDE n’utilisent ni les transports en commun, ni la navette, ni un mode doux pour se rendre sur leur lieu de travail. Pour ces salariés, l’adhésion au PDE permet d’utiliser les transports en commun à d’autres occasions (le week-end, pour se rendre en centre-ville, etc.) ou pourrait correspondre à un «essai non transformé» de report modal. Si environ un tiers des salariés adhère au PDE de l’entreprise, il est intéressant de connaître les raisons qui les poussent à y adhérer. En effet, ces raisons peuvent constituer des arguments pour convaincre les nouveaux venus dans l’entreprise.

3.2.2. Motivations de l’adhésion au PDE

Les motifs invoqués pour l’adhésion au PDE (voir Tableau XVI, page 160) sont principalement liés à l’attrait perçu des transports en commun (rappelons que dans l’entreprise observée, le PDE concerne surtout les transports en commun et dans une moindre mesure les

modes doux). Ainsi, 81.6% des personnes qui indiquent la raison de leur adhésion au PDE, citent des avantages inhérents aux transports en commun (TC). Parmi les atouts liés à l’utilisation des TC, ce sont majoritairement les économies offertes par l’abonnement PDE qui attirent les salariés (59.6%). Viennent ensuite des considérations pratiques évoquées par les utilisateurs habituels des TC (côté pratique par exemple ; 11.7%). Les notions liées à l’amélioration du rythme de vie et à la diminution du stress de la vie quotidienne sont également citées (9.6% pour le gain de temps, 9.6% pour la diminution du stress, 5.8% pour l’évitement des embouteillages et enfin 3.8% pour la sécurité sur les routes).

Motivation principales Sous catégorie des motivations Pourcentage de la sous catégorie dans la catégorie principale Economies (n=277) 59.6% Avantages classiques (n=55) 11.7% Gain de temps (n=45) 9.6% Diminution du stress (n=43) 9.6% Eviter les bouchons

(n=27) 5.8% Avantage des TC 81.6% (n=465) Sécurité (n=18) 3.8% 100% Conviction / environnementalisme Réduire la pollution (n=60) 80% 13.2% (n=75) Par conviction (n=15) 20% 100% Pas le choix Pas de voiture 4.7% (n=27) - 100% 100% Total = 100% (N = 570)

Tableau XVI : Motivations de l’adhésion au plan de déplacement d’entreprise.

En plus des raisons qui ont poussé les salariés à adhérer au PDE, il est intéressant de connaître les améliorations souhaitées pour ce PDE. En effet, une observation spécifique des attentes des salariés qui adhèrent ou n’adhèrent pas au PDE peut permettre de proposer des axes d‘amélioration concernant le PDE en lui même et sur la communication mise en place autour des PDE.

161 3.2.3. Attentes des salariés vis-à-vis du PDE

Les attentes des salariés conditionnent-elles leur adhésion au PDE ? Sont-elles différenciées suivant certaines variables comme par exemple le fait d’adhérer ou non au PDE, le type d’horaire de travail (posté ou non), le fait d’être ou non satisfait du PDE, etc.

Les premières attentes des salariés concernant le PDE concernent directement l’amélioration des infrastructures de transports en commun (47% des réponses fournies), suivies par les solutions commerciales ou de communication (12.1%), les améliorations concernant les navettes privées de l’entreprise (10.3%), les propositions qui concernent l’automobile (6.6%). Les propositions qui concernent l’automobile renvoient pour moitié (54.2% de ces réponses) à des solutions en faveur de la voiture (tunnel de contournement de l’agglomération, rocade supplémentaire) et pour une autre moitié (45.8%) à des solutions contre la voiture (interdiction du stationnement en centre-ville, réduction des voies de circulation, péage urbain). Les autres attentes à propos du PDE concernent la réorganisation des activités de travail (5.8%), les infrastructures liées à la pratique du vélo (4.7%), et l’intermodalité (meilleure connexion entre le train et les transports en commun, augmentation du nombre de parkings-relais, etc.) (4%).

Il existe un lien entre les attentes formulées pour améliorer le PDE et le fait d’adhérer au PDE (V de Cramer (n = 681) = .35 ; p < .001). Parmi les premières améliorations souhaitées dans le cadre du PDE figurent la diminution des temps de trajet en transports en commun (cité par 10.2% des personnes qui adhèrent au PDE mais seulement par 3% des personnes qui n’y adhèrent pas). La seconde raison la plus citée en premier rang est une diminution du temps de trajet mais sans précision de la méthode à adopter (8.6% des personnes qui adhèrent au PDE contre 5.5% des personnes qui n’y adhèrent pas). L’amélioration qui vient juste après concerne la diminution des temps de trajet par le développement des trains de banlieues ou des tramways (7.3% chez les personnes qui adhèrent au PDE contre 6.8% chez les personnes qui n’adhèrent pas au PDE). Enfin, en quatrième position vient le développement des navettes de l’entreprise en direction des gares SNCF (7% chez les personnes qui adhèrent au PDE contre 3.3% chez les personnes qui n’y adhèrent pas). Chez les personnes qui n’adhèrent pas au PDE c’est principalement le besoin de conseils personnalisés en déplacements qui est cité (10.7%) alors que ce besoin n’est cité que par 5.7% des personnes qui adhèrent au PDE. La seconde raison la plus citée est la modification de l’activité de travail (télétravail, travail multi-sites etc.) qui est citée par 9% des personnes qui n’adhèrent pas au PDE mais seulement par 1.3% des personnes qui

adhèrent au PDE. Au final, les attentes des personnes qui adhèrent au PDE concernent davantage la réduction des temps de trajet et les infrastructures de banlieue ou en liaison avec les gares SNCF alors que les attentes des personnes qui n’adhèrent pas au PDE concernent plutôt les conseils personnalisés, l’organisation de l’activité quotidienne et les infrastructures liées au vélo

Par contre, nous n’observons pas de lien entre le degré de satisfaction vis-à-vis du PDE et les attentes formulées vis-à-vis de ce dernier (V de Cramer (n=312) = .49 ; p < .62). Nous n’observons pas non plus de lien entre le type d’horaires de travail et les attentes d’amélioration du PDE (V de Cramer (n=678) = .20 ; p < .35), ni avec le souhait exprimé de changer de mode de transport à l’avenir (V de Cramer (n = 671) = .23 ; p < .09).

Si l’on examine plus en détail les améliorations souhaitées concernant les transports en commun, on constate que la première amélioration concerne la réduction du temps de trajet qui passe surtout selon les salariés par une modification de la desserte des banlieues (tram-train / TER pour 25.2%), une hausse des fréquences des transports en commun (22.5%), une meilleure desserte des banlieues pour 18.3%, des lignes de transports en commun plus directes (14.2%), un réseau qui permette de circuler de banlieue à banlieue (10.4%).

Comme nous venons de le voir, si l’adhésion au PDE peut dépendre d’éléments contextuels comme le type d’horaires de travail, il convient également d’examiner quels facteurs psychologiques peuvent avoir un effet sur l’intention de changer de mode de transport, notamment de renoncer à la voiture pour les transports en commun.