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ÉTUDE LINGUISTIQUE

I- Phonétique et graphies

1. Présent de l’indicatif a) Désinences

¤ Emploi fluctuant du -s adverbial213 : riens 1/2, 2/16 vs rien 47/3 / en rien 8/29 / de

rien 8/29-30, a merveilles 15/33, 79/9, 371/3, etc., soit 7 occ., vs a merveille 405/7 (x2), 434/17. Dans de rechiez, -z est une variante du -s adverbial.

¤ Latinisme ad 52/3. J/ Verbes

1. Présent de l’indicatif a) Désinences

¤ À la p1, emploi récurrent du -e analogique pour les verbes du 1er groupe214 : ac(c)orde 334/18, 433/8, 459/11, etc., soit 5 occ., ace(p)te 8/84, 194/7, aconte 369/21, acquit(t)e

213 Cf. M. WILMET et R. MARTIN, § 315 : « Cet s, solide là où il était déjà précédemment en usage, ne

s’étend plus guère cependant en MF » et d’après eux, les exemples deviennent rares.

214 Cf. Ch. MARCHELLO-NIZIA, Langue, p. 257 : « c’est -e final après consonne qui se répand le plus rapidement : l’évolution est achevée à la fin du XVe siècle ; -e final après voyelle est à peu près constant

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76/12, 426/4, avise 55/8, 337/20, ayme 40/12, 70/13, 224/60, etc., soit 10 occ.,

amaine/ameine 283/11, 334/14, 367/21, amoneste 423/27, ass(e)ure 52/8, 81/30, 245/5, etc., soit 14 occ., avise 55/8, 337/20, baille 8/81, 224/10, 380/6, baise 197/5, certifie 52/8, 385/5, compte 142/4, confesse 362/9, conseille 94/7, 263/15, considere 521/13,

couronne 326/14, crie 123/9, 225/4, cuide 4/18, 8/7 16/31, etc., soit 22 occ., deffie 119/19, 200/3, 295/9, etc., soit 5 occ., demande 82/19, 214/25, 233/1, etc., soit 6 occ.,

desire 224/58, escoute 417/9, esmerveille 154/7, 499/16, espoire 23/16, 365/14, 424/26,

gette/jette 134/12, 337/19, (h)abandonne 109/7, 158/5, 9, humilie 224/9, jure 19/48, 81/23, 30, etc., soit 6 occ., lais(s)e 31/45, 51/22, 73/16, etc., soit 7 occ., loue 225/28,

machine 371/24, malcontente 153/4, maine 230/7, 388/35, 508/12, mercie/mercye 225/32, 280/22, 371/17, nomme 287/1, notifie 64/5, ordonne 168/6, 189/6, 301/19, 315/1, ose 145/19, 259/14, 322/9, pense 97/11, 154/21, 157/31, porte 437/14, presente 18/8, 190/21, 262/7, preste 401/21, prie/prye 3/58, 61, 8/77, etc., soit 107 occ., prise 124/12, recommande 8/34, 70/36, 129/14, etc., soit 10 occ, reconforte 153/5, regracie 20/20, 291/10, 371/17, etc. soit 9 occ., renye/regnie 195/4, 391/12, repute 192/17,

retourne 31/46, 33/1, 51/23, etc., soit 6 occ., salue 130/6, 165/4, souhayte/souyaicte 453/18, 466/27, souppe 446/2, supplie/supplye 197/4, 442/16, 462/22, 517/8, voue 270/7.

Mais les formes refaites alternent avec les formes anciennes pour octroye/ottroye 315/2, 334/17 vs ottroy 30/21, remercie/remercye 18/5, 27/67, 70/20, etc., soit 27 occ. vs

remerci/remercy 484/9, 10.

Pour les verbes donner et pardonner, emploi exclusif des formes donne 1/49, 52 (x2), etc., soit 12 occ., et de son dérivé pardonne 95/28, 408/7.

¤ À la p1, présence du -s (ou de sa variante graphique -z) analogique pour les autres verbes :

- de façon exclusive pour attens 64/15, consens 89/16, 329/22, 336/27, 459/12, crains 36/18, 128/22, 274/8, deffens 324/13, detiens 129/16, entens 76/15, 111/6, 143/7, etc., soit 8 occ., esprens 508/8, maintiens 60/6, metz 341/22, 351/20, 352/8, 391/12, ouis 90/32, prens 97/14, 328/26, 365/30, 395/20, pretens 403/18,

dès la fin du XVe siècle ». G. ZINK précise qu’échappent encore, jusqu’au XVIIe siècle, à cette extension du -e indiciel, « les radicaux à voyelle finale tels que pry, supply (gr. 1) » (Le Moyen français, p. 68).

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prometz 8/46, 17/3, 27/50, etc., soit 81 occ., promez 157/17, 221/5, 331/17, etc., soit 6 occ., rens 30/50, 49/16, 276/7, etc., soit 11 occ., repens 138/16, 239/5, 240/15, 487/13, respons 303/2, retiens 80/9, 289/14, sens 157/5, 525/5, 9,

submez 8/27, suis/suys 2/52, 55, 3/47, etc., soit 228 occ., tiens 2/50, 44/6, 97/11, etc., soit 16 occ., viens 334/13, 384/8 ;

- en alternance avec la forme ancienne : croiz/crois 19/8 vs croy 39/11, 51/20,

54/12, etc., soit 36 occ., diz 56/11 vs dy 116/18, 170/8, 189/1, etc., soit 9 occ.,

dois/doibs 87/16, 156/6, 163/28, etc., soit 12 occ., vs doy 30/67, 36/5, 44/7, etc., soit 25 occ., remetz 27/54, 463/4 vs remet 519/13, requiers 20/21, 157/24, 277/4, etc., soit 9 occ., vs requier 8/22, 35/6, 121/12, etc., soit 4 occ., vois 225/29, 298/7, 318/10 vs voy 18/3, 37/21, 143/21, etc., soit 16 occ.

Il est toutefois toujours absent pour aperçoy 235/2, 244/6, reçoy 8/82, 365/31, revoy 142/1, 415/16, sçay 7/11, 20/23, 25/10, etc., soit 87 occ., vy 221/5. G. Zink indique que ces deux dernières formes résisteront jusqu’au XVIIe siècle215.

¤ À la p1, absence du -s phonétique dans hay 466/7, fay (AF faz) 526/19 (mais

fais/faiz/faitz 8/83, 18/6, 30/33, etc., soit 13 occ.), peu 112/28 (mais peux 133/19, 401/19, 426/5 / peuz 388/20).

¤ À la p2, absence du -s, à mettre sans doute sur le compte de l’effacement fréquent de cette consonne finale dans notre texte : cuide 234/2 (AP), 269/3 (AP), sçay 235/3 (AJ). Ces formes ont été corrigées par souci de lisibilité.

¤ À la p3, emploi de la terminaison -st au lieu de -t dans vist 516/26 (graphie inverse). À l’inverse, absence de l’infixe inchoatif -s devant -t dans congnoit 370/11 (mais

congnoist 363/3).

Absence de -t dans ceing 118/10 (corrigé à l’appui de JP).

b) Radicaux

¤ Maintien des alternances pour peu de verbes :

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- [yẹ] / [e] central : p1 requier(s) 8/22, 20/21, 35/6, etc., soit 13 occ., p3 requiert 47/9, 262/5, 484/25 / p4 requerons 6/12 ;

- [wę] / [e] central : p1 espoire 23/16, 365/14, 424/26, p3 espoire 352/6 / p4

esperons 217/20.

¤ Concurrence des formes anciennes et des formes refaites pour les verbes :

- trouver : p1 treuve 19/33, 27/54, 143/5, 156/7, 178/9, p3 38/10, 103/8, 121/5,

151/9 vs p1 trouve 89/13, 472/32, 521/12, p3 16/25, 38/6, 74/15, etc., soit 6 occ. ;

- ouvrir : p3 oeuvre 96/5 vs ouvre 178/16 ;

- souffrir : p1 seufre 276/8, p3 seufre 18/26 vs p2 souffres 8/33 ;

- pouoir : p1 puis 111/8, 20, 114/14, etc., soit 35 occ.,216 vs peux 133/19, 401/19, 426/5 / peuz 388/20 / peu 112/28 ; p6 peuent 4/9, 6/9, 8/41, etc., soit 7 occ., vs

peulent 459/8. D’après Ch. Marchello-Nizia, cette dernière forme, analogique de

veulent, se rencontre à l’Est et en wallon217.

La forme de p3 peult218 82/12, 216/5, 351/4, 352/17, 354/15, 407/14 peut certes témoigner de la présence d’un l adventice, comme cela est fréquent dans notre texte, mais elle peut aussi être la marque de cette influence du verbe vouloir sur

pouoir219.

- vouloir : p1 vueil 1/57, 3/50, 11/20, etc., soit 50 occ. / veil 356/9 vs veulx 3/51,

6/19, 65/7, etc., soit 14 occ. Quant à la forme de p2 vieulx 19/53, elle serait

216 Cf. G. ZINK, Morphologie, p. 158 : « peux ne se répand qu’au XVIe siècle ».

217 Langue, p. 277. Voir aussi J. CHAURAND, p. 111 : « […] l’un des modes de réduction des hiatus est

l’insertion d’une consonne : à pueent de l’ancien français correspond, à partir du XVIe siècle, la forme

peuvent. Avant cette date, une consonne de transition analogique de vuelent apparaît dans les textes du Nord-Est et de l’Est (wallon, lorrain) » ; O. JODOGNE, p. 264-265 ; P. FOUCHÉ, Le verbe, p. 429-430, § 222, 3° ; FEW, IX, 231b et n. 1 ; A. GOOSSE, § 105, h ; E. SCHWAN-BEHRENS III, p. 131.

218 Peult est également attesté dans Ly Myreur des histors, 259, 1563, 1700, etc.

219 Cf. P. FOUCHÉ, Le verbe, p. 429-430, § 222, a, 3° : « En ancien et moyen français on constate une réfection de l’indic. prés. de pouvoir sur celui de vouloir ; cf. 2e pers. sing. peulx Mist. V. Test. 1615,

peult H. Cap. 121, puelt ib. 142, etc., analogiques de veulx et de veult -vuelt et où l’l n’a qu’une valeur graphique ; puelent H. Cap. 138, Ps. Lorr. Prol. 5.26, J. de Stavelot 16.30, etc., refait sur vuelent […]. Ces

formes paraissent surtout appartenir aux dialectes de l’Est et au wallon. Peulent est encore donné au XVIe

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analogique : « les formes vieus, vieut (pour veus, veut), explique P. Fouché, pourraient s’expliquer par une influence de dieus, dieut – sieus, sieut »220. ¤ Emploi exclusif des formes anciennes pour les verbes :

- destruire : p5 destruiés 499/19 : absence de la forme sigmatique apparue dès la

seconde moitié du XIIIe siècle, et refaite sous l’influence analogique des verbes en -duire <-ducĕre221;

- sçavoir : p6 scevent 201/11222 ;

- aller : p1 vois/voys 27/56, 82/2, 102/26, etc., soit 18 occ.

¤ Emploi exclusif des formes refaites :

- sur les bases faibles pour les verbes :

. parler : p1 parle 116/3, 478/16, 480/1, p2 parles 281/6, 346/8, p3 parle 122/3, 135/16, 168/2, etc., soit 6 occ. ;

. clamer : p1 clame 258/2 ;

. aider : p2 aides 233/14, p3 aide/ayde 45/13, 418/13 ;

- sur les bases fortes pour les verbes :

. aimer/aymer : p5 aymés/aymez 107/17, 181/8, 370/3 ;

. prier : p4 prions 223/16 ; . prouver : p1 preuve 365/30 ;

. faire : fay 526/19, fais/faiz/faitz 8/83, 18/6, 30/33, etc., soit 13 occ. ; . haïr : p1 hay 466/7 ;

. croire et v(e)oir223: voyons 468/5, croyons 20/6, croyez 28/18, 125/8. Mais relevons la graphie inverse, avec emploi de la base faible à la p6 : veoient 407/11.

¤ Pour le verbe être, emploi de la forme wallonne : ast 102/20.

220 P. FOUCHÉ, Phonétique, II, p. 324, Rem. II.

221 Cf. P. FOUCHÉ, ibid., p. 115, § 56 ; A. GOOSSE, § 105, c.

222 Cf. Ch. MARCHELLO-NIZIA, Langue, p. 275 : « on trouvera très longtemps scevent ».

223 Id., ibid., p. 275-276 : « Pour veoir et croire, peu à peu, dans le courant du XVe siècle, le radical en

-oi- tend à supplanter le radical en -e- […]. L’évolution de ces deux verbes a sans doute été favorisée par

188 2. Subjonctif présent

a) Désinences

¤ Quelques entorses à la conjugaison : à la p1 je ne saches 438/9, et à la p2 tu ne le die 324/14, (tu) passe 443/26, tu saiche 446/2. Ces formes ont été corrigées.

¤ À la p2, extension analogique de -e dans lieves 258/5 (AF liés).

¤ À la p3, absence du -e analogique pour un verbe du 1er groupe dans se Dieu me gard 37/6 et le puissant dieu Mahon vous gard 364/8 (mais garde 489/20). G. Zink explique précisément que la forme ancienne sans -e, après consonne, s’est maintenue jusqu’au XVIIe siècle dans le tour figé Dieu vous gard224.

¤ Les terminaisons -ions/-iez sont rares, supplantées par -ons et -és/-ez :

- À la p4225 : puissons 1/4, 10/22, 200/14, etc., soit 14 occ. vs puissions 526/42,

prenons 121/12, perdons 223/14, sachons 252/10, raportons 360/21, descendons 374/17, laissons 457/6, montons 471/9 ;

- À la p5226 : venez 2/44 (x2), 244/17, 334/18, prenez 3/51, mettez 3/52, 167/3, 506/23, changez 8/78, entendez 18/14, 82/14, rendez 45/16, 50/6, attendez 50/7,

allez 76/3, 94/16, 335/25, etc., soit 5 occ., menez 76/15, 167/4, donnés/donnez 102/25, 212/9, 430/9, 433/15, retenez 90/46, prestez 102/25, tenez 102/25,

puissés 111/8, chevauchés 111/8, informez 133/9, envoyez 199/4, recouvrez 204/7, croiez 268/4, logez 280/2, renoncez 303/5, facez 326/12 vs faissiez 70/30,

portez 321/15, partez 329/24, comparés 357/5, departez 415/2, combatez 416/18, ajoustez 416/21, mandés 430/11, eschappez 477/23, trouvés 486/2,

sachez 487/11.

224 Morphologie, p. 159, II, a, §2.

225 Cf. Ch. MARCHELLO-NIZIA, Langue, p. 262 : « La forme hybride -ions devient fréquente au XVe siècle […] Si -ions se répand au XVe siècle, -ons ne disparaît pas ».

226 Id., ibid., p. 262 : l’auteur évoque une « longue hésitation tout au long de ces deux siècles, bien que la désinence en -iez paraisse se répandre. À la fin du XVe siècle, les deux terminaisons coexistent encore ».

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¤ À côté de -(i)ons majoritaire, nous trouvons -on dans façon 146/24, 459/10. Cette désinence se pratique surtout à l’Ouest et dans une partie de la Picardie, mais aussi dans le parler central227.

b) Radicaux

¤ Pour les verbes donner et pardonner, les formes anciennes du paradigme formé à partir de la p1 d’indicatif présent doing (doint 16/32, 30/18, 123/8, etc., soit 18 occ. et

pardoint 215/3) sont concurrencées par les formes du paradigme refait d’après la p1 d’indicatif présent donne : p3 donne 160/10, 295/16, 353/12, 496/6, p5 donnés/donnez 102/25, 212/9, 430/9.

¤ Pour le verbe devoir, les formes anciennes sont concurrencées par les formes refaites :

doie/doye 112/40, 361/20, 443/23 vs doive/doyve 9/5, 157/35, 494/12. Mais pour le verbe dire et son composé mauldire, seule la forme ancienne est utilisée : à la p1 die/dye 437/5, 519/15 et à la p2 die 324/14, p3 mauldie 384/9.

¤ Pour le verbe prendre est utilisé le paradigme palatalisé refait sur la p1 d’indicatif présent preing (et aussi le modèle vieng, viegne) : p3 preigne 8/43, 59/19, p6 prengnent 150/5.

¤ Pour les verbes tenir et venir et leurs composés, les formes phonétiques (p1 tiengne 1/58, p3 entretiengne 38/10, p3 viengne 2/34, 60/2, 11, etc., soit 6 occ., p3 adviengne 154/24, p3 souviengne 337/21) sont concurrencées par celles du MF (p1 tienne 400/19, p3 tienne 381/9, appartienne 301/11, p3 vienne 121/10, 262/9, p3 avienne 390/19, p6

viennent 298/7, 437/29, venez 2/44 (x2), 244/17, 334/18).

¤ Pour le verbe vouloir, seules les formes analogiques à radical fort sont utilisées :

vueillés/vueillez 8/58, 70/13, 14, etc., soit 9 occ. (voir infra 10.3.b.).

227 Cf. M. K. POPE, § 894, § 1325, § 1326 ; P. FOUCHÉ, Le verbe, p. 191, § 95, a ; A. DEES, Atlas chartes, p. 233 et Atlas Textes, p. 440 ; G. ZINK, Morphologie, p. 156.

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¤ Pour le verbe mourir, emploi de la forme refaite p3 meure 8/43. 3. Impératif