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Chapitre 2 Pour une compréhension de l’UCHOJEUCAM

3. Les résultats de l’analyse

3.4 Quelle Église pour les jeunes, par eux et avec eux ?

3.4.2 Pour une Église synodale et coresponsable

La contestation, par les jeunes de l’UCHOJEUCAM, d’une image de l’Église sous-entend qu’ils ont une autre image ou d’autres images qui correspondent à leur façon de concevoir l’Église, particulièrement sa gouvernance. Nous allons nous appliquer à comprendre, ici, l’image qui leur paraît plus adéquate. En fait, nous passons ici de ce qui est contesté à ce qui est soutenu, de l’Église cléricaliste à l’Église synodale et coresponsable. À bien traverser les réponses des jeunes interviewés à la question de savoir ce que doit être la vie en Église pour les jeunes d’aujourd’hui, ce qu’ils contestent porte bien la marque de ce qu’ils voudraient.

Réentendons ici la réponse d’un membre de soutien au sujet de ce que pensent les jeunes de ce que doit être la vie en Église :

Avec mes lunettes de membre de soutien, je relève que pour les jeunes d’aujourd’hui la vie en Église doit être démocratique, c’est-à-dire que la hiérarchie devrait éviter de dicter ses avis pour ne pas brimer, froisser et frustrer les fidèles. En clair, le prêtre ou la hiérarchie devrait cesser de croire que leur parole est une parole d’évangile, ils devraient savoir qu’ils ont bien sûr un rôle important et déterminant dans l’Église, mais qu’ils sont des hommes à part entière et doivent accepter que, de temps en temps, l’on puisse discuter de leurs points de vue. Il n’est pas exclu que des simples fidèles apportent des considérations qui seraient même plus pertinentes que celles émises par le prêtre ou la hiérarchie. Et que donc s’il y a lieu de négocier, il n’est pas mauvais de le faire67.

Cette intervention souligne l’importance du dialogue dans la charge pastorale. Le point précédent nous a montré comment les jeunes ne supportent pas certains comportements de leurs pasteurs. Dans cette dernière citation, le membre de soutien dénonce particulièrement une forme de dictature, de supériorité ou de domination de la part des prêtres, dans l’agir pastoral. Bien sûr qu’en démocratie, on prône la liberté d’expression, on ne peut pas imposer ses points de vue ; il y a à respecter l’autre dans sa liberté de choix ou d’opinion. C’est ainsi que ce membre de soutien considère que la hiérarchie n’est pas la seule voix qui doit s’exprimer dans l’Église, elle peut aussi accorder aux laïcs de s’exprimer. Cela renvoie à la culture du dialogue ou de confrontation des idées pour aboutir au compromis ou au

consensus. Il y a surtout à reconnaître l’égalité en droit et dignité, par rapport à la vocation commune des fils de Dieu ; le prêtre n’est pas plus fils que le laïc, de façon à dicter ses avis en froissant ou en frustrant ses ouailles. Nous tendons vers une société qui promeut l’égalité et reconnaît à chacun le pouvoir de participer à la construction de la cité et le droit de s’en trouver bien. Il s’agit en clair de considérer les jeunes comme responsables dans l’édification de l’Église et faire-Église avec eux.

Les jeunes de l’Union, en parlant de coresponsabilité, n’ont signifié que cela. Ils cherchent à « mériter la confiance de l’Église » (CSSG1, Annexe 5, 5.1, Q 4) ; pour « assumer de plus hautes responsabilités » (SSJ2, annexe 5, 5.3, Q 5). Ils pensent « avoir des responsabilités et […] [se] sentir utiles à l’Église en étant l’espoir de l’Église de demain » (CSJ2, 5.3, Q 2). Car, « ces jeunes sont capables de grandes choses (SSJ1, 5.3, Q 3), de « mieux servir l’Église et la rendre plus efficace qu’avant, une fois qu’on […] [leur] faisait confiance » (CSSG1, Annexe 5, 5.1. Q 2). Tout cela révèle une difficulté de coopération avec des prêtres imbus d’eux-mêmes, ne permettant pas aux laïcs et particulièrement aux jeunes de jouir pleinement de leur liberté et de leur dignité comme membres à part entière dans l’édification du Corps du Christ. Nous admettons qu’il ne peut être question de confondre le pouvoir dans l’Église avec le pouvoir des politiciens. Dans ce sens, par rapport à ce qui est voulu et recherché par les jeunes, comme le note Jean Rigal, il faut faire remarquer que « l’Église n’est pas une démocratie au sens politique du terme […], [parce que] sa mission

lui vient du Christ, non du peuple68. » Toutefois, cela ne signifie pas qu’elle ne peut pas,

dans un esprit à la fois ouvert et critique, voir dans la démocratie ce que le monde peut lui proposer pour son propre fonctionnement et sa propre crédibilité dans l’aujourd’hui du monde. C’est ainsi que nous nous accordons avec Jean Rigal pour souligner que

cet appel à une Église plus démocratique résonne avec d’autant plus de force qu’il s’inscrit dans une société particulièrement sensible aux valeurs de partenariat, de dialogue et de responsabilité. D’ailleurs, l’Église catholique en a pris acte et en souligne le bien-fondé. Dans l’encyclique Centesimus annus (1991), Jean Paul II déclare sans détour : « L’Église apprécie le système démocratique, comme système qui assure la participation des citoyens aux choix politiques et garantit aux gouvernés la possibilité de choisir et de

68 Jean Rigal, L’Église en quête d’avenir. Réflexions et propositions pour des temps nouveaux, Paris, Cerf,

contrôler leurs gouvernants […] Une démocratie authentique […] requiert […] des structures de participation et de coresponsabilité » (n° 46)69.

Quand les jeunes réclament une Église démocratique, tout est dit de certains prêtres qui dirigent leurs paroisses de façon autoritaire et cléricale. Il s’agit là d’un contre témoignage. On a pris l’habitude de parler d’inculturation, mais gouverner le peuple de Dieu en Afrique, en faisant dialoguer culture et message chrétien, ne signifie pas faire une inculturation du pouvoir, en prenant comme modèle du pouvoir les formes qui nous viennent des structures familiales et tribales de type patriarcal ou de l’autoritarisme du monde politique. On pressent donc les conséquences ecclésiologiques qu’entraîne l’exercice du pouvoir au sein de l’agir pastoral : mieux le pouvoir est exercé, mieux il est perçu comme signe du Royaume, suscitant et soutenant l’esprit synodal qui donne à tous les baptisés de se considérer comme membres de l’Église.

De la contestation, par les jeunes, de l’exercice du pouvoir au sein de l’agir pastoral à leur option préférentielle pour une Église démocratique et coresponsable, ce parcours nous a laissé percevoir que non seulement les jeunes cherchent à mériter confiance pour se sentir utiles, mais aussi et surtout ils réclament « une collaboration franche avec le prêtre » (CSSG2, Annexe 5, 5.1, Q 4). Il ne peut avoir de collaboration franche entre prêtre et laïc sans l’esprit d’acceptation mutuelle ; leur collaboration suppose une prise de conscience de leur appartenance au peuple de Dieu, de l’égalité de l’un et l’autre dans l’édification du Corps du Christ. Déjà, dans le premier chapitre, nous avons relevé avec Yves Congar que « l’Église de Vatican II est peuple de Dieu […] où “tous les membres n’ont pas la même fonction” (Rm 12,4), mais où ils sont tous actifs, tous sujets responsables [...] Lumen

Gentium a défini la condition du peuple de Dieu comme condition de liberté, par le Saint-

Esprit70. » Cette conscience s’entend bien dans certaines interventions des jeunes

interviewés, et plus intensément encore dans celle d’un membre de soutien de Notre Dame de Fatima :

Oui, je pense avoir plus de responsabilités dans la construction de l’Église. Concrètement, je ne serais pas surpris si un jour j’accédais au rang de président

69 J. Rigal, L’Église en quête d’avenir…, p. 256.

70 YvesCongar, « Apports, richesses et limites du Décret », dans Yves Congar (éd.), L’apostolat des laïcs.

du conseil paroissial, de représentant des jeunes du doyenné de Matadi ou du diocèse. À partir de mon rayonnement, je ne serai pas surpris d’être un jour promu coordinateur diocésain, provincial ou même national des écoles conventionnées catholiques. Si l’Église pouvait mener des réformes en profondeur de façon que les évêques aient des conseillers même laïcs, je pense que notre ordinaire pouvait solliciter mes services71.

La collaboration est le lieu de complémentarité, elle s’assume par l’acceptation, l’un de l’autre, aboutissant à une confiance qui peut générer une grande richesse dans l’édification du corps ecclésial. Le manque de collaboration ne peut être que source d’appauvrissement, comme le note ce même membre de soutien de Notre Dame de Fatima, en parlant spécialement du rapport entre choristes et membres de soutien : « Les jeunes que nous encadrons au niveau de nos groupes, de nos chorales, s’ils doivent nous laisser toute la responsabilité, nos chorales ne peuvent pas marcher72. » Ce même refrain résonne dans cette intervention d’un choriste de Saint Sacrement qui évoque un manque de collaboration entre divers organes, par le biais du Conseil paroissial. Pour lui le conseil paroissial « est un organe mère dans une paroisse qui devrait placer le prêtre et la jeunesse en communication, mais hélas cela n’est pas le cas ; dans beaucoup de nos paroisses, on déplore un manque de collaboration entre les divers organes. Le conseil paroissial, par exemple, étouffe les activités proposées par la commission pastorale des jeunes. Ce dérèglement ne plaît pas à la jeunesse73. » Là, nous cernons le souci des jeunes d’être pris au sérieux parce qu’ils voudraient que leur pastorale soit reconnue dans ses besoins actuels. Ils ne demandent pas autre chose, sinon que leurs propositions soient prises en compte au niveau du conseil paroissial. Nos conseils paroissiaux actuels sont plus réservés aux adultes, le moment est peut-être venu pour y admettre des jeunes, désireux d’apporter leur contribution pour donner un nouveau visage à nos paroisses. Ils n’ont pas caché ce désir de servir dans différents secteurs de la vie paroissiale.

À la question de savoir s’il leur arrive de penser qu’ils peuvent avoir plus de responsabilités dans la construction de l’Église, ils ont presque tous répondu positivement en faisant découvrir leurs désirs. Pour ne citer que quelques-uns, il y a un choriste de saint Joseph qui

71 SNF1, Annexe 5, 5.2, Q 5. 72 SNF1, Annexe 5, 5.2, Q 4. 73 CSSG2, Annexe 5, 5.1, Q 5.

a dit : « Bien qu’encore jeunes, mais avec la formation reçue, nous pouvons trouver notre place dans nos groupes et communautés vivantes : présidence de la chorale, membre de soutien de la chorale, membre du conseil paroissial et pourquoi pas président du conseil

paroissial74. » Du même groupe, un membre de soutien présente aussi les différents secteurs

où il peut apporter sa contribution : « Être catéchiste, encadreur des mouvements catholiques, être responsable laïc de la paroisse sans prêtre, dirigeant de chorales ou des

groupes organisés75. » Du côté de Saint Sacrement, une fille trouve qu’elle peut « devenir

secrétaire de la paroisse, maman catéchète, lectrice de la parole de Dieu à l’église lors de la messe, caissière du conseil paroissial, caissière de la chorale76. » Le garçon de Saint- sacrement, qui a fait remarquer le dérèglement de leur conseil paroissial, dit clairement : « Moi je désire être président du conseil paroissial » (CSSG2, Annexe 5, 5.1, Q 5). Ceux de Notre Dame de Fatima vont aussi dans le même sens. L’un d’eux dit : « Je pense devenir président du conseil paroissial, de la commission pastorale des jeunes, animateur de

communauté ecclésiale vivante de base (CEVB)77. » Un autre de dire : « Je pense avoir plus

de responsabilités dans la construction de l’Église. Concrètement, je ne serais pas surpris si un jour j’accédais au rang de président du conseil paroissial, de représentant des jeunes du doyenné de Matadi ou du diocèse78. » Voilà différents espaces ne demandant qu’un vrai dialogue, dialogue entre prêtre et laïc, dialogue entre jeunes et adultes.

Nous avons voulu focaliser notre attention sur la collaboration entre prêtre et laïc, mais on peut relever aussi la nécessité d’une collaboration des laïcs entre eux, tout comme des prêtres entre eux. Qu’on ait deux prêtres dans une paroisse, que l’un d’eux soit ouvert à la collaboration avec les laïcs, sans la participation de l’autre, cela peut constituer un blocage dans la marche de la communauté chrétienne. Qu’ils soient unis et coopératifs tous les deux, cela constitue une force pour l’action pastorale. Qu’il y ait des camps du côté des laïcs, que les uns collaborent avec les prêtres et que les autres se montrent opposants, la communauté ne peut être que vouée à devenir un chantier de turbulences. Les jeunes de l’UCHOJEUCAM contestent le cléricalisme, mais ce qui est attendu et désiré nécessite

74 CSJ1, Annexe 5, 5.3, Q 5. 75 SSJ1, Annexe 5, 5.3, Q 5. 76 CSSF1, Annexe 5, 5.1, Q 5. 77 CNF2, Annexe 5, 5.2, Q 5. 78 SNF1, Annexe 5, 5,2, Q 5.

bien un dépassement, et du côté des prêtres et du côté des laïcs, car, comme le fait observer Jean Rigal, « la coresponsabilité vécue — qui devrait théoriquement être un stimulant — peut devenir une épreuve. Ainsi, nombre de prêtres connaissent une réelle difficulté à s’engager dans un travail avec des laïcs, à découvrir leur place spécifique dans la mise en

œuvre d’une coresponsabilité effective et un nouveau partage du pouvoir79. » L’auteur

touche là un point névralgique. Comme prêtre, on peut être habité par la peur de perdre sa place et son pouvoir dans le partage du pouvoir.

Les jeunes de l’Union n’ont exprimé que leur désir de réciprocité. Pour soutenir la fécondité d’une telle réciprocité, donnant de recevoir l’un de l’autre et de donner l’un à l’autre, il faut dépasser tout ce qui nous enferme dans notre ego et voir dans l’altérité, non pas un appauvrissement, mais un dynamisme interactif propre au mystère de l’Église. Il est intéressant de conclure ce point sur la collaboration entre prêtre et laïcs, en rappelant que c’est le Christ qui, par son sacerdoce, nous fait tous membres de son Corps et nous fait participer à sa mission. On est tous appelé à la mission, le prêtre l’est d’abord comme baptisé, et comme ministre, il est appelé à faire d’autres enfants de Dieu, par et pour la dignité qui revient à tous les baptisés, celle de filiation divine. Il n’est pas plus enfant de Dieu que les autres, le laïc non plus n’est pas plus ni moins enfant de Dieu. Il faut donc bannir toutes sortes de rivalité, en évitant de voir une grâce spéciale du pouvoir dans le sacerdoce ministériel et une grâce de soumission ou d’obéissance dans l’autre sacerdoce. De cette manière, comme l’a relevé un membre de soutien, « l’Église devrait s’efforcer d’être de plus en plus dynamique et non statique. Dynamique parce qu’on doit toujours

viser l’excellence, plus haut parce que le Christ est une sommité, le sommet de la gloire80. »

C’est là un appel à refléter la richesse même du Christ, telle que déployée dans son ministère.

Conclusion : l’UCHOJEUCAM. Un défi face à une figure d’Église venant d’en haut Le deuxième chapitre a été un effort de compréhension de l’UCHOJEUCAM, en rendant compte des résultats de l’analyse des données de l’enquête de terrain réalisée à Matadi.

79 J. Rigal, L’Église en quête d’avenir…, p. 173. 80 SSJ2, Annexe 5, 5.3, Q 4.

Dans un premier moment, parlant de la collecte des données, nous avons rappelé la technique utilisée, le focus group, dans le choix des participants ; la composition du questionnaire de l’enquête et le déroulement de chaque entrevue de groupe. Dans un deuxième moment, nous avons présenté les résultats de l’analyse des données recueillies, en rappelant la méthode mise en œuvre, celle de catégorisations. Ces résultats s’articulent autour de quatre axes principaux.

Le premier axe a présenté l’importance et l’intérêt, pour les membres de l’UCHOJEUCAM, de vivre ensemble une expérience permettant, d’une part, de fraterniser avec des gestes de solidarité et d’entraide et, d’autre part, de découvrir la richesse de la Parole de Dieu. Le deuxième axe a relevé le fait qu’à travers leurs pratiques, notamment par leurs chants, les jeunes de l’UCHOJEUCAM pensent participer à la vie de l’Église. Le troisième axe a essayé de comprendre les aspirations et les besoins des jeunes. Enfin, le dernier axe nous a permis de percevoir ce que doit être ou ne doit pas être l’Église pour ces jeunes.

Ce tour d’horizon nous conduit à conclure que l’UCHOJEUCAM peut paraître comme un défi face à une figure d’Église se structurant de manière descendante, c’est-à-dire de manière hiérarchique. La figure d’Église venant d’en haut peut s’entendre, selon les propos recueillis des jeunes, comme celle paternaliste où l’exercice du pouvoir au sein de l’agir pastoral laisse passer le prêtre comme celui qui dicte tout, sans laisser aux laïcs, surtout pas aux jeunes, d’apporter leur contribution à l’édification de l’Église. Pour les jeunes de l’Union, l’Église est à édifier avec eux, c’est-à-dire ils pensent y être sujets actifs et responsables. L’Église sera leur Église dans la mesure où l’on peut les écouter, discuter avec eux, négocier, etc. L’attention des jeunes est allée jusqu’à considérer qu’en matière des mœurs, le prêtre peut accuser plus de faiblesses qu’eux, c’est pourquoi il ne peut prétendre être donneur de leçons. D’où l’invitation à prêcher par l’exemple.

Conscients que l’expérience vécue dans l’Union est un plus, les jeunes ont exprimé par-là un besoin de reconnaissance et un souci d’être enracinés dans la vie chrétienne pour devenir l’Église de demain. Pour eux, l’Église devrait porter ce souci en leur accordant, grâce aux formateurs et aumôniers, une formation susceptible d’en faire des responsables de leur

avenir et de la vie de chrétiens catholiques très engagés, capables d’assumer la vie sociopolitique. L’UCHOJEUCAM est une chance pour ses membres qui se sentent actifs et responsables dans la construction de l’Église et qui développent un type de fraternité et de solidarité dépassant les frontières paroissiales. Est-ce une illusion, en voyant ce qui est recherché par ces jeunes, de dire qu’il s’agit bien là d’un réel besoin lié au contexte actuel, exigeant des communautés nouvelles ?

En effet, ce qui est recherché par ces jeunes, c’est un espace qui donne droit à tous et à chacun de s’exprimer librement sans qu’aucune instance ne s’impose comme ayant pouvoir de décision et de dire le dernier mot. Dans ce sens, ils refusent au prêtre seul le monopole de construire l’Église, car celle-ci est à faire avec tous, pour tous, par la grâce que Dieu donne à ses enfants. Quand bien même, ces jeunes acceptent le rôle du prêtre dans l’accompagnement spirituel, mais il ne s’agit pas, pour eux, de brimer leur liberté. Pour les jeunes de l’Union, il conviendrait que les ministres ordonnés sachent dialoguer avec les fidèles, en acceptant réciproquement les limites et les potentialités, les uns des autres. Cela correspond bien au souhait des jeunes qui, bien que reconnaissant la vocation de l’Église comme éducatrice, exige qu’il y ait collaboration dans le respect mutuel entre jeunes et leurs prêtres.

En définitive, les jeunes sont pour une Église plus démocratique et coresponsable, prenant le Christ comme sommité de la gloire ; à lui seul revient tout pouvoir, et reconnaissant à tous l’égalité dans sa construction. L’Église doit refléter cela en étant source de vie, grâce à la prière et à la présence de Jésus Christ qui consolide la foi chrétienne et alimente l’esprit de service. Le contexte actuel de la vie du monde étant décisif pour l’aujourd’hui de l’Église dans le monde de notre temps, les jeunes exigent que l’Église soit une Église de leur temps, dialoguant avec le monde tel qu’il s’offre aujourd’hui.