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Nous pouvons décider d'être heureux

Dans le document Marie-Estelle Dupont (Page 136-141)

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pour une natalité débridée, mais je vous invite juste à être là, présent à vous-ni.ème, ici et maintenant. La souffrance et les faits ont été, sont ce qu'ils sont, mais nous avons le pouvoir de ne pas subir per-pétuellement le malheur : par exemple vous interdire de divorcer parce que votre père n'a pas pardonné à votre mère de l'avoir quitté.

Libérez-vous de cette loyauté, vous n'êtes pas née pour réparer vos parents ou compenser leurs déceptions. Oubliez le fantasme d'être la femme idéale aux yeux de votre père ! S'il vous en veut, c'est son problème, c'est lui qui projette et n'a pas réglé sa souffrance. Vous empêcher d'être heureuse ne vous fera pas gagner plus d'amour de sa part, cela vous fera seulement perdre votre vie. Quand je dis que la souffrance n'est pas une fatalité,je veux dire par là que ceux qui vous aiment « à condition que » n'ont pas d'amour à vous offrir, seule1nent du chantage. Cela ne vaut pas la peine de faire plus long-temps des co1npron1.Ïs avec vous-1nême, et de vous priver. Faites ce qui est juste pour vous, et alors vous établirez de nouvelles relations avec des êtres respectueux et aimants.

Nous pouvons décider d'être heureux

On peut être sur un lit d'hôpital, être atteint d'une grave n1aladie, élever seule un enfant en bas âge, être séparé de sa fani.ille, avoir perdu ses ani.is ou son travail, et être assez joyeux pour décider que l'on va construire le bonheur que l'on n'a jamais eu. Regardez le grand lama Ribour Rinpoché, qui fut emprisonné en 1959 par les militaires chinois qui envahirent le Tibet. Torturé pendant une ving-taine d'années par ses bourreaux, il est plus heureux que tous les cadres hyperactifs qui viennent en consultation. Il s'est guéri d'une maladie incurable en méditant ; ils' est accepté et accueilli lui-ni.ème.

Q) vi bonheur présent. L'investir, le construire, le soigner, prendre soin de son enfant intérieur, se donner ce que nul ne nous a donné. C'est dur, c'est long, et c'est pourquoi il faut l'aide d'un passeur. Mais c'est aussi à portée de main et très simple. Il faut sin1plement de la patience et un soutien pour les moments décourageants, perpétuelle1nent iden-tiques, où l'on ne voit plus le chemin parcouru. Les faits sont les faits, les mutilations ont eu lieu. Mais la façon de les vivre, ce que l'on en tire, le malheur et le bonheur se construisent. Le regard que l'on pose sur son passé et ce que l'on en fait peuvent changer à tout âge. Nous son1illes blessés mais nous sommes libres de ne pas rester victimes et

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de nous soigner. An1e, corps, esprit, émotions. Nous ne somn1es mên1e pas obligés de haïr ceux qui ne méritent pas notre attention.

- - Le malheur ne nous est pas imposé

-Matthieu Ricard affirme que« la première erreur consiste à penser que le malheur est inévitable parce qu'il résulte d'une volonté divine et que, de ce fait, il échappe à notre contrôle». En effet, cette pensée est une projec-tion sur une figure divine qui n'a pas de rapport avec la réalité du tout infini ou de Dieu, selon le nom que vous voulez lui donner, d'une culpabilité que nous avons intériorisée et qui inconsciemment nous convainc que nous n'avons ni le droit ni le pouvoir d'être bien. La deuxième erreur, explique Matthieu Ricard, consiste à croire que le malheur« n'a pas de cause identifiable, qu'il nous tombe dessus par hasard et ne dépend pas de nous. La troisième erreur relève d'un fatalisme confus qui, comme l'explique Alain, revient à

penser que, quelles que soient les causes, le même effet en résultera1 ».

1. Matthieu Ricard, op. cit., p. 62.

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Il faut déconstruire le malheur que nous entretenons. Le problèn1e vient de la culpabilité qui nous fait préférer endurer une souffrance n1entale épouvantable (se mettre la pression, se priver, se renier, prendre le moins de place possible, s'excuser d'être là, se mettre en quatre en permanence, douter de soi, runùner, ronger son frein) et fabriquer de la souffrance, plutôt qu'identifier que nous avons été peut-être très abîmés dans notre estime de nous-mêmes, que nos schémas familiaux sont mortifères, et affronter la culpabilité de se révolter contre sa famille, d'être en conflit ou de rompre avec elle.

Mais refuser la perpétuation de la souffrance est un acte de moralité sil' on veut avoir des enfants. Et tout simplement un acte de respect envers soi-même. Nul n'est contraint d'être injuste envers soi-même pour ne pas déranger la folie parentale. Car vos parents souf-frent eux-ni.ên1es d'une souffrance qui leur a été transmise, et si vous n'arrêtez pas sa transmission, elle peut durer perpétuellen1ent.

Le pouvoir des bourreaux (parents maltraitants, tortionnaires, per-vers manipulateurs, etc.) continue bien après leurs actes. Regardez les victimes de la Shoah : bien après la Libération, et plusieurs générations plus tard, les nazis avaient réussi à ce qu'ils se sentent souillés et pécheurs parce qu'on leur avait demandé de torturer ou de dénoncer les leurs.

Sortir de la souffrance, c'est se rendre justice sans faire justice soi-même. La souffrance présente ne vient pas de faits passés, si graves soient-ils. Elle provient de la non-reconnaissance de ces faits, de l'impératif de se taire et de subir, et de la solitude que ceux qui nous détruisent parviennent à créer autour de nous en nous vidant de nos forces relationnelles. Ce qui crée une maladie somatique n'est

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pas qu'une mère maltraitante vous ait empoisonnée physiquement ou détruit dans le plus intime de vous-n1ême, ou fait douter de la réalité même de vos perceptions, mais que vous n'ayez rencontré aucun soutien pour que cela soit reconnu, et pour vous aider à vous en remettre.

Nous pensons souvent que nous ne pourrons changer les choses qu'au prix de nouvelles souffrances épuisantes, d'efforts laborieux, ou à condition de manipuler les autres et de leur marcher dessus. Autre-ment dit nous imaginons un coût beaucoup trop élevé qui revient à continuer dans la souffrance : en souffrant ou en faisant souffrir.

Comn1e si c'était nécessaire ou inévitable. Mais non! Connecter sa propre souffrance, sa propre détresse, c'est aussi découvrir que notre bonheur n'est pas forcén1ent ce que nous imaginions. Cela ne signifie pas renoncer à toute ambition, mais au contraire se délivrer de cer-taines peurs et aller plus loin : d'une part, en faisant n1oins d'efforts ; d'autre part, en cessant de nous mentir à nous-mêmes sur ce qui nous épanouit réellen1ent.Je ne me fais pas d'illusion sur la nature humaine etje ne vois pas un saint en chacun d'entre nous, n1aisje peux affir-mer qu'en prenant soin de soi-n1ême, on peut dans la plupart des cas cesser de n'attiser que superficiellement son ego au détriment d'un véritable épanouisse1nent et d'une vie « respirable ».

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Le bon moment

Dans le document Marie-Estelle Dupont (Page 136-141)