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Chapitre 2 Pour une compréhension de l’UCHOJEUCAM

3. Les résultats de l’analyse

3.3 Aspirations et besoins des jeunes

Pour la compréhension de l’UCHOJEUCAM, dans un premier point, j’ai cherché à saisir l’importance et l’intérêt pour les jeunes de vivre-ensemble. Dans un deuxième point, j’ai essayé de cerner comment ils participent à la vie de l’Église. Essayons maintenant de comprendre leurs aspirations et leurs besoins. Répondant à la troisième question, les jeunes interviewés nous ont permis de découvrir le style de vie que leur offre l’Union et qui correspond à leurs besoins et à leurs aspirations. L’analyse de leurs réponses nous donne de comprendre, d’une part, que l’expérience que permet l’UCHOJEUCAM correspond à leurs aspirations parce qu’ils y trouvent leur épanouissement. D’autre part, c’est une expérience portant un besoin réel de la part des jeunes qui désirent mener une vie communautaire et d’en témoigner.

Les jeunes ont besoin d’une vie épanouie. Les jeunes interviewés considèrent que leur expérience permet un épanouissement intégral : spirituel, affectif, moral, matériel ou financier, etc. Cet épanouissement s’exprime diversement parce que l’Union offre un soutien aux choristes, quel que soit le problème, elle offre une assistance aux membres dans diverses circonstances : maladie, mariage, décès. Les statuts de l’Union offrent un soutien mutuel. Et, comme déjà dit plus haut, l’assistance est source de satisfaction pour les jeunes. Non seulement les jeunes bénéficient d’une assistance matérielle, mais aussi d’une éducation à la vie. C’est ce qui ressort de beaucoup d’intervenants. Du côté de Saint Sacrement, à la troisième question, une fille répond : « L’Union nous donne l’idée sur la vie conjugale et les attitudes à afficher au mariage en ce qu’elle constitue un lieu d’assistance

lors de mariage et de deuil ; elle nous donne des belles mélodies44. » Cette fille reconnaît

que grâce à l’Union, elle peut apprendre, non seulement des belles mélodies, mais aussi comment vivre dans le mariage. Cet aspect est aussi reconnu par la deuxième fille du même groupe : « L’union nous offre davantage l’assurance en chantant dans l’Église et lors de mariages45. » Les deux filles évoquent le mariage. Sans doute reconnaissent-elles avoir

trouvé dans l’UCHOJEUCAM un lieu d’apprentissage à la vie conjugale. Autrefois, les familles africaines s’occupaient de ce qu’on appelait l’éducation à la vie ; les parents pouvaient apprendre à leur fille ayant atteint l’âge de puberté le rôle de l’épouse et de la mère au foyer. Il s’agit des pratiques culturelles et traditionnelles sur les filles qui,

44 CSSF1, Annexe 5, 5.3, Q 3. 45 CSSF2, Annexe 5, 5.3, Q 3.

aujourd’hui, semblent désuètes. Le traditionnel n’a presque plus d’impact dans la vie des jeunes. Traditionnellement, la femme était inférieure et devait être au service de l’homme, sans liberté d’action, sans créativité. Aujourd’hui, avec la vie moderne, la femme africaine est émancipée, sa place dans la société se définit autrement. Les deux filles précitées nous laissent comprendre que grâce à l’UCHOJEUCAM, elles peuvent aborder des questions concernant leur vie dans le mariage. C’est une manière de prendre en compte tous ces changements qui s’opèrent dans nos familles et d’entrer dans l’esprit de l’aujourd’hui du monde moderne.

En relevant le bienfait d’une assistance que garantit l’Union, les jeunes interviewés traduisent le besoin d’un soutien mutuel. Un choriste le dit :

Selon moi, si nous sommes unis aujourd’hui, quel que soit le problème, puisque nous sommes déjà ensemble nous allons nous soutenir. Par exemple, si aujourd’hui un frère ou une sœur de Nzanza, de Fatima ou de Saint-Sacrement perd un membre de sa famille ou qu’un frère ou une sœur tombe malade, sans savoir comment s’y prendre, l’Union le soutiendrait en tout et pour tout, financièrement, moralement et spirituellement. C’est là l’avantage de l’union selon l’esprit de nos statuts46.

Le même son a retenti du côté de saint Joseph, où un garçon le confirme : « L’Union nous assiste dans diverses circonstances : maladie, mariage, décès. C’est un témoignage qui donne à d’autres jeunes d’adhérer à nos chorales de jeunes. Le membre assisté y trouve

satisfaction47. » Comment ne pas y voir une quête du bien-être devant les difficultés de la

vie présente, nécessitant ou sollicitant plus d’ouverture pour ne pas s’isoler et plus de solidarité pour venir au secours des plus démunis ? En tout cas, pour les jeunes de l’Union, leur expérience répond à leur besoin d’être ouvert, et à Dieu et au prochain.

L’épanouissement auquel aspirent les jeunes traduit aussi le besoin des jeunes de vivre autrement en Église, en restant ouvert à la Parole de Dieu et soucieux d’une vie communautaire. Tout ce qui est dit précédemment concourt à reconnaître que l’on ne peut mener sa vie seul. C’est un besoin que ressentent les jeunes ; ils ont besoin de s’unir, de conjuguer leurs efforts pour participer à l’édification de l’Église et de la société, mais

46 CNF1, Annexe 5, 5.3, Q 3. 47 CSJ1, Annexe 5, 5.3, Q 3.

autrement. Ce qu’ils sont capables d’inventer révèle à quoi ils aspirent. Pour un choriste de saint Joseph, l’Union fait leur fierté et leur force parce qu’elle « apporte le goût de vivre

dans la communauté chrétienne48. » Du côté des garçons de Saint Sacrement, l’un d’eux dit

que « l’Union nous fait découvrir l’universalité de l’Église et son fondement49. » C’est dans

cette même optique qu’un garçon affirmait que l’Union l’a aidé à quitter la vie solitaire où il était ignorant du message du Christ, où il ne comprenait rien du tout sur la Parole divine et la vie collégiale. Sa vie a changé grâce à l’Union (CSSG2, Annexe 5, 5.3, Q.3).

Si une vie communautaire est recherchée, l’est aussi une communion traduisant leur aspiration à l’innovation, à un mode de vie qui dépasse les habitudes d’antan. Dans ce sens, cette recherche peut traduire le souci d’une vie égalitaire et des nouveaux liens, différents de ceux de nos villages anciens. De même sur le plan ecclésial, il peut s’agir d’une recherche d’une Église qui est lieu de témoignage et qui ouvre ses portes à tous et à chacun pour contribuer à son édification, notamment aux jeunes et en en prenant soin parce qu’ils sont l’espoir de son avenir. Un choriste de Notre Dame de Fatima dit par rapport à cette question : « Nous les jeunes d’aujourd’hui, nous devons aimer notre Église, nous devons suivre les conseils de nos aînés, de nos prêtres pour que notre Église aille de l’avant, car nous en sommes l’espoir de demain50. » Répondant à la même question, leur membre de soutien abonde dans le même sens en disant : « Moi, je dirai Monsieur l’abbé, si les jeunes aujourd’hui découvrent Dieu davantage, la vie en Église ne sera jamais en veilleuse. En d’autres termes, les jeunes ont droit à un encadrement spirituel solide, sinon l’Église se

meurt en ce qu’ils sont l’avenir de cette Église51. » De ces deux interventions, nous pouvons

retenir, d’une part, que le choriste reconnaît un devoir pour les jeunes de se laisser guider par leurs aînés et leurs prêtres pour continuer d’avancer et, d’autre part, le membre de soutien insiste pour que l’Église prenne soin de l’encadrement des jeunes. Il s’agit de leur assurer particulièrement une formation à la Parole de Dieu et à une vie communautaire. Considérant tout ce qu’apporte déjà l’Union dans la vie des jeunes, correspondant à leurs besoins et aspirations, un autre soutien de saint Joseph trouve que « les chorales des jeunes

48 CSJ2, Annexe 5, 5.3, Q 3. 49 SSG1, Annexe 5, 5.3, Q 3. 50 CNF2, Annexe 5, 5.3, Q 3. 51 SNF1, Annexe 5, 5.3, Q 3.

de différentes paroisses unies est une nécessité incontournable, car bien encadrés et avec un bon suivi, ces jeunes sont capables de grandes choses. C’est pourquoi notre souhait est que cette union soit bien défendue52. »

Qui doit assurer la défense de l’Union ? Sans doute les membres eux-mêmes, en premier lieu, puis ceux et celles qui les voient expérimenter un nouveau mode de vie communautaire, particulièrement ceux qui ont promu des structures ecclésiales pour la communion de tous. C’est bel et bien une aventure correspondant aux aspirations et besoins des jeunes. Elle peut se résumer en ce que dit ce membre de soutien de saint Joseph :

En voyant les jeunes actifs dans l’union, nous pouvons noter que l’Union offre une forme de vie qui correspond davantage à nos besoins et à nos aspirations, en ce sens qu’elle apporte ou véhicule une vie qui est une véritable révolution dans la vie de l’Église. En effet, une certaine vision de l’Église consistait à considérer que sa vitalité ne devrait émaner que de la hiérarchie, c’est-à-dire du pape, des cardinaux, des évêques et des prêtres et que les fidèles ne devaient que subir. Aujourd’hui, cela n’est plus le cas parce que grâce à l’Union, cette même hiérarchie ne peut plus ne pas reconnaître la place de la base en ce que la hiérarchie et la base, dont l’Union, toutes concourent au même but, celui d’être la lumière et le sel de la terre. En effet, être la lumière et le sel de la terre devait

consister ou constituer le besoin et l’aspiration fondamentale de l’Union53.

Cette dernière intervention permet de déceler, en premier lieu, le besoin de changement ou l’aspiration à quelque chose de nouveau. La nouveauté qui est une révolution, c’est reconnaître à la base sa place dans l’édification du Corps du Christ, en dépassant l’image de l’Église affaire des ministres ordonnés. Tout cela nous met en face d’une initiative des jeunes qui n’aimeraient pas être déconsidérés par rapport à leur âge et à leur état comme laïcs. En deuxième lieu, on peut dégager par rapport à la vocation même de l’Église qui est appelée à témoigner de la Bonne Nouvelle pour être lumière du monde et sel de la terre, le style de vie qu’inaugurent les jeunes de l’Union. S’appuyant sur la responsabilité qui revient à tout disciple d’être lumière du monde et sel de la terre, ils affirment ainsi leur volonté d’être vrais acteurs dans une Église qui les accueille. Le point suivant enrichira notre connaissance de l’Église à laquelle ils aspirent.

52 SSJ1, Annexe 5, 5.3, Q 3. 53 SSJ2, Annexe 5, 5.3, Q 3.