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Au même titre que les médias, les séjours linguistiques et les rencontres des apprenants avec des francophones, le cours de conversation permet de relier l’enseignement/apprentissage de la langue étrangère avec la pratique effective de la langue. C’est une méthode intéressante dans la mesure où elle se préoccupe directement de la compétence communicative orale de l’apprenant. Cependant peu d’intérêt est attribué à cet enseignement, l’écrit reste toujours privilégié et l’oral conserve la seconde place. Il faudrait donc une réévaluation du statut du cours de conversation.

Le cours de conversation est généralement confié à un enseignant francophone. Ce souci de la présence d’un francophone en classe révèle l’un des objectifs de ce cours, celui de rapprocher les apprenants de l’environnement de la langue cible en les confrontant avec une

103 de mini-bain linguistique que seul la présence d’un natif rendrait réalisable.3

L’enseignant francophone représente un trait d’union « vivant » entre les apprenants et la langue cible. L’introduction des techniques de l’information et de la communication en classe (télé, vidéo, cassette audio) reflète une certaine réalité mais qui demeure malgré tout une présence virtuelle alors que le professeur constitue « un matériau vivant », un échantillon qui permet un rapport réel, actif et immédiat au français.

Comparé à d’autres cours, son contenu d’enseignement paraît plus souple et le recours à des activités ludiques permet de détendre l’atmosphère de la classe. Comme son nom l’indique, le rôle du cours de conversation est d’entraîner les apprenants à tenir une conversation. Or ce terme est tellement vaste que l’enseignant de langue se trouve perdu ne sachant quel contenu proposé et quelle progression adoptée d’autant plus que nous remarquons une pénurie d’ouvrages consacrés à cette activité.

L’enseignant de langue se trouve également face à une autre difficulté celle des statuts professeur/étudiant et le rapport enseignant/apprenant qui au préalable définissent les rôles communicatifs. L’enseignant se retrouve parfois seul à parler face à des étudiants qui trouvent refuge soit dans des moment de réflexion qui coupent « l’interlocution », soit dans l’écrit ou tout simplement refusant de répondre devant un interlocuteur qu’ils jugent supérieur par son statut et ses compétences culturelles et linguistiques.

En effet, on est beaucoup plus sur nos gardes, lorsque nous nous percevons dans des contextes où l’on peut être jugés (examens, entretien d’embauche, discours en public, voire simple conversation avec une personne jugée d’un niveau supérieur…). « Lorsque le locuteur a le sentiment d’être en situation d’infériorité linguistique face à l’autre, il réagit en surveillant son langage et en lui faisant subir des corrections par rapport à celui qui est le sien en situation familière et qu’il s’est stigmatisé : l’insécurité linguistique entraîne un processus d’hypercorrection, qui affecte aussi bien le vocabulaire que la syntaxe et la prononciation. » (Boyer, 1996 :29)

L’objectif de l’enseignant sera non pas, de transformer le cours en une interminable conversation ce qui relève d’ailleurs de l’impossible, mais d’œuvrer de manière à réduire graduellement le « monolocutif » au strict nécessaire. Il est d’ailleurs, proscrit d’essayer de

3CHEVALIER, Laurence., & TRUBERT-OUVRARD, Thierry. Quelle place pour le cours de conversation ? Université SeinanGakuin, 1996. [http://www.seinangu.ac.jp/~trubert/Conversation-Seinan.html]. Consulté le 06 Juin 2010.

104 probablement le bloquera définitivement. Il paraît préférable, de procéder par étapes en le familiarisant avec les spécificités d’une telle situation (la spontanéité, immédiateté, le naturel, l’imprévu à gérer). Effectivement lors d’une conversation, l’étudiant est autant gêné par la situation que par les diverses compétences (linguistique et culturelle) sollicitées. 4

Dans le cours de conversation, l’intérêt est porté indubitablement sur l’oral sans pour autant négliger l’écrit qui peut dans certain cas, être à l’origine d’échange communicatif. Par contre, l’utilisation des manuels est à éviter pour deux raisons : premièrement, parce qu’ils installent un certain silence qui rompe l’échange interlocutif et deuxièmement, l’absence de manuels pousse et oriente les étudiants vers la prise de parole donc à utiliser leurs acquis linguistiques.

L’ambiance agréable de la classe va emmener les étudiants vers le naturel ; ils vont se détendre au point d’intervenir d’eux-mêmes sans se soucier du regard et du jugement d’autrui. Les blocages seront dépassés et même les timides pourront s’exprimer sans gêne. Le nombre limité d’étudiants (la quinzaine) renforce également le climat de confiance désiré, sans oublier la disposition des tables en U ou en cercle qui facilite l’interactivité et réduit la différence de statut inhibiteur entre professeur et étudiant.

Enfin, il convient de rappeler aux étudiants que dans une conversation, il est tout à fait normale et admissible que la compréhension soit approximative du moment que le locuteur hésite, rectifie, complète ou revient sur ses mots, utilise des gestes pour répondre justement à un interlocuteur imprévisible, la langue de la situation est loin donc, d’être un discours logique et organisé.

Concernant le contenu du cours, comme il a été déjà mentionné plus haut, l’enseignant dispose d’une grande liberté mais quel qu’il en soit il doit s’orienter vers une perspective interlocutive pour dynamiser la communication sans omettre de prendre en considération le plaisir d’apprendre des apprenants en répondant à leurs désirs et besoins. Pour les compétences linguistiques par exemple, les jeunes sont très attirés par d’autres registres de langue comme les expressions proverbiales, familières ou même gestuelles ainsi que par un lexique thématique motivé par des projets de voyage vers un pays francophone (le transport,

4CHEVALIER, Laurence., & TRUBERT-OUVRARD, Thierry. Quelle place pour le cours de conversation ? Université SeinanGakuin, 1996. [http://www.seinangu.ac.jp/~trubert/Conversation-Seinan.html]. Consulté le 06 Juin 2010.

105 compétences culturelles demandées relèvent généralement de la connaissance de la vie quotidienne française (tourisme, mode, télévision, la cuisine, l’éducation…).

Le cours de conversation pourrait être orné, en concevant des classes de langues spécifiques pour plus de rapprochement de l’environnement et de la langue cible. Une décoration et un ameublement faisant référence à la culture du pays étranger emportera l’apprenant vers l’exotisme et le laissera rêver l’espace d’un moment qu’il est véritablement en voyage.