• Aucun résultat trouvé

ÉTUDE LINGUISTIQUE

I- Phonétique et graphies

1. Consonnes implosives

¤ Introduction de consonnes étymologiques. On constate le grand nombre de ces graphies latinisantes :

- b : dessoubz II/R, 5/44, 39/6, etc., soit 15 occ., doubte (n.) 4/7, 16/33, 20/24, etc.,

soit 10 occ. / doubter 20/25, 24/13, 28/21, etc., soit 39 occ. / dobtoie 336/20 /

doubté 19/41, 23/37, 430/16 / doubteuse 506/13, soubzrire 23/54 (mais sourrire 337/23) / soub(z)riant 31/1, 31, 70/38 (contre sourriant 3/66, 37/5),

soubdainement 62/1, 66/20, 125/26, etc., soit 10 occ. (contre soudainement 41/6, 271/3, 460/6, 514/14) / soubdaine 441/11, acoubta 190/12 / acoubté 275/13, debvoir (n.) 503/1, 509/17, 512/24 (contre devoir 4/12, 14/59, 87/6, etc. soit 9 occ.) / debv- 512/18, 514/20, 519/2, 3 / doibs/-t 224/1, 424/6, 481/36. Mais il s’agit d’un b adventice dans soubdars (dérivé de so(u)(l)dee < soldê + suffixe -ard) 31/5 (contre sou(l)dart 121/9, 151/4, 153/16, etc., soit 14 occ.).

- c : faict (p.p.) P/21, 1/21, 3/10, etc. / faictes/faictez (impér. p5) 7/21, 8/32, 44,

66, etc. / forfaicture 16/35 (contre forfaiture 6/3, 14, 374/15), sainct (n. et adj.) 1/13, 15, 28, etc., soit 82 occ. / seinctes 137/8 (contre saint 1/2, 15 (x2) etc., soit 119 occ.) / tressainctement 441/17 / sainctifié 352/5 / sainctifira 368/20 /

saincteté 352/20, subgect/subject 3/4, 217/5 (contre subget/subjet 4/31, 31/3, 70/25, etc., soit 8 occ.), mauldicte 10/9, 14/24, 133/18, etc., soit 23 occ. (contre

mauldite 41/4, 42/10, 138/19, etc., soit 10 occ.), contraincts 11/20, traicter 13/1, 95/29, 289/9, etc., soit 10 occ. / tracteray 461/9 (contre traitté 504/16),

traict 154/5, 8, 492/8, etc., soit 4 occ. (contre trait 18/34, 65/22, 175/14, etc., soit 12 occ.), dictes (v.) 18/10, 20/11, 30/28, etc., soit 77 occ. (contre dites 468/11) / dessusdicte 24/9, 32/12, 157/23, etc., soit 5 occ. / desdictes 51/4, 340/6, 380/13, etc., soit 5 occ., parfaicte 23/49, 386/9 (x2), etc., soit 6 occ.,

exploicter 20/59, 138/5, 251/7, etc., soit 9 occ. (contre exploiter 4/20, 33, 253/8, etc., soit 5 occ.), saincture/sçaincture 39/7, 108/16 (contre sainture 112/35, 179/21), effect 46/5, 100/5, 171/7, etc., soit 8 occ. (contre effet 14/40, 115/3,

134

117/17, etc., 6 occ.), droicte 108/15, 112/34, 138/13, 511/7 / droicturier 431/14 / droicture 482/6, estroicte 170/4 / estroictement 40/7, 96/12, 377/7, etc., soit 5 occ. (contre estroittement 395/22), gecter 469/23, 472/7, 475/3, etc., soit 5 occ. (contre geter/jeter 1/14, 16, 3/66, etc., soit 99 occ.), appoinctemens 496/7 (contre apoinctement 433/13, apoincter 214/32). Doctrine 424/5 et endoctriné 526/34 sont des mots savants entrés sous cette forme dans la langue118. Mais il s’agit d’un c adventice dans souhaict- 75/2, 453/19 (contre souhait(i)er 381/23, 452/10, 454/16, etc., soit 5 occ.), traictre 195/3, actendré 198/4 / actend 413/16 (mais attendre 5/20, 17, 19, etc., soit 40 occ.), sactifaction 222/13, hocqueton 239/7, 13, 274/14 (contre hoqueton 37/16, 39/6, 65/17, 234/7, hoquetum 429/2),

contriction 449/7. Notons, par ailleurs, les échanges c/(c)que(s) dans avec T/2, 3/23, 55, etc. vs avecques 1/14, 26, 2/23, etc., adonc 3/7, 6/14, 7/13, etc., soit 408 occ. vs adoncques 67/3, 70/1, 38, etc., soit 54 occ., onc 8/66, 87/24, 152/5

vs oncques/oncquez 16/8, 59/18, 79/5, etc., soit 40 occ., donc 16/15, 48/1, 60/10, etc., soit 47 occ. vs doncques 1/49, 62/22, 70/5, etc., soit 13 occ.,

eschecquier 81/34 vs eschequier 1/19, XIV/R, 81/16, etc., soit 6 occ., magicque 173/26, publicquement 191/15, 197/17 vs publiquement 64/6, 7, 116/15, etc., soit 8 occ., mocquoit (< mokk-) 279/11, bancqueterons 389/23 vs banqueter 390/6, 8.

- d : advenir 1/20, 4/8, 9, etc., soit 63 occ. (contre avenir 104/23, 157/35, 161/8,

etc., soit 12 occ.) / advenir (adj.) 72/6, 166/4, 309/15, 367/17 (contre avenir 23/16) / mesadvenu 259/13 (contre mesavenu 94/2), advertir 2/24, 34/10, 119/18, etc., soit 7 occ. (contre averty 360/1, 523/8) / advertissement 355/27 (contre avertissement 133/23), adveu 5/12, 71/9 (contre aveu XVI/R), adviser 12/14, 27/35, 30/68, etc., soit 61 occ. (contre aviser 3/43, 44, 8/35, etc., soit 107 occ.) / advis 53/3, 73/31, 44, etc., soit 11 occ. (contre avis, 4/13, 48/3, 211/8, etc., soit 5 occ.), advanture/adventure 25/8, 9, 57/2, etc., soit 12 occ. (contre

avanture/aventure 14/13, 29, 27/53, etc., soit 43 occ.) / advanturer 108/31 /

adventuré 54/15, 388/29 (contre aventurer 27/34, 190/20) / adventuriers 25/6 (contre Aventurier 494/16) / adventureux 422/14 (contre aventureux/avantureux

135

230/7, 357/19, 380/6, 502/22), advenement 499/2, 524/12. D’autres mots n’apparaissent que dépourvus de cette consonne étymologique : amoneste 423/27, amonition LVII/R, aversitez 74/14. Mais le d est adventice dans

admiral/edmiral 16/37, 38, 19/20, etc., soit 106 occ. (contre amiral, 10 occ.),

advantage 62/14, advença 105/1.

- f : ve(u)fve(s) 2/16, 109/8, 262/5, etc., soit 6 occ.

- g : co(n)gnoistre (< cognoscere) et ses variantes morphologiques (avec préfixes des-, -in-, mes-, re-) P/3, 12, 3/12, etc., soit 344 occ., regnie (< renego) 195/4 (mais renye 391/12), begnin (< benignus) 362/26. Dans digne 18/13, 72/5, 165/22, etc., soit 13 occ., le g ne se prononce sans doute pas plus que dans

congnoistre et les autres mots évoqués précédemment ; c’est un calque du latin

dignus, dont la graphie gn a entraîné la prononciation [n] mouillé119. Peut-être est-ce également le cas dans indignacion/indignation 3/69, 93/10, 105/12, 124/5 et in(n)digné 3/7, 14/8, 83/6, etc., soit 6 occ. Enfin, dans dois 179/21, 216/15, 389/2, la graphie enregistre l’amuïssement de la consonne implosive. Voir infra « Palatalisation », pour les cas où le digraphe gn est une graphie inverse.

- l : aultre 3/7, 8/18, 35, etc., soit 39 occ. (contre autre T/6, 1/48, 51, etc., soit 423

occ.) / aultrement 67/10, 168/13, 182/4, etc., soit 6 occ. (contre autrement 27/13, 28/12, 46/9, etc., soit 58 occ.) / aultre(s)f(f)ois 364/7, 470/11, 478/5 (contre autre(s)f(f)ois 33/3, 65/24, 112/7, etc., soit 20 occ.), beaulté 2/15, 3/27, 40, etc., soit 31 occ. (contre beauté 11/16, 516/12), deffault 3/60, 23/6, 254/2 /

def(f)aulte(s) 8/34, 39, 119/38, etc., soit 5 occ., faulceté/faulseté 4/1, 102/16, 331/23, soit 5 occ., faulte 4/26, 23/60, 58/7, etc, soit 24 occ., fauldr- 8/29, 25/12, 53/3, etc., soit 16 occ. / fault 13/1, 23/6, 15, 40/12, 47/2, faulce (adj.) 117/12, 232/7, 345/23, etc, soit 8 occ. / faulcer/faulser 56/4, 70/24, 119/7, etc., soit 6 occ. / faulcement 38/7, 45/18, 239/3, etc., soit 6 occ., coulpe 43/9, 268/9, 367/8 / coulpable 64/6, 88/11, 133/10, etc., soit 6 occ., cruaulté 85/5, (tres)doulcement 11/9, 23/54, 95/30, etc., soit 19 occ., chauldement 48/3, 103/9,

136

126/4, 511/6 (mais chaudement 76/13) / chaulde 187/22, chault (v.) 284/8, 369/20, 387/12, faulconnier 81/3 / faulcons 425/2, Monfaulcon 165/13, etc.,

avoultre 81/27, etc. Ces formes avec l sont majoritaires.

Nous trouvons même des « graphies à double surcharge dans lesquelles u se trouve noté trois fois (par u + l + x) »120 : beaulx P/14, 11/15, 39/19, etc., soit 18 occ. (contre beaux P/6, 21/4, 36/6, etc., soit 13 occ.), ceulx P/27, 1/6, 41, etc., soit 58 occ., filz 1/18, 19, 22, etc., soit 228 occ. (contre fiz 496/4), doulx 1/53, 4/17, 18, etc., soit 21 occ., eulx 3/16, 13/7, 16/12, etc., soit 109 occ. (contre eux 410/15, 439/13, 458/8), cardinaulx 8/53, IV/R (1e occ.), 13/3, etc., soit 6 occ (contre cardinaux IV/R (2e occ.), faulx 15/43, 48, 17/2, 19/30, etc., soit 67 occ., cheveulx 24/7, 225/8, 393/3, 514/14, carreaulx 68/13 (contre

carreaux 216/14), chasteaulx 92/2, 3, 102/26, etc., soit 7 occ. (contre chasteaux 175/2), creneaulx 154/13, 36, 157/10, etc., soit 7 occ. (contre creneaux 95/16, 153/2, 154/4, etc., soit 6 occ.), carneaulx 155/16 (contre carneaux 120/17),

cieulx 224/46, 499/7, 515/19, etc. Ces formes, « si représentatives du Moyen Âge finissant, sont à prendre pour des notations moins fautives et aberrantes que très richement diacritiques »121.

Nous relevons peu de formes avec un l antéconsonantique sans u diphtongal, comme salve 208/8, 355/24, 388/11, voldroye 391/10.

Mais le l en position implosive est parasite122 :

. après a dans qualtre 413/7 (mais quat(t)re 4/11, 32, II/R, etc., soit 60 occ.) : DMF atteste quartre, donc qualtre pourrait s’expliquer par un phénomène de dissimilation ;

. après i dans tiltre 43/6, 64/13, 262/7123. Nous rencontrons, par ailleurs, des graphies inverses : sil = si 15/14, 311/10, 328/20 (AP), 467/18, quil = qui 199/13, 271/2, 313/2. Nous les avons corrigées pour éviter les confusions.

120 G. ZINK, Le Moyen français, p. 26.

121 G. ZINK, ibid., p. 26.

122 Id., ibid., p. 18 ; BRASSEUR, p. 77, § 87, p. 113, § 68.

123 Selon M.-Cl. de CRÉCY, la forme tiltre résulte d’un échange [l] / [r] qui s’est produit « après que le mot a connu une réduplication régressive du -l- » (Ponthus, p. CXXII, § 8).

137

. après u : boult 127/2 (mais bout 23/19, 24/23, 38/6, etc., soit 17 occ.),

eulz (p.p. pl.) 147/10, dieulx 341/9, doultons 355/47 (contre do(u)bter 20/25, 24/13, 28/21, etc., soit 41 occ.), deulx 385/2, eult (p.s.) 411/4. Mais les formes peult (pst. ind.) 82/11, 216/5, 351/4, etc., soit 6 occ.,

peult (p.s. p3) 27/11, 27/18 (x2), etc., soit 8 occ., sont ambiguës : l peut autant être adventice qu’analogique (voir « Morphologie »). Peult 27/18 (x2), 60/2 peut aussi être une graphie inverse utilisée pour la forme de subjonctif imparfait peust (voir « Morphologie »), ou encore résulter d’une coquille (erreur de lettre, l pour s), comme relpondirent 472/19 qui été corrigée.

- n : présence d’un n parasite dans innviter 375/10 (AJ). La forme reutourné 112/13, corrigée en rentourné (lettre placée à l’envers), est ambigüe : soit le n est adventice, soit il résulte du croisement des verbes retourner et entourner.

- p : racompter P/14, 72/15, 88/8, etc., soit 5 occ. (mais raconter 8/51, 57, 133/23,

etc., soit 4 occ), nopces 1/29, 31, 33, 440/1, recepvo(i)r 7/4, 8/14, 24, 39/14, 105/10 (mais recevoir 54/9, 60/8, 129/11, etc., soit 6 occ.), nepveu 14/46, 95/28, 143/13, etc., soit 79 occ. / ni(e)pce XLV/R, 381/18, 383/16, etc., soit 5 occ.,

escript (n.) 179/5 / escript (p.p.) 1/1, 61/3, 73/45, etc., soit 5 occ., sepmaine 452/5 (x2), compte (« conte ») 360/25, 439/14 (mais conte 23/35, 31/45, 77/5, etc., soit 5 occ.), compte (« compte ») 75/4, 97/24, 203/12, etc., soit 8 occ. (mais

conte 2/27, 29, 5/13, etc., soit 7 occ.), compter (« conter ») 3/68, 9/10, 31/12, etc., soit 92 occ. (forme unique), ensepvelir 473/10 / ensepvely 470/22 (mais

ensevelir 204/9, 472/23, 468/16). Mais il s’agit d’un p inorganique après la nasale labiale « afin d’en conserver le caractère labial »124 dans condampner 47/7, 439/15, 447/10, (contre condanna 8/13) / dampnation 162/4 (contre

damnation 70/17, 303/9) / dampnable 344/9, 359/9 (contre demnable 59/5) /

dampnacion 354/3 / dampnement 499/4 / dampner 353/8, 14, 17, etc., soit 5 occ., damps 221/4, coulompne 327/30, 354/27, 379/5, solempnellement 354/7

124 Id., ibid., p. CXXI, 1, s. Voir aussi M.-Cl. de CRÉCY, Ponthus, p. CXXI, § 8 : « Fait que l’on rencontre

à l’Est, au Nord et en wallon ». Voir enfin G. ROUSSINEAU, Perceforest, Troisième partie, t. 2, p. XLIV,

138

(contre sol(l)ennellement 1/29, 226/7, 300/5, etc., soit 7 occ.) / solempnité 138/27, 339/26 (contre solennité 355/35, XLVII/R, 414/6, etc., soit 7 occ.),

compte (« comte ») 515/5 (mais conte 3/37, 12/8, 14/49, etc., soit 5 occ.).

- x : dextre (< dexter) (adj.) 15/12, 35/2, 146/19, etc., soit 8 occ. et dextre (n.)

16/14, 224/52, 412/22, etc., soit 4 occ. (contre destre 239/12, 240/2, 400/18).

Équivalence xs-/x- en position implosive dans dexstrier 90/39, exstimer (< aestimare) 438/18 (mais estimer 23/20, 24/5).

Équivalence -xc-/-x- à l’intervocalique dans exces 83/4 vs exes, 157/29,

tresexellente 11/16, 20/28, 27/65, 523/14.

Ces alternances avec ou sans consonnes étymologiques ou encore l’adjonction de consonnes parasites prouvent que ces consonnes étaient amuïes en position implosive et que leur présence dans notre texte est purement graphique.

¤ Cas du r implosif

- Absence du r dans appeceut 387/1, Berad 271/31, Coutain 82/22, desamer 19/7,

haubet 405/9, pafait 42/17, pesonne 450/10.

- À l’inverse, emploi d’un r inorganique125 dans parsser 490/13, parvernir 469/23,

reternir 376/15.

- Rhotacisme r pour l, fréquent en particulier dans la scripta lorraine126 dans apperler 20/6 (forme attestée ni dans DMF ni dans FEW no dans God.).

- Rhotacisme de s à r devant l dans varlet 113/11, 279/21, 315/14, etc., soit 9 occ. (seule forme utilisée). Cette forme, d’origine picarde127, est devenue courante en MF128.

125 G. ZINK signale « la multiplication » de r et l adventices en MF, et évoque notamment le cas de « r

parasite » en position implosive « par correction fautive (hypercorrection). » (Le Moyen français, p. 18).

126 Cf. E. SCHWAN-BEHRENS, p. 116, § 174, rem. Voir aussi A. BRASSEUR, p. 179, § 98.

127 Cf. Ch. Th. GOSSEN, p. 50, § 50. Voir aussi P. FOUCHÉ, Phonétique, III, p. 862, d : varlet provient du picard.

139 ¤ [s] et [z] implosifs intérieurs

- Bien que [s] et [z] soient amuïs depuis longtemps en position implosive, ils sont généralement conservés dans la graphie, indiquant ainsi la longueur de la voyelle antécédente. Pour beaucoup de mots, le s étymologique est toujours noté, devant une consonne sonore, comme dans cinquiesme 1/54, baptesme 2/10, 73/6, 352/13, etc., soit 17 occ., esbahir/ esbaï- 2/16, 78/11, 142/9, etc., soit 19 occ. / (tres)esbahi/esbahy/esbahiz/esbaïs (adj.) 5/15, 27, 12/13, etc., soit 129 occ. /

esbahyssement 514/6, disner (n.) 2/41, 3/46, 5/16, etc., blasmer 55/5 / blasme 60/5, 6, 461/15, esveill- (< exvigilare) 140/8, 152/9, 227/5, etc., soit 5 occ., desrengerent 182/10, aisné/aysné 224/9, 317/7, meisme 437/17, desroy 472/1, ainsi que devant une consonne sourde, comme dans c(h)restien P/1, 6, 17, etc., soit 237 occ. / cristiens 455/4 / c(h)restienté 29/9, 54/18, 71/9, etc., soit 46 occ., eschiver (< frq. skiuhan) P/12,

coustume P/6, 20/9, 26/8, 334/29 / coustumierement 256/11, esche(c)quier 1/19, XIV/R, 81/16, etc., soit 7 occ. / eschecz/esche(t)z 1/20, XIV/R, 81/14, etc., soit 7 occ., destruire 2/37, 54, 4/31, etc., soit 63 occ., despit 3/46, 6/16, 22/12, etc., soit 16 occ. / despitant 175/12 / despité 27/23, 344/5, beste (n.f.) 4/30, 5/34, 6/9, etc., soit 12 occ. / beste (adj.) 27/56, 470/4, hastivement 5/15, 31/41, 50/11, etc., soit 18 occ., coust- 5/22, 84/6, 109/9, etc., soit 5 occ., destresse (< *districtia) 5/47, 345/5, 9, 379/8, 455/27, conquest 8/60, 93/2, 280/5, etc., soit 6 occ. / conqueste (n.) 33/4 / (re)conquester 2/23, 3/5, 19/23, etc., soit 39 occ., baston 14/59, 44/3, 66/10, etc., soit 8 occ., aspre 15/26, 345/18 / asprement 15/2, 16/4, 66/36, etc., soit 12 occ., co(u)sté (n.) VII/R, 26/3, 66/1, etc., 31 occ., lasche 18/12, 165/19, 187/8, etc., soit 8 occ. / laschement 22/1 / lascheté 18/13, desplaire 9/5, 30/27, 215/2, etc., soit 10 occ. / desplaisir 50/12, 66/27, 82/11, etc. soit 19 occ. /

desplaisant 50/16, 521/6, eschau(f)fer (< excalefacere) 38/12, 90/26, 95/17, etc., soit 8 occ., desclaira 51/2, 526/4, reschapper (< *excappare) 66/39, 174/21, 188/12, etc., soit 7 occ., degaster 76/4, 93/12, 101/11, etc., soit 9 occ., Penthecouste 78/10, 499/8, coste 85/3, 150/7, 165/6, etc., soit 9 occ., despens 97/13, 350/5, despo(u)iller (< spoliare) 114/20, 157/20, 224/41, etc. soit 9 occ., despecer 128/16, eschielles (< scalas) 153/10,

frescheur 163/5 / fresche 320/8, coste 176/4, 224/29, chastier 196/2, despence 211/2,

relasche 235/8, 358/9 / lascher 238/11, boscage 242/6, 13, despendre 280/4, 18, 20, 288/9, eschines (< frq. skina) 354/22, escheut 420/11 (dérivé de excadere).

140

Pour d’autres mots, les formes avec s implosif alternent avec celles qui en sont dépourvues, devant une consonne sonore, comme dans brusler 5/32, 130/12, 131/8, etc., soit 11 occ., vs bruler 64/8, 127/14, XXVI/R, etc., soit 9 occ., basme (< balsamum) 233/3, 271/27, 274/7, 448/16 vs baulme 257/9, etc. ainsi que devant une consonne sourde, comme dans chascun 1/35, 37, 2/13, etc., soit 152 occ., vs

chacun/chacon/chacum 3/10, 11, 21/9, etc., soit 8 occ, chasteau/chastel/chasteu 1/42, 58 (x2), etc., soit 124 occ. / Chasteaufort XVII/R, 120/4, 124/22, etc., soit 23 occ. /

chastel(l)ain 3/33, 51, 69, etc., soit 26 occ., vs chateau/chatel 109/2, 453/3, arrest 7/17, 65/11, 68/12, etc., soit 7 occ. / arrester 15/43, 16/28, 27/42, etc., soit 36 occ. /

arrestement 286/1 vs arretz 479/23, descouvert 14/18, 38/22, 65/15, etc. soit 9 occ., vs

decouvert 297/10, espaule(s) 50/10, 65/17, 19, etc. soit 27 occ., vs epaule 39/5, hastif 138/24 / haster 230/17, 458/12 vs hativeté 162/1, etc., espouanté 148/6, 421/1 vs

tresepouantee 391/17, bastir 221/5, 428/25 vs batirent 492/8, embusch(i)er 242/7, 492/11 vs embuch(i)er 25/18, IX/R, 40/1, 8, 51/8, embusche 395/4 (dérivé de *busk) vs

embuche 25/22, 27, 33, 27/3, costoya 419/4 vs cotoyant 467/2. Remarquons également la coexistence des formes disrent 169/10, 427/4, qui rappelle la forme ancienne distrent, et dirent 2/26, 5/11, 16/6, etc, soit 61 occ.

Selon Ch. Marchello-Nizia, en MF « il n’y a guère qu’en Wallonie et au Hainaut que s et z se sont conservés devant consonne »129. Mais, elle ajoute que le s en cette position « continuait à se prononcer dans un nombre non négligeable de mots. À la fin du XIVe

siècle, le tractatus orthographiae of T. H. et quelques années plus tard le Tractatus

orthographiae de Corfurelly donnent tous deux une liste des mots dans lesquels -s intérieur devant consonne n’est pas amuï », dont chastel130.

- Mais absence du s antéconsonantique dans apresse (dérivé de asper) 112/25, guicha (<*wiskjan) 428/17, ote (n.) 470/14, rene 98/16 mais resne (< *retina) 327/13131,

tresreplendissant 515/18.

129 Langue, p. 104 ; voir aussi L. REMACLE, Ancien wallon, p. 74.

130 P. 104-105.

141

- À l’inverse, présence d’un s parasite dans empeschement 4/7, 23, 20/10, etc., soit 12 occ., desclarer 70/12, 123/18, 124/4, etc., soit 8 occ., bouscher 140/13, restirant 154/34,

esdit (< edictum) 204/14 (mais edit 172/7, 180/2, 189/5, etc., soit 6 occ.), esglise (<*eclĕsia) 369/17, 414/6, 469/4, etc., soit 7 occ. (mais eglise 289/12, 14, 423/24, etc.,

soit 24 occ.), aschever 435/10, basteau 442/5, 9 (x2), 443/1 (mais bat(h)eau(l)(x) 311/18, 312/1, 5, etc., soit 24 occ.), desvint 449/4, rescommanda 453/23 (mais

recommander 8/34, 36, 64/13, etc., soit 43 occ.), flesche 472/3 (<*fliukka), mesrien (< materiamen) XXII/R, 153/12, resposer 482/18 (mais reposer 9/12, 62/30, 78/22, etc., soit 34 occ.), entresprise 502/10, 12, prouffist (n. < profectus) 509/17, coste (< *kotta) 515/18, 526/36, entrestenir 521/18.

Cela concerne notamment les mots composés à partir des préfixes latins de- (desveloperent 1/44, destourner 27/23, 24, 164/14, etc., soit 7 occ., vs detourn- 107/6, 111/11, desrompre 56/6, 128/16, 158/8, etc., soit 5 occ., vs derompre 146/9, desmerité 31/22 / desmerites 73/27, desliberer 83/12, 213/12, 216/1, etc., soit 4 occ., vs deliberer 2/52, 55, 4/3, etc., soit 34 occ., destroussés 87/1 / destrousse 92/17, 427/8, desrober 99/3, 11, 151/19, etc., soit 5 occ., desmonté 108/23, 140/17, 254/3, desmarche 120/25 vs

demarche 103/23, desmarcher 104/4, 182/12, 298/7 vs demarcher 146/22, despartit 149/6 vs departir 3/1, 24, 11/1, etc. soit 84 occ., desmolir 158/8, desployer 174/13, 181/3, despe(s)ch- 243/2, 291/16, 292/10, etc., soit 5 occ., desverrouller 334/29 /

desvarroulye 385/18, desmentir 391/27, 393/11, 12, 398/10, deschevelee 393/19,

despourveuz 411/13), e- (escrier 8/15, 32, 19/29, etc., soit 32 occ., vs ecria 285/1,

esvanouy 462/13 / esvanouit 516/20), ou encore re- (rescousse 27/25, 292/4, 334/4, 340/31 vs recousse XXXIII/R, resjouvenir 481/17, 514/20, 515/5, 517/3). Pour

resmontra 288/15 (contre remonstrer 4/26, 7/15, 8/7, etc., soit 19 occ.), on peut envisager la possibilité d’une interversion de lettres. La forme transquilité 305/14, 378/8 témoigne, quant à elle, de l’influence du préfixe trans-.

- Assimilation non phonétique de l à s dans voustees 146/7 (mais voultees 127/17) et

virevouste 385/20, qui, d’après le TLFi, s.v. virevolte, représente une forme « plus francisée » que virevolte. Cet emprunt à l’italien, écrit virevouste, témoigne, en effet, de l’influence de vouste < volte < volvita.

142

2. Affaiblissement des consonnes finales