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III. RESULTATS ET DISCUSSION

III.2. Applications du modèle cellulaire

III.2.2. Etude des allergènes purifiés de l’arachide

III.2.2.2. a Pourcentages en IgE spécifiques vs IgE totales des sérums et

Dans cette étude, nous avons pu constater qu’il y avait un lien entre les pourcentages en IgE spécifiques vs IgE totales des sérums et l’intensité de la dégranulation spécifique obtenue pour la majorité des allergènes testés. Nous avons par ailleurs pu observer que des sérums de patients allergiques à l’arachide n’ayant que très peu d’IgE spécifiques de

l’arachide n’induisent pas de dégranulation spécifique significative. Ainsi, parmi les sérums testés, celui qui induit les dégranulations les plus faibles (sérum n° 658), entre 18 et 32 % de la dégranulation de référence, est caractérisé par des taux d’IgE spécifiques variant selon l’allergène concerné de 1,5 à 3,5% des IgE totales.

Nous avons donc réalisé une expérience de dégranulation en diminuant artificiellement le pourcentage d’IgE spécifiques vs IgE totales d’un sérum (n° 263, contenant 55% d’IgE spécifiques / IgE totales) par ajout dosé de molécules IgE du standard utilisé comme étalon dans les dosages d’IgE. Le standard utilisé provient de WHO IUIS et ne présente pas d’IgE spécifiques de l’arachide. Dans ces tests, la quantité finale d’IgE totales incubées par puits est maintenue à 1 UI, et c’est le pourcentage en IgE spécifiques qui est variable. Les cellules sont ensuite activées avec la concentration en EPBA induisant une dégranulation maximale pour le sérum sans ajout d’IgE standard (35 ng/mL) (figure 34).

Figure 34 : Effet du pourcentage en IgE spécifiques vs IgE totales sur la dégranulation de cellules RBL SX-38 par l’EPBA par ajout dosé d’IgE non spécifiques de l’arachide à

des IgE immunopurifiées du sérum n° 263.

A : La dégranulation est exprimée par rapport à la dégranulation de référence

B : La dégranulation est exprimée en fonction du contenu total en β-hexosaminidase, pour des

faibles taux d’IgE spécifiques / IgE totales.

Par ajout dosé d’IgE non spécifiques de l’arachide dans le sérum n° 263 contenant à l’origine un taux élevé d’IgE spécifiques, nous observons le même type de courbe que pour des sérums individuels (figure 34, A et figure 32). Pour un taux d’IgE spécifiques de l’arachide supérieur à 20%, un plateau est atteint. Ce plateau est observé pour des taux d’IgE spécifiques allant de 10 à 20% pour les différents allergènes purifiés de l’arachide (figure 32). Le pontage de 10 à 20% des IgE fixées sur les FcεRI est donc suffisant pour induire une dégranulation maximale des mastocytes. Ces valeurs sont en accord avec celle de

MacGlashan et coll. qui ont démontré que la dégranulation de basophiles humains est maximale lorsque 10 à 15% des sites de liaison à l’antigène sont occupés [380].

Afin de distinguer le seuil de positivité de la dégranulation en fonction du pourcentage d’IgE spécifiques de l’EPBA vs IgE totales, les résultats des dégranulations obtenues ont été exprimés par rapport au contenu total en β-hexosaminidase après soustraction de la dégranulation basale (figure 34, B). Cela nous permet de constater à partir de quel pourcentage en IgE spécifiques la dégranulation est significative (supérieure à 5% du total). On observe que ce seuil de positivité est atteint pour un pourcentage d’IgE spécifiques vs IgE totales de 2%.

Ainsi, dans notre modèle cellulaire les dégranulations spécifiques induites par les allergènes de l’arachide sont corrélées au pourcentage IgE spécifiques vs IgE totales des sérums. A partir de 10 à 20% d’IgE spécifiques, les dégranulations sont maximales tandis que des dégranulations significatives ne sont obtenues que pour des sérums ayant plus de 2% d’IgE spécifiques vs IgE totales. Notons que ces résultats sont différents de ce qui a été observé pour le lait. Aucune corrélation entre les taux d’IgE spécifiques des allergènes du lait et l’intensité de la dégranulation n’a pu être mise en évidence, tandis qu’une dégranulation spécifique a été observée pour des sérums présentant moins de 0,1% d’IgE spécifiques.

Nos résultats sont en accord avec ceux de Dibbern et coll. qui ont montré que l’activité des sérums sensibilisés à l’arachide est corrélée avec le pourcentage d’IgE spécifiques de l’arachide vs IgE totales dans un test de dégranulation des mastocytes utilisant la lignée cellulaire RBL SX-38 (coefficient de corrélation de Spearman = 0,62, p=0,01) [352]. Cependant, dans cette étude, les dégranulations étaient encore mieux corrélées aux concentrations en IgE spécifiques dans les sérums (coefficient de corrélation de Spearman = 0,95, p<0,001), ce que nous n’avons pas observé. Les auteurs ayant utilisé les sérums à dilution constante, il apparaît logique que la dégranulation soit mieux corrélée à la teneur en IgE spécifiques dans le sérum tandis que l’utilisation des IgE à une concentration définie « biaise » cette corrélation. Il est intéressant de noter que les dégranulations obtenues par Dibbern et coll. atteignaient un plateau pour des sérums dont la concentration en IgE spécifiques de l’arachide était supérieure à 30 UI/mL et pour des taux d’IgE spécifiques supérieurs à 10%. Dans notre modèle, le plateau est atteint pour des sérums dont les taux d’IgE spécifiques sont de 10 à 20%. De leur côté, Marchand et coll., en utilisant un modèle avec des cellules transfectées uniquement par la chaîne α du FcεRI, n’ont montré aucune

corrélation entre le contenu en IgE spécifiques et le potentiel de dégranulation des sérums [346]. Une très bonne corrélation linéaire entre le pourcentage d’IgE spécifiques et la dégranulation était pourtant obtenue dans cette étude à l’aide d’IgE humaines monoclonales purifiées.

Malgré une grande variation dans les intensités de dégranulation dans la population d’étude, le pourcentage d’IgE spécifiques dans les sérums est un bon indicateur de la capacité d’un sérum à sensibiliser les cellules RBL SX-38 et à induire une dégranulation spécifique d’un allergène.

III.2.2.2.b. Existe-t-il un lien entre la capacité des sérums à dégranuler les