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Cadre théorique et méthodologique pour la caractérisation des discours de visites médiées

Chapitre 2 : Approche théorique et processus d’interprétation

2.3 Modèle théorique du processus d’interprétation

Nous avons précédemment positionné la situation de communication étudiée dans une approche fidèle à la théorie de la pertinence en faisant l’hypothèse que l’interprétation du dit, élément constitutif du discours61, est pour l’essentiel le résultat des inférences faites à partir des hypothèses contextuelles. Nous venons de présenter comment le contexte discursif s’actualisait ; et avons aussi fait l’hypothèse d’une rétroalimentation du contexte du médiateur par les inférences pragmatiques qui font appel au système central cognitif (Fodor, [1983] 1986). C’est au sein même de cette dernière hypothèse que s’applique la théorie précédemment citée. En effet, même si le principe de pertinence nous permet d’assurer que tout dit porte en lui-même la garantie de sa propre pertinence optimale (Sperber / Wilson, [1986] 1989), chaque interlocuteur se doit de le vérifier, et ce à chaque palier de traitement cognitif soit selon Fodor ([1983] 1986) au niveau des transducteurs, au niveau des modules périphériques et au niveau du système central. La première analyse instantanée du dit est relative à son ‘format’ : si le format de ce qui est reçu n’est pas compatible avec les formats acceptés dans le contexte de l’interlocuteur, il ne sera même pas pris en compte pour l’actualisation des hypothèses contextuelles, car il ne convoquera aucun contenu référentiel qui pourrait permettre d’observer un sens selon les critères de l’auditeur, et la communication sera rompue au niveau des transducteurs. Cette situation peut facilement être illustrée dans le cas où un interlocuteur reçoit une information dans une langue qu’il ne maîtrise pas. Le même phénomène de rupture se produit si l’occurrence reçue ne présente pas une forme logique reconnue par les modules périphériques ou si ces mêmes modules ne reconnaissent pas la forme logique. Deux situations qui peuvent soit être dues à une erreur de formulation qui appelle une reformulation comme dans l’exemple (U 31), soit être dues à l’impossibilité de comprendre une information par manque de maîtrise de la logique utilisée. En d’autres termes, certains discours spécialisés

61 Nous considérons que le discours est un ensemble de dits produits par des interlocuteurs, issu de ce qu’il y avait

peuvent paraître obscurs à un interlocuteur s’il n’en maîtrise pas la logique. Pour illustrer ce deuxième cas, considérons trois dits de notre corpus62 :

(U 34) c’est une époque où le climat est plus clément

(U 35) chez nous le climat, ce n’est pas une notion météorologique c’est une parcelle de terre (U 36) un climat qui porte le nom des Caillerets ça nous évoque les pierres…

Dans le cas de (U 34), chaque interlocuteur aura sa propre représentation et interprétation du climat : une personne venant d’un pays chaud pourra se demander s’il existe vraiment une époque où le climat est clément et vice versa pour une personne venant d’un pays froid. Tout en sachant que ces commentaires sont possibles uniquement si l’on connaît le climat de la situation de communication. Le contexte discursif, tel que nous l’avons défini, est bien le résultat de la mise en commun des contextes connus par chaque interlocuteur autour de la représentation du terme climat avec le contexte spécifique de la situation de communication. En jouant sur la polysémie régionale du terme climat, le dit (U 36) est difficilement interprétable pour les personnes qui ne connaissent pas cette acception particulière et les contextes dans lesquels elle est employée. En conséquence, la médiatrice, éprouvée par son expérience et afin d’éviter une rupture dans la communication, construit le contexte discursif dans lequel elle pourra développer ses commentaires sur les noms des climats en proposant une définition correspondant à cet usage (U 35). Ici encore, chaque personne aura sa propre représentation du terme climat employé dans ce cadre viticole bourguignon, mais la mise en commun avec le contexte de la situation d’énonciation construit par la médiatrice permet d’avoir un groupe d’interprétations du dit (U 36) nuancées, mais valides en ce qui concerne la notion de climat ; pour ce qui est de l’évocation de « pierre » à partir de Cailleret, d’autres savoirs doivent être mobilisés.

En troisième instance, au niveau du système central, entrent en compte l’état des hypothèses contextuelles à l’instant tn incluant les hypothèses anticipatoires (Reboul, 1992) que l’interlocuteur s’est formulé sur le contenu de ce qu’il allait entendre, afin de mesurer la pertinence du dit tn prononcé. À ce niveau du processus cognitif, les interlocuteurs activent leur système central pour produire les inférences et les interprétations nécessaires à la construction des représentations du thème / objet. Sperber / Wilson appellent cette communication

62 Extrait de l’enregistrement de la visite-conférence du centre-ville de Beaune, description face aux coteaux des vignobles beaunois lors de la présentation du patrimoine viticole de la ville au groupe de touristes. Les micro-contributions sont uniquement produites par la médiatrice.

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« inférentielle parce que l’auditoire infère les intentions du communicateur à partir d’indices que celui-ci fournit précisément à cette fin » ([1986] 1989 : 42). Cette étape précise du processus est au centre même de notre étude et justifie à elle seule la description de l’approche théorique développée jusqu’à maintenant afin de pouvoir proposer une recherche qui s’inscrive dans un cadre théorique contextualisant les analyses dans un processus de communication spécifique.

Tout en gardant en mémoire l’approche et le cadre théorique présentés, voici un schéma illustrant cette étape spécifique du processus de communication que nous développons dans la suite de notre travail (Figure 13) :

Figure 13 : Modélisation du discours

Le but ici n’est pas de développer une théorie du signe bien que notre conception s’approche de la vision triadique piercienne :

Un Signe ou Representamen est un premier qui entretient avec un second appelé son objet une relation triadique si authentique qu’elle peut déterminer son troisième, appelé son interprétant, à entretenir avec son objet la même relation triadique qu’il entretient lui-même

avec ce même objet. (Peirce, [1932] 1978 : 274)63

L’objectif est d’illustrer et de positionner cette partie du processus pour ainsi en spécifier les éléments situés au centre de notre analyse.

63 Les mots commençant par une majuscule et les mots en italique sont ainsi soulignés par l’auteur.

Thème / Objet

Le dit l’auditeur

Hypothèses contextuelles

Comme nous l’avons déjà défini dans la partie 1.3 du premier chapitre lors de la description du décor, le thème / objet représente le monde de l’objet, son contexte, son histoire, il est la source du à dire qui conditionne le dit en fonction du vouloir dire. L’auditeur se trouve être majoritairement dans le rôle du visiteur, mais il peut être tour à tour dans celui du médiateur ou d’un intervenant comme nous l’avons illustré lors de la présentation des acteurs dans la partie 1.3 du premier chapitre. Dans cette partie, nous décrivons de manière détaillée le dit afin de mettre en lumière les indices qui permettent son interprétation et ainsi proposer un plan du parcours interprétatif défini comme étant « une suite d’opérations permettant d’assigner un ou plusieurs sens à un passage ou à un texte » (Rastier, 2001 : 301). Dans le but de compléter cette notion, nous reproduisons verbatim la définition de l’objet texte proposée par Rastier / Cavazza / Abeillé :

Un texte est une suite linguistique empirique attestée, produite dans une pratique sociale déterminée, et fixée sur un support quelconque. Un texte peut être écrit ou oral, voire présenté par d’autres codes conventionnels (Morse, Ascii, etc.), et en interaction avec d’autres sémiotiques (film, etc.). Ces conditions s’entendent ainsi :

1. Le texte est attesté : il n’est pas une création théorique comme l’exemple de linguistique, même considéré comme texte. Cette première condition énonce un principe d’objectivité.

2. Il est produit dans une pratique sociale déterminée : c’est là un principe d’écologie. La connaissance ou la restitution hypothétique de cette pratique est nécessaire, bien que non suffisante. [...]

3. Il est fixé sur un support : c’est la condition de son étude critique, supposant débat des conjectures. (1994 : 31.)

Afin d’aborder ainsi le texte comme objet d’étude, Rastier propose une théorie de la sémantique inférentielle (2002, 2005a, 2005b), dans laquelle il introduit les niveaux sémantiques d’analyse, retenus ici, et qu’il établit pour définir les différents paliers d’étude de l’objet texte : macrosémantique, mésosémantique et microsémantique. Cette division scalaire offre la possibilité d’une recherche des indices64 qui sont produits et interprétés par les interlocuteurs (Sperber / Wilson, [1986] 1989 : 13).

64 Dès l’antiquité, Aristote définit le sêméion ou signe comme un indice qui sert de support à l’inférence, l’exemple souvent utilisé qui exprime la matérialité de l’indice chez Peirce se différenciant ainsi du symbole, est celui de la fumée qui donne un indice sur l’existence du feu.

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- Au niveau macrosémantique, l’entité considérée est le texte dans son ensemble, la recherche des indices se situe au niveau de la composition du texte, de la nature de ses parties et des relations qu’elles entretiennent entre elles afin de pouvoir proposer un schéma rhétorique textuel relatif au dit étudié.

- Au niveau mésosémantique, Rastier (2005b) introduit comme entité une unité allant du syntagme fonctionnel à la période d’énoncés. En choisissant délibérément de ne pas considérer la phrase comme unité, l’auteur évite ainsi toute confusion entre mésosémantique et syntaxe. Toutefois, pour les besoins de notre étude, l’amplitude considérée dans la définition de l’unité ainsi proposée ne permet pas une segmentation homogène des textes qui constituent le corpus. Nous avons donc choisi comme entité optimale de segmentation une contribution dont la pertinence et l’intention garantissent sa complétude que nous appellerons dans la suite de cette étude « micro-contribution »65 respectant ainsi la terminologie utilisée par Portuguès :

…, l'existence de micro-contributions qui sont à la fois des touts complets et en même temps qui font partie de tout elles-mêmes parce qu’elles sont soumises chaque fois à la contrainte de complétude impose un niveau d'analyse dans lequel il n'y a pas d’interdépendance généralisée de tous les éléments mais une interdépendance généralisée par la contrainte de complétude elle-même ; … (2011 : 23)

- An niveau microsémantique, Rastier propose plusieurs entités présentées comme unités minimales, dont les deux principales sont le morphème qu’il définit comme l’unité minimale de la linguistique et la lexie qu’il définit comme unité minimale de sens (2005a). Toutefois, devant la forte connotation des propositions, devant la profusion terminologique utilisée pour nommer les unités minimales par les différents auteurs sources de différentes approches linguistiques, et ajoutées au fait qu’ils peuvent ne pas être en accord sur la définition d’une même unité (Tableau 6) ; nous préférons proposer une unité optimale plus en accord avec le concept de praxis et moins connotée pour représenter ce niveau sémantique sachant que nous n’analyserons pas l’unité en elle-même, mais les indices qu’elle véhicule pour rendre possible l’inférence et

l’interprétation de l’auditeur. Nous avons donc choisi le praxème66 comme unité optimale pour le niveau d’analyse microsémentique.

Auteurs Entité linguistique minimale Entité de signification

Martinet (1967) Monème Synthème

Benveniste (1966a) Morphème Mot composé, Dérivé, Synapsie

Rastier (1994) Morphème Lexie

Pottier (1962a, b, c) Lexie Lexie complexe

Tableau 6 : Multiplicité terminologique des unités minimales au niveau microsémantique Nous avons doté le parcours interprétatif de trois niveaux d’interprétation ayant chacun leur unité optimale pertinente pour l’étude, unités que nous développons avant d’introduire le corpus recueilli.

La définition de l’objet texte proposée par Rastier précédemment citée, décrit parfaitement le texte relatif au discours spécialisé du tourisme produit pour la visite médiée telle que définie dans le premier chapitre. En effet, ce sont des textes authentiques produits dans une pratique sociale déterminée ; ils ne sont donc pas créés pour illustrer des théories ou justifier des hypothèses. Ils sont enregistrés ou directement écrits ou encore transcrits, et ils présentent une forme orale et/ou une forme scripturale. Mais, dans un souci de précision, nous ajouterons à cette définition la notion de complétude textuelle qui permet de différencier un texte d’un fragment de texte. L’objet texte ne s’appréhende dans sa totalité que si son dit est complet (Portuguès, 2011 : 117). Tous les textes de notre corpus peuvent être considérés comme étant des unités optimales d’étude complètes du niveau macrosémantique.

Pour les besoins de l’analyse mésosémantique, il est nécessaire d’établir les règles de segmentation du texte qui permettent, le plus objectivement possible, d’identifier les micro-contributions afin de pouvoir décrire les relations qu’elles entretiennent pour faire sens et permettre l’interprétation. Nous avons défini notre positionnement théorique par une approche ouverte de l’analyse du discours reposant, d’une part, sur une segmentation optimale du texte dont la pertinence est intimement liée au contexte et à l’intention de communication, et d’autre part, sur le groupe d’interprétation dont l’existence se justifie par l’application d’une herméneutique analogique délimitée par la pertinence des interprétations relatives aux

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hypothèses contextuelles. Nous souhaitons nuancer l’importance des efforts cognitifs respectifs du locuteur et de l’allocuté quant à la contribution dans l’activité discursive comme l’illustre une réflexion de Portuguès :

La contribution est une contrainte propre à l’énonciateur et qui a pour but de transmettre avec une efficacité maximale l’information à un interprétant. La communication entre les deux interlocuteurs repose sur le postulat selon lequel l’énonciateur doit contribuer, c’est-à-dire former une contribution qui aura tous les éléments permettant à l’énonciateur de saisir quelle est l’information que l’énonciateur souhaite transmettre. (2011 : 89)

Cette proposition positionne la contribution comme un effort cognitif exclusivement énonciatif contrairement à l’attention qui apparaît comme un effort exclusivement interprétatif tout en étant indispensable. Ainsi, nous considèrerons qu’au point de vue mésosémantique le discours produit par le locuteur est un ensemble de micro-contributions volontaires dont la complétude pragma-sémantique permet à l’allocuté attentif d’être en possession d’une information pertinente au regard des circonstances de la situation de communication. L’attention offerte permet l’interprétation de chacune de ces unités que, en accord avec Sperber / Wilson, l’allocuté suppose être la plus pertinente possible tout en sachant que la pertinence est une qualité propre à chaque individu agissant dans un contexte socioculturel spécifique. Ce contexte est mis en valeur par le fait que ces micro-contributions sont le produit d’un acte de communication ostensif67. Ce qui peut être illustré par un exemple extrait du corpus d’étude68 :

(U 37) – j'ai à côté de moi <heu> monsieur ? (U 38) – Méric Olivier

(U 39) – monsieur monsieur Méric Olivier universitaire et qui fait une thèse sur le langage (U 40) donc d'après ce que j'ai compris ce n'est pas vous qu'il étudie c'est plutôt moi (U 41) – exactement !

(U 42) –

En commençant cet échange, la médiatrice considère pertinent de présenter au groupe de touristes le chercheur présent à ses côtés avec comme intention de rassurer, de lever toute interrogation à ce sujet et implicitement de demander si cette présence dans le contexte discursif

67Cf. la notion d’ostensivité introduite à partir de Sperber/Wilson ([1986] 1989 : 237), page 46.

68 Extrait de l’enregistrement de la visite-conférence du centre-ville de Beaune, début de l’enregistrement dans la rue lors de la présentation de la visite au groupe de touriste. L’échange entre la médiatrice et le chercheur intervient lorsqu’elle présente l’auteur de cette thèse comme universitaire qui enregistre la visite pour ses recherches.

est acceptée ou contestée. Par conséquent, en (U 37), elle souhaite donner deux informations : une localisation spatiale et une identité. N’ayant pas la deuxième information, elle la demande au chercheur dont ‘l’effort cognitif’ se réduit à prononcer son nom et son prénom, maximisant ainsi la pertinence de sa réponse (U 38). Lorsque la médiatrice reprend son discours, elle répète l’information, ce qui est pertinent pour deux raisons : premièrement, la personne destinataire de la réponse (U 38) du chercheur n’est pas dans le groupe, mais la médiatrice ; il est donc nécessaire de retransmettre l’information même si le groupe l’a déjà reçue. Deuxièmement, la médiatrice réaffirme ainsi sa position et le statut de chacun pendant la visite, elle aurait pu percevoir une réponse directe du chercheur au groupe comme impertinente. Les autres informations produites par la médiatrice en (U 39) et (U 40) sont suffisamment pertinentes et rassurantes pour tout le monde sauf peut-être pour le chercheur qui aurait pu corriger et compléter cette information sachant que son étude porte sur le discours et non sur les médiatrices, mais sa réponse (U 41) démontre qu’il n’a pas jugé pertinent de rectifier les propos de la médiatrice dans un contexte de visite-conférence où elle vient d’affirmer son statut, et pendant lequel il a été autorisé à enregistrer les interactions par l’institution qui emploie cette médiatrice. En effet, cette attitude aurait elle aussi pu être jugée comme impertinente. L’occurrence (U 42) représente le silence, le non-dit des visiteurs qui implicitement autorisent l’activité du chercheur. Cet exemple illustre ainsi le caractère individuel du critère de pertinence, de non-pertinence, voire d’impertinence qui s’inscrit dans une situation de communication particulière. Par conséquent, les règles de segmentation ne peuvent être définies par des lois appartenant au domaine de la syntaxe, seules des contraintes pragma-sémantiques peuvent être appliquées pour respecter notre approche et notre positionnement théoriques. Nous avons donc choisi de déterminer deux contraintes de segmentation :

- la contrainte de pertinence : elle assure la qualité du format et la compatibilité du dit segmenté avec les formes logiques partagées au niveau des transducteurs (Fodor, [1983] 1986). Elle assure la participation du dit segmenté à la construction des hypothèses contextuelles définissant ainsi un principe d’une contribution optimale vis-à-vis de l’intention locutoire. Cette contrainte dépasse la maxime de la pertinence69 de Grice (1979) en incluant des notions de qualité du dit aussi bien pour ce qui est de la forme que du fond. Portuguès part du principe « qu’il y a toujours un intérêt énonciatif qui se

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traduit implicitement sous la forme d’un « ça vaut la peine de dire X » » (2011 : 76) que l’on pourait interpréter comme : il est pertinent de dire X.

- Contrainte de complétude : elle oblige à se demander si l’allocuté est, ou n’est pas, en possession d’une information pragma-sémantique complète. Cette contrainte s’applique chez Grice (1979) quand il propose la maxime de quantité pour les besoins liés à l’implicature conversationnelle : si l’auteur en dit suffisamment, ce n’est pas la peine d’en ajouter ; ou encore chez Ducrot (1972) dans les lois d’exhaustivité pour les besoins liés à la notion d’implicite. Le principe de complétude appliqué à la micro-contribution se définit par : tout élément est élément parce qu’il est complet. Selon Portuguès, la contrainte de complétude « stipule quelque part que tant qu’on n’a pas fini de dire ce qu’on a à dire, l’interlocuteur ne peut pas savoir ce qu’on va effectivement et réellement dire. Il faut que la contribution soit complète pour savoir avec certitude ce qu’on a voulu dire. » (2011 : 87). Cette contrainte offre une extension de la maxime de quantité de Grice ou de la loi d’exhaustivité de Ducrot :

L’exhaustivité, ou la complétude, se situe entre le « suffisamment » et le « pas davantage ». A notre sens, être exhaustif, ce n’est pas donner toutes les informations possibles, c’est être complet. Autrement dit, c’est donner les informations nécessaires au destinataire afin qu’il lui soit aisé de traiter ces informations transmises par un énonciateur, de les interpréter au mieux. (Portugués, 2011 : 122)

Afin d’illustrer notre propos, voici la segmentation du début des textes issus du discours des