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1.2 (Dés)organisation de Mumbai

Chapitre 3. Enquêter la subjectivité des parcours de vie à Mumbai

3.3 Pratique de la recherche : deux terrains à Mumbai

Deux récoltes de données utilisant le questionnaire CEVI ont été effec-tuées à Mumbai, à deux ans d’intervalle. Une première passation s’est déroulée en 2012 (entre le 5 avril et le 5 juin), dans le quartier de Bandra East. Le second terrain eut lieu en 2014 et n’a duré qu’un mois (du 16 mars au 17 avril), à Santa Cruz East. Lors de ces deux enquêtes, il fut tenté de respecter les normes de l’étude CEVI au plus près, mais la réalité urbaine et les particularités sociales de la mégapole indienne imposèrent des adaptations.

Bandra East et Santa Cruz East se situent au centre de la zone subur-baine de Mumbai, proches d’un riche quartier d’affaire : le Bandra Kurla Complex. Tous deux sont des quartiers mixtes en termes socio-économ-iques, allant de l’extrême pauvreté (visible au travers des personnes dormant à même le trottoir ou dans des taudis) à une classe moyenne parfois aisée (résidant en immeubles dont le standing peut à l’occasion s’avérer très élevé). Toutefois, la récolte de données effectuée à Bandra East s’est déroulée exclusivement au sein de bidonvilles, alors que celle passée à Santa Cruz East a été réalisée dans des espaces globalement de classe moyenne inférieure. Ce sont donc deux environnements très dif-férents qui ont été le cadre contextuel de nos terrains, présentant des situa-tions d’enquêtes disparates et justifiant d’autant l’intérêt d’une comparai-son entre les deux (Dupont, 2008).

Figure 3.1: l’intérieur d’un slum de Bandra East Source : photos de l’auteure, 2010

La zone de bidonvilles de Bandra East s’étend sur plusieurs kilomètres, et les différents slums qui la composent sont autant de villes dans la ville, avec leur identité linguistique et religieuse (cf. figure 3.1 et 3.3). Pénétrer dans cet univers n’est pas aisé sans une clé d’entrée et la capacité à interagir avec les habitants. En effet, une grande partie des slums dwellers5 provient de la campagne du Maharastra où ne se parle pas le marathi (langue offi-cielle de l’Etat) mais divers dialectes, et une minorité est issue d’Etats plus lointains et parle l’idiome du lieu (gujarati, rajastani, …). Rares sont les résidents des bidonvilles qui parlent anglais, privilège de l’élite indi-enne (Montaut, 2004) ou d’enfants ayant reçu une éducation supérieure6, et relativement peu de gens s’expriment dans une autre langue indienne commune comme le hindi.

Lors de la seconde passation en 2014, c’est dans l’ensemble d’un quartier mixte de la ville que les questionnaires ont été distribués. Santa Cruz se trouve près de Bandra East, deux secteurs plus au nord. Les rues sont bordées d’immeubles de classes moyennes, et de classes moyennes inférieures, parfois quelques maisons individuelles existent encore. Cer-taines barres d’immeubles abritent des logements pour habitants de bidon-villes ayant passé par le programme du Slum Rehabilitation Authority (SRA) afin de sortir des zones précaires pour être relogés (cf. chapitre 1). Toutefois, ces nouvelles habitations (de longues séries d’immeubles décrépis, collés les uns aux autres) n’offrent guère d’améliorations dans l’environnement de vie des personnes7 (voir figure 3.2).

Une fois posées ces quelques informations générales et avant de passer à la présentation proprement dite de chacun des terrains, un retour succinct sur les circonstances – plus ou moins fortuites – nous ayant con-duit à effectuer une récolte de données dans un lieu inaccoutumé tel que celui des slums de Mumbai s’avère utile.

5 Habitants des bidonvilles.

6 Supérieur ne signifie pas seulement plus avancée. En Inde, les classes primaires pub-liques sont divisées entre les apprentissages dans la langue de l’Etat et le hindi et les apprentissages en anglais, ces dernières étant plus difficilement accessibles aux familles avec peu de moyens ou pas de moyens du tout.

7 Pour plus d’informations sur les relocations, voir Felber et Schmid, 2014.

Figure 3.2: le quartier de Santa Cruz East et l’exemple d’immeubles SRA Source : photos de l’auteure, 2014

3.3.1 Genèse d’une recherche sise dans un environnement atypique Il n’est pas évident – malgré l’intérêt patent que présente ce milieu – d’en-trer en tant que chercheuse (qui plus est, issue d’un pays occidental) dans le monde bigarré des bidonvilles de Mumbai. Au travers d’une succession de collaborations entre des étudiantes et des étudiants de l’Université de Genève et une ONG locale (le Centre for the Study of Social Change, CSSC), un certain réseau s’est toutefois mis sur pied. Ce dernier forme la pierre angulaire qui rendit possible la réalisation du premier terrain à Bandra East, en nous mettant en contact avec des personnes proches ou résidantes des slums, et simultanément en nous permettant de découvrir la configuration et la population de ces derniers.

Rencontre avec le CSSC, autour de données sur la grande pauvreté La collaboration entre l’Université de Genève (en la personne du Pro-fesseur Oris) et le CSSC débuta en 2008, par le biais de la Fondation Internationale pour la Population et le Développement (IFPD) sise à Lau-sanne. Elle se concrétisa avec le départ de deux étudiantes du master de Socioéconomie à destination de Mumbai.

Le CSSC est une organisation non gouvernementale avec une voca-tion médicale. Il favorise la santé reproductive et l’accès aux soins de première nécessité des habitants (surtout des habitantes) des zones défa-vorisées du quartier de Bandra East (et d’une partie des quartiers voisins de Khar East et Santa Cruz East) à Mumbai. Une vingtaine de doctoresses généralistes et quelques spécialistes (gynécologues et pédiatres) donnent bénévolement de leur temps pour tenir une vingtaine de cliniques de con-sultation dans les bidonvilles (voir figures 3.3 et 3.4). Ces dispensaires sont en fait de petites salles dépourvues de tout ce que la médecine occi-dentale qualifierait de basique, afin de prodiguer des soins aux femmes et enfants (parfois les hommes sont admis), offrir des consultations, suivre des grossesses, etc.

Figure 3.3: la zone de bidonvilles de Bandra East et les 20 cliniques de l’ONG CSSC Source: Henke & Schlaefli, 2009, p. 146

Figure 3.4: l’exemple d’une clinique du CSSC Source: photos de l’auteure, 2010

Principalement, le CSSC gère un projet d’envergure nommé WIN (Women of India Network), qui a pour objectif d’amorcer un changement social, dont les femmes sont les actrices privilégiées (Henke et Schlaefli, 2009).

Le concept d’empowerment féminin est très présent, c’est-à-dire la capac-ité à s’autonomiser, à ne plus être en posture de dépendance ou d’inféri-orité, à prendre sa vie en main. Les conditions de vie des pauvres doivent être améliorées au travers de différents moyens médicaux ou sociaux comme la santé générale et la santé reproductive pour les femmes, la santé et la survie infantiles, mais aussi l’accès à la contraception ou l’éducation informelle.

Lors du premier contact avec le CSSC, Julia Henke et Katja Schlae-fli (2009) ont eu pour tâche d’éplucher le recensement de la population de Bandra East effectué par l’ONG, qui possède de nombreuses données sur les familles de ses patientes et patients8. Un autre enjeu crucial fut de comprendre la structure de l’organisation ainsi que du projet WIN.

8 En 2006, le CSSC a effectué un vaste recensement de la population de Bandra East (près de 100’000 individus furent concernés). Des données sur les structures famil-iales, le revenu du ménage, le niveau d’éducation et le statut socioprofessionel des habitants ont ainsi été collectées. Parallèlement, chaque mois les assistantes sociales sont chargées de noter les pratiques contraceptives des femmes. Chacun des répon-dants à ces enquêtes possède un code unique, permettant de lier les informations socioéconomiques et les pratiques de planning familial. Un second recensement fut réalisé en 2009, toujours à Bandra East parmi les patients de WIN, portant sur près de 80’000 personnes. A cette occasion, des sur-échantillons furent sélectionnés pour répondre à quelques questions supplémentaires portant sur des domaines spécifiques (migration, travail,…).

Fortuitement, c’est aussi au cours de ce voyage qu’eu lieu la rencontre des étudiantes avec Dinesh Shenai, sur le campus du Tata Insitute of Social Sciences où elles suivirent des cours. Depuis, Dinesh fut régulièrement sollicité pour servir de traducteur. Il remplit le rôle de collaborateur lors du second terrain réalisé à Santa Cruz East.

Dans les années qui suivirent, plusieurs autres travaux de master virent le jour, bénéficiant toujours de l’appui et de l’accès aux données du CSSC, afin d’étudier les facettes de la population des slums de Bandra East (sur les sujets de la fécondité [Bertrand, El Rassi, & Weibel, 2011], des trajectoires de vie [Eggimann & Yannick, 2012] ou encore de la migra-tion [Rossignon & Gaillard, 2013]). C’est en amont de ces travaux, mais après le passage de Julia et Katja, que j’ai moi-même eu mon premier contact avec le CSSC, mais aussi avec le milieu des slums de Mumbai et plus généralement avec l’Inde, en 2010.

Six mois pour connaître la population de WIN

Durant six mois, en compagnie de Camille Guignet (également étudiante en master de Socioéconomie), j’ai eu l’opportunité de travailler pour le CSSC afin de traiter les nombreuses données que le centre possède sur la santé reproductive de ses patientes. Au cours de ce stage, nous avons découvert la réalité des bidonvilles, au travers des conditions de vie bien sûr, mais aussi dans leur configuration spécifique à Bandra East. A la différence de Dharavi par exemple, les quartiers n’y sont généralement pas organisés par secteurs de métier, mais par religion (quartier hindou, musulman, bouddhiste) et par lieu d’origine (donc, plus ou moins selon les dialectes et les langues). Précisons que parmi la population patiente de WIN, la grande majorité des Hindous sont des Dalits.

Notre travail consista à analyser les bases de données afin d’en extraire des observations permettant d’évaluer l’impact du projet WIN sur l’empowerment féminin. Après avoir établi un certain nombre d’informa-tions générales sur la population de 16 cliniques du projet (en présentant les pyramides des âges et les sex ratio par âge, les niveaux d’éducation, la distribution des revenus par ménage, les taux de vaccination des enfants, et le statut matrimonial féminin), nous avons réalisé des comparaisons entre les cliniques, pour déterminer le niveau de pauvreté et d’éducation en fonction, notamment, du statut matrimonial féminin et, le cas échéant, de l’âge moyen au premier mariage.

Bien que fort intéressant et formateur, ce stage n’a pas constitué mon travail de mémoire de fin de master, effectué auparavant à Genève et por-tant sur une toute autre perspective. Néanmoins, ce dernier joua un rôle prépondérant dans la suite d’éléments qui menèrent aux données consti-tutives du présent livre. En effet, ce fut à cette occasion que je m’insérais dans le programme CEVI.

Au départ du projet, une enquête à Genève

Parallèlement à l’établissement de nos premiers liens avec le CSSC et Mumbai, j’ai réalisé mon travail de mémoire en accomplissant – sous la direction de Stefano Cavalli et de Michel Oris et avec l’aide de deux autres étudiantes – une récolte de données à Genève dans le cadre d’une étude particulière : le programme international CEVI.

Durant 6 mois, entre septembre 2009 et février 2010, je me suis famil-iarisée avec l’outil CEVI, participant activement à la collecte des don-nées, à leur opérationnalisation en base de données puis à son étude. Cet apprentissage a été complété, à mon retour de Mumbai en septembre 2010, par l’obtention d’une place d’attachée de recherche au sein d’un projet financé par le Fond national suisse de la recherche scientifique (FNS), dédié à CEVI et conçu sur deux ans9. J’ai alors travaillé à harmoniser les différentes bases de données des pays ayant rejoint le projet, ainsi qu’à en présenter et publier les résultats.

Au printemps 2012, nous avons saisi l’opportunité de lancer une enquête CEVI à Mumbai, dans les bidonvilles de Bandra East, grâce à notre attache avec le CSSC et à la présence sur place d’une étudiante de Socioéconomie, Anouk Piraud. En amont de cette récolte et surtout quelques mois après, alors munis des premiers résultats, nous avons pris contact avec l’International Institute for Population Science (l’IIPS est un centre de formation, de recherche et d’enseignement autour des questions de population, situé à Mumbai) afin de présenter notre étude et de pro-poser des collaborations. L’intérêt envers nos constats fut certain ; cepend-ant, l’enquête en tant que telle, portant sur un aspect subjectif des vies, ne souleva pas de velléités de participation de la part des professeurs de l’IIPS.

Ceci peut s’expliquer par l’intérêt encore prégnant, à l’heure actuelle, des démographes indiens envers les vastes enquêtes et la recherche sur des

9 Il s’agit du projet intitulé «CEVI. Changements et événements dans le cours de la vie», subside n° 100017_132047 / 1 dont le requérant responsable est Stefano Cav-alli.

populations au sens large (Spoorenberg, 2005) plutôt que sur des sujets comme la perception des parcours de vie individuels (voir par exemple la publication We, the Billion de Rajini Sen [2003]). A noter qu’une approche du côté de la sociologie au Tata Institute of Social Sciences aurait peut-être conduit à un autre résultat.

De notre côté, nous avons donc continué notre collaboration avec le CSSC et, lorsque le subside du FNS pour l’étude CEVI s’est achevé, alors que je débutais mon assistanat à l’Université de Genève et l’élaboration d’une thèse, l’idée d’un second terrain pour valoriser les premières don-nées a vu le jour. Après une courte hésitation sur le lieu de concrétisation de cette deuxième enquête (une première idée avait été de répliquer l’en-quête dans les quartiers informels de Ouagadougou au Burkina Faso, où nous connaissions des chercheurs), nous avons finalement opté pour Santa Cruz East, à Mumbai mais avec une population socioéconomiquement dif-férente de celle des bidonvilles de Bandra. Revenons sur le déroulement de chacun de ces terrains.

3.3.2 Collecter des données dans une zone défavorisée

C’est avec le soutien de l’ONG CSSC et l’aide d’Anouk Piraud10, que 633 questionnaires11 ont été remplis par des habitants des bidonvilles de Bandra East, entre mars et juin 2012. Le souhait de faire passer les ques-tionnaires sur la perception des changements et des événements marquants de la vie dans des slums de Mumbai était irréalisable sans un encadrement qui aménage un accès aux résidents, ainsi que des connaissances suff-isantes des divers dialectes parlés par ceux-ci, pour effectuer ensuite des traductions vers l’anglais. Le CSSC fut pour nous cet intermédiaire clé.

Au sein du projet WIN, des femmes résidant dans les slums ont été engagées pour aider les médecins dans leurs tâches. Plus précisément, ces quelques 40 personnes sont chargées soit d’assister le médecin en tant que pharmaciennes, soit de suivre les patientes en tant qu’assistantes sociales.

Sans aucune illusion, la gestion du CSSC reste très hiérarchisée : somme

10 Alors stagiaire au Centre interfacultaire de gérontologie et d’études des vulnérabilités de l’Université de Genève, Anouk a été encadrée par Aude Martenot et Michel Oris.

Pour plus d’informations sur ce terrain voir: Piraud, 2012.

11 646 personnes ont en fait été interrogées, mais 13 d’entre elles ne rentraient pas dans les classes d’âge prédéfinies ou avaient à peine remplis le questionnaire.

toute, nous sommes toujours en Inde. Ainsi, chaque équipe d’assistantes dans les cliniques est gérée par une assistante superviseure ayant plus d’ex-périence. Mais l’embauche de femmes vivant dans les bidonvilles permet astucieusement de faciliter l’approche vers la population locale (qui au départ ne fut pas toujours aisée à convaincre, une méfiance initiale vis-à-vis de la médecine régnant) et de fournir un revenu à ces dernières. Si ce salaire est plus symbolique qu’autre chose, joint à la formation qu’elles reçoivent et au statut conféré, l’ensemble leur assure une certaine recon-naissance et fait d’elles des figures reconnues dans leur communauté.

D’un point de vue concret, leur fonction de suivi des patientes les amène à remplir des fiches d’informations sur celles-ci, sur leur ménage, à divers niveaux démographiques et médicaux. Ce sont donc des femmes ayant une scolarisation de base qui leur permet d’écrire et de saisir parfaitement les modes de remplissage d’un questionnaire.

Le prof. Michel Oris a pris contact avec le CSSC afin de pouvoir engager un certain nombre de ces assistantes sociales pour faire le pre-mier travail d’enquête sous la direction d’Anouk Piraud. Considérées par les responsables de l’ONG comme ayant plus d’expérience et un statut en conséquence de la tâche, ce sont des assistantes supérieures qui ont eu pour mission de faire remplir les questionnaires à l’occasion de leurs visites mensuelles. Les assistantes sociales sont chacune en charge d’une clinique de l’ONG et de ses patientes, se répartissant sur toute l’aire de Bandra East12, parmi lesquelles les personnes interrogées ont été recrutées.

Ces bidonvilles regroupent des communautés qui partagent une même religion ; ils peuvent donc être distingués entre les slums hindous, musulmans ou bouddhistes. Au moment de démarrer notre collecte, il a été décidé que les répondants seraient, outre les variables d’âge et de sexe, également répartis entre les deux religions majoritaires (hindoue et musulmane), ce qui équivaut à un sur-échantillonnage des musulmans. En conséquence, 22 enquêtrices de l’ONG ont été recrutées pour réaliser ces entretiens, qui se sont déroulés chez les interviewés, durant l’après-midi.

Une formation des enquêtrices a été organisée sur deux après-midis, par un responsable du CSSC et Anouk Piraud. Chacune d’elle a rempli un ques-tionnaire en auto-administré, après que les questions principales aient été explicitées. Une discussion autour des incompréhensions et des difficultés perçues a permis d’ajuster quelque peu le questionnaire (par exemple, en

12 La zone s’étend de fait à deux quartiers voisins, mais nous avons préféré nous con-centrer sur des cliniques de Bandra East pour trouver des participants.

commençant par les questions complémentaires sociodémographiques plutôt que les questions ouvertes, afin de sécuriser le répondant).

Plusieurs autres adaptations ont dû être opérées dans ce contexte si spécifique de grande pauvreté, d’habitat précaire et de mobilité continue.

Premièrement, vis-à-vis du mode de passation usuel de l’enquête, le rem-plissage du questionnaire en auto-administré (par le répondant lui-même) était inenvisageable. En effet, le taux élevé d’illettrisme, en particulier chez les adultes âgés (D’Costa & Das, 2002), rendait impossible la lec-ture des questions et la rédaction des réponses pour une grande partie de l’échantillon. Or, un élément important dans les choix méthodologiques est de garantir au maximum des conditions similaires de réponses. L’op-tion choisie a donc été de renoncer à l’auto-administré et de procéder à l’enquête en mode face-à-face, c’est-à-dire en faisant rédiger les réponses des participants par les enquêtrices. Elles posaient les questions une à une aux individus, puis transcrivaient leurs réponses directement sur le ques-tionnaire papier. Cette manière de faire implique bien sûr des limites, puis-qu’elle nécessite un passage de l’oral à l’écrit par une tierce personne (cf.

figure 3.5). Nonobstant, cela restait le moyen le plus équitable d’interroger tout le monde de manière similaire.

Figure 3.5: l’une des assistantes sociales du CSSC faisant passer le questionnaire à Bandra

Source: Piraud, 2012 p. 37.

Au départ, une liste d’une quarantaine de noms de personnes entrant dans les critères d’âge, de sexe et de religion avait été fournie à chaque enquêtrice à partir du recensement réalisé par l’ONG en 2006 (Henke &

Schlaefli, 2009), afin d’obtenir une répartition équitable entre les slums.

Toutefois, cette liste n’a pas été suffisante pour compléter l’échantillon, la population des bidonvilles ayant une grande propension à fluctuer (suite aux migrations ou aux décès). Par ailleurs, WIN ne travaille qu’avec des femmes et, bien que dans leurs fichiers de recensement les hommes des ménages soient inscrits, un manque de participants masculins s’est vite

Toutefois, cette liste n’a pas été suffisante pour compléter l’échantillon, la population des bidonvilles ayant une grande propension à fluctuer (suite aux migrations ou aux décès). Par ailleurs, WIN ne travaille qu’avec des femmes et, bien que dans leurs fichiers de recensement les hommes des ménages soient inscrits, un manque de participants masculins s’est vite