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6. Conclusion

1.1 Préparation et déroulement des entretiens

Après la préparation d’un guide pour les entretiens (qu’on retrouve en annexe 4), nous avons entamé notre enquête en sollicitant d’abord les étudiants intéressés par le thème de la recherche tout en insistant sur le critère de l’origine ethnique car nous souhaitions composer un échantillon d’origine batnéenne et de préférence d’origine berbère. Après l’explicitation du sujet autour duquel tournerait l’entretien nous avons obtenu l’accord de principe de 26 étudiants : 13 filles et 13 garçons ce qui aurait pu nous permettre d’avoir un échantillon équilibré du point de vue sexe. Toutefois, au cours de l’enquête certains étudiants se sont désistés et uniquement 17 étudiants ont répondu comme c’était convenu à notre appel ; et en final notre échantillon de volontaires était constitué de 11 filles et de 6 garçons. Les entretiens se sont déroulés sur rendez-vous aux heures qui convenaient le mieux aux enquêtés. Quant au lieu nous avions choisi notre bureau qui se trouve au niveau du département de français donc très accessible aux étudiants qui pouvaient passer avant ou après les cours. Les entretiens ont été réalisés durant les mois de janvier et février 2009 par nous-mêmes. La durée de ces entretiens se situe pratiquement entre une heure minimum et une heure et demie maximum (l’activité de hiérarchisation des items incluse). Au début de chaque entretien nous avons réitéré nos remerciements aux enquêtés d’avoir accepté de participer à cette enquête, nous avons également rappelé le thème approché sans oublier de garantir encore une fois l’anonymat aux interviewés que la présence d’un magnétophone comme instrument d’enregistrement pouvait gêner.

172 Nous avons demandé aux interviewés de s’exprimer en français et de recourir à l’arabe si le besoin se fait sentir.

Dans l’ensemble l’enquête s’est bien déroulée sauf pour deux entretiens : le premier concerne un interviewé qui s’exprimait à voix basse ce qui a donné beaucoup de mots inaudibles sur l’enregistrement (cas de G1). Pour le deuxième entretien, toute une partie n’a pas été carrément enregistrée (cas de F8). Ceci dit des résultats ont pu être obtenus de ces deux rencontres.

A cause des difficultés de certains étudiants à s’exprimer oralement en français, le discours recueilli dans l’ensemble était peu élaboré voir même parfois haché. De ce fait, il nous a fallu un grand effort pour interpréter certains propos qui se spécifiaient aussi par la présence de phénomènes d’interférences. Certains interviewés se situaient carrément dans le mélange de langues (le français et l’arabe).

Nous pouvons trouver,en annexe 3, les fiches d’identification des interviewés. Le codage retenu est simple : le F pour les filles suivi d’un chiffre de 1 à 11 ; le G pour les garçons suivi d’un chiffre de 1 à 6. Pour l’enquêtrice nous avons choisi le E. Ces codes sont les mêmes utilisés pour la transcription des entretiens.

1.2 Mode de transcription des entretiens :

Pour transcrire les entretiensnous avons choisi un système de transcription économe permettant à la fois une lecture facile et offrant des informations intéressant l’analyse de discours d’approche sociolinguistique :

· X, XX, XXX: mot ou groupe de mots (plus ou moins long) non-compris par le transcripteur;

· syllabe ou mot en majuscules : intensité particulière (insistance, détachement) · /, //, /// : pause plus ou moins longue ;

· ? : intonation interrogative ;

· [rire], [éclat de rire collectif] [ton enjoué] … : commentaire/information du transcripteur concernant un fait, un comportement non-verbal.

· Les guillemets sont utilisés pour signaler le discours rapporté

· Mot ou segment de phrase souligné(s) : chevauchement d'interventions

· Par ailleurs, afin de mettre en évidence pour le lecteur l’alternance des langues français /arabe dans les interventions, on a utilisé les caractères arabes. Les passages en arabe sont traduits ensuite en français pour lequel on a utilisé l’italique.

173 Les entretiens n’ont pas été transcrits dans leur intégralité. Sauf les passages expressifs riches en éléments pertinents pour cette recherche ont été retenus et transcrits 1(y compris hésitations, rires, silences ainsi que relances de l’intervieweur)

1.3 Méthode d’analyse et problèmes méthodologiques :

L’échantillon de cette enquête par entretien constitué de 17 sujets ne peut prétendre nullement à une représentativité de l’ensemble des étudiants de première année en langue française. De ce fait, un rapprochement entre les résultats (partiels) de cette enquête sera fait avec les résultats obtenus de la première partie d’enquête c'est-à-dire l’enquête par questionnaire, par test d’association libre et par production écrite.

Néanmoins, et étant donné l’homogénéité du discours produit, on tentera de donner des hypothèses explicatives.

A ce sujet, il se trouve que la notion de corpus et son volume ont fait l’objet d’une polémique entre les sociolinguistes. De l’approche variationniste relevant de la macrosociolinguistique à l’approche interactionniste relevant de la microsociolinguistique le statut du corpus s’est vu évolué. (Voir la figuration schématique ci-après (H. Boyer, 2001, p. 17)2

1 La transcription des entretiens figure en annexe 6.

2In Henri Boyer, « Sociolinguistique : faire corpus de toute(s) voix ? », Mots. Les langages du politique, n° 69, Révolutions, juillet 2002 [en ligne], mis en ligne le 14 mai 2008. URL : http://mots.revues.org/index10553.html.

174 Boyer souligne (Boyer 2005 : 29) que même Labov semble varier relativement au sujet de cette question car il indique dans le même ouvrage qu’ « on s’aperçoit que […] les structures fondamentales de la stratification par classe se dégagent d’échantillons aussi restreints que vingt-cinq locuteurs »(Labov 1976 :283) alors qu’ailleurs, il affirme que l’«approche initiale de la communauté linguistique est dirigée par la nécessité d’obtenirun volume important de discours naturel correctement enregistré. »(283)

Ainsi avec la nouvelle perspective interactionniste en sociolinguistique, la valeur du corpus ne tient plus à son volume. Ce qui importe désormais pour cette sociolinguistique ce n’est pas tant l’hétérogénéité et la représentativité du corpus mais l’intensité représentationnelle et l’exemplarité de ce dernier.

Dans cette lignée d’idée Boyer3 cite G. Lüdi et B. Py (1995, p. 26) qui posent une « dialectique du particulier et du général : les propos tenus par un migrant peuvent avoir une

signification pour la migration interne suisse dans son ensemble, même s’ils ne sont énoncés que par un individu unique ».

3In Henri Boyer, « Sociolinguistique : faire corpus de toute(s) voix ? », Mots. Les langages du politique, n° 69, Révolutions, juillet 2002 [en ligne], mis en ligne le 14 mai 2008. URL : http://mots.revues.org/index10553.html.

175 En ce qui concerne la méthode d’analyse adoptée, nous avons procédé à une analyse de contenu classique à grille d’analyse catégorielle en privilégiant la répétition fréquentielle des thèmes. Nous avons rapproché le même thème éclaté en divers lieux d’un même entretien ou de plusieurs.