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Cadre théorique et méthodologique pour la caractérisation des discours de visites médiées

Chapitre 1 : Détermination du contexte d'étude

1.3 La visite médiée, cadre des situations d'énonciation étudiées

Selon Davallon, le visiteur recherche le même dépaysement qu’un voyageur :

[Il] est "déprogrammé" du quotidien et plongé, pour le temps de la visite, dans un univers nouveau, puisque l'espace de l'exposition est un espace séparé du monde et organisé selon des règles de mises en scène qui lui sont propres. (Davallon, 1999 : 175)

13 ICOM (2006). « Glossary », dans le Code de déontologie. Disponible sur : http://icom.museum/qui-sommes-nous/la-vision/code-dedeontologie/glossaire/L/2.html (consultée le 02.02.2015)

Pendant la ‘visite’, sa démarche l’amène à découvrir tout un univers qui comblera ou non ses nombreuses attentes. Il peut donc choisir d’optimiser son temps et d’appréhender ce monde à l’aide d’une ‘visite médiée’ dans l’espoir de voir toutes ses attentes comblées ; ou choisir d’être libre, de déambuler dans cet univers au gré de ses envies, de ne pas s’exposer au discours normé d’une institution ; cette modalité, dont nous présenterons aussi une modélisation de son espace– temps communicationnel, sera appelée la ‘visite libre’14.

La visite médiée est une mise à la disposition des visiteurs d’un service d’aide à l’interprétation assuré par des professionnels du tourisme indépendants ou affiliés à une institution dans le but de faciliter l’appréciation des éléments constituant l’espace de l’exposition. Même si cette visite est intimement liée à la notion de service, elle peut être présentée comme une œuvre théâtrale ou même un spectacle suivant ainsi la représentation métaphorique empruntée à Goffman (1973). Le décor, les scénarios, les acteurs sont les ingrédients principaux de la scène d’énonciation où se construisent l’interprétation et le dépaysement sous le contrôle principal du metteur en scène. L’acteur principal ouvre aux visiteurs un accès privilégié au monde de l’art, du patrimoine et de la culture ; il se pare du costume de médiateur et en endosse la responsabilité en toute légitimité étant dirigé par le conservateur chargé de la mise en scène en accord avec les politiques institutionnelles. Pendant le développement de la pièce, les intentions du médiateur, sa présence physique ou virtuelle et son discours orchestrent l’interaction dans les limites des contraintes qu’impose le décor. L’ambigüité dans cette représentation naît de la place du visiteur : en effet, si son choix s’oriente sur la ‘visite médiée’, il sera alors soit pris en charge par l’intervention d’un médiateur, ce que nous appellerons ‘visite-conférence15’ ; soit il sera assisté par l’intervention d’un dispositif socio-technique, ce que nous nommerons ‘visite assistée’. Dans le premier cas, ces visiteurs se positionnent comme les spectateurs d’un spectacle interactif, ils ignorent les possibles scénarios et construisent leurs interprétations dans un décor dépaysant, attentifs à l’acteur principal qui, lui, conte les histoires, connaît le scénario et l’objet. Dans le second cas, ils choisissent d’être tels les spectateurs d’un documentaire avec lequel ils peuvent interagir grâce aux diverses fonctions de l’équipement socio-technique qui

14 La modélisation de cette modalité de visite est à l’origine de la notion de sérendipité profilée que nous développons dans l’application e-greeters présentée dans le chapitre 9 concernant la valorisation socioéconomique des résultats de cette étude.

15 Le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (http://www.cnrtl.fr/lexicographie/visite) fait référence au terme « visite-conférence » qu'il définit comme la « visite d'un lieu touristique sous la conduite d'une personne compétente qui expose et développe les attraits de ce lieu ». [référence du 13 avril 2016]

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leur a été fourni pour en écouter les diverses séquences. Nous proposons de résumer ces considérations dans le schéma récapitulatif suivant (Figure 2) :

Figure 2 : Modalités de la visite médiée

Cette métaphore illustre parfaitement le potentiel d’une approche discursive

communicationnelle de la visite médiée qui apparaît ainsi être l’endroit et le moment où l’interprétation prend forme dans le discours. Elle permet aussi d’identifier les paramètres qui composent ce que nous avons nommé la ‘visite médiée’, autrement dit, identifier la scène d’énonciation qui s’inscrit dans un décor avec une intention s’actualisant dans le discours du médiateur dirigé vers un certain public, le tout sous le contrôle institutionnel exercé par le responsable de médiation. Avant d’aborder de manière pragmatique les discours respectivement associés à ces modalités communicatives et pour parfaire le portrait de cette mise en scène énonciative, il convient désormais de s’arrêter sur les détails de leur décor et leur espace–temps, sur les caractéristiques de médiation considérées dans cette étude, et sur les acteurs ‘en action’. Dans cette optique, il est important de s’accorder sur le sens à donner au concept de ‘médiation’ pour lever toute ambigüité sur le syntagme visite médiée dans la suite de ce travail.

Le concept de médiation

Selon le Trésor informatisé de la Langue Française, au XIIIe siècle, le terme médiation désigne « une division par deux » avant de présenter une connotation religieuse à la fin du XIVe siècle pour se positionner comme étant « l’intermédiaire entre Dieu et l’Homme ». Cette assertion sera revue lors de la Réforme en 1541 pour devenir « l’entremise pour concilier Dieu et

Visites médiées Visites assistées Visites-conférences Présence physique du médiateur Interaction directe Spectacle théâtral Présence virtuelle du médiateur Dispositif socio-technique Spectacle cinématographique

l’homme ». De nos jours, le mot est investi d’une dimension plus laïque tout en conservant ces idées d’intermédiaire et de conciliation par l’entremise desquelles les parties parviennent à un accord. La définition initiale reste sous–jacente, car l’idée de parvenir à un accord présuppose celle d’avoir initialement un désaccord, une division ou, pour le moins, une incompréhension. La médiation se propose donc de favoriser le rapprochement entre deux pôles distants grâce à l’action d’un intermédiaire pour construire une compréhension partagée ; selon Tapia (2010), elle réduit les incompréhensions entre des univers culturels différents. Dans le cadre institutionnel de la visite médiée, les deux pôles à concilier sont d’un côté le public et d’un autre côté l’art et la culture. Ils doivent être réunis par la production d’un discours fédérateur, conciliateur et générateur de plaisir ludique et esthétique (Gellereau, 2005 : 45).

Si le domaine de la culture ne s’approprie pas directement le concept de médiation, c’est au sein des relations sociales et des entreprises que, dès les années 1960, se développe l’idée de la neutralité d’une tierce personne pour résoudre les conflits. Dans les années 1970, les pouvoirs publics créent le poste de médiateur de la république (Tavel / Lascoux, 2008 : 21), l’ombudsman16 chargé d’améliorer les relations entre le public et les administrations. Il peut paraître surprenant qu’un terme étant aussi étroitement lié à la notion de conflit soit ainsi utilisé dans le milieu culturel : cela peut s’expliquer par la volonté politique de son introduction par l’entremise de la création d’emplois-jeunes comme médiateur dans la plupart des zones sensibles dont certains avaient une fonction culturelle : les médiateurs culturels qui en tant que formule au sens de Krieg-Planque (2009) fait son apparition autour des années 1990 (Figure 3)

16 Mot d’origine suédoise inventé en 1809 désignant les porteurs de doléances des citoyens dont le statut d’autorité administrative indépendante du pouvoir législatif, juridique et exécutif lui confère des compétences étendues pour l’instructions d’affaires concernant les activités d’administration publique dans leur ensemble. Référence accessible dans les acte du Conseil de l’Europe, Les solutions alternatives aux litiges entre les autorités administratives et les personnes privées : conciliation, médiation et arbitrage, 1999, ISBN 92-871-4204-1.

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Figure 3 : Fréquence d'utilisation des formules de médiation culturelle – Google n–gram viewer (21/02/2015)17

Cette volonté politique qui s’immisce dans le monde de la culture peut être une explication du caractère formulaire de l’expression et de son relatif insuccès quant à son appropriation par les professionnels qui éprouvent, eux–mêmes, des difficultés à le définir, tout comme le souligne Rasse :

Comme toute notion à la mode, le terme de médiation culturelle devient difficile à cerner. Sa définition oscille entre deux extrêmes : d’un côté une approche théorique très générale, de l’autre, des descriptions, des comptes rendus d’expériences très pragmatiques, centrés sur des réalisations novatrices du moment (Rasse, 2000 : 38)

Ce flou ‘artistique’ n’a pas permis en son temps de définir la médiation culturelle comme une profession, au sens sociologique du terme (Pequinot, 2008) et a laissé aux acteurs une vaste notion dans laquelle ils avaient le choix de se reconnaître ou non. Nombreux (Figure 3) sont ceux qui par leur recherchent à la fin des années 1990, début 2000, ont contribué à éclaircir le concept (Caillet, 1995 ; Jacobi / Meunier, 1999 ; Lamizet, 2000 ; Meunier, 1996 ; Rasse, 2000). Mais, même si en 1997 la médiation culturelle est définie comme une fonction et une activité professionnelle spécifique (Bordeaux, 2008), il faut attendre 2002 pour que la loi du 4 janvier attribue aux Musées de France une fonction de médiation en ces termes :

17 Fréquences calculées sur le corpus de 792 118 livres français numérisés de la base de donnée de Google, soit un corpus de 102 174 681 393 tokens (Lin et al., 2012 : 170)

Chaque musée de France dispose d’un service ayant en charge les actions d’accueil des publics, de diffusion, d’animation et de médiation culturelles. Ces actions sont assurées par des personnels qualifiés (Loi 2002-5, 2002)18.

A la lecture de cette loi, il est aisé de constater que cette disposition ne se prononce pas sur la nature de ces actions en se reposant intégralement sur la qualification des personnels qui en seront responsables. En réaction à ce manque précision, les institutions régulatrices de cet environnement professionnel réagissent, et, à l’image de l’ICOM, apportent une description plus détaillée sur le champ d’intervention du professionnel présent dans les espaces muséaux en ces termes :

Le médiateur/La médiatrice est chargé/e de mettre en œuvre les différentes actions pour tous les publics actuels et potentiels. Il/Elle participe à la conception et anime les actions et les aides qui accompagnent les expositions permanentes et temporaires. (Ruge, 2008 : 25)

Ainsi, de ‘médiation’, le concept se spécialise et s’adapte aux besoins de l’industrie du tourisme en devenant ‘médiation culturelle’. Elle devient le « modèle d’action privilégié par les milieux institutionnels de la culture désireux d’étendre leur audience » (Lafortune, 2013) et s’inscrit dans une politique autant institutionnelle que nationale de démocratisation de la culture. Autre formule qu’il est important de différencier de la démocratie culturelle qui elle assure le droit d’expression et de diffusion de la créativité culturelle et artistique, c’est la démocratisation de la culture qui assure un droit d’accès à cette créativité culturelle et artistique pour tous les citoyens d’une république. En France, la médiation culturelle se transforme en l’un des modes opératoires privilégiés de l’action culturelle qui vise à combler l’écart entre l’art, la culture et le public tout en lui redonnant un sens social, ce que Lamizet exprime en ces termes :

Si la médiation culturelle représente ainsi une médiation constitutive de la sociabilité, c'est qu'elle assure une communication, une interprétation et une circulation des formes de la culture. (Lamizet, 2000 : 79)

Jacobi / Meunier (1999 : 5) rappellent qu’une des composantes de ce lien social est « la recherche de l’audience et la fidélisation du public ». Ces auteurs considèrent aussi que la médiation culturelle valorise l’utilisation de média – pluriel de médium dans son acception de

18 Loi n° 2002-5 de 4 janvier 2002 relative aux musées de France en accès libre sur : http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000769536 [référence du 20 février 2015].

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support qui véhicule un élément de connaissance – pour restaurer la communication entre l’œuvre et son public par l’entremise du médiateur (Jacobi / Meunier, 1999 : 6). Nombreux sont les spécialistes en muséologie qui ont proposé des approches similaires de la médiation culturelle : Lugez (2004 : 2) l’identifie à « l’ensemble des actions mises en place au musée, afin de faciliter et optimiser la rencontre entre les objets/les œuvres et les publics ». Pour Fontan / Quintas (2007 : 4), elle est le lien entre la culture, le social et l’éducation ; pour Caillet / Van Praët :

La médiation comporte l’ensemble des fonctions relatives à la mise en relation des œuvres proposées par une structure avec les populations, c’est–à–dire les publics actuels et potentiels. Elle détermine le lieu, le temps et les moyens de la rencontre entre les œuvres et les destinataires. (2001 : 32–35)

Une approche sociologique peut compléter ces définitions, interprétant la médiation comme tout ce qui intervient entre une œuvre et sa perception (Heinich, 2001 : 58–73) et se positionnant comme un instrument incontestable de diffusion adressée à des publics élargis. Il est intéressant de noter la volonté de mettre le lieu de visite en second plan pour mettre en relief la relation entre les œuvres et les participants. De manière sous–jacente, une composante commune émerge de toutes ces approches, c’est la volonté de rendre le public acteur pendant la visite au nom d’une interactivité au service de l’appropriation cognitive. La logique de la médiation s’inscrit dans la volonté de construire un univers commun d’appréciation, de contemplation et de compréhension tout en tenant compte des directives institutionnelles, du respect de l’attractivité et des exigences du ‘politiquement correct’ ou ‘politiquement incorrect’ institutionnellement dicté. Elle positionne l’interprétation au centre du concept de médiation ; non pas l'interprétation explicative, au sens de trier, démêler, dévoiler, révéler qui correspond à la posture du spécialiste, de l'expert, du savant ou dans une certaine mesure du pédagogue et prendrait l’allure d’un cour magistral ; pas plus que l’interprétation au sens de traduire qui suppose une sorte de neutralité, d'effacement du traducteur qui se met au service du message ou de l'efficacité de la communication tout en imposant l'importance de sa fonction : sans lui, la communication est impossible. Ceci s’apparenterait plus à de la vulgarisation. Mais, l'interprétation, au sens d'inventer, qui se nourrit de l’imagination du public et repose sur l’individualité des participants :

L'inventivité peut faire fi de la fidélité et du classicisme et jouer sur l'émotion et la sensibilité ... La subjectivité n'est plus critiquable si elle séduit ou emporte la conviction des destinataires. (Jacobi / Meunier, 1999 : 4)

Il n’en a pas toujours été ainsi, car il fut un temps où il était considéré que l’œuvre suffisait à faire sens ; mais, aujourd’hui, quand la volonté est de démocratiser la culture, la médiation culturelle apparaît comme l’élément indiscutable du processus cognitif de compréhension de l’œuvre. Discuter cette approche théorique qui envisage la médiation à travers le prisme des politiques culturelles, sûrement d’un grand intérêt, ne figure pas parmi les objectifs de cette étude. Il en est de même pour l’approche muséologique du concept directement liée à la définition et l’analyse des activités de médiation qui a été minutieusement abordée par les chercheurs précédemment cités dans cette section. Nous ne discuterons pas plus l’approche anthropologique ou sociologique du concept dans laquelle, par exemple, une étude des contextes de médiation et du rapport du public à la médiation soutient le fait que la médiation permette la représentation de nos identités (Lamizet, 2000 : 40), car ceci nous éloignerait de notre sujet d’étude. Mais, pour conclure cette section, nous proposons d’observer une approche cognitive du concept de médiation quand elle intervient dans la communication de l’exposition avec l’objectif de développer de manière divertissante l’acquisition d’un sens de l’esthétique grâce à l’interprétation d’un riche patrimoine. Même si, paradoxalement, le résultat d’une telle médiation reste tributaire d’un paramètre de ‘lisibilité’ du discours par l’auditoire, au sens large de l’intelligibilité soulevée par Adam ([1984] 1999 : 11), elle peut être le garant d’une communication entre l’objet et le public. Pour illustrer notre propos, la médiation peut s’appréhender métaphoriquement par le concept d’un pont érigé entre le sujet comprenant et l’objet compris que chaque participant emprunte individuellement, accompagné par le médiateur en qui il place sa confiance tout en sachant que si la traversé est trop périlleuse elle ne s’effectuera pas. Cette mise en scène permet donc aux visiteurs de s’approprier des représentations contextualisées des cultures du monde, la contemplation passive étant actuellement considérée comme une attitude insuffisante à la démocratisation de la culture par les politiques institutionnelles (Bordeaux, 2008) et force est de constater qu’il ne suffit pas d’être au contact de la culture ou de l’art pour en apprécier la puissance et s’en émouvoir. Nous venons ici de préciser notre conception théorique de la médiation culturelle dans le cadre d’une approche cognitive pour ainsi établir l’intention du médiateur et sa fonction principale dans l’organisation des institutions de tourisme. La réflexion peut maintenant s’orienter sur les

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composantes du décor de la situation de communication, de ses modalités et de ses acteurs qui sont autant de paramètres influençant grandement les formes de discours produites.

Le décor

Comme nous l’avons observé dans les définitions de la notion de médiation, le concept présuppose l’existence d’un contexte divisé entre, d’un côté, le monde de l’œuvre et, d’un autre, celui du public. Mais selon Davallon, le décor est loin d’être un espace simplement bipolaire où deux mondes se côtoieraient dans une observation mutuelle vide d’interaction ; l’intervention et la production langagière du médiateur et des participants « aboutissent à l'institution de quatre mondes (le monde quotidien d'où vient le visiteur, le monde d'où vient l'objet, l'exposition comme monde de langage et le monde utopique comme mode de signification et de valeur construit) » (Davallon, 1999 : 143). Inspirés par cette proposition et en accord avec une conceptualisation multipolaire de la visite médiée, nous suggérons de modéliser le décor de cette situation d’énonciation par l’interaction entre six espaces–temps interconnectés (Figure 4) :

Figure 4 : Modélisation des espaces–temps de la visite médiée19

19 La figure ainsi présentée est incomplète, elle illustre l’existence d’espace-temps qui interagissent et dont les interactions seront détaillées ultérieurement.

Perception Thème / Objet Représentation Thème / Objet Univers du médiateur Univers du visiteur La visite médiée Thème / Objet

Afin d’illustrer cette modélisation, considérons une des visites-conférences de notre corpus dont voici un extrait20 où ‘M’ représente les répliques de la médiatrice et ‘V’ celles des visiteurs:

(U 1) M : — Eh ben oui ! Donc ce que vous pourrez faire c’est éventuellement vous installer ici, en un bel arc de cercle, et moi je me placerai à côté, ce sera beaucoup plus pratique. Le mercredi, il est un peu compliqué.

[…]

(U 2) M : — Eh bien, c’est typique des grotesques du seizième, là on est bien dans le décor Renaissance. Il n’y a aucun doute.

(U 3) V : — Et alors, cette dague faisait déjà partie du... ?

(U 4) M : — Je vais vous en parler, dès que vous avez fini de regarder ! (U 5) V : — Mile quatre cent vingt-huit, c’est le, l’année non ?

(U 6) M : — C’est le numéro d’inventaire ! J’allais quand même vous le dire, mais... (U 7) V : — Je me doutais que c’était plutôt ça, mais bon !

(U 8) M : — Mille quatre cent vingt-huit, un et mille quatre cent trente-huit, deux, hein ? Elles ont chacune un numéro d’inventaire <inaudible>. Alors, je vous laisse tranquillement vous installer ici, et du coup ben voilà, je vous ai amené des petites choses !

(U 9) V : — Vous vous rendez compte déjà toutes les petites questions ! (U 10) V : — Ils sont arrivés !

(U 11) M : — Alors...

(U 12) V : — Une dague c’est une petite épée ?

(U 13) M : — Je vais vous en parler, ne vous inquiétez pas. J’ai mon arborescence dans la tête ! Normalement, vous ne devriez pas partir en ayant encore une question en tête ! Ou alors vraiment, c’est que j’aurai oublié quelque chose !

(U 14) V : — Merci !

Nous retrouvons :

- « le monde quotidien d’où vient le visiteur » représenté par le décagone intitulé ‘l’univers du visiteur’, il est présent dans l’individualité de chaque participant et concomitant au temps d’écoute du discours de médiation. Il est illustré dans l’interaction par la question d’un des touristes (U 12) : « Une dague c’est une petite épée ? » qui a donc cette conception préalable de l’objet dont la médiatrice lui parle, et il demande