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Caractérisation analytique du corpus et modélisation

Chapitre 4 : Analyse macro- et mésosémantique

4.2 Étude mésosémantique de l’organisation des schémas

A plusieurs reprises dans la partie qui précède, nous avons souligné le fait que l’étude mésosémantique pourrait éclairer, infirmer, ou confirmer certaines hypothèses. En effet, à ce niveau d’analyse, nous allons proposer une description plus détaillée des schémas

INFORMATION, COMMENTAIRE, INSTRUCTION, et REACTION.

4.2.1 Composition organisationnelle du schéma INFORMATION

La contrainte de complétude s’applique à chaque unité considérée : au texte si l’analyse est située au niveau macrosémantique et au schéma au niveau mésosémantique. Cette contrainte amène à se questionner sur l’existence de marqueurs d’ouverture et de clôture délimitant la structure interne du schéma.

Dans le cas du schéma INFORMATION, cette organisation interne est majoritairement ternaire (Figure 31). Ce qu’il est possible de considérer comme marqueurs d’ouverture sont les relations mononucléaires ARRIERE-PLAN et PREPARATION qui ont pour fonction de contextualiser, d’annoncer le thème constitutif de l’information principale.

Figure 31: Organisation prototypique du schéma INFORMATION

Dans la construction de l’interprétation, ces marqueurs d’ouverture actualisent et synchronisent les hypothèses contextuelles des auditeurs200, afin d’offrir les mêmes éléments à chaque visiteur pour que son interprétation personnelle appartienne à un groupe d’interprétations proche de

celle de la source du discours. Ces marqueurs d’ouverture activent la mise en place d’hypothèses anticipatoires (Reboul, 1992) faites sur le thème qui va être énoncé dans la seconde partie du schéma avant d’être détaillé par le marqueur de clôture. Reprenons l’exemple de la notion de climat en Bourgogne, quand la guide-conférencière dit201 :

(U 215) chez nous le climat ça a pas une notion météorologique (U 216) c’est une parcelle de terre

La notion de climat est localisée dans l’espace et contextualisée dans la culture bourguignonne par (U 215). Deux cas se présentent alors pour le visiteur : soit il partage cette connaissance avec la guide-conférencière, il sait donc ce qu’elle va développer, confirmé par (U 216), et peut prêter attention pour comparer la description qui va suivre avec ce qu’il sait ; soit il ne partage pas cette connaissance et s’attend à ce que la guide-conférencière l’éclaire sur le sujet. Dans les deux cas les marqueurs d’ouverture préparent le visiteur à l’actualisation de son savoir (Figure 32). Cette même figure illustre la thématisation liée directement à la racine du schéma qui peut se résumer ainsi : « Chaque parcelle de terre produit un vin d’une typicité particulière et chaque petit climat porte un nom qui peut être très pittoresque ».

Figure 32: Exemple du schéma INFORMATION, marqueur d’ouverture et thème

La guide-conférencière introduit, dans ce cas, deux éléments : la typicité et les noms pittoresques. Elle les explicite, la première avec une relation mononucléaire ELABORATION

incluant les micro-contributions 1349 à 1353, et la seconde avec une relation mononucléaire

DEMONSTRATION incluant les micro-contributions 1358 à 1366 (Figure 33). L’information aurait pu s’arrêter à donc le vin ne sera pas pareil, mais la contextualisation pouvant aussi servir

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le thème des noms, il apparaît logique que ces deux thèmes soient associés (relation multinucléaire) dans le même schéma :

Figure 33: Exemple du schéma INFORMATION, thèmes et marqueurs de clôture

Il est intéressant de constater qu’une fois que le discours aborde les marqueurs de clôture, l’auditeur ne construit plus d’hypothèses anticipatoires sur le thème énoncé. En effet, une fois qu’il connaît le résultat donc le vin ne sera pas pareil, l’information est complète ; seule l’énonciation de la conjonction de coordination et de la micro-contribution 1354 relance le processus sur un nouveau thème, que le visiteur sait lié à la contextualisation précédente et que le locuteur conclura par par exemple voyez !. A l’écoute de la micro-contribution suivante (1367) alors ces noms ils nous ils nous viennent de la nuit des temps le visiteur sait que la guide-conférencière annonce la contextualisation d’un nouveau thème qui présente une certaine continuité avec le thème précédent assurant ainsi la cohésion et la cohérence de la visite-conférence au niveau macrosémantique. Ce modèle d’organisation se retrouve dans l’ensemble des corpus considérés et décrit la grande majorité du schéma INFORMATION, elle semble donc être une caractéristique du genre de la visite médiée. Il reste à vérifier, à l’aide des paramètres distributionnels, les spécificités propres de ce schéma dans chaque sous-genre étudié de la visite médiée. Sachant que le schéma INFORMATION réunit la grande majorité des micro-contributions énoncées, il est logique d’observer que les résultats d’organisation interne sont comparables aux résultats de l’analyse macrosémantique des corpus. En effet, la prévalence des relations multinucléaires du schéma INFORMATION est sensiblement superposable à celle de ces mêmes relations au niveau de chaque corpus (Tableau 28 et Tableau 19). Autre élément justificatif de ce fait : le schéma INFORMATION réunit à lui seul l’ensemble des thèmes traités pendant la visite,

il est donc normal que la stratégie de coordination observée au niveau macrosémantique soit similaire à la stratégie de coordination au niveau mésosémantique du schéma INFORMATION. Il existe une certaine homogénéité dans le choix des stratégies utilisées pour lier les thèmes traités, excepté pour le CVCe où la relation adversative CONTRASTE est bien plus employée. Nous pouvons ici faire l’hypothèse, que l’analyse microsémantique tentera de confirmer ou d’infirmer, de l’influence d’un contexte socio-culturel catalan plus présent dans le discours de la visite-conférence que dans celui de la visite-assistée. Sa présence s’exprimant par des positions plus contrastées que les interprétations du discours institutionnel.

Les résultats de prévalence des macro-actes (Tableau 28) démontrent que le schéma

INFORMATION est le siège de la description, et dans une moindre mesure celui de l’explication, ponctué de quelques remarques : il y a aussi le fait des années effectivement (Figure 32). Les interactions sont anecdotiques pour les corpus de visites-assistées, mais dans le cas des discours produits par un guide-conférencier elles restent significatives. Dans le CVCf, ce pourcentage d’interaction est dû en majorité aux reformulations, aux concessions faites pour demander la permission d’énoncer ce que l’on énonce : si je puis dire et aux micro-contributions de motivation. Dans le CVCe, Les concessions n’apparaissent pas aux côtés des reformulations. Ici encore, il est possible de faire l’hypothèse que l’utilisation de l’audiophone influence la production discursive. En effet, grâce à son micro et aux écouteurs, la guide-conférencière ne ressent pas la nécessité de parler face-à-face avec son groupe. Lors des descriptions, elle ne se situe pas entre le groupe et l’œuvre, mais dans le groupe face à l’œuvre, se définissant ainsi comme centre déictique ; elle bannit donc naturellement de son discours les demandes qui nécessitent une réponse même gestuelle ou un contact visuel direct comme les concessions. Afin de maintenir connecté son canal de communication, elle remplace ces interactions par des micro-contributions de motivation injonctives comme ¡ fijense ! Estamos hablando desde el altar202. Cet exemple confirme, grâce à l’utilisation de la première personne du pluriel, la position centrale qu’elle occupe au sein du groupe à partir de laquelle elle décrit l’œuvre. Dans ce même corpus, il est possible d’observer un nombre de remarques plus élevé que dans les autres corpus, ce qui explique la prévalence plus élevée du macro-acte INTERPRETATION. Tout comme pour la prévalence élevée de la relation multinucléaire CONTRASTE, l’analyse microsémantique des interprétations fournira des précisions sur la nature des rapports existants entre discours institutionnel et discours du guide-conférencier.

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Tableau 28: Prévalences relations multinucléaires et marcro-actes du schéma information La prévalence des relations mononucléaires DEMONSTRATION, CAUSE et RESULTAT contribue majoritairement à expliquer la différence de prévalence du macro-acte EXPLIQUER dans le CVCf par rapport aux autres corpus. Cette différence nous renseigne sur la nature du marqueur de

0.14% 5.42% 6.82% 46.80% 25.62% 12.81% 2.40% SIMULTANÉITÉ SÉQUENCE LISTE ASSOCIATION INCLUSION CONTRASTE CHOIX CVAfm 20.7% 64.5% 13.3% 1.6% EXPLICATION DESCRIPTION INTERPRÉTATION INTERRACTION CVAfm 0.37% 8.06% 11.92% 50.48% 16.37% 11.81% 0.99% SIMULTANÉITÉ SÉQUENCE LISTE ASSOCIATION INCLUSION CONTRASTE CHOIX CVAft 17.7% 62.9% 14.0% 5.4% EXPLICATION DESCRIPTION INTERPRÉTATION INTERRACTION CVAft 0.37% 4.35% 9.17% 46.87% 23.00% 13.91% 2.34% SIMULTANÉITÉ SÉQUENCE LISTE ASSOCIATION INCLUSION CONTRASTE CHOIX CVCf 24.9% 46.0% 12.1% 17.0% EXPLICATION DESCRIPTION INTERPRÉTATION INTERRACTION CVCf 1.64% 1.64% 8.20% 54.75% 25.90% 7.21% 0.66% SIMULTANÉITÉ SÉQUENCE LISTE ASSOCIATION INCLUSION CONTRASTE CHOIX CVAe 19.8% 64.1% 14.2% 2.0% EXPLICATION DESCRIPTION INTERPRÉTATION INTERRACTION CVAe 0.00% 11.19% 8.66% 44.40% 4.33% 30.69% 0.72% SIMULTANÉITÉ SÉQUENCE LISTE ASSOCIATION INCLUSION CONTRASTE CHOIX CVCe 17.8% 48.3% 17.6% 16.4% EXPLICATION DESCRIPTION INTERPRÉTATION INTERRACTION CVCe

clôture du schéma INFORMATION : en effet, le guide-conférencier emploie une stratégie explicative pour aboutir à un résultat dont le thème est à l’origine, c’est-à-dire qu’il contextualise le thème, présente le thème et finit par partager son point de vue dont le thème devient la justification. Développons l’information mise en discours par une des médiatrices du musée des Beaux-Arts de Dijon pendant la visite intitulée « la femme au Moyen-Âge » illustrée par la Figure 34 :

Figure 34: Exemple du schéma INFORMATION, CVCf – « La femme au Moyen-Âge »

La contextualisation et la remarque de clôture encadrent, dans ce cas, cinq idées qui développent le statut particulier de la femme enceinte. L’extension des niveaux correspondants démontre où se situe l’expression du macro-acte EXPLICATION203 (Figure 35) :

203 Le macro-acte EXPLICATION est constitué des relations mononucléaires suivantes : AUTREMENT, BUT, CAUSE,

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Figure 35: Exemple du schéma INFORMATION, présence du macro-acte EXPLICATION

Comme nous l’avons déjà mentionné, le macro-acte EXPLIQUER est constitué des relations mononucléaires BUT, CAUSE, DEMONSTRATION, MOYEN, et RESULTAT. Chaque idée est accompagnée d’une relation CAUSE ou DEMONSTRATION204 qui sont autant d’explications personnelles de la médiatrice qu’elle utilise pour transmettre sa propre interprétation du sujet. La Figure 36 montre le développement de la démonstration dans laquelle apparaisent d’autres relations du macro-acte EXPLIQUER auxquelles sont associées des remarques qui participent au macro-acte INTERPRETATION.

Figure 36: Exemple du schéma INFORMATION, détail de la démonstration

Cet exemple situe le rapport entre discours institutionnel et discours personnel de la médiatrice : elle contextualise et présente les thèmes qu’elle doit traiter dans le but d’introduire son discours dans ses explications et interprétations. C’est ainsi que les deux discours coéxistent confirmant le positionnement du médiateur dans une « coénociation » (Rabatel, 2004 : 9) avec l’institution. L’organisation ternaire du schéma INFORMATION des visites-conférences se décline selon les trois étapes suivantes : une contextualisation suivie d’une thématisation conclue par une implication. Ainsi, le discours du guide-conférencier présentant un choix interprétatif entre les thèmes et les résultats, il est possible de supposer que cette flexibilité lui permette de disposer

204 Les deux idées restantes dont la ramification n’a pas été developpée par soucis de lisibilité de la figure présentent respectivement une relation mononucléaire CAUSE et DEMONSTRATION.

d’une certaine liberté afin d’adapter son discours à son public ; de supposer que sur plusieurs visites-conférences réalisées sur une œuvre, les thèmes, noyaux de l’information, sont relativement stables alors que les implications peuvent varier selon le guide-conférencier et le public. L’organisation ternaire du schéma INFORMATION des visites-assistées se décline, quant à elle, selon les trois étapes suivantes : une contextualisation suivie d’une thématisation conclue par une description détaillée du thème. Cette organisation permet à l’institution d’occuper la scène énonciative au détriment du locuteur, ce qui confirme que le médiateur soit considéré comme « sousénonciateur » (Rabatel, 2004 : 10). Par conséquent, le discours institutionnel exprimé laisse peu de choix interprétatifs des thèmes traités, reléguant ainsi la subjectivité en amont au niveau du choix thématique.

4.2.2 Composition organisationnelle du schéma COMMENTAIRE

Partant là encore de la contrainte de complétude, la recherche d’une organisation interne du schéma COMMENTAIRE s’oriente vers l’identification de marqueurs d’ouverture et de clôture. L’observation faite des relations multi-et mononucléaires ne permet pas, comme pour le schéma

INFORMATION, d’isoler une structure particulière, mais trois. En effet, il est possible d’identifier trois types de commentaire dont la distribution varie selon les corpus :

- Le commentaire simple qui s’inscrit dans la continuité du thème traité et qui permet d’attirer l’attention sur un point particulier. Il ne provoque pas de rupture avec le thème énoncé dont il se sert comme contexte, et son marqueur d’ouverture est une absence de relation multi-ou mononucléaire directe avec le thème qu’il commente. Son marqueur de clôture est une rupture avec la suite du discours, soit par la présence d’un autre thème, soit par la présence d’un autre schéma. Il est possible de résumer son organisation par la Figure 37 :

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Figure 37: Organisation prototypique du schéma COMMENTAIRE simple

Ce type de COMMENTAIRE est prononcé par le médiateur ou est écrit par l’auteur du discours des CVA, il fait partie de son discours et peut même devenir routinier au fil des visites. Dans le cas des CVC, si un des visiteurs produit cette contribution, il rompt le flux discursif en réagissant au « dit » du médiateur, cette intervention sera considérée comme appartenant au schéma REACTION. Dans l’exemple suivant, le thème est celui de la description de deux tableaux d’Eugène Boudin qui est donc suivi du commentaire sur son style qui respecte le thème tout en n’ayant pas de relation multi-ou mononucléaire directe :

INFORMATION :

- Contextualisation : « Grâce au succès de ses marines, Boudin peut se permettre

quelques échappées vers des thèmes moins demandés, mais sur lesquels il peut expérimenter son style en toute liberté. »

- Thème : « Ce tableau, ainsi que celui qui se trouve à ses côtés, montre des laveuses,

mais dans des styles et un fini très différents. »

- Détails : « Le premier tableau est représentatif de son évolution stylistique : la lumière, qui dissout les formes a réduit son sujet à une combinaison de touches de couleurs. Quelques traits allusifs suffisent à donner son armature au paysage, et les physionomies des femmes au travail sont difficiles à identifier. C’est l’approche voulu par Boudin, ce vers quoi il tend. Sur le second tableau on perçoit mieux les gestes des femmes, mais les silhouettes sont de plus en plus floues à mesure qu’elles s’éloignent. Le traitement peut donner l’impression de l’esquisse, mais tout est exact, de la pile de linges aux reflets du fleuve la Touques. »

COMMENTAIRE :

- Commentaire : « Boudin compense l’apparente désinvolture de sa touche par une

composition plus structurée, en partie grâce à des éléments architecturés comme le pont.

- Explication : « Il le fait parce que ses clients lui réclament des œuvres finies, et qu’il souhaite répondre à leurs exigences. »

Il existe une discontinuité entre la description faite des deux tableaux qui sont censés être dans le champ visuel du visiteur, et le discours institutionnel tenu sur le style de

Boudin, c’est cette discontinuité qui permet d’identifier le commentaire. Cependant, malgré ce changement d’énonciateur le flux discursif est maintenu, le commentaire utilise le même contexte discursif que l’information commentée ce qui assure la cohérence du discours. La fin du commentaire est marquée par le début d’un autre thème appartenant à une autre information qui traite du juste équilibre que Boudin doit trouver « entre ses convictions artistiques et la nécessité pour lui de vendre ses tableaux »205. - Le commentaire informatif permet d’ajouter une précision sur le sujet traité.

Contrairement au commentaire simple, il a besoin de contextualiser son apport, car même s’il garde une certaine cohérence avec le sujet traité, il introduit une nouvelle information. A la différence du type précédent, il possède donc un marqueur d’ouverture qui est la contextualisation du commentaire. Le marqueur de clôture reste, quant à lui, comparable au précédent. Son organisation peut être résumée à l’aide de la Figure 38 :

Figure 38: Organisation prototypique du schéma COMMENTAIRE ajoutant une information

Il est logique, vu son rôle d’ajouter une information, d’observer une organisation similaire à celle du schéma INFORMATION, comme l’illustre l’exemple suivant où le commentaire informatif regroupe les micro-contributions de (U 219) à (U 222)206 :

(U 217) Mf : — ce décor a disparu à la Révolution

(U 218) appuyez sur la touche bleue si vous souhaitez en savoir plus (U 219) à la Révolution sept statues sur les huit ont disparus

(U 220) les objets religieux fondus

(U 221) heureusement le polyptyque a été épargné (U 222) il est dans la salle Saint-Louis

205 Extrait du texte de la visite assistée de l’exposition sur le peintre Eugène Boudin.

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(U 223) ne quittez pas les hospices sans l’avoir vu !

Les micro-contributions (U 219) et (U 220) situent le commentaire (U 221) par rapport à ce qui est arrivé au décor de (U 217), elles font office de marqueur d’ouverture. Le schéma COMMENTAIRE est ensuite complété par la description de l’endroit où se trouve le polyptyque (U 222). Cet exemple est entre deux schémas INSTRUCTION qui pour l’un suggére d’appuyer sur la touche bleu pour en savoir plus, et l’autre demande aux visiteurs de ne pas partir sans avoir vu le polyptyque sachant qu’il a été introduit dans le thème précédant l’instruction (U 218) comme le trésor de l’hôtel-Dieu.

Même si les deux types du schéma COMMENTAIRE décrits se différencient par la présence ou non d’un marqueur d’ouverture, ils peuvent tous les deux introduire une discontinuité entre le discours institutionnel et celui plus subjectif du médiateur comme l’illustre l’exemple de la Figure 39 :

Figure 39: Expression de la subjectivité dans le schéma COMMENTAIRE – CVCf

Dans cet extrait de la visite-conférence du musée de Bibracte, le médiateur considére les Gaulois comme des champions, un visiteur pourrait objecter qu’ils ont quand même perdu la guerre des Gaules.

- Le troisième et dernier type de COMMENTAIRE permet au locuteur de soumettre une réflexion aux visiteurs. Cette réflexion s’organise autour d’un commentaire contextualisé sur lequel la question est soulevée. La question, même si elle peut être suivie d’une explication, fait office de marqueur de clôture comme l’illustre la Figure 40 :

Figure 40: Organisation prototypique du schéma COMMENTAIRE introduisant une réflexion

Dans l’exemple choisi, la question clôture le commentaire207 :

(U 224) cette aspiration orientera toute sa carrière (U 225) à commencer par ce tableau

(U 226) reflet de sa peinture de plein air (U 227) un étrange déjeuner d’ailleurs (U 228) au soleil couchant

(U 229) ne serait-ce pas plutôt un diner ?

Ainsi, le commentaire remet en question le nom même du tableau : « Déjeuner sur l’herbe » que le locuteur à précédemment présenté comme l’éponyme du tableau d’Eduard Manet, et laisse au visiteur le soin de construire sa propre interprétation. Les trois premières micro-contributions situent le thème, les deux suivantes constituent le commentaire proprement dit, et la dernière propose aux visiteurs de réfléchir sur le paradoxe soulevé.

Même si le premier type de COMMENTAIRE présente une structure binaire du fait qu’il s’inscrit dans la continuité du thème et qu’il n’a donc pas besoin d’une contextualisation ; même si le troisième type peut présenter une extension explicative ou descriptive du questionnement qu’il soulève, il est possible de convenir que le commentaire reste sur une structure ternaire dont les nuances permettent de décliner trois types dont la distribution dans les corpus n’est pas homogène pour tous. Ce qui est aussi observé pour la subjectivité : en effet, le COMMENTAIRE

introduisant une interprétation est plus fréquemment énoncé dans le CVCf, alors que le

COMMENTAIRE ajoutant une information est plus utilisé dans le CVA qu’il soit monologal ou

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théâtralisé. Quand la subjectivité s’invite dans la visite-assistée, elle sert, parfois de manière très explicite (U 234), le discours institutionnel208 :