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Drôle d'inconnu

Dans le document Marie-Estelle Dupont (Page 88-91)

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le déni de soi ; sans le cadre et les limites, nous sombrerions dans un leurre et un brouhaha de paroles qui ne seraient pas structurantes, n'apporteraient qu'un soulagement fugace et superficiel.

Drôle d'inconnu

En psychothérapie, la parole est adressée dans un cadre strictement confidentiel à une personne que l'on ne connaît pas dans le privé et qui est formée à l'écoute et au dialogue, afin que ces derniers soient le plus féconds possible. La vie privée et les problèn1es du psycho-thérapeute sont mis de côté, celui-ci est centré sur son patient « ici et n1aintenant ».Pour cela, il est évidemment censé s'interroger en dehors des séances sur la manière dont ce qu'il est en train de vivre (difficultés conjugales, 1naladie ... ) influe sur sa manière d'écouter ses patients.

La liberté de parole est totale, elle n'est limitée que par la censure que le patient s'impose en raison de l'angoisse, de la culpabilité ou de l'émotion. Le psychothérapeute encourage la parole sans la for-cer. Il n'y aura ni enjeu de pouvoir ni manipulation, à condition qu'il s'agisse d'un professionnel respectant profondén1ent l'éthique, qui en a compris l'importance cruciale (ce qui ni.alheureusement ne va pas de soi). L'absence de liens - familiaux, amicaux, profes-sionnels ou mondains - évite tout conflit d'intérêts : témoin mais pas obstacle, le psychothérapeute, de par sa déontologie, sa forma-tion et son propre travail sur lui-ni.ême, peut tout écouter. Il ne se situe ni dans le jugement de valeur ni dans la pédagogie. Il ne choi-sira pas pour vous, n'exercera ni représailles ni chantage affectif. Il n'y aura, en cas de passage difficile, ni conflit d'intérêts ni rupture du lien, mais une écoute, un écho et un dialogue. Autrement dit,

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c'est cette configuration qui permet un niveau optimal de liberté et de soutien : sans solitude ni censure.

Non seulen1ent le fait que le psychothérapeute soit un inconnu n'est pas un obstacle, n1ais c'est n1ême une condition sine qua non pour aspirations profondes suppose une confidentialité absolue, une absence de conséquences négatives. Un psychothérapeute ne sera pas blessé par un malentendu, tout pourra être repris pour que vous vous entendiez mieux avec vous-même. Il est à la fois présent et

(/) en faire prendre conscience afin de vous connecter avec vos propres réponses et vos propres ressources. Pas d'iniitation, pas d'influence, mais la découverte des attitudes qui vous correspondent vraiment.

Le psychothérapeute d'orientation analytique, ni naïf, ni cynique, ni indifférent, ni trop impliqué, ne risque pas, comme certains pro-ches, de s'effondrer ou de se n1ettre en colère si vous traversez des difficultés, car il ne s'approprie pas vos problèmes. « C'est terrible, me disait Anne, depuis que j'ai dit à mes parents que je 1ne posais la question du divorce, ils m'expliquent que c'est une catastrophe et que je vais détruire la famille. Pas une seule fois ils ne m'ont demandé comment j'en étais arrivée là. Un enfant qui divorce c'est une telle douleur pour eux qu'ils n'ont pas de disponibilité pour que je leur parle en adulte responsable d'une situation difficile. »

- - La déontologie du psychothérapeute

-La démarche introspective exige que le patient puisse faire totalement confiance à celui qui l'écoute: vous devez être certain que vous ne serez pas jugé, être assuré de sa totale disponibilité. Le psychothérapeute ne vous interrompra pas pour parler de ses propres problèmes, ne fera pas de longues digressions pour exposer ses opinions ou théories au-delà de ce qui est nécessaire pour vous faire avancer. En d'autres termes, il est concen-tré. Cet inconnu doit respecter une déontologie (voir aussi le chapitre 9) qui garantit :

• la confidentialité;

• la suspension de jugement ;

• la disponibilité : le thérapeute met de côté ses problèmes, il est impliqué dans son travail et réfléchit en dehors des séances à la façon dont sa vie privée peut interférer négativement avec l'aide qu'il apporte à son patient;

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Q) vi repré-sailles, de rupture, d'abandon, de chantage. Le thérapeute est formé pour vous aider à parler et à comprendre votre crainte de décevoir l'autre ou d'être jugé, crainte qui a dû se mettre en place dans des relations passées qui vous ont marqué. Le thérapeute n'a pas de conflit d'intérêts lorsque vous hésitez entre telle et telle voie, alors qu'un parent pourrait avoir

« intérêt» à ce que vous choisissiez la politique plutôt que l'enseigne-ment, ou que vous abandonniez sport, études pour reprendre l'entreprise familiale. La satisfaction ou l'ego du psychothérapeute, contrairement à celle d'un proche ne dépend pas des choix que fera son patient.

La formation et l'éthique du psychothérapeute lui pennettent de se tenir hors du tourbillon passionnel des réactions épidermiques ; il ne craint pas de perdre l'amour du patient, co1nme deux amou-reux craignent de perdre l' ainour de l'autre ou un adolescent celui de ses parents. Cela permet de découvrir ce qui est vrain1ent bon pour nous, de nous avouer ce que nous désirons intimen1ent : il ne sera ni choqué ni déçu. Cela ne signifie pas qu'il soit indifférent, bien au contraire. Il souhaite que nous trouvions notre chemin, pas celui qu'il in1aginerait pour nous ou qui lui ferait plaisir !

Dans le document Marie-Estelle Dupont (Page 88-91)