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Cadre théorique et méthodologique pour la caractérisation des discours de visites médiées

Chapitre 2 : Approche théorique et processus d’interprétation

2.1 Positionnement théorique de la recherche

Cette section propose de montrer comment la présente démarche réflexive peut être compatible avec certains des différents courants de pensée qui ont alimenté et continuent d’alimenter les recherches en science du langage. Le propos sera orienté autour de la conception que nous avons du langage et plus spécifiquement de son usage mis en œuvre dans des situations de communication au sein même des contextes professionnels étudiés. Cette réflexion permettra d’introduire le corpus d’étude compilé à partir de ces situations tout en présentant le chemin épistémologique suivi pour l’analyse.

Malgré la diversité de ses attributs et la difficulté éprouvée pour en décrire sa substance, le langage a souvent été présenté comme un système structuré suivant des lois plus ou moins universelles qui régissent un ensemble d’actions, d’énoncés, ou de formes strictement linguistiques (mots, syntagmes, phrases…). Dans un cadre immanentiste, le développement du structuralisme, comme celui proposé par Saussure ([1916] 1995) qui soutient l’idée que le langage est un système régi par le signe résultant de l’association d’un signifiant et d’un signifié, nous permet d'observer que le signe est présenté comme une unité minimale du langage – avant que Troubetzkoy (1949) repropose le phonème comme unité minimale de la phonologie – signe dont la description serait le fruit de l’analyse des relations existant entre ces unités minimales. Fidèle à cette approche systémique, Bloomfield donne les définitions de plusieurs unités linguistiques : le mot devient la plus petite forme libre qui peut être énoncée seule (1926 : 156) et la phrase devient la construction définissant l’extension maximale d’un énoncé (1926 : 158). Il conserve ainsi cette volonté de description de briques élémentaires. D’autres unités font leur apparition, leurs créateurs s’inspirant de la notion de syntagme désigné par Saussure comme étant « des combinaisons de mots dans le discours, fondées sur le caractère linéaire de la langue, qui exclut de prononcer deux éléments à la fois » ([1916] 1995 : 170–171). En effet, Pottier introduit la lexie (1962, a, b, c) comme unité lexicale et syntaxique, Benveniste fait référence à la synapsie (1966b, 1967), quant à Martinet il propose de considérer les synthèmes (1967). Trois années plus tard, Barthes (1970 : 20) redéfinit la notion de lexie comme étant « le meilleur espace possible où l’on puisse observer les sens ». Et tout en conservant cette vision bipolaire, Lewis (1975) considère le signe à un niveau plus étendu, car il propose d’associer une phrase à un sens et ainsi la faire apparaître comme une unité minimale potentielle offrant de ce fait une justification théorique aux grammairiens. Cette prolifération terminologique et conceptuelle met en évidence la difficulté à définir une unité minimale qui fasse consensus au sein même des linguistes structuralistes et illustre en même temps les difficultés rencontrées pour pouvoir décrire le système dont elles constituent les bases fondamentales. Ce trop rapide raccourci illustre une volonté réductionniste qui cherche « à expliquer un phénomène quelconque par l’analyse des éléments qui le composent et des relations entre ces éléments » (Reboul / Moeschler, 2005 : 22). Cette vision de scientisme en perpétuelle recherche de l’unité fondamentale comme seule brique constitutive et dont les interactions pourraient décrire complètement le sens, a reçu un accueil favorable chez les défenseurs de théories universalistes dont le développement avait commencé cinq siècle plus tôt avec la logique de Port-Royal32 dans

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laquelle les logiciens introduisent une typification qualifiant le signe de certain, probable, naturel ou encore institutionnel (Ludwig, 1997). Accueil tout aussi favorable dans la grammaire générative et universelle chomskyenne33 (1969a, [1965] 1969b), afin de pouvoir normaliser les relations entre les briques élémentaires choisies et, partant, normaliser la production et la compréhension du sens. Dans cette logique de système fermé, gouverné par des règles et normé dans son application, dans son analyse, et dans son interprétation, se sont développées et peuvent se développer des sous-disciplines des sciences du langage pour peu qu’elles se basent sur la découverte d’une nouvelle unité linguistique. Il en va ainsi de la supposée entité théorique minimale que serait le discours écrit en italique pour la différencier du discours : « notion du langage quotidien qui ne désigne rien d’autre qu’une suite de phrases dont les bornes sont posées, plus ou moins explicitement, par ceux qui les ont produites » (Reboul / Moeschler, 2005 : 7).34 En effet, le discours apparaît ainsi comme une entité théorique permettant le développement de l’analyse de discours. Son étendue est supérieure à celle de la phrase et donc l’analyse de discours « essaie d’étudier l’organisation du langage à un niveau supérieur à celui de la phrase ou de la proposition ; et donc d’étudier de grandes unités linguistiques comme les échanges conversationnels et les textes écrits »35 (Stubbs, 1983 : 1). Selon Brown / Yule, l’analyse de discours cherche à décrire « comment les hommes utilisent le langage pour communiquer »36 (1983, xi), ils considèrent le discours comme le langage en usage : « L’analyse de discours est, nécessairement, l’analyse du langage en usage »37 (1983 : 1). Pour Benveniste (1966a : 266), le discours est interactif, il est « la langue en tant qu'assumée par l'homme qui parle, et dans la condition d'intersubjectivité qui seule rend possible la communication linguistique ». Le concept de discours évolue dans le temps et selon les auteurs, : pour Fairclough (1992 : 28), il devient une pratique sociale, il est « plus qu’un simple langage en usage : c’est l’usage du langage, qu’il soit oral ou écrit, considéré comme un genre de pratique sociale. »38. Le but de cette étude n’étant pas de faire un historique des notions développées autour de la notion de discours, nous retenons ces quelques exemples pour mettre en avant la difficulté même de définir cette entité théorique minimale – le discours – qui ne peut être simplement réduit à une hypothèse structuraliste supposant l’existence d’un système

33 Pour de plus amples détails, voir par exemple Cook / Newson (2007).

34 Il convient de préciser que nous reviendrons plus en détail sur la notion de discours ici présentée dans son acception d’objet concret.

35 « attempts to study the organization of language above the sentence or above the clause; and therefore to study large linguistic units such as conversational exchanges or written texts »

36 « how humans use language to communicate »

37 « The analysis of discourse is, necessarily, the analysis of language in use »

interne normé et fermé au même titre que le système phrastique. Charaudeau (1995 : 103) s’interroge sur l’objectif de l’analyse de discours en ces termes : « Cherche-t-on à décrire les caractéristiques générales de fonctionnement du discours en général, ou les caractéristiques particulières d'un discours particulier, c'est-à-dire d'un texte ? », il différencie ainsi l’analyse de discours de l’analyse du discours. La première proposition relève d’une approche immanente qui restreint l’interprétation des discours à la description d’une structure interne de discours. Elle tend ainsi vers la description d’un système logique, normé et universel qui, à ce jour, n’a pas encore permis d’élucider de manière satisfaisante les processus de construction et d’interprétation, du point de vue discursif, d’un échange communicatif. Selon Reboul / Moeschler (2005 : 36), cet « échec » doit être attribué au caractère intrinsèquement fermé de toute approche réductionniste reposant sur l’immanence d’une telle stratégie. En accord avec le constat d’échec défendu par ces deux auteurs, et en considérant la réalité des situations énonciatives qui constituent notre corpus, nous avons délibérément choisi de ne pas aborder l’analyse du discours étudié au travers d’un concept d’unité minimale et de normalisation des relations qu’elles entretiennent. Plus orientés vers une recherche de caractéristiques particulières d’un discours particulier et donc vers une perspective d’analyse textuelle, nous abordons l’étude des textes constitutifs du corpus en souhaitant introduire la définition d’unités optimales39 et en faisant l’hypothèse que les relations qu’elles entretiennent pourraient dessiner des schémas prototypiques des discours considérés40. L’adjectif optimale est une référence directe à la théorie de la pertinence : « Tout acte de communication ostensive communique la présomption de sa propre pertinence optimale » (Sperber / Wilson, [1986] 1989 : 237) ; dans cette citation l’emploi de l’adjectif ostensive met en avant l’intention de l’acte de communication qui est de rendre ostensible une information. Le principe de pertinence permet au destinataire d’un « acte de communication ostensif » d’effectuer des inférences sur l’intention informative du communicateur pour peu qu’il soit suffisamment bien orienté par des indicateurs (Sperber / Wilson, [1986] 1989 : 381). La pertinence et l’ostension deviennent ainsi des contraintes qui s’exercent sur l’intention de l’auteur pour qu’elle soit interprétable. Or dans notre corpus, l’idée de médiation est un acte d’ostension : le médiateur communique le plus explicitement possible au visiteur l’information concernant l’objet observé. Le visiteur, selon le principe de pertinence, sélectionne les données qui lui semblent utiles à la construction de son interprétation. Les unités d’analyse optimales ainsi contraintes peuvent restituer la

39 Ces unités optimales seront définies dans la sous-partie 2.2.

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dimension contextuelle du discours si elles ne sont pas figées dans une rigidité univociste ou une liberté équivociste.

La logique réductionniste précédemment décrite relève de l’objectivisme, et poussée à l’extrême, elle relève de l’objectivisme absolu qui ne considère qu’une et une seule évaluation comme vraie, valide ou réelle. Cette approche univociste de la recherche sémantique transforme l’évaluation du signe considéré en une et une seule signification qui ne décrit qu’un seul point de vue scientifiquement démontré. D’un autre côté, si plusieurs évaluations peuvent être considérées comme vraies, valides ou réelles, plutôt qu’une unique signification, elles seront plus facilement considérées comme des interprétations. Nous retrouvons là une logique relativiste qui, à l’extrême, peut même supposer que toutes les interprétations soient vraies, valides ou réelles ; relativisme absolu où parole et pensée ne font plus qu’un, et où l’image que nous avons du monde nous est transmise par la langue que nous parlons comme en son temps le stipulait Humbolt dans sa théorie déterministe (Penn, 1972). Dans la continuité conceptuelle de Humbolt et Sapir, Whorf insiste sur l’absolue nécessité de partager une convention linguistique tacite et codifiée qui, reconnue par la communauté, détermine notre perception et notre vision du monde. C’est à partir de ces considérations qu’il propose le principe du relativisme linguistique ([1956] 1995 : 212–215), souvent nommé ou reconnu sous le nom de l’hypothèse de Sapir-Whorf. Cette relativité ouvre un espace théorique à l’herméneutique ‘moderne’ qui n’hésite pas à mettre en avant le caractère polysémique d’un mot, d’un texte, ou d’un discours :

L’herméneutique désigne en premier lieu une pratique guidée par un art. C’est ce qu’évoque déjà la formation du terme qui vient qualifier une technè. L’art dont il s’agit ici est celui de l’annonce, de la traduction, de l’explication et de l’interprétation et il renferme naturellement l’art de comprendre qui lui sert de fondement et qui est toujours requis là où le sens de quelque chose n’apparaît pas ouvertement ou sans équivoque. (Gadamer, 1996 : 85)

C’est ici le domaine d’une multitude de lectures de l’objet considéré, toutes plus subjectives les unes que les autres, même si elles peuvent apparaître objectives aux yeux des interprétants. À l’inverse, nous retrouvons dans cette vision du monde un certain attachement au particularisme qui donne lieu à autant d’interprétations que d’interprétants sans pouvoir proposer un critère de vérité, de validité ou de réalité. Autre extrême qu’il semble nécessaire de modérer tout autant qu’un universalisme absolu tel que Whorf le contraint en proposant l’idée

d’une convention linguistique. Les épistémologies équivocistes et univocistes s’opposent dans une dichotomie souvent responsable des changements de paradigmes qui animent la linguistique en réagissant à l’influence ou au poids d’une approche sur l’autre. Cet affrontement est à la source de difficultés qu’éprouvent certaines thèses à intégrer des concepts équivoques quand elles se revendiquent de l’univoque et vice versa. C’est le cas de la thèse de l’autonomie du sens sur laquelle s’appuie toute la sémantique structurale (Hjelmslev, 1971) qui considère que le sens est dans les mots et exclut toute possibilité d’intégration d’une théorie des contextes qui, eux, par nature, présentent une infinité de variations.

Ainsi notre réflexion nous amène à poser la question de savoir s’il est nécessaire de renoncer à toute universalité pour sauvegarder le particularisme, ou de sacrifier le particulier pour s’assurer d’une part d’universalité. Réflexion que nombre de linguistes se sont imposés, à commencer par Saussure comme l’illustrent ces deux citations qui replacent le ‘système’ au sein de la réalité du sujet parlant :

La conquête de ces dernières années est d’avoir enfin placé non seulement tout ce qui est le langage et la langue à son vrai foyer exclusivement dans le sujet parlant soit comme être

humain soit comme être social. (Saussure, 2002 : 130)41

Ce qui est réel, c’est ce dont les sujets parlants ont conscience à un degré quelconque ; tout ce dont ils ont conscience et rien que ce dont ils peuvent avoir conscience. […] Rappelons que tout ce qui est dans le sentiment des sujets parlants est phénomène réel. (Saussure, 2002 : 185-187)

Ce ‘sentiment de la langue’ (Laplantine, 2005 ; Siouffi, 2007), qui permet au sujet parlant d’interpréter selon son niveau de conscience, ne peut ni être scientifiquement restreint à une relation systémique immanente ni être absolument et transcendentalement relatif à un individu dans une situation précise. Pour appréhender cette réalité, nous considérons qu’il faut faire preuve d’un certain pragmatisme au sens de Parret (1980 : 11) qui le définit comme « une philosophie englobante, une ontologie et une éthique, avec l’accent sur une conception bien particulière de l’homme et de son action rationnelle dans et sur la réalité ». Cette conception ontologique anime l’approche pragmatique qui jusqu’à nos jours « apparaît moins comme une discipline que comme une manière de caractériser un ensemble très diversifié de travaux qui récusent une étude immanente du système linguistique » (Maingueneau, 2002a : 456).

41 textes posthumes

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Maingueneau, auteur de l’article consacré à la pragmatique dans le Dictionnaire d’analyse du discours, reconnaît le caractère pluridisciplinaire de la pragmatique et illustre le croisement de plusieurs courants des sciences humaines au sein desquels s’exprime la pragmatique :

(1) la sémiotique inspirée du philosophe américain C.S. Peirce ; (2) la théorie des actes de langage, issue des recherches du philosophe anglais J.L. Austin, prolongée par J.R. Searle, sur la dimension illocutoire du langage, sur ce que l’on fait en parlant ; (3) l’étude des

inférences que tirent les participants d’une interaction (H.P. Grice, D. Sperber et D.

Wilson) ; (4) les travaux sur l’énonciation linguistique, qui se sont développés en Europe

avec C. Bally, R. Jakobson, E. Benveniste, A. Culioli ; (5) les recherches sur l’argumentation ; (6) l’étude de l’interaction verbale, en particulier d’inspiration

ethnométhodologique ou psychosociologique ; (7) certaines théories de la communication,

comme celles de l’École dite de Palo Alto (G. Bateson, P. Watzlavick…)42. (2002 : 457)

Cette pluralité épistémologique ne favorise pas une lecture précise de l’approche pragmatique qui, comme le souligne Maingueneau (2002a : 454), se défend d’une épistémologie immanente tout en désignant « à la fois une sous-discipline de la linguistique, un certain courant d’étude du discours ou, plus largement, une certaine conception du langage »43. De manière plus spécifique, Reboul / Moeschler postulent (2005 : 32) que la pragmatique doit s’extraire de la linguistique pour adopter une position résolument cognitiviste qui rejoint la vision de Sperber / Wilson ([1986] 1989). L’avantage de considérer la quête du sens comme étant partie intégrante d’une approche cognitive est d’adopter une position médiatrice pour éviter de renoncer soit à l’apport de l’univocisme, soit à celui de l’équivocisme. Selon Beuchot, cette quête du sens gagne à être nuancée par l’intervention d’une herméneutique analogique44 (2009 : 7) qu’il présente comme une construction théorique édifiée selon le modèle de l’analogie entre une herméneutique positiviste45 (2009 : 40) fidèle au modèle univociste et une herméneutique romantique46 (2009 : 42) fidèle au modèle équivociste. Le point de vue analogique permet de rendre possible l’existence d’une certaine compatibilité entre ces deux approches. Il n’existe pas une et une seule interprétation valide, mais plusieurs, sans pour autant qu’elles le soient toutes. Par conséquent, cette pluralité d’interprétation se regroupe dans un ensemble où se remarquent des degrés d’approximation de la vérité ou de la validité de l’interprétation

42 L’auteur souligne en italique dans le texte original.

43 L’auteur souligne en italique dans le texte original.

44 « hermenéutica analógica »

45 « hermenéutica positivista »

considérée (2009 : 54). La détermination du groupe d’interprétations suppose une dialectique entre les extrêmes, entre l’universel et le particulier, pour ainsi pouvoir apprécier le commun sans pour autant oublier que prédomine le différent propre à chaque interprétant. Cette dialectique n’est pas sans rappeler les concepts d’analogie dialogique de Gadamer (Gondrin, 1993 : 180–185) ou Ricœur (1969), mais elle n’aboutira à un consensus que si elle respecte le principe cognitif de pertinence (Sperber / Wilson, [1986] 1989).

Pour illustrer la réalité pragmatique de ce groupe d’interprétations, nous avons considéré les deux unités textuelles suivantes extraites de l’enregistrement de la visite-conférence du centre-ville de Beaune pendant la description faite face aux coteaux des vignobles beaunois lors de la présentation du patrimoine viticole de la ville au groupe de touristes :

(U 15) chez nous le climat ce n’est pas une notion météorologique (U 16) c’est une parcelle de terre

Nous pouvons très facilement interpréter (U 15) comme l’intention claire et précise de déterminer ce qu’il n’est pas pertinent de se représenter quand le terme climat est prononcé dans un contexte viticole bourguignon. En énonçant (U 16), la médiatrice répond alors à l’interrogation soulevée : si ce n’est pas une notion de météorologie, qu’est-ce que c’est ? Une parcelle de terre. Chaque membre du groupe fera donc l’effort cognitif de se représenter cette réponse en s’aidant de ses connaissances personnelles et du panorama qu’il a face à lui : les coteaux des vignobles beaunois. Certains pourront se représenter un terroir, d’autres une vigne, d’autres un clos47, etc. toutes les représentations aussi personnelles soient-elles présenterons une analogie directe et pertinente avec « parcelle de terre » et l’image montrée au moment de la description. Cette analogie détermine le groupe d’interprétations accepté par la médiatrice pour pouvoir continuer son explication. Il est intéressant de noter que ce groupe d’interprétations peut ne pas sembler pertinent aux yeux d’un autre expert qui pourrait considérer que climat associe la parcelle de terrain aux conditions météorologiques qui lui sont propres. Ceci démontre que le groupe d’interprétation est fonction certes de la pertinence de ces éléments, mais aussi, et surtout, du discours tenu et de son contexte. Le groupe d’interprétations précédemment introduit réunit l’ensemble des représentations pertinentes suscitées par le discours prononcé dans un contexte donné.

47 Nom donné en Bourgogne aux parcelles de vigne délimitées par un mur en pierre, le terme appraît souvent dans les noms des vins produits à partir de ces parcelles.

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Notre positionnement théorique se définit donc par une approche ouverte de l’analyse du discours reposant, d’une part, sur une segmentation optimale du texte dont la pertinence est intimement liée au contexte d’énonciation, et d’autre part, sur le groupe d’interprétations dont l’existence se justifie par l’application d’une herméneutique analogique délimitée par la pertinence des interprétations relatives au contexte.

Nous allons maintenant développer le schéma cognitif présenté dans la Figure 6 en instruisant son mode de mise en œuvre dans les situations de communication étudiées, avant de présenter les unités de segmentation que nous pensons optimales pour l’analyse textuelle et l’identification du groupe d’interprétations.